ВойтиLa porte s’ouvrit sans bruit. Damien entra, le visage fermé, fatigué, comme d’habitude après sa longue journée. Julia sentit immédiatement l’odeur d’une autre femme, subtile mais persistante, qui flottait autour de lui. Cette odeur elle ne le connaissait que trop bien, cela faisait deux ans qu´elle etait obliger de vivre avec. Son estomac se noua, elle avait déjà supporté plus que nécessaire.
— Salut… murmura-t-elle, sans lever les yeux. Il hocha simplement la tête, marcha jusqu’au fauteuil, retira sa veste et la laissa tomber négligemment sur le dossier, sans un regard pour elle. Julia serra les poings. — Damien… je veux… commença-t-elle. Il ne l’écoutait pas. Il s’assit, se débarrassa de sa cravate, et continua ses gestes mécaniques comme si elle n’avait rien dit. La colère monta en Julia, brûlante. — Damien ! répéta-t-elle, plus fort cette fois. Je veux divorcer. Il leva à peine les yeux, comme si elle avait dit quelque chose d’insignifiant. Puis, calmement, presque froidement : — Divorcer… ? — Oui, dit-elle, les traits durs, la voix tremblante. Je ne peux plus continuer ainsi. Ni pour moi, ni pour Lucas. Il l’observa un instant, silencieux, ses yeux impassibles. Puis, comme pour minimiser la gravité de ses mots, il reprit sa veste, la plia soigneusement et la rangea dans l’armoire. — Et tu crois que ça va changer quelque chose ? dit-il enfin, d’une voix basse, détachée. — Oui, répondit Julia, en serrant les poings. J’ai réfléchi, Damien. Je ne fais pas ça sur un coup de tête. C’est fini. Il se leva, contourna la pièce, immobile et silencieux, laissant Julia seule avec ses mots. La tension dans la chambre était palpable, chaque respiration semblait lourde, chaque silence pesant. — Tu fais toujours tout dramatique… murmura-t-il finalement, mais la froideur dans sa voix ne laissait aucun doute. Tu penses que tu peux juste arrêter tout comme ça ? Quelques années en arrière, tu m’as imposé ce mariage. Et maintenant, tu crois que tu peux imposer tes règles, décider de tout à ta guise. Tu crois qu’après toutes ces années… il laissa sa phrase en suspens, le regard glacé. Les mots frappèrent Julia comme un coup de poing. Son cœur battait à tout rompre. La rage monta, brûlante, violente. — Comment oses-tu ?! hurla-t-elle, le souffle court. Tu ne comprends rien ! Tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai supporté, c’était pour nous… pour Lucas ! Il la regarda, froid, sans un mot. Puis, calmement, comme s’il voulait montrer qu’il contrôlait encore la situation, il reprit sa veste, la plia soigneusement, et la remit sur son épaule. — Très bien, murmura-t-il enfin. Tu auras ce que tu veux… si ça peut te calmer… mais dis-moi… que comptes‑tu faire après ? Comment comptes