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Penulis: KabalaFranck
last update Terakhir Diperbarui: 2025-04-08 00:27:14

Chapitre 2 : Elle, ou personne

Angela Smith.

Je pensais pouvoir l’oublier.

Trois ans que je prétends que ce n’était rien. Trois ans à enfouir son nom sous une pile de contrats, de chiffres, de visages anonymes. Trois ans à me convaincre que je suis passé à autre chose.

Mais la vérité, c’est qu’aucune femme n’a jamais réussi à effacer son regard.

Elle m’obsède. M’empoisonne. Me hante.

Alors quand le projet de rénovation du Sinclair Royal a été mis sur la table, je n’ai pas hésité une seconde. J’ai demandé son nom. J’ai imposé son cabinet. Je voulais qu’elle revienne à moi, d’une manière ou d’une autre.

J’ai tous les moyens du monde pour obtenir ce que je veux.

Mais Angela… elle a toujours été la seule chose que l’argent ne pouvait pas acheter.

Quand elle est entrée dans la salle aujourd’hui, j’ai eu l’impression que le temps s’était figé. Elle était là. En chair, en os. Plus belle que dans mes souvenirs. Plus distante aussi. Plus forte, peut-être.

Et j’ai compris que je ne la connaissais plus.

Et ça m’a glacé.

Elle n’a pas tremblé en me voyant. Pas une seconde d’hésitation, pas un battement de cil de trop. Elle m’a regardé comme un inconnu. Pire : comme un ennemi.

Je l’ai mérité.

Mais ça ne change rien à ce que je ressens.

Je veux qu’elle me voie vraiment. Pas comme le William d’avant. Pas comme celui qu’elle a fui. Je veux qu’elle voie celui que je suis devenu.

Parce que je ne suis plus le même.

Je rentre chez moi plus tôt que d’habitude. Mon appartement surplombe Central Park. Une cage de verre et de silence. Le genre d’endroit qui impressionne, mais qui ne réchauffe rien. Je retire ma veste, défais ma cravate, et verse un whisky sec.

Mes pensées reviennent inlassablement vers elle.

Elle m’a demandé si je regrettais.

Je lui ai dit oui.

Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que ce regret m’a pourri de l’intérieur.

Elle croit que je l’ai laissée partir sans un mot. Elle ne connaît que la moitié de l’histoire. Elle ignore encore tout ce que j’ai sacrifié pour la protéger, tout ce que j’ai choisi de taire pour son bien.

Je pensais que l’éloigner de moi la sauverait. J’ai eu tort.

Et maintenant, je veux la vérité. Toute la vérité.

Je veux qu’elle entende enfin la mienne.

Mon téléphone vibre sur le bureau. Un message de Jonathan.

*« Smith semble efficace. Mais tendue. Tu es sûr que c’est une bonne idée ? »*

Je souris.

*« Elle est la seule idée. »*

---

Le lendemain, je retourne au chantier. Personne ne m’attendait là, mais je fais exprès de passer dans les couloirs, de saluer les équipes, de traîner près de la salle de réunion. Je veux la croiser. Je veux provoquer ce choc, encore et encore. Parce que chaque échange entre nous est une fissure dans ses murs.

Et moi, je suis patient.

Elle descend d’un étage avec un casque sur la tête, concentrée. Son regard me frôle, hésite, se durcit. Elle s’arrête.

« Tu es là pour jouer au propriétaire impliqué ou juste pour me surveiller ? » lance-t-elle.

Je fais mine de réfléchir.

« Un peu des deux, peut-être. »

Elle croise les bras, ses yeux me scrutent.

« Épargne-moi le cirque. Je suis là pour bosser. Pas pour revivre notre histoire. »

Je m’approche d’un pas, sans la toucher. Juste assez près pour sentir sa présence. Elle sent toujours aussi bon. Cette odeur de jasmin et de défi.

« Et si je te disais que je suis prêt à tout recommencer ? »

Elle ricane. Amère.

« Recommencer quoi ? Le mensonge ? L’isolement ? Tes absences et tes secrets ? »

Je baisse les yeux un instant. Elle a raison. Et elle n’a encore rien découvert.

« Non. Recommencer avec la vérité. »

Elle reste figée.

Je vois dans son regard que cette phrase la déstabilise. Elle ne s’y attendait pas. Elle pensait que j’allais faire comme avant : détourner, éviter, manipuler.

Mais cette fois, je vais faire mieux.

Cette fois, je vais être réel.

Elle finit par détourner le regard, recule d’un pas.

« On verra si tu tiens parole. Mais sache une chose, William : je ne suis plus la même non plus. »

Et elle disparaît dans l’ascenseur.

Je reste là, seul, un goût d’amertume dans la gorge.

Elle n’est plus la même.

Mais c’est peut-être ce qui me plaît encore plus.

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