– Dring, Dring dring!
Le réveil sonne. Il est 7h00 du matin. Lundi. Le week-end est terminé, les cours reprennent, et la routine s’installe à nouveau. J’ai l’impression de n’avoir presque pas dormi de la nuit. Je me suis couchée très tard hier soir. J’ai passé la soirée à peindre dans ma chambre. Évidemment, ça m’a détendue… mais je n’ai pas succombé à la fatigue. Comme je suis parfois un peu orgueilleuse et bien têtue, j’ai décidé de continuer à peindre malgré l’heure tardive. Je voulais absolument terminer mon tableau. Le résultat sera parfait, j’en suis certaine. Il me représente, il parle de moi, de mes émotions, de mes souvenirs. C’est comme une thérapie silencieuse. Une bonne douche me fera certainement du bien. Je commence les cours à 9h00, ce qui me laisse un peu de temps pour me réveiller doucement. J’habite à dix minutes de marche du Collège, ce qui est plutôt pratique. Bien souvent, j’aime m’arrêter au petit dépanneur du coin pour prendre mon café et un muffin aux carottes. Je passe devant chaque matin, et ça m’évite de préparer le déjeuner à la maison. C’est devenu mon petit rituel du matin, mon moment à moi. Cette semaine, je dois étudier sérieusement. Mon premier examen est prévu pour vendredi. Heureusement, il ne devrait pas être trop compliqué : il porte sur l’organisation de l’éducation. Comment gérer un groupe, quelles sont les méthodes pour y parvenir, comment instaurer une dynamique de classe, et surtout, comprendre son rôle d’autorité. J’ai bien aimé ce cours. Ce n’est rien de trop complexe, à vrai dire… mais j’aime étudier pour être certaine d’obtenir une bonne note. Et puis, approfondir mes connaissances me donne confiance. Il paraît qu’on ne retient que 10 % de ce qu’on apprend chaque année. Alors je veux maximiser mes aptitudes, devenir une enseignante compétente, inspirante, capable de guider les enfants vers leur plein potentiel. Je trouve que trop d’adolescents quittent les bancs d’école trop tôt. Ensuite, ils peinent à se faire une place dans la société, à trouver un emploi stable. Le monde est exigeant, et les salaires compétitifs sont difficiles à atteindre sans formation. C’est pourquoi je veux encourager les jeunes à croire en eux, à rêver, à se dépasser. Leur donner les outils pour construire leur avenir. Il est temps de partir. Je rassemble mes effets scolaires, verrouille la porte, et me dirige vers le collège. Tandis que je termine mon muffin en marchant, j’aperçois Sofia au loin. Elle me fait signe de la main, souriante. Elle porte une jolie robe blanche aujourd’hui. On peut admirer ses longues jambes fines et basanées, qui brillent sous la lumière du hall. Son corps se déhanche avec grâce sur le plancher de l’école. On dirait un ange tombé du ciel. Elle est si élégante ce matin. Je lui fais un petit signe de tête, la bouche presque pleine, avec mon muffin dans une main et mon café noisette dans l’autre. J’essaie de ne pas paraître trop maladroite. Je termine ma pâtisserie, libère une main, et ouvre mon casier. Sofia s’approche. Je sens son parfum de rosée, doux et floral, qui vient caresser mes sens. — Hey Corine, comment vas-tu ? — Salut Sofia ! Encore un peu fatiguée, mais ça va. Et toi ? — Moi ça va très bien. C’est la routine, comme à chaque début de semaine. Tu as fait quoi ce week-end ? — Rien de spécial. J’ai relaxé, et j’en ai profité pour faire de la peinture. — Ah oui ? Génial ! Tu es une artiste aux talents cachés, toi ? Ha ha ! — Eh bien… je me considère assez bien approfondie dans cet aspect. Depuis toute petite, je peins des tableaux et je dessine avec différents matériaux. C’est un de mes passe-temps favoris pour me détendre et m’évader. — Chanceuse ! Moi, j’ai de la misère à dessiner un bonhomme à lunettes. Ah ah ah ! J’ai une question pour toi… Je me demandais si ce serait