MasukAurore sortit de sa sieste troublée. Elle essaya de respirer profondément, mais ses poumons se remplirent rapidement d'air humide et froid qui sentait le chêne et le moisi. Une faible ampoule solitaire au plafond vacillait, répandant une lumière saccadée à travers la pièce.
Affaissée dans un coin, les poignets et les chevilles liés par des cordes, Aurore tira contre les entraves, la peau écorchée déjà à vif. Elle frissonnait de froid et de faim, regrettant sa veste et de la nourriture chaude. Pourtant, ses yeux noisette brûlaient de défi, le même feu qui alimentait son podcast.
Son regard balaya la pièce sans fenêtre. Des murs de pierre dégoulinant de condensation, des rangées de casiers à vin anciens, une ouverture au-dessus laissant entrer un murmure d'air. Elle supposa qu'ils la retenaient dans une cave à vin, ou peut-être un sous-sol.
Les deux gardes à l'air méchant jouaient aux cartes dans un coin, inconscients de son réveil. Aurore pencha la tête, écoutant. Ils avaient dit peu de choses depuis qu'ils l'avaient jetée ici. Ce qui signifiait qu'ils attendaient probablement quelqu'un ou quelque chose. Malgré son écoute attentive de leur conversation à voix basse, seuls des mots aléatoires filtraient occasionnellement, rien de tout cela n'ayant de sens pour elle. Elle n'avait jamais vraiment été douée pour écouter aux portes. Sa mère s'était assurée qu'elle n'apprenne jamais cet art.
“Les écouteurs aux portes n'entendent que de mauvaises choses sur eux-mêmes”, la prévenait-elle.
Ses pieds repliés s'engourdissaient mais elle ne voulait pas risquer d'attirer l'attention sur elle. Quand l'engourdissement se transforma lentement en douleur, elle se força à calmer son cœur battant et à étirer lentement ses jambes avec le moins de bruit possible. Qu'est-ce qu'elle ne donnerait pas pour avoir un morceau de nourriture décente dans son système! La nourriture qu'ils lui avaient servie plus tôt ressemblait à du vomi de chien. Elle ne pouvait pas la regarder deux fois. Tout son corps tremblait de faim et de peur.
Soudain, elle entendit un bruit étouffé. Ses yeux s'envolèrent vers les gardes mais ils étaient déjà debout. L'un ouvrit prudemment la porte et sortit tandis que l'autre leva son arme et se dirigea vers elle.
Son cœur se mit à tonner assez fort pour qu'elle l'entende, tout son corps se figea. Le son revint, suivi du craquement indubitable d'un coup de feu solitaire. Le corps du premier garde tomba à l'intérieur, poussant la porte entrouverte avec lui pour révéler des hommes armés faisant irruption dans la pièce style commando. Avant qu'elle ne puisse traiter ce qui se passait, le second garde tomba à quelques pieds d'elle. Il n'avait même pas eu la chance de tirer avec son arme.
Des bottes lourdes s'approchèrent d'elle, crissant contre le béton. La peur lui noua la gorge. Incertaine de ce qu'ils voulaient, Aurore lutta pour libérer ses mains, mais ses poignets brûlaient là où les cordes s'enfonçaient dans sa peau.
« Sécurisé ! » annonça une voix rauque depuis quelque part dans la pièce.
Quand elle leva les yeux, une grande silhouette se dressait devant elle, bloquant la lumière vacillante de la faible lampe de cave. Son ombre se découpait nettement sur son visage.
Son souffle se bloqua alors qu'il s'accroupissait devant elle. Dans un éclair de métal, les cordes la liant se rompirent. Aurore le fixa, les yeux écarquillés, son cœur bondissant sauvagement dans sa poitrine.
Ce visage.
Le visage qu'elle avait enterré il y a quatre ans, mais jamais vraiment oublié, un fantôme surgissant de son fantasme.
