IvyJe tombe.Je ne sais plus si c’est vers eux ou en moi-même.Tout ce que je sais, c’est que je ne peux plus lutter. Plus maintenant.Le poids de leurs regards, de leurs mains, de leurs souffles me cloue sur place, me consume, me réduit à l’état d’une créature fébrile et affamée.Je voulais résister. Leur montrer que je pouvais garder le contrôle.Mais il n’y a plus de contrôle.Il n’y a qu’eux.Lyam approche, son regard noir ancré dans le mien.— Dis-le, Ivy. Dis que tu nous veux.Ma gorge se serre. Le mot brûle contre mes lèvres. Mais il est là. Prêt à éclater.Kael glisse ses doigts sur ma nuque, remonte lentement jusqu’à ma mâchoire.— Cesse de lutter… Avoue-le.Soren ne dit rien. Il se contente de m’observer. Implacable. Silencieux. Mais je le sens. Je sens sa volonté peser contre la mienne, écrasante.Je ferme les yeux.Et je chute.— Je vous veux…Un souffle. Un murmure.Mais c’est suffisant.---LyamLe mot tombe, fragile, incertain.Et pourtant, il résonne en moi comme une
IvyLa nuit tombe sur la ville comme un linceul.Et avec elle, mes démons se réveillent.Je me glisse dans mes draps en espérant, une fois encore, trouver un peu de répit. Mais je le sais déjà.Le sommeil ne m’apportera rien d’autre que cette brûlure familière, ce besoin animal que je ne sais pas nommer.Je ferme les yeux. Et tout de suite, ils apparaissent.Des silhouettes. Des ombres mouvantes, sans visages.Trois. Toujours trois.Je les sens avant de les voir.Leur présence m’écrase, m’enveloppe.Je suis nue, vulnérable, perdue au milieu d’une forêt sans fin.La brume danse autour de moi. L’air est saturé d’un parfum enivrant que je ne reconnais pas, mais qui me fait tourner la tête. Un mélange de cuir, de musc, de terre humide et de danger.Je frissonne, mais pas de froid.Ils sont là.Je les sens approcher.Le premier surgit de l’ombre. Grand, massif, des yeux brûlants comme l’ambre, rivés sur moi.Il ne parle pas.Il me regarde juste.Et je comprends.Lui, c’est la force brute.
IvyJe ne sais pas combien de temps je marche.Le monde autour de moi n’a plus de contours.La forêt s’étire à l’infini, peuplée d’ombres mouvantes, de murmures à peine audibles.L’homme – ou la bête, je ne sais plus – m’entraîne sans un mot. Sa main enserre la mienne avec une force tranquille. Inflexible. Irréelle.Je devrais me débattre. Fuir. Hurler.Mais je le suis.Je le suis comme si toute ma vie n’avait été qu’un long chemin vers ce moment-là.Le vent glisse dans mes cheveux. L’odeur de la terre humide, des feuilles mortes, du sang séché me soulève le cœur.Et pourtant, mon corps réclame plus.Plus de lui. Plus de cette présence qui m’enveloppe, me dévore.— Où m’emmènes-tu ? je murmure.Sa voix claque dans la nuit.— Chez nous.Un frisson me parcourt.— Qui êtes-vous… vraiment ?Il se tourne vers moi. Son visage est beau. Terriblement beau. Mais inhumain.Sa peau semble vibrer d’un éclat fiévreux. Ses yeux… ces yeux d’or me consument.— Nous sommes ceux qui t’attendaient. Ceux
IvyLe moteur gronde tandis que la voiture s’engage sur la longue route bordée d’arbres centenaires. L’atmosphère change. L’air semble plus dense, plus chargé.Je regarde par la fenêtre, le cœur au bord des lèvres.— Où est-ce qu’on va ? ma voix tremble.Lyam me jette un coup d’œil par le rétroviseur, un sourire en coin.— Chez nous.Kael, à ma droite, se contente de fixer l’horizon, un rictus satisfait aux lèvres.— Tu vas enfin voir qui nous sommes vraiment, Ivy.Soren ne dit rien. Son regard d’acier ne me quitte pas une seconde.La voiture s’arrête devant d’immenses grilles forgées aux armoiries d’un loup.Deux silhouettes apparaissent aussitôt. De grands hommes, massifs, qui s’inclinent dès qu’ils aperçoivent les triplés.— Alphas, murmure l’un d’eux. Bienvenue à la maison.Un frisson me parcourt.Ils sortent de la voiture, moi derrière eux, hésitante.Les grilles s’ouvrent dans un grincement lourd.Et je découvre l’étendue de leur territoire.Un immense domaine s’étire devant moi
