LOGINLe destin venait d’ouvrir une porte… restait à savoir si l’un des deux aurait le courage d’y entrer.
À la réception, Seraleone reprit contenance, ajustant nerveusement son tailleur quand son téléphone se mit à vibrer, puis à sonner de manière insistante. Elle décrocha, un peu agacée : — Allô ? Mais au lieu d’une réponse normale, ce fut une avalanche de gémissements moites et de râles étouffés qui s’échappèrent du haut-parleur. Elle fronça les sourcils, prête à raccrocher quand une voix féminine surgit, haletante et sans retenue : — Ne t’arrête surtout pas… Marc… oh oui ! Seraleone blêmit. Son sang se glaça. Ce prénom. Cette voix. Cette situation. Et quelques secondes plus tard, la confirmation, aussi tranchante qu’un coup de lame : — Orh… Je t’adore, Alicia… continua l’homme d’une voix rauque. Marc. Son mari. Et Alicia, sa secrétaire, celle qu’il jurait ne voir qu’en réunion. Le sol sembla se dérober sous ses pieds. Seraleone se laissa retomber lentement sur sa chaise, le regard vide, la main tremblante sur le combiné. Puis la colère monta. Violemment. Elle raccrocha brusquement, saisit son sac, et quitta la réception d’un pas pressé. Direction : chez elle. Une heure plus tard, elle poussait la porte de leur maison. Et le choc fut immédiat. Le salon était en désordre. Des vêtements féminins traînaient sur les fauteuils. Des escarpins jonchaient les escaliers. L’odeur d’un parfum sucré flottait dans l’air. Mais ce fut dans le couloir qu’elle entendit les hurlements bestiaux. Une femme criait, gémissait comme une bête en rut. Elle s’avança d’un pas décidé mais fut stoppée net par la silhouette frêle de son fils, Matthieu, qui sortait de sa chambre en pleurant, les mains plaquées sur ses petites oreilles. Son cœur se brisa en mille morceaux. — Maman… ils crient fort… j’ai peur, sanglota-t-il. Elle le serra contre elle, les larmes aux yeux, ravagée par la douleur et la rage. Elle déposa Matthieu sur le lit, prépara à la hâte une valise pour lui, une autre pour elle, puis se dirigea vers la chambre d’amis d’où provenaient les bruits. Elle poussa la porte d’un geste sec. Et là, devant elle, Marc, nu comme un ver, chevauchait sans honte Alicia. Leur propre lit d’amis, leur propre maison. Sans gêne. Sans remords. Elle applaudit lentement, glaciale : — Bravo Marc. Tu bats tous les records. Les deux amants s’immobilisèrent, confus, mais à peine couverts. — Ta secrétaire… Alicia, hein ? Celle avec qui "il n’y a jamais rien eu", selon tes mots. Elle reprit son souffle, puis d’un ton sec et tranchant : — Je veux le divorce. Tu m’as définitivement perdue, et sache que tu viens aussi de briser ton fils. Elle tourna les talons et claqua violemment la porte. Dans la chambre, Marc haussa les épaules, sans même tenter de la rattraper. Il se contenta de se retourner vers Alicia et, avec une indécence glaciale, reprit là où ils s’étaient arrêtés.— Encore vous ?! lança Seraleonne, furieuse, les bras tremblants sous la pluie battante qui les inondait tous les deux.Ses cheveux dégoulinaient, ses vêtements collaient à sa peau, et son regard lançait des éclairs plus violents que ceux du ciel.— Et vous, vous ne savez pas regarder la route quand vous conduisez ?! répliqua Xavier, le ton tout aussi sec, la mâchoire contractée.— Ah non mais je rêve ! s’écria-t-elle en écartant les bras. C’est MOI la fautive maintenant ?! C’est vous qui avez failli me faucher comme un chien, me tuer et empêcher mon fils de me revoir ce soir ! Mais non, c’est encore moi qu’on accuse ?! Mon Dieu, où va ce monde ?!— Vous êtes certaine d’être restée concentrée sur la route ? demanda Xavier d’un ton acerbe, les sourcils froncés.— Qu’est-ce que vous insinuez là ?! gronda-t-elle, prête à exploser.— Vous aviez l’air… ailleurs tout à l’heure. Quand je suis venu chercher mon salaire, on aurait dit une femme au bord de la rupture. Vous étiez paumée… Peut-êt
— Ne t’inquiète pas, ma fille. Je vais m’occuper de ton petit. Comment s’appelle-t-il ? — Matthieu, murmura-t-elle, émue, en essuyant une larme rebelle. — Très bien. Tu peux aller travailler l’esprit tranquille. Je te promets de prendre soin de lui comme du mien. — Merci… Merci infiniment madame. Je vous paierai pour ce service, je vous le dois. — Garde ton argent, ma fille. On doit s’aider entre mères. Il y a trente-deux ans, j’étais exactement à ta place. Mais regarde-moi aujourd’hui… Je suis toujours debout. Alors sois forte. Tu m’entends ? Sois forte. Tout finira par aller mieux. Seraleone sentit une boule dans sa gorge. Une chaleur nouvelle. Ce n’était peut-être pas le bout du tunnel… Mais pour la première fois depuis longtemps, elle voyait une lueur. Seraleone hocha simplement la tête, remercia une dernière fois la vieille dame d’un regard reconnaissant et s’éloigna rapidement vers son lieu de travail. Malgré la fatigue, malgré le chaos dans sa tête, elle ne voulait pa