Des yeux verts perçants rencontrèrent les siens, la ramenant directement dans un passé qu'elle avait lutté dur pour oublier.
Était-ce possible? Elle fixa intensément ce contour net de son visage, la mâchoire forte et ciselée, les cheveux noirs de jais encadrant son visage, ces cils démesurément longs, les larges épaules suppliant qu'une tête s'y appuie. C'était Xavier, plus vieux, plus dur, mais définitivement lui.
“Xavier…” chuchota-t-elle, ses yeux se repaissant de lui.
Sa mâchoire se contracta, et une expression indéchiffrable passa sur son visage. Ses yeux perçants prirent en compte son corps voluptueux dans son état débraillé, des caillots de sang souillant ses belles lèvres boudeuses. Même dans sa situation désespérée, ces yeux noisette brillaient farouchement. Son esprit revint aux jours où ces yeux le vénéraient, quand ce corps parfait se plaquait nu sur sa large carrure après leur jouissance habituelle et il se tendit.
La pièce frémissait de tension, tout et tout le monde s'effaçant tandis que leurs regards se verrouillaient. En cette fraction de seconde, des souvenirs furent évoqués, des sentiments ressuscités. Mais Xavier se ressaisit et, forçant son masque à reprendre sa place, se leva et dit d'un ton brusque,
“Tu viens avec moi.”
Le bruit strident de la fermeture éclair trancha le calme matinal comme une lame, un son qui hurlait les lignes franchies et les conséquences ignorées. Les doigts d’Aurore tremblaient en frôlant la ceinture de Xavier, le cuir chaud contre sa peau, irradiant sa chaleur. L’air dans le bureau vibrait d’une tension interdite, saturé de son eau de Cologne, mêlée à la légère odeur de moisi de la maison sécurisée. Des particules de poussière dansaient dans la lumière dorée qui filtrait par les hautes fenêtres, projetant de longues ombres sur les murs lambrissés de chêne. Elle ne devrait pas être ici, ne devrait pas faire ça. Son esprit le criait, mais son corps la trahissait, attiré par lui comme un papillon par une flamme. Ses lèvres effleurèrent sa mâchoire, goûtant le sel léger de sa peau, et pendant un instant imprudent, elle s’autorisa à oublier. Oublier les portails verrouillés au-delà des pelouses impeccables, les gardes armés patrouillant le périmètre, les chaînes invisibles qui
Aurore s’arrêta net.Les rideaux ondulaient légèrement, la lumière matinale se répandant sur le sol en motifs géométriques doux. Xavier se tenait près de la fenêtre, une main appuyée contre le cadre, une bouteille d’eau dans l’autre. À contre-jour, ses larges épaules formaient une silhouette nette et tranchante.Au bruit de la porte, il tourna la tête. Lentement. Délibérément.Ses yeux se fixèrent sur les siens.Le souffle d’Aurore se bloqua dans sa gorge. Ses doigts s’engourdirent là où ils serraient la poignée de la porte. Le silence entre eux était si épais qu’on aurait pu s’y noyer, lourd de tout ce qui restait non dit.Le seul bruit était le léger froissement des rideaux dans la brise venant de la fenêtre entrouverte.Xavier se redressa, se tournant complètement vers elle. Son expression était indéchiffrable, ce masque qu’il portait si bien. Mais quelque chose vacilla dans ses yeux, quelque chose qui fit battre son cœur pour des raisons bien différentes de la peur.“Tu fais une