IvyLe soleil descend lentement, baignant le domaine d’une lumière dorée. Je marche en silence, entre eux. Mes jambes tremblent encore de cette visite, de ces regards qui se posaient sur moi comme s’ils m’appartenaient déjà.Arrivés devant l’immense bâtisse, Kael pousse les lourdes portes en bois sculpté. L’intérieur est encore plus impressionnant : murs de pierre claire, lustres de fer forgé, peaux de bêtes jetées au sol. Tout respire la richesse… et la puissance.— Viens.Lyam m’attrape doucement par la main et m’entraîne à l’étage.— Tu dois voir ta chambre.Ma chambre. Ces mots résonnent étrangement.Soren suit en silence, son regard lourd sur ma nuque.Ils s’arrêtent devant une porte massive. Kael me sourit, moqueur.— Prête à découvrir ton nouveau monde, Reine ?Je déglutis et hoche la tête.La porte s’ouvre.Je reste figée.La pièce est immense. Des tentures sombres tombent des murs jusqu’au sol. Une baie vitrée donne sur la forêt. Mais c’est ce lit qui me coupe le souffle : la
IvyLa nuit est tombée sur la ville. Une nuit lourde, dense, presque palpable.Je marche entre eux. Lyam, Kael, Soren. Leur prestance me coupe le souffle, et la foule qui se dresse devant nous m’oppresse. Des dizaines, non… des centaines de regards braqués sur moi.Tous des loups. Tous leurs sujets.Elenna et Myra m’ont parée comme une reine. La robe blanche glisse sur ma peau, fine, presque irréelle. Mes cheveux, détachés, retombent en cascade dans mon dos.La place centrale est immense, pavée de pierre claire. Un trône sculpté y trône, ancien, majestueux.Lyam me prend la main, fermement.— Reste près de nous. Ne doute pas. Ce soir, tu deviens l’une des nôtres.Je déglutis.— Et si je ne suis pas prête ?Kael sourit, insolent.— Trop tard pour ça, ma belle. Tu es déjà à nous.Soren ne dit rien. Mais son regard me traverse, brûlant, possessif.Ils m’entraînent au centre, face à leur peuple. Je tremble. Le murmure qui s’élève me donne le vertige. Certains me détaillent avec curiosité.
IvyLa lumière perce doucement à travers les immenses fenêtres de la chambre. Mon corps endolori me rappelle chaque instant de la nuit. Le parfum mêlé de leurs peaux, de leur désir… Tout est encore là, gravé dans ma chair.Je sens des bras autour de moi. Des corps contre le mien.Lyam dort à ma gauche, son visage apaisé. Kael ronronne presque contre ma nuque, possessif même dans son sommeil. Soren est là, en retrait, mais ses doigts effleurent distraitement ma hanche, comme s’il vérifiait que je n’avais pas fui.Je n’ose pas bouger. C’est irréel. Hier encore, je n’étais qu’une humaine ordinaire… Et me voilà maintenant, allongée dans leur lit, marquée, liée.LyamJe me réveille le premier, habitué à l’aube.Elle est là. Encore là.Je souris contre ses cheveux. Sa respiration est légère, tremblante. Elle a peur. Et elle a raison. Mais il n’est plus question qu’elle parte. Plus maintenant.Je dépose un baiser sur son épaule nue. Sa peau porte encore les traces de ma morsure. De notre uni
IvyLa lumière du matin me réveille doucement. Mon corps est encore engourdi, marqué de la nuit sauvage qu’ils m’ont imposée. Je sens chaque morsure, chaque caresse imprimée sur ma peau. Et pourtant… une étrange sérénité m’envahit.Ils dorment encore, Kael d’un côté, Lyam de l’autre, Soren assis au bord du lit, les yeux perdus sur moi.— Réveille-toi, murmure-t-il. Il est temps de découvrir ce qui t’appartient désormais.Je fronce les sourcils, incapable de comprendre ce qu’il veut dire.— Ce qui m’appartient ?Un sourire presque tendre effleure ses lèvres.— Viens.Je me lève, enroulée dans un drap de soie qu’il me tend. Mes jambes tremblent encore, mais Soren me soutient et m'amène prendre ma douche , ensuite il m'aide à m'habiller .Ensemble, nous quittons la chambre.La bâtisse est immense. Un véritable manoir, ou peut-être un palais. Les murs en pierre sombre, les tapisseries anciennes, tout respire la richesse et le pouvoir.Des servantes s’inclinent sur mon passage. Elles baiss
YviJe suis debout, mais tout est flou autour de moi. Mes yeux s'ouvrent lentement, et je sens une étrange sensation, comme si je sortais d’un long cauchemar. Le froid de la pierre sous mes pieds, la lourdeur de l’air, tout cela me ramène à la réalité. Mais qu’est-ce que c’est, cette réalité ? Ce poids qui pèse sur mes épaules, ce fardeau que je n’ai jamais demandé à porter… Ces hommes autour de moi, leurs regards lourds de décisions qu’ils attendent de moi. Je n’ai plus de forces pour tout cela. Je ne veux pas. Je n’ai pas à faire ce choix.Je ferme les yeux un instant, cherchant à calmer les battements de mon cœur qui accélèrent dans ma poitrine. C’est une tempête de pensées qui s’empare de moi, une mer déchaînée que je ne parviens pas à maîtriser. L'enfant, l'amour, les triplés, Aleksandr… tout cela s’entrelace dans ma tête comme des fils emmêlés que je ne sais pas démêler.Mais je ne peux pas choisir. Je ne peux pas laisser un seul d’entre eux derrière moi. Chaque seconde qui pass