En vérité, leur mariage ne tenait plus qu’à un fil. Un fil rongé par les mensonges, l’infidélité et les humiliations répétées.Elle avait reçu des messages anonymes, des captures d’écran, même des appels d’amis proches de Marc — des gens qui l’aimaient assez pour ne plus se taire face à l’évidence. Mais Seraleone… Elle avait choisi de croire en l’homme qu’elle aimait, plutôt que les preuves qui s’empilaient. Par amour. Par bêtise aussi. Et surtout pour Matthieu. Leur petit garçon. Elle voulait qu’il ait une famille "normale". Un père à la maison. Une mère présente. Des rires dans le salon… Même si, au fond, elle se noyait dans le silence de ses propres larmes.Elle avait fermé les yeux sur les signes. Et pardonné. Encore. Et encore.Mais aujourd’hui…Aujourd’hui, c’était trop. C’était l’affront de trop.Il avait osé ramener sa maîtresse dans leur lit. Sous leur toit. Devant leur enfant.Il n’avait pas seulement brisé un mariage. Il avait écrasé tout ce qu’elle était. Tout ce qu
Le destin venait d’ouvrir une porte… restait à savoir si l’un des deux aurait le courage d’y entrer.À la réception, Seraleone reprit contenance, ajustant nerveusement son tailleur quand son téléphone se mit à vibrer, puis à sonner de manière insistante. Elle décrocha, un peu agacée :— Allô ?Mais au lieu d’une réponse normale, ce fut une avalanche de gémissements moites et de râles étouffés qui s’échappèrent du haut-parleur.Elle fronça les sourcils, prête à raccrocher quand une voix féminine surgit, haletante et sans retenue :— Ne t’arrête surtout pas… Marc… oh oui !Seraleone blêmit. Son sang se glaça.Ce prénom. Cette voix. Cette situation.Et quelques secondes plus tard, la confirmation, aussi tranchante qu’un coup de lame :— Orh… Je t’adore, Alicia… continua l’homme d’une voix rauque.Marc. Son mari. Et Alicia, sa secrétaire, celle qu’il jurait ne voir qu’en réunion.Le sol sembla se dérober sous ses pieds. Seraleone se laissa retomber lentement sur sa chaise, le regard vide,
Seraleone suivit du regard l’homme qui venait de capter son attention, sans trop savoir pourquoi. Il y avait dans son allure quelque chose de brut, de mystérieux, presque… magnétique. Elle secoua doucement la tête, comme pour chasser cette pensée importune, et se replongea dans son écran.Pendant ce temps, Xavier avait pris l’ascenseur jusqu’au troisième étage. En sortant, il repéra sans difficulté le bureau indiqué. Il inspira profondément et toqua trois coups.— Entrez, grogna une voix rauque et sèche.Il poussa doucement la porte.— Bonjour monsieur, dit-il respectueusement.— Que voulez-vous ? lança le vieil homme sans même lever la tête.— Je viens pour l’annonce, répondit-il en lui tendant un vieux journal chiffonné.L’homme releva les yeux, examina Xavier rapidement, puis demanda :— Vous avez votre propre camion ?— Oui, il est garé juste dehors.— Parfait. Allez voir le contremaître Paul. Il vous montrera où stationner. On remplira votre citerne et vous ferez la livraison. C’
Un sursaut brutal le réveilla. Son souffle était court, son front trempé de sueur froide. Il ouvrit les yeux brusquement, comme s’il échappait à un cauchemar… mais ce n’était pas un cauchemar, au contraire. C’était un rêve. Un rêve trop réel. Trop cruel.Dans ce rêve, Sandra était là, souriante, tendre, vivante. Il la tenait, il l’embrassait, il sentait même son parfum. Mais la douleur le rattrapa à son réveil : elle n’était plus là. Et elle ne le serait plus jamais.À cause de quoi ? À cause de son sexe. De son libido indomptable. D’un moment de plaisir qui lui a coûté sa femme, ses enfants… sa vie.Une larme solitaire roula lentement sur sa joue. Il l’essuya du revers de la main, presque avec colère. Il tenta de redresser son cou endolori par la mauvaise position dans laquelle il avait dormi. Une douleur sourde s’étira le long de sa nuque.Son camion, c’était devenu sa prison. Sa cellule. Son lit. Sa maison. Son purgatoire.Il avait choisi cette vie rude volontairement. Il voulait q







