Les jours passèrent lentement, rythmés par les visites, les examens médicaux et le silence pesant des nuits solitaires à l’hôpital. Le soleil filtrait à travers les rideaux clairs de la chambre, réchauffant les draps pâles et le cœur meurtri d’Elliana. Elle était assise, en tailleur sur son lit, un coussin contre le dos, et buvait lentement un jus d’orange pressé que sa mère lui avait apporté ce matin-là.Chaque gorgée était douce, mais rien ne pouvait effacer l’amertume qui subsistait dans sa poitrine.Elle ne s’attendait pas à ce que la porte s’ouvre avec fracas.— Tu sais depuis combien de jours je te cherche, Elliana ?! hurla Caleb, les yeux injectés de sang, le visage crispé par une colère folle.Il était accompagné de Miranda, sa belle-mère, dont le regard venimeux scannait la chambre comme un vautour à l’affût.Elliana posa lentement son verre sur la table de chevet. Son cœur battait fort. Mais cette fois… ce n’était plus de la peur.— Et je dis rien, murmura-t-elle avec calme.
Les roues crissèrent sur le bitume, les phares fendaient l’aube encore pâle. Lukas fixait la route devant lui, mais son regard était sombre, presque féroce. Il savait qu’il n’avait que quelques minutes. Chaque seconde comptait pour sauver sa sœur.Mais à l’angle de la place centrale, une silhouette surgit. Miranda. Elle se jeta devant la voiture, les bras levés, hurlant quelque chose d’incompréhensible. Lukas ne ralentit pas. Pas cette fois. Il accéléra au contraire, le cœur lourd mais résolu. Au dernier instant, Miranda hurla et se jeta sur le côté, tombant sur le bas-côté, terrifiée.— Elle n’en a pas fini avec nous, grogna Lukas, les yeux brillants de rage. Mais moi non plus.Ils atteignirent l’hôpital en moins d’une demi-heure, les pneus crissant sur le bitume du parking. Matteo sauta hors de la voiture avec Elliana dans ses bras, pâle et inconsciente, tandis que Julian courait devant eux en hurlant pour appeler les infirmiers.— Urgence ! Une femme enceinte agressée, elle perd du
Le chaos, le silence, la peur. Tous se mélangeaient sur cette place autrefois animée. L’ambiance festive s’était changée en scène de drame. Les regards des villageois passaient de l’horreur à la culpabilité, fuyant ceux des trois hommes qui venaient d’arriver comme des bourrasques de vengeance.Lukas se précipita vers Elliana, son cœur battant à tout rompre. Il se jeta à genoux dans la poussière, sans se soucier de ses vêtements ou du monde autour. D’une main tremblante mais ferme, il souleva doucement la tête d’Elliana et la posa sur ses genoux, comme s’il berçait un trésor fragile.— C’est moi… C’est grand frère, chuchota-t-il, la gorge nouée. T’es en sécurité maintenant, Ellie… On est là…Elliana ouvrit faiblement les yeux. Ses joues étaient couvertes de larmes, ses lèvres pâles.— Luka… je suis fatiguée… Tellement fatiguée… Je veux rentrer… Je veux juste rentrer à la maison…Sa voix était brisée, presque imperceptible.— Tu vas rentrer, ma puce, dit-il en l’embrassant sur le front
Le vent chaud soufflait sur la place encore figée dans le silence. Des murmures se formaient à la lisière de la foule, mais personne n’osait bouger. Au centre, parmi les restes du banquet renversé, Elliana se tenait droite, sa respiration saccadée, le regard empli de larmes et de rage.Mais cette dignité fragile fut brutalement fauchée.— Tu vas le regretter, sale petite ingrate ! siffla Cassie en avançant, les talons claquant contre les pavés.Sans prévenir, elle tendit les deux mains et poussa violemment Elliana dans la poitrine.Elliana perdit l’équilibre. Son dos heurta le sol dur dans un bruit sec. Sa tête cogna légèrement le pavé, et un cri étouffé s’échappa de ses lèvres. Elle serra son ventre par réflexe, les bras repliés sur elle-même, tandis que son souffle devenait tremblant.— Tu fais honte à tout le monde ! cracha Cassie.Avant même qu’elle puisse se redresser, un cliquetis métallique se fit entendre. C’était Miranda. Elle arrivait en claquant des talons, les lèvres serré
À plusieurs kilomètres de là, sur une route sinueuse cernée par les bois, un 4x4 noir s’était arrêté face à un panneau "Route barrée – Travaux en cours". Lukas, Matteo et Julian, ses trois frères, fulminaient.— Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! pesta Lukas en tapant le volant. On est à deux doigts du village !— On peut pas passer, ajouta Matteo, exaspéré. Ils ont tout fermé jusqu’à demain, regarde les panneaux !— Alors on passe par la forêt, dit calmement Julian. L’ancienne route. Elle est plus longue, mais on n’a pas le choix. Il faut qu’on y soit aujourd’hui.— Elliana n’a plus personne là-bas. Si on rate ça… je m’en voudrais toute ma vie, dit Lukas en serrant les dents.Sans perdre une seconde, ils firent demi-tour, foncèrent vers la vieille route forestière, prêts à tout pour rejoindre leur sœur. Ils ignoraient encore ce qui l’attendait.---Elliana, de son côté, avait passé la nuit sur un matelas trop mince, dans une pièce où le silence hurlait plus fort que les souvenirs.
Les moteurs vrombissent dans la nuit. Trois voitures, farouches, fendillent l’asphalte à vive allure. À l’intérieur de chacune d’elles, les visages tendus de Lukas, Matteo et Julian se dessinent dans l’éclairage blafard du tableau de bord. L’écho des cris de leur père, la détresse de leur mère tombée en syncope, et la violence de la vidéo captée par les caméras de surveillance brûlent leur mémoire.Lukas, au volant du véhicule de tête, serre le volant à en blanchir les jointures. Derrière lui, les phares des deux autres voitures balayent l’obscurité, accompagnés des gyrophares discrets des gardes assignés par les autorités. Ce n’était plus une simple réunion familiale. C’était une mission de sauvetage. Leur sœur était en danger.---Pendant ce temps, dans un village reculé bordé de montagnes silencieuses et de forêts endormies, Caleb gara sa voiture poussiéreuse devant une petite maison en pierres vieillissantes. Le moteur s’éteint, le silence du lieu contraste avec l’agitation qui ré