Chapitre 63 : Le piège le plus doux

{Point de vue de Rosa}

La matinée se traîne lentement à travers le manoir. C’est inégal et épais avec le poids de tout ce que Jéricho et moi n’avons pas dit depuis des jours. Le petit déjeuner est calme. Jericho est assis en face de moi, les épaules carrées, la mâchoire fermée, faisant comme si le silence ne le dérangeait pas. Je fais semblant de pareil. Les serviteurs se déplacent autour de nous avec une efficacité prudente et silencieuse, comme si le simple tintement des assiettes pouvait déclencher une détonation entre nous.

Cody flotte dans et hors des pièces toute la matinée comme un fantôme agité avec son téléphone à la main et la tension cousue à chacun de ses pas. Je le vois passer deux fois devant la porte du petit-déjeuner, voir ses yeux se tourner vers nous, observer l'électricité statique dans l'air, puis continuer à avancer. Même lorsqu’il n’est pas dans la pièce, sa présence bourdonne. Il est plongé dans les données, dans les horodatages, dans les fils de discussion