KaelL’air dans le palais semble plus lourd, comme une brume épaisse qui nous envahit et nous emprisonne dans ce lieu de solitude et de secrets. Le silence est devenu une présence tangible, un spectre qui rôde autour de nous, nous observant, attendant le moment où nos âmes fragiles céderont à la pression. C’est dans cette atmosphère chargée que nous nous retrouvons, ici, devant le choix que nous devons faire. Un choix que personne n’aurait pu anticiper. Un choix imposé par le destin, par l’amour et par la vie elle-même.Je jette un regard furtif à Yvi. Elle semble plus fragile que jamais, et pourtant, il y a quelque chose en elle, quelque chose de plus puissant que tout ce que je pourrais imaginer. Elle porte en elle la réponse à cette bataille silencieuse qui fait rage entre nous tous. Mais elle ne sait pas encore ce qu’elle est sur le point de devenir. Et elle ne sait pas ce que nous, les hommes qui l’entourent, sommes prêts à sacrifier pour elle.Mais il y a une vérité que je n’ai
KaelLe palais d’Aleksandr est un endroit où le temps semble se figer. Chaque couloir que nous traversons est une vieille relique, une pièce de l’histoire du vampire qui nous guide dans ce lieu oublié des vivants. Les murs, ornés de tapisseries anciennes, racontent des histoires de batailles et de sang versé, des légendes de créatures mythologiques perdues dans la brume du temps. C’est dans cet endroit que nous avons été amenés, dans cet endroit qui se dresse comme un monstre qui attend patiemment d’être réveillé.Mais c’est Yvi qui domine tout. Elle est notre lumière et notre ténèbre, notre faiblesse et notre force. Il n’y a pas un seul de nous qui ne soit pas prêt à tout sacrifier pour elle, à tout risquer, même nos âmes. Peut-être que cela fait de nous des fous, des êtres égarés, mais c’est ainsi. Et dans ce silence pesant, je sais que cette guerre silencieuse que nous menons tous est plus qu’une simple question de territoire ou de pouvoir. Elle est bien plus profonde. C’est une qu
KaelL’ombre du palais d’Aleksandr se profile devant nous, immense, imposante, presque irréelle dans l’obscurité qui tombe sur nous. Le vent qui nous a poursuivis jusque-là semble se dissiper à l’entrée, remplacé par un silence lourd, presque étouffant. L’architecture du palais est une œuvre de pierre et de verre, une structure gothique qui semble vouloir fusionner avec la nuit elle-même. Les murs sont ornés de statues de créatures oubliées, leurs regards vides fixant un destin que nous partageons tous, d’une manière ou d’une autre. Nous avons franchi le seuil, et avec ce passage, il n’y a plus de retour en arrière.Aleksandr est en tête, son allure silencieuse, presque irréelle, dégageant une puissance que même les loups-garous les plus redoutés ne peuvent ignorer. Ses yeux, des braises ardentes dans la pénombre, scrutent l’horizon comme un prédateur anticipant le moindre mouvement. Il est un vampire. Un prédateur à part entière dans un monde de proies, et pourtant, ce qui nous lie a
Kael, Lyam, Soren, AleksandrKael La terre tremble encore sous nos pas. La bataille que nous avons livrée a laissé des cicatrices invisibles, mais elles sont là, profondément ancrées dans l'âme de chaque membre de notre groupe. Nous avons cru, un instant, que la guerre était terminée. Mais le calme, ce silence pesant qui nous enveloppe, n’est qu'une illusion. Nous savons tous que la véritable épreuve n’a fait que commencer. Le vent, toujours aussi froid, semble porteur d'un message de menace, d'un avertissement que nous n’avons pas encore compris.Je jette un coup d'œil furtif à Aleksandr. Son regard est noir de détermination, et il marche sans un mot, comme un spectre parmi les vivants. Il a combattu à nos côtés, mais il n'est pas comme nous. Il n’appartient pas à notre meute, à notre famille. Il est l'inconnu, l'intrus parmi les nôtres, et pourtant, sa présence ne fait qu'ajouter à la lourdeur de l'instant. Il a ses propres démons, des batailles qu'il mène dans l'ombre, loin de notr
