MasukÀ Mexico, deux âmes que tout oppose se rencontrent dans un tourbillon de désir et de danger. Valentina, lumière éclatante et idéaliste, croit au pouvoir salvateur de l'amour. Diego, ténébreux et marqué par un passé d'abîmes, incarne une force magnétique et corrosive. Leur attirance est immédiate, violente, et se transforme rapidement en une passion dévorante. Ce qui commence comme un jeu de séduction audacieux devient un duel cruel où les frontières entre l'amour et la haine, le salut et la destruction, s'effacent. Diego lance le défi qui scellera leur destin : "Séduis-moi, si tu l'oses". Valentina relève le défi, plongeant dans une relation où chaque caresse est une blessure, chaque parole un poison doux-amer. Leur histoire devient un piège à ciel ouvert, une chute libre vers un point de non-retour. Dans l'ombre des passions, la question demeure : s'agit-il d'un amour ultime ou d'un piège fatal où le seul vainqueur possible sera celui qui aura su détruire l'autre sans se perdre complètement ?
Lihat lebih banyakValentina
La musique cumbia bon marché tape un rythme désespéré contre les murs du Cantina La Última Lágrima. L’air est saturé, une soupe grasse d’odeurs de bière renversée, de tabac froid et de friture rance. Je slalome entre les tables, un plateau chargé de bouteilles de Tecate et de petits bols de cacahuètes gluants collant à mes doigts. Ma robe, un vieux chemisier noir trop ajusté, est humide sous les bras, sur le bas du dos. Une seconde peau misérable. Ici, je ne suis pas Valentina, la fille qui rêvait de peindre des ciels immenses sur de grandes toiles blanches. Ici, je suis la güera, la serveuse, un élément du décor, aussi invisible et interchangeable que la poussière qui danse, moribonde, dans les rais de lumière blafarde des néons.
Tout se fige, se déchire, quand la porte s’ouvre.
Ce n’est pas une entrée, c’est une invasion, une violation de l’équilibre précaire de ce lieu. Le vacarme de la nuit sur Avenida Insurgentes , klaxons, musique lointaine, cris , s’engouffre un instant, brutal, avant que la lourde porte en bois ne se referme dans un soupir étouffé. Et lui entre.
Le silence ne se fait pas, mais il se déplace, se concentre. Une onde de tension parcourt la salle comme un courant à haute voltage, faisant frémir les verres sur les tables. Les rires gras près du bar s’éteignent net, avalés. Le vieux Don Rosendo, dont les mains ne tremblent jamais, cesse de polir son verre, ses yeux s’assombrissant. Mon propre souffle se bloque, un caillou coincé dans ma gorge sèche.
Diego.
Tout le monde dans le quartier connaît ce nom, chuchoté avec crainte. Personne ne le regarde vraiment en face. Il est vêtu d’un costume anthracite qui épouse sa silhouette longue, puissante, une anomalie insultante de grâce et de puissance dans ce lieu miteux. Sa chemise est d’un blanc éclatant, trop pure, ouverte au col, révélant une chaîne en or fin et la naissance d’un tatouage sombre qui semble vouloir grimper vers sa mâchoire. Ses traits sont ciselés par un sculpteur cruel , pommettes hautes, mâchoire carrée, lèvres fines. Beau d’une manière qui fait mal, qui alerte tous les instincts. Et ses yeux… Des yeux si noirs qu’ils semblent être des trous dans le monde, absorbant la lumière, ne rien rendre. Ils balayent la pièce avec une indifférence absolue, un mépris tranquille, et finissent par se poser sur moi.
Ce n’est pas un regard. C’est une prise de possession. Une évaluation brutale, complète, qui palpe mon âme à travers les tissus usés de ma robe. Je sens mon sang se figer dans mes veines, puis affluer, brûlant, à mes joues, à mon cou. Je détourne les yeux trop vite, trahissant ma peur, mon trouble, ma fascination maudite. Je me penche pour déposer une bouteille sur une table, un geste mécanique, et mes mains tremblent, faisant tinter le verre.
Je le sens s’approcher avant de le voir. Une présence physique qui modifie la pression de l’air, alourdit l’atmosphère. Il choisit la table au fond, la plus éloignée de la porte, dos au mur, maître de tout ce qui se passe devant lui. Un trône dans son royaume de misère. Je prends une inspiration profonde, trop profonde, qui me brûle les poumons, et m’approche, le carnet de commandes serré contre ma poitrine comme un bouclier de papier.
Je sens son odeur avant d’arriver à sa hauteur. Du cuir riche, du savon coûteux, citronné, et quelque chose de plus âpre, de fondamental, de métallique, comme de l’acier frotté ou l’ozone avant l’orage. L’odeur du danger incarné.
— Qu’est-ce que ce sera ? Ma voix est un filet rauque, étranglée.
Il lève les yeux vers moi. Lentement. Son regard est un scanner. Il parcourt mon visage, s’attarde sur la pulpe de mes lèvres entrouvertes, descend le long de ma nuque, plonge dans l’échancrure de ma robe, avec une lenteur obscène, calculée. Je me sens nue, éventrée, exposée au-delà du physique.
— Tequila. Don Julio 70. Sa voix est grave, elle semble venir des profondeurs, voilée d’une fumée imaginaire. Elle caresse et lacère en même temps, chaque syllabe un coup de griffe recouvert de velours. — Rien d’autre.
J’opine du chef, un mouvement saccadé, et m’éloigne, sentant son regard brûler un sillon de feu entre mes omoplates, comme un fer rouge. Au comptoir, mes doigts, moites, peinent à saisir la bouteille au goulot lisse. Don Rosendo s’approche, son visage raviné empreint d’une gravité funèbre.
— Muchacha, por favor. Attention avec celui-là. Il n’est pas fait de chair et de sang comme nous. Ce qui coule dans ses veines, c’est de la glace et de l’ombre. Pars par la cuisine. Maintenant.
Valentina.— Tu ne trouveras rien, craché-je. Parce qu’il n’y a rien à trouver. Tu ne peux pas tout acheter, Diego.Il sourit, un sourire de requin.— Combien ?Le mot est lancé, simple, direct, obscène.— Quoi ?— Combien veux-tu ? Pour une nuit. Pour te donner à moi. Pour cesser cette comédie de désintérêt et admettre ce qui se passe entre nous. Nomme ton prix. Il y a un défi nouveau dans ses yeux maintenant. Celui de croire qu’il a enfin touché le fond de mon être, qu’il m’a réduite à un chiffre.C’en est trop.La rage explose.Je ne pense pas. Mon corps réagit avant mon esprit. Je me lève d’un mouvement si brusque que ma chaise racle le sol avec un crissement strident. Tout mon bras suit l’élan de ma colère, décrivant un large arc dans l’air chargé de tension.Le claquement de ma paume contre sa joue est un éclat sec, violent, qui déchire le silence du bar comme un coup de feu.Le temps se fige.Je reste là, la main en l’air, la peau de ma paume brûlante, engourdie par l’impact.
ValentinaLa tequila coule dans ma gorge, un feu liquide qui n’arrive pas à réchauffer le froid qui m’a saisie. Son regard est un poids physique sur ma peau, une exploration lente et délibérée qui me laisse nue, vulnérable, malgré mes résolutions. Chaque seconde à cette table est une éternité. Je joue un rôle, celui de la fille courageuse, mais l’effroi est là, tapi, prêt à refermer ses mâchoires sur ma feinte audace.Il lève son verre, l’observe, le fait tourner lentement. La lueur ambrée du liquide captive la faible lumière.— Alors, Valentina. Par où comptes-tu commencer ?Sa voix est douce, presque taquine. Mais l’intention derrière est tranchante comme un rasoir.Je prends une inspiration, sachant que je dois garder le contrôle de cette conversation, de ce jeu mortel.— Commencer quoi ?— Le défi. La séduction. Il pose son verre, le choc du cristal sur le bois est sec, définitif. Tu es assise là. Tu bois mon alcool. Tu soutiens mon regard. Ce sont des préliminaires acceptables. M
Valentina Le service est une épreuve. Chaque fois que la porte s’ouvre, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Chaque silhouette masculine dans la pénombre prend un instant ses traits. La tension monte en moi, un ressort qui se serre à se briser. Je suis à la fois terrifiée à l’idée de le voir, et furieuse qu’il ne soit pas encore là. Comme s’il me faisait attendre exprès, pour user mes nerfs, pour me montrer que le tempo de cette danse macabre est le sien.Puis, vers minuit, l’atmosphère change. Une vague de silence se propage depuis l’entrée, plus profonde que les précédentes. Je n’ai pas besoin de me retourner. Je le sens. Une présence qui aspire le son, la lumière, l’air même de la pièce.Je finis de servir une bière, essuie mes mains sur mon tablier, et prends une profonde respiration. Montre-lui. Montre-lui que tu n’as pas peur. Ou du moins, que ta peur ne te contrôle pas.Quand je me retourne finalement, il est là.Assis à sa table, dans l’ombre. Il ne porte pas de costume ce
ValentinaLe jour se lève, gris et lourd, en parfaite harmonie avec l’état de siège qui règne dans notre appartement. Le petit-déjeuner se prend dans un silence de crypte, uniquement troublé par le cliquetis des cuillères sur les bols de faïence ébréchée. Le regard de ma mère, rougi et épuisé, ne me quitte pas, chargé d’une interrogation muette et désespérée. Elle cherche dans mes traits un signe de recul, une faille dans la résolution folle que j’ai affichée la veille. Je garde mon visage aussi lisse que possible, un masque de calme que je ne ressens pas. À l’intérieur, c’est la tempête.— Fais attention à toi.Elle murmure enfin, alors que je me lève pour partir à la faculté. Sa voix est rauque, usée par les larmes et l’insomnie. C’est tout ce qu’elle peut concéder. Une trêve fragile, armée d’une peur omniprésente.— Toujours, mamá.Dehors, l’air est chargé d’une humidité poisseuse. Et pour la première fois, je vois la rue avec de nouveaux yeux. Ce n’est plus simplement mon quartier






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