Chapitre 4

PDV de Kaia

Je les regarde s’éloigner, mon esprit tournoie après ce que je viens d’entendre.

Don de rein ?

Je n’ai jamais pensé que le but de Théodore était d’utiliser mon rein pour sauver Alora...

C’est ridicule !

Donc, du début à la fin de notre relation, je n’étais qu’une existence sans importance pour lui. Il ne me voyait que comme une donneuse d’organes... même si nous étions des âmes sœurs par la déesse.

Il n’était avec moi que pour un rein. Comment pouvait-il être ainsi... cruel !

Mon cerveau ne pouvait plus penser, et le fort bourdonnement des pensées obsessionnelles me donnait une migraine lancinante. Le peu d’espoir que j’avais a été brisé et je ne pouvais trouver aucune raison de continuer à vivre.

« Tu dois rester forte... » Les mots encourageants de ma louve filtrent dans mon esprit.

« ...tu portes un enfant. »

« Oui, tu as raison. » J’essuie mes larmes, je dois rester forte pour le bébé. Je ne pouvais pas simplement rester assise et attendre la mort. J’ai maintenant un enfant innocent pour qui me battre.

Soudain, j’ai l’impression que tous les yeux et les oreilles de la meute sont sur moi, tous au service de Théodore, des espions tous prêts à me trahir.

Je ne peux pas rester, je ne peux pas attendre qu’Alora se réveille, attendre ma mort. Je ne peux faire confiance à personne.

Je n’ai pas le choix... Fuir !

Je dois fuir...

.......

Cela fait une semaine que j’ai décidé de partir, et je n’ai pas vu Théodore pendant toute cette semaine.

Ce matin, Florence a dit qu’Alora avait eu des réactions physiques, montrant plus de signes de son réveil imminent.

Pensant qu’elle pourrait se réveiller dans les prochains jours, j’ai déjà planifié mon évasion mais je l’ai maintenant avancée à ce soir. Je ne pouvais plus attendre.

À minuit, j’ai attendu la couverture de l’obscurité pour exécuter mon plan d’évasion.

J’essaie de mon mieux d’éviter les endroits où les membres de la meute étaient de service. Je savais que je devais atteindre la porte, espérant que le changement d’équipe de minuit pourrait être mon opportunité d’échapper aux gardes.

J’emprunte le chemin qui longe le terrain d’entraînement, pensant que personne ne doit s’entraîner maintenant.

Seulement pour trouver Théodore s’exerçant avec un guerrier... merde !

Je me cache derrière un arbre en priant la Déesse de la Lune que je n’aie pas été vue.

Ils s’arrêtent tous les deux en regardant vers la zone boisée, mon cœur bat hors de ma poitrine alors que je me cache derrière un arbre.

« Kaia ? » Ses yeux scrutent la zone pendant que je le sens pousser sur notre lien mental. Merde ! Il a dû me voir après tout.

Fermant les yeux pour me concentrer, je ne laisse rien transparaître via le lien mental.

Je fais semblant de dormir... sans même essayer de le repousser de mon esprit.

Je ne bouge à nouveau que lorsqu’il retourne à l’entraînement.

Changeant maintenant de route, je parviens à m’approcher de la porte sans être détectée.

J’observe depuis les ombres en attendant le moment le plus opportun pour m’échapper quand les poils de ma nuque se hérissent tandis que je sens quelqu’un derrière moi.

« Que fais-tu ? » Théodore me trouve accroupie avec un sourire amusé sur son visage.

Ma vie était-elle drôle pour lui ?

« Je pars, Théodore. Je ne reste plus. » Je me lève en redressant mon dos.

« Je ne crois pas... » Il fait un pas vers moi mais il est interrompu par le guerrier avec qui il s’entraînait. « Alpha ? Le Bêta Léo dit que vous devez retourner à l’hôpital... »

« Pas maintenant. »

« Il dit qu’elle est réveillée ? » Le guerrier semble ne pas comprendre ses propres mots relayés par le lien mental du Bêta.

Théodore me fixe un moment avant de pivoter sur ses talons, son guerrier le suit.

Je suis maintenant seule, c’était ma seule chance... son réveil me donnant une chance de partir.

Je ne jette pas un autre regard aux terres de la meute, je cours droit vers la porte.

........

J’ai continué à courir jusqu’à atteindre la ville la plus proche. Il n’a pas fallu longtemps à Théodore pour savoir que j’étais partie par ces portes... ses guerriers me traquent toute la nuit.

Je parviens à trouver un café isolé où je trouve le temps de me reposer, mes pieds brûlent et ma gorge est sèche de soif.

Je suis enceinte et sans meute. Que dois-je faire maintenant ? Je ne suis pas tout à fait sûre mais je sais que peu importe les défis qui m’attendent, je refuse de retourner à la Meute du Désert d’Ambre... à Théodore.

« Vous n’êtes pas d'ici, de quelle meute venez-vous ? » Le propriétaire âgé aux cheveux argentés demande en remplissant ma tasse de café. Il m’observe depuis un moment, sachant que je ne suis pas humaine comme les autres clients.

« Non, je cherche quelqu’un... quelqu’un qui a été vu pour la dernière fois dans une meute... »

« Quelle meute ? » Il murmure à voix basse en gardant sa voix basse.

« La Meute du Fantôme Noir ? » Je hausse les épaules, ne m’attendant pas à ce qu’il ait entendu parler de la meute, mais je vois ses yeux se voiler légèrement dans un lien mental.

« Quelle affaire avez-vous avec cette meute ? »

« J’essaie de retrouver quelqu’un. Avez-vous une carte ? Pouvez-vous me montrer l’emplacement ? » Je demande avec un peu d’espoir, mais il secoue la tête avant de retourner vers ses clients réguliers.

Je reste encore environ une heure, le propriétaire ignore mes tentatives de contact visuel. Il n’est pas revenu une seule fois vers moi mais a servi tous les autres clients.

Je ramène ma tasse de café vide au comptoir, me préparant à régler ma note quand la jolie cloche sonne, signalant que la porte a été ouverte.

C’est alors que le parfum le plus enivrant me frappe.

Oranges brûlées avec chocolat noir.

L’odeur envahit mes narines, le parfum fait saliver ma bouche.

Le dos tourné à la porte, je me retourne, mais je trouve déjà un grand homme fort enveloppant ma silhouette par-derrière.

« J’entends que vous me cherchiez ? »