KaelLe poids de la victoire est plus lourd que je ne l’avais imaginé. Ce n’est pas une légèreté de triomphe que je ressens, mais une lourdeur, comme si chaque battement de mon cœur me rappelait que ce n’est jamais simplement une victoire. Chaque perte, chaque instant de douleur, a imprimé son écho sur nous. Nous avons retrouvé Yvi, oui. Mais à quel prix? Le visage de Soren est impassible, ses yeux d’acier scrutant l’horizon, comme s’il attendait le prochain coup. Lyam, à mes côtés, semble plus léger. Peut-être parce qu'il voit ce que je ne vois pas encore. Il croit que la bataille est finie. Moi, je sais qu'il y a toujours un dernier sacrifice qui nous attend.Je lève les yeux vers l'horizon, où les ombres se fondent dans la lumière naissante. L’aube est encore un mirage, une promesse distante. La guerre nous change. Elle ne nous laisse jamais intacts.— Kael, dis quelque chose, murmure Lyam, la voix brisée par la tension qui s’effondre enfin. C’est fini, non?Je le regarde. Ses yeux
KaelLes couloirs défilent à une vitesse irréelle. Chaque pas que nous faisons, chaque souffle pris dans l’obscurité de ce palais, est chargé de la même urgence : Yvi. Elle est là, quelque part dans cette forteresse de pierre et de secrets. Le froid ne me touche plus. Il est noyé sous l’incendie de ce que je ressens, l’appel brûlant qui ne s’éteint pas.Je sens la meute derrière moi, silencieuse mais prête. Ils sont là pour elle. Tous. Pour briser les chaînes qui la retiennent, pour réécrire ce qui a été forgé dans l’ombre.Lyam marche à ma gauche. Ses pas sont aussi mesurés que les siens, et pourtant je sens la ferveur dans chacun d’eux. Il se bat contre son propre fardeau, celui d’un frère qui se doit de protéger. Mais ce n’est pas simplement la protection qui nous lie à Yvi. C’est la rédemption.— Elle est proche, dis-je sans vraiment y penser, ma voix s’éteignant dans le vacarme de la rage qui gronde sous la surface.LyamLa tension est palpable. Chaque fibre de mon être vibre, ch
KaelLe vent gifle mon visage, froid comme une lame. Mais ce n’est pas le froid qui m’arrache un frisson. Ce n’est pas l’hiver, ni la menace de la guerre. C’est elle. C’est Yvi.Elle est quelque part entre ces murs, seule. Et en danger.Je serre les poings. Les couloirs d’Aleksandr puent la domination et le sang ancien. Ce palais est un piège doré, une forteresse pour les monstres. Et pourtant, c’est ici qu’elle est retenue.Je lève les yeux. Lyam est à ma droite, Soren à ma gauche. Nos regards se croisent, et la tension entre nous devient vibration.L’appel est là, sourd, viscéral. Il pulse sous notre peau.— Il est temps. On doit l’appeler, dis-je.Ils hochent la tête. Rien d’autre n’est nécessaire. On agit. Toujours. Ensemble.Je ferme les yeux. Je tends mes racines intérieures vers la terre, même si elle est étouffée sous les pierres, écrasée par le pouvoir d’Aleksandr. L’énergie répond. Faible, mais vivante.Je puise dedans. Je me laisse envahir.Et d’un cri brut, un rugissement
Aleksandr, YviAleksandrL'alerte est donnée. Les grondements de la guerre résonnent à travers les murs de mon château, aussi sûrs qu'ils aient été construits. Je le sens dans l'air, cette tension qui se tisse, invisible mais implacable, comme un serpent prêt à frapper. Une attaque. C’est tout ce que je sais. Tout ce que j'ai le temps d'entendre avant que tout ne bascule.Je me tiens sur le balcon, les yeux fixés sur l’horizon obscurci par l'ombre de l'attaque qui se profile. Le vent fait claquer les bannières de mon royaume, comme un cri dans la nuit. Mais ce n'est pas le vent qui me frappe le plus. C'est cette lourdeur, cette pression palpable dans l'air, comme si tout l'univers se préparait à se resserrer autour de moi. Je ressens ce poids lourd, cette pression sur ma poitrine. Mais il y a aussi autre chose. Quelque chose de plus fort. Une rage qui commence à bouillir, comme le sang dans mes veines, prête à exploser. Mes mains se serrent sur la balustrade, mes poings craquant sous