trop te demander : pourrais-tu me faire un dessin ? — Quel genre de dessin voudrais-tu ? Et avec quels matériaux ? Sofia me regardait d’un air complètement gêné. Elle devint toute rouge au visage, comme une fleur qui s’ouvre sous le soleil. D’une voix douce et mielleuse, elle répondit : — Eh bien… je voudrais une reproduction de moi-même sur une grande feuille rigide. Dessinée au fusain. Je l’accrocherais au-dessus de mon lit, dans ma chambre. Ça fait des années que j’ai envie d’avoir une grande image de moi-même. Comme je ne suis pas douée en art et que je ne connais personne d’aussi talentueux, c’est difficile pour moi de me l’offrir. Tu n’auras qu’à me dire ton tarif, je te paierai, sois sans crainte. — Oh ! Ok, je vois. Pas de problème, ce n’est pas compliqué à réaliser. Je veux juste savoir quand tu serais disponible pour débuter. Mais je ne veux pas être rémunérée pour ça — c’est gentil, mais je m’y oppose. Ce sera un cadeau entre voisines, si tu veux bien. — D’accord, c’est entendu ! Serais-tu disponible ce soir ? — Euh… ouais, ok ! Je ferai ma révision pour l’examen cet après-midi, alors. Génial, ça marche, pas de souci. Je referme la porte de mon casier, le cœur un peu plus léger. Sofia et moi nous dirigeons vers notre classe de français. Les cours débutent dans cinq minutes. La cloche vient tout juste de sonner. J’ai encore le goût de noisette dans la bouche. C’est drôle que j’y pense… j’ai justement un paquet de gomme à la cannelle dans mon étui à crayons. Ce sera meilleur pour mon haleine, sans me soucier des mauvaises odeurs que procure le café. Décidément, ce serait dommage de faire fuir la belle Sofia à cause de moi.L’examen est terminé. Les couloirs se vident lentement, comme si l’école elle-même expirait un long soupir de soulagement. Je marche aux côtés de Sofia, encore un peu sonnée par la concentration, par le stress… et par ce qui s’est passé ce matin. Rien ne semble réel. Le froid sur ma peau, le parfum de Sofia qui flotte encore dans l’air, le silence de la salle d’examen… tout se mélange dans ma tête comme un rêve fiévreux. Nous ne parlons pas. Pas encore. Nos regards se croisent parfois, furtifs, comme pour vérifier que l’autre a bien vécu la même chose. Que ce moment volé dans les toilettes n’était pas une illusion. En arrivant chez moi, je m’effondre dans le fauteuil du salon. Le tableau de maman me regarde depuis le mur, paisible. Je sens le besoin de peindre à nouveau, de poser sur la toile ce que je n’arrive pas à dire. Mais avant ça, je prends mon carnet. J’écris. Des mots, des pensées, des fragments de ce matin. Et surtout, cette question qui me hante : Pourquoi So
Il est 6h30 du matin. Le réveille sonne a la même heure la semaine d’école. Sofia est toujours étendue près de moi. Elle ouvre ses yeux tranquillement et me regarde tendrement avec un sourire sur ses lèvres. On se lève et ont se prépare pour se rendre à l’école. Nous avons décidé de partir plus tôt pour étudier encore un peu avant les cours. De toute évidence les portes de l’établissement scolaire sont toujours ouvertes et accessible avant le commencement des cours, deux heures à l’avance. Ainsi, certains étudiants peuvent se permettre de terminer leurs devoirs ou tout simplement de déjeuner à la cafeteria avant les cours. C’est toujours tranquille le matin à ces heures l’a. Pendant que Sofia et moi marchions sur le chemin de l’école, je pouvais sentir un vent froid d’automne qui soufflait sur nos visages. Un froid de plus en plus intense qui annonçait un hiver. Fini les feuilles et les décors d’halloween. A travers le vent je constatais même que quelques flocons de
J’entends le téléphone sonner dans la salle à manger. Je me dépêche de déposer mes ustensiles sur le comptoir et de m’essuyer les mains. Après trois sonneries, j’arrive enfin au combiné et décroche. — Allô ma sœur ! Comment tu vas ? J’avais hâte de t’appeler. Avec les travaux et les rénovations, Steve et moi sommes complètement débordés. Je profite que les murs du salon soient en train de sécher pour te passer un petit coup de fil. — Allô Stella ! Comme je suis contente d’entendre ta voix. Je vais bien, merci. Je commençais à m’ennuyer un peu. Alors, les rénovations avancent, à ce que j’entends ? C’est génial ! — Oui, on agrandit le sous-sol pour y installer une table de billard. Et on va faire tomber un mur pour créer un accès direct à la piscine depuis la maison. J’ai hâte de voir le résultat. — Oh wow, ça va être superbe ! Et merci pour les photos que tu as glissées dans mes boîtes. Je les ai contemplées pendant des heures le week-end dernier. — De rien, ça me fait p
– Dring, Dring dring! Le réveil sonne. Il est 7h00 du matin. Lundi. Le week-end est terminé, les cours reprennent, et la routine s’installe à nouveau. J’ai l’impression de n’avoir presque pas dormi de la nuit. Je me suis couchée très tard hier soir. J’ai passé la soirée à peindre dans ma chambre. Évidemment, ça m’a détendue… mais je n’ai pas succombé à la fatigue. Comme je suis parfois un peu orgueilleuse et bien têtue, j’ai décidé de continuer à peindre malgré l’heure tardive. Je voulais absolument terminer mon tableau. Le résultat sera parfait, j’en suis certaine. Il me représente, il parle de moi, de mes émotions, de mes souvenirs. C’est comme une thérapie silencieuse. Une bonne douche me fera certainement du bien. Je commence les cours à 9h00, ce qui me laisse un peu de temps pour me réveiller doucement. J’habite à dix minutes de marche du Collège, ce qui est plutôt pratique. Bien souvent, j’aime m’arrêter au petit dépanneur du coin pour prendre mon café et un muffin aux
Me voilà encore étendue dans mon lit, enveloppée dans mes draps, les paupières lourdes de sommeil. Le soleil rayonne à travers les rideaux, dessinant des formes dorées sur les murs de ma chambre. Une douce chaleur s’installe lentement, comme une caresse matinale. J’entends les oiseaux chanter dans la cour, tout près de ma fenêtre. Leur mélodie légère me berce, me rappelle que c’est dimanche… et que je peux enfin prendre le temps. Quel réveil relaxant. Pas de cours, pas d’obligations. Juste moi, mon cocon, et le silence du matin. Aujourd’hui, j’ai envie de me détendre. Après le déjeuner, je vais planifier une journée d’art plastique à la maison. J’ai besoin de me reconnecter à mon monde intérieur, à mes couleurs, à mes pinceaux. Ça fait si longtemps que je n’ai pas pris le temps de barioler une toile, de laisser mon imagination s’exprimer librement. Je suis de nature artistique, mais ces derniers mois, entre le déménagement, les études et les souvenirs qui me hantent, j’ai mis cett
En revenant de l’école, je décide de prendre un détour pour rentrer chez moi. Une marche un peu plus longue, juste pour visiter les environs et respirer le grand air. C’est agréable de contempler le paysage. Le soleil commence à se cacher derrière les nuages. Des enfants jouent sur la pelouse, font des pirouettes, se lancent des feuilles en riant. Ce tableau me ramène à ma propre enfance, avec Stella. À l’Halloween, maman adorait décorer la maison. Chaque année, elle nous montrait fièrement ses trouvailles. Stella et moi nous asseyions à la table de la cuisine avec elle, pour l’aider à préparer les décorations. Elle collait des citrouilles et des fantômes autocollants dans les fenêtres. Il y avait des banderoles orange et noir suspendues sous les plafonds. Maman nous avait même appris à les fabriquer : on découpait des languettes de carton, qu’on enchaînait en anneaux pour former de longues guirlandes. On en accrochait dans chaque pièce, sous les fenêtres. C’était comme une fête