L’odeur beurrée des croissants chauds et du bacon crépitant flottait encore dans l’air, mais l’estomac de Aurore était noué. La lumière dorée du soleil traversait les fenêtres, douce et chaleureuse, peignant tout d’une lueur parfaite et paisible qui ressemblait à un mensonge.Pendant peut-être trente secondes après s’être réveillée, elle s’était autorisée à croire que tout allait bien.Puis la réalité s’était abattue.Son esprit refusait de se taire. Les pensées s’entrechoquaient dans un chaos total—l’enlèvement, les mains de Xavier sur sa peau, le goût de sa bouche, la façon dont il l’avait quittée quatre ans plus tôt sans un mot. Encore et encore, jusqu’à ce qu’elle ait envie de hurler.Elle donna un coup de pied dans les draps, frustrée. Se reposer était impossible. Pas avec ces putains de petites caméras planquées dans les coins. Elle en avait compté cinq hier, et Dieu seul sait combien elle avait ratées. Pas quand elle était piégée dans son monde, à sa merci, sans la moindre idée
Deux hommes de Xavier attendaient dehors lorsque Xavier et Arturo sortirent de la planque. Ils se mirent rapidement en ligne, les suivant comme des ombres. La brise matinale du printemps, fraîche et vive sur le visage de Xavier, n’apaisa en rien ses émotions tumultueuses. Au contraire, le silence sombre d’Arturo pesait plus lourd que l’air, tirant son humeur vers le bas à chaque pas.“Crache le morceau,” marmonna Xavier alors qu’ils traversaient le gravier vers la voiture qui les attendait. Mais Arturo ne dit rien. Le chauffeur ouvrit précipitamment la portière, et les deux hommes montèrent.Arturo glissa immédiatement un papier fin et plié vers Xavier. Il l’ouvrit d’un geste, et sa mâchoire se contracta, une veine battant furieusement à sa tempe.TU AS APPORTÉ LE FEU SOUS TON TOIT. GARDE-LA PRÈS DE TOI ET TU EN PAYERAS LE PRIX.“Qu’est-ce que ça veut dire, bon sang ?” demanda-t-il en agitant le papier vers Arturo.“Je ne sais pas encore, Patron. Mais il est évident de qui il s’agit
Le corps de Aurore vibrait encore de douleur et d'adrénaline après le sauvetage lorsque le SUV franchit les portes d'un modeste bâtiment de deux étages. Le silence qui l'accueillit en descendant du véhicule était troublant. Il n'était brisé que par le bourdonnement des gadgets de sécurité. Ses instincts de journaliste hurlaient qu'elle marchait vers une autre prison alors qu'on la conduisait dans le bâtiment immaculé. Les lourdes portes se refermèrent automatiquement derrière eux.Elle suivit l'assistant géant de Xavier, celui qu'il appelait Arturo, à travers des couloirs qui résonnaient et montèrent l'escalier en colimaçon jusqu'au deuxième étage. Des détecteurs de mouvement clignotaient faiblement et des caméras pivotaient comme si elles l'avertissaient. Ou la rassuraient-elles? Elle ne pouvait pas se débarrasser de l'impression qu'on la conduisait vers une prison plus grandiose. Pire encore, elle ne voyait aucun autre occupant à part les gardes.Le géant la fit entrer sans un mot d
Aurore sortit de sa sieste troublée. Elle essaya de respirer profondément, mais ses poumons se remplirent rapidement d'air humide et froid qui sentait le chêne et le moisi. Une faible ampoule solitaire au plafond vacillait, répandant une lumière saccadée à travers la pièce.Affaissée dans un coin, les poignets et les chevilles liés par des cordes, Aurore tira contre les entraves, la peau écorchée déjà à vif. Elle frissonnait de froid et de faim, regrettant sa veste et de la nourriture chaude. Pourtant, ses yeux noisette brûlaient de défi, le même feu qui alimentait son podcast.Son regard balaya la pièce sans fenêtre. Des murs de pierre dégoulinant de condensation, des rangées de casiers à vin anciens, une ouverture au-dessus laissant entrer un murmure d'air. Elle supposa qu'ils la retenaient dans une cave à vin, ou peut-être un sous-sol.Les deux gardes à l'air méchant jouaient aux cartes dans un coin, inconscients de son réveil. Aurore pencha la tête, écoutant. Ils avaient dit peu d