LiraJe garde les yeux fermés encore un instant.Pas parce que j’ai peur d’ouvrir les paupières.Mais parce que je veux retenir le monde ainsi.Juste un peu . Suspendu ! Respirant contre le sien.Liée à lui par un fil invisible, une onde, un battement.Il ne parle pas.Il ne bouge pas.Et pourtant, tout en moi sait qu’il est là.Son front contre le mien, très légèrement.Son souffle, chaud, irrégulier, qui effleure ma peau avec la délicatesse d’un souvenir.Nos doigts encore mêlés, encore serrés, comme un ancrage, un refus de redevenir deux.Dans cet espace minuscule entre nous, où plus rien ne sépare nos visages, j’ai l’impression que le reste peut attendre.Les réponses , les justifications .Les blessures qu’on n’a pas encore nommées.Les absences trop longues, les nuits trop vides.Tout ça peut bien rester dehors.L’univers peut vaciller, hurler, se briser à nouveau.Nous, nous sommes là.Et c’est assez.Je sens ses doigts se refermer un peu plus fort sur les miens.Pas pour me r
LiraD’abord, je crois que je rêve un de ces rêves flottants, suspendus entre l’oubli et la mémoire, sans contours précis, sans son pour guider, sans forme pour ancrer, simplement habité par une sensation qui pulse doucement sous la peau, un écho venu d’ailleurs, comme un murmure oublié, un appel fragile, tissé de silence et de vertige.Ce n’est pas une peur.C’est un éveil.Quelque chose se lève dans l’air.Quelque chose s’ouvre, doucement, sans violence, comme si le monde, ce monde immense, écorché, recousu de blessures anciennes, retenait soudain son souffle de peur de troubler ce qui s’approche.Le vent change.Il se densifie.L’air devient presque palpable, lourd et épais comme une mer invisible à traverser.Je ressens chaque pas dans mon corps comme s’il me tirait hors de moi, hors du réel, vers une frontière que mes yeux ne voient pas encore, mais que mon cœur connaît par-delà les âges.Le sol vibre à peine sous mes pieds, pas comme un tremblement, mais comme une mémoire enfoui
VolarionLe feu s’est tu.Pas éteint.Pas dompté.Mais contenu pour l’instant.Comme une bête tapie, lovée dans mes entrailles, aux aguets, prête à se redresser si je faiblis encore.Ma peau fume, mes veines tremblent, et la magie, toujours brûlante, serpente sous ma chair comme un serpent ivre de colère.Mais ce n’est plus la rage qui la nourrit.C’est autre chose.Une tension fine. Un appel venu d’ailleurs.Je l’ai senti.Faiblement. Presque comme un souffle.Un frisson dans l’air.Une vibration ancienne, mais reconnaissable.Elle.Mon corps gémit sous l’effort alors que je me redresse. Chaque muscle proteste, chaque os craque sous la pression du feu contenu.J’ai cru céder.J’ai failli me laisser consumer.Mais un souvenir m’a rattrapé à la dernière seconde.Lira.Sa main contre la mienne.Son front posé contre le mien, jadis, dans un monde plus doux.Sa voix, basse, quand elle me disait : "Je suis là."Ce souvenir ou peut-être ce mirage m’a ramené.Et maintenant, quelque chose me
VolarionLe sol tremble sous mes pas.Pas parce que la terre gronde, non mais parce que je gronde.Ma magie n’est plus une compagne.Elle est devenue ennemie.Insatiable. Instable.Un feu noir, affamé, acide, qui s’insinue dans mes veines, écorche mes os, ronge mon souffle.Elle me réclame.Elle hurle.Elle veut brûler , détruire , avaler ce monde qui m’a pris Lira , même si c'est faux , car c'est moi qui l'ai quitté malgré ses supplications .Chaque pas devient plus lourd, comme si la terre refusait de me porter, comme si elle savait que je n’étais plus fait pour marcher parmi les vivants.Je titube.Je tombe à genoux.Et la magie explose.Un cercle de feu se propage autour de moi, dévorant tout ce qu’il touche roches, poussière, lumière.La terre se fissure, les arbres ceux qui avaient osé pousser malgré les cendres se désintègrent, et l’air lui-même crépite.Et pourtant, au centre de cet ouragan incandescent, je grelotte.Le feu est en moi.Un feu ancien. Primal. Celui de la perte.
VolarionJe ne sais plus depuis combien de temps je marche. Des jours ? Des semaines ? Le temps s’est dissous dans ce désert sans fin, cette mer de cendres et de silence où même les étoiles semblent s’être éteintes, les unes après les autres, une à une, comme si elles fuyaient la nuit aussi impitoyable que celle qui dévore mon âme.Je suis seul.Seul au point que chaque souffle semble vouloir arracher ce qui reste de vie en moi, chaque inspiration est une lutte, chaque expiration un supplice.Cette solitude est un feu invisible, une flamme qui dévore lentement mon cœur, l’émiette, le réduit en poussière incandescent, en braises brûlantes prêtes à s’éteindre.Je sens ce feu intérieur grandir, non pas avec la violence et la fureur destructrice du dragon que je suis, mais comme une rage sourde, affamée, cruelle.Il brûle, oui, mais c’est un feu sans éclat, un feu qui ronge, qui consume dans l’ombre.Je brûle de l’intérieur.Chaque instant loin d’elle me rapproche un peu plus du néant, m’
VolarionLe vent mord ma peau comme un poignard gelé, mais je sens à peine ce froid.Je marche sans but, sans horizon, prisonnier d’un labyrinthe d’ombres qui engloutit tout ce qui fut lumière.Chaque pas me rapproche un peu plus du néant.Je voudrais crier, hurler au ciel ma colère, mon désespoir, mais ma voix s’est brisée avec elle.Je suis une épave, dérivant sur une mer déchaînée, balloté par des vagues de souvenirs trop puissantes pour être oubliées.Son visage me hante.Ses yeux, pleins de promesses, de doutes et de tendresse, brûlent encore dans mon esprit.Je revois la douceur de ses mains, le tremblement de sa voix, l’éclat fragile de son regard qui voulait encore croire en nous.Et pourtant, je suis là, loin d’elle.Le gouffre qui nous sépare n’est pas seulement physique.Il est fait d’un silence trop lourd, d’un froid qui glace jusqu’à l’âme.Je sens cette distance grandir entre nous, un abîme qui menace d’engloutir ce que nous étions.Je la sens dans chaque battement de mo