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chapitre 4 : Au Quotidien

Author: Scilla
last update Last Updated: 2025-09-22 13:45:49

– Dring, Dring dring!

Le réveil sonne. Il est 7h00 du matin. Lundi. Le week-end est terminé, les cours reprennent, et la routine s’installe à nouveau. J’ai l’impression de n’avoir presque pas dormi de la nuit. Je me suis couchée très tard hier soir. J’ai passé la soirée à peindre dans ma chambre. Évidemment, ça m’a détendue… mais je n’ai pas succombé à la fatigue.

Comme je suis parfois un peu orgueilleuse et bien têtue, j’ai décidé de continuer à peindre malgré l’heure tardive. Je voulais absolument terminer mon tableau. Le résultat sera parfait, j’en suis certaine. Il me représente, il parle de moi, de mes émotions, de mes souvenirs. C’est comme une thérapie silencieuse.

Une bonne douche me fera certainement du bien. Je commence les cours à 9h00, ce qui me laisse un peu de temps pour me réveiller doucement. J’habite à dix minutes de marche du Collège, ce qui est plutôt pratique.

Bien souvent, j’aime m’arrêter au petit dépanneur du coin pour prendre mon café et un muffin aux carottes. Je passe devant chaque matin, et ça m’évite de préparer le déjeuner à la maison. C’est devenu mon petit rituel du matin, mon moment à moi.

Cette semaine, je dois étudier sérieusement. Mon premier examen est prévu pour vendredi. Heureusement, il ne devrait pas être trop compliqué : il porte sur l’organisation de l’éducation. Comment gérer un groupe, quelles sont les méthodes pour y parvenir, comment instaurer une dynamique de classe, et surtout, comprendre son rôle d’autorité.

J’ai bien aimé ce cours. Ce n’est rien de trop complexe, à vrai dire… mais j’aime étudier pour être certaine d’obtenir une bonne note. Et puis, approfondir mes connaissances me donne confiance. Il paraît qu’on ne retient que 10 % de ce qu’on apprend chaque année. Alors je veux maximiser mes aptitudes, devenir une enseignante compétente, inspirante, capable de guider les enfants vers leur plein potentiel.

Je trouve que trop d’adolescents quittent les bancs d’école trop tôt. Ensuite, ils peinent à se faire une place dans la société, à trouver un emploi stable. Le monde est exigeant, et les salaires compétitifs sont difficiles à atteindre sans formation. C’est pourquoi je veux encourager les jeunes à croire en eux, à rêver, à se dépasser. Leur donner les outils pour construire leur avenir.

Il est temps de partir. Je rassemble mes effets scolaires, verrouille la porte, et me dirige vers le collège. Tandis que je termine mon muffin en marchant, j’aperçois Sofia au loin. Elle me fait signe de la main, souriante. Elle porte une jolie robe blanche aujourd’hui. On peut admirer ses longues jambes fines et basanées, qui brillent sous la lumière du hall.

Son corps se déhanche avec grâce sur le plancher de l’école. On dirait un ange tombé du ciel. Elle est si élégante ce matin.

Je lui fais un petit signe de tête, la bouche presque pleine, avec mon muffin dans une main et mon café noisette dans l’autre. J’essaie de ne pas paraître trop maladroite.

Je termine ma pâtisserie, libère une main, et ouvre mon casier. Sofia s’approche. Je sens son parfum de rosée, doux et floral, qui vient caresser mes sens.

— Hey Corine, comment vas-tu ?

— Salut Sofia ! Encore un peu fatiguée, mais ça va.

Et toi ?

— Moi ça va très bien. C’est la routine, comme à chaque début de semaine. Tu as fait quoi ce week-end ?

— Rien de spécial. J’ai relaxé, et j’en ai profité pour faire de la peinture.

— Ah oui ? Génial ! Tu es une artiste aux talents cachés, toi ? Ha ha !

— Eh bien… je me considère assez bien approfondie dans cet aspect. Depuis toute petite, je peins des tableaux et je dessine avec différents matériaux. C’est un de mes passe-temps favoris pour me détendre et m’évader.

— Chanceuse ! Moi, j’ai de la misère à dessiner un bonhomme à lunettes. Ah ah ah !

J’ai une question pour toi… Je me demandais si ce serait trop te demander : pourrais-tu me faire un dessin ?

— Quel genre de dessin voudrais-tu ? Et avec quels matériaux ?

Sofia me regardait d’un air complètement gêné. Elle devint toute rouge au visage, comme une fleur qui s’ouvre sous le soleil. D’une voix douce et mielleuse, elle répondit :

— Eh bien… je voudrais une reproduction de moi-même sur une grande feuille rigide. Dessinée au fusain. Je l’accrocherais au-dessus de mon lit, dans ma chambre. Ça fait des années que j’ai envie d’avoir une grande image de moi-même.

Comme je ne suis pas douée en art et que je ne connais personne d’aussi talentueux, c’est difficile pour moi de me l’offrir. Tu n’auras qu’à me dire ton tarif, je te paierai, sois sans crainte.

— Oh ! Ok, je vois. Pas de problème, ce n’est pas compliqué à réaliser. Je veux juste savoir quand tu serais disponible pour débuter. Mais je ne veux pas être rémunérée pour ça — c’est gentil, mais je m’y oppose. Ce sera un cadeau entre voisines, si tu veux bien.

— D’accord, c’est entendu ! Serais-tu disponible ce soir ?

— Euh… ouais, ok ! Je ferai ma révision pour l’examen cet après-midi, alors. Génial, ça marche, pas de souci.

Je referme la porte de mon casier, le cœur un peu plus léger. Sofia et moi nous dirigeons vers notre classe de français. Les cours débutent dans cinq minutes. La cloche vient tout juste de sonner.

J’ai encore le goût de noisette dans la bouche. C’est drôle que j’y pense… j’ai justement un paquet de gomme à la cannelle dans mon étui à crayons. Ce sera meilleur pour mon haleine, sans me soucier des mauvaises odeurs que procure le café.

Décidément, ce serait dommage de faire fuir la belle Sofia à cause de moi.

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