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Author: KabalaFranck
last update Huling Na-update: 2025-04-08 00:27:32

Chapitre 3 : Le feu sous la glace

Le problème, avec les souvenirs, c’est qu’on ne les choisit pas. Ils surgissent sans prévenir, comme des fantômes qu’on croyait avoir exorcisés. Depuis hier, chaque pièce de cet hôtel me ramène à lui. À nous.

Un éclat de rire dans un couloir. Le reflet d’un miroir. Une nuance de bleu sur un mur… et soudain, je revois une nuit de décembre, dans notre ancienne maison, lorsqu’il m’avait promis que rien ne pourrait jamais nous séparer.

Mensonge.

Je marche rapidement dans la suite impériale, les plans à la main, évitant soigneusement de penser à la dernière conversation que nous avons eue. Mais c’est impossible. William occupe mon esprit comme un poison lent, un parfum entêtant.

« Angela, tu peux venir voir ça ? » me demande Matteo, l’un de mes chefs de projet.

Je me penche sur les moulures du plafond, analyse les fissures, donne mes consignes. Professionnelle, précise, méthodique. Je me cache derrière mon expertise comme derrière une armure.

Mais elle se fissure.

Parce que je le sens. Sa présence. Sa silhouette. Son regard sur moi.

Je me retourne.

Et bien sûr, il est là.

Adossé à la porte, costume parfait, expression impénétrable. Il me regarde comme si j’étais un mystère à résoudre.

« Je pensais qu’on avait convenu de rester à distance raisonnable », dis-je sans lever la voix.

Il s’avance, lentement.

« Je ne fais que visiter mon chantier. »

Je fronce les sourcils.

« Tu me suis. »

Un silence.

Il ne nie pas.

« Est-ce que tu me repousses parce que tu ne veux plus de moi, ou parce que tu as peur de ce que tu ressens encore ? »

Je ris. Un rire sec, amer.

« Tu ne manques pas d’audace. »

Il s’approche encore, et son regard devient plus sombre.

« Angela… dis-moi que tu ne ressens absolument rien, et je te jure que je te laisserai tranquille. »

Je le fixe. Mon cœur bat si fort que j’en ai presque mal. Mes mains tremblent. Ma gorge se serre.

Mais je refuse de lui donner ce pouvoir.

Je le contourne sans répondre, le frôle à peine. Et pourtant, mon corps réagit comme si j’avais touché une flamme nue.

---

Je m’enferme dans la salle de bains d’une suite vide. Je m’appuie contre le marbre froid du lavabo et me regarde dans le miroir. Mon reflet me fait peur.

Je suis en train de flancher.

Je le sens dans mes gestes, dans mes silences, dans mes nuits sans sommeil depuis hier.

J’ai passé trois ans à l’oublier. Trois ans à recoller les morceaux. Trois ans à croire que j’étais sortie de son orbite.

Mais William a toujours été un vortex.

Il aspire tout. L’air, la lumière, les repères.

Je ferme les yeux. Respire. Compte jusqu’à dix. Jusqu’à vingt. Jusqu’à ce que le tremblement disparaisse.

Je ne dois pas redevenir cette femme-là. Celle qui l’aimait à en mourir. Celle qui acceptait tout, même les absences, même les silences, même la solitude dans un lit trop grand.

Parce que la vérité, c’est que j’ai été seule, même quand j’étais avec lui.

Et ça, je ne le supporterai plus jamais.

Le soir, je rentre chez moi, épuisée. Mon appartement est petit, mais lumineux. Chaque meuble a été choisi par moi, chaque cadre posé avec soin. C’est mon refuge. Mon monde.

Je m’installe sur le canapé, un thé chaud entre les mains. Je tente de lire, mais je relis la même phrase dix fois. Alors j’abandonne.

Je prends mon téléphone. Et, contre toute logique, je tape son nom dans mes messages.

Je reste là, le pouce suspendu au-dessus de l’écran.

Puis je supprime tout.

Je ne céderai pas.

Pas encore.

Deux heures plus tard, quelqu’un frappe à ma porte.

Je fronce les sourcils. Je n’attends personne.

Je me lève, prudemment.

Quand j’ouvre, je sens mon estomac se nouer.

William.

Il tient un sac dans une main et un air presque… nerveux.

« Je sais. J’aurais dû appeler. »

Je croise les bras.

« C’est quoi ça ? »

Il me tend le sac.

« De la nourriture chinoise. Ton préféré. Avec des beignets de crevette et du riz au jasmin. »

Je le fixe, stupéfaite.

Il se souvient.

Je devrais refermer la porte. Le chasser. Lui rappeler qu’il n’a aucun droit de venir ici, comme si rien n’avait changé.

Mais au lieu de ça, je le laisse entrer.

William entre, lentement, comme s’il avait peur de déranger. Je referme la porte derrière lui, sans trop savoir pourquoi.

Il ne dit rien, se contente de déposer le sac sur la table basse. Il ne touche à rien d’autre. Ne s’impose pas. Ne prend pas ses aises, comme avant. Ce simple détail me frappe plus que je ne l’aurais cru.

« Je ne suis pas là pour te convaincre de quoi que ce soit », dit-il au bout d’un moment, la voix calme.

Je hausse un sourcil.

« Alors pourquoi tu es là ? »

Il se retourne vers moi. Son regard me transperce, mais cette fois, il n’est pas dominateur. Il est… presque fragile. Et ça me déstabilise bien plus que l’arrogance.

« Parce que je n’en pouvais plus d’être dans le même monde que toi sans avoir le droit de te parler. »

Je serre la mâchoire.

« Tu as eu toutes les occasions du monde pendant trois ans, William. Pourquoi maintenant ? »

Il s’assoit doucement sur le bord du canapé. Garde les mains jointes entre ses genoux. Son costume est froissé. Sa cravate desserrée. Il ne ressemble plus à l’homme impeccable que j’ai vu ce matin.

Il ressemble à un homme qui lutte.

« Parce que j’ai eu peur. » Sa voix est basse. « Peur que si je revenais trop tôt, je te perdrais pour toujours. Peur que tu ne veuilles même plus entendre mon nom. Peur… que tu sois heureuse sans moi. »

Je ris, un rire court, tranchant.

« Tu veux dire que ton ego ne l’aurait pas supporté. »

Il ne nie pas.

« Peut-être. Mais c’est surtout mon cœur qui ne l’aurait pas supporté. »

Je détourne les yeux. Ce genre de phrases, avant, me faisait fondre. Aujourd’hui, elles m’épuisent.

« Je ne suis plus la femme que tu connaissais », dis-je en m’asseyant à mon tour, de l’autre côté du canapé. « J’ai changé. J’ai appris à ne plus dépendre de personne. »

Il me regarde avec une intensité étrange. Un mélange d’admiration et de chagrin.

« Et moi, tu crois que je suis resté le même ? »

Je hausse les épaules, sèche.

« Tu es toujours William Sinclair. L’homme qui contrôle tout. L’homme qui ne dit jamais rien mais attend qu’on devine tout. »

Il inspire lentement, comme pour se retenir de répondre trop vite.

« J’ai commis des erreurs. Je t’ai blessée. Mais pas parce que je ne t’aimais pas. »

Je lève les yeux vers lui, les mâchoires serrées.

« Tu crois que ça change quoi ? Que de dire ‘je t’aimais’ efface ce que j’ai ressenti, les nuits seule, les doutes, les silences ? Tu crois que ça suffit, William ? »

Il se lève, fait quelques pas dans mon salon. Les épaules tendues.

« Non. Je ne crois pas que ça suffit. Mais je crois que ça mérite d’être dit. »

Je me lève à mon tour, le regardant droit dans les yeux.

« Tu n’as jamais su parler quand c’était le moment. Tu m’as laissée sombrer dans le silence alors que je hurlais à l’intérieur. Tu m’as abandonnée. »

Un silence dense s’installe entre nous.

Il baisse les yeux.

« Je n’ai pas su comment te dire la vérité. »

Cette phrase me fige.

Je le fixe.

« Quelle vérité ? »

Il relève la tête. Hésite. Et soudain, je le vois reculer. Reprendre son masque.

« Rien. C’est pas le moment. »

Je m’approche, la voix froide.

« Non, William. Tu es venu ici. Tu m’as ramené mes plats préférés. Tu m’as regardée comme si j’étais encore tienne. Tu veux une chance ? Alors commence par ne pas fuir. Dis-moi ce que tu caches. »

Il me regarde longuement.

Et puis, il murmure :

« Il y a des choses que j’ai faites pour te protéger. Que tu ne comprendrais peut-être pas. Pas encore. »

Je secoue la tête, écœurée.

« Tu vois ? C’est toujours pareil. Toujours des demi-mots. Toujours des mystères. Tu crois encore que tu sais mieux que moi ce qui est bon pour moi. »

Je fais un pas vers la porte. Mon cœur bat trop fort. Trop vite.

« Je ne peux pas revivre ça. »

Il s’avance rapidement. Me barre le chemin, mais sans me toucher.

« Angela… »

Son souffle est proche. Je sens son parfum, ce mélange de bois de santal et d’orage. Mon corps se souvient. Mon cœur, lui, vacille.

Mais je ne cède pas.

Je recule.

« Tu dois partir. »

Il me regarde encore. Un long moment. Et je sais qu’il veut dire quelque chose. Qu’il hésite. Qu’il est à deux doigts de tout lâcher.

Mais il ne dit rien.

Finalement, il hoche la tête. Récupère son manteau. Et sort, sans un mot de plus.

Quand la porte se referme, je me laisse glisser au sol, le souffle court, les mains tremblantes.

Ce n’est pas fini.

Ça ne fait que commencer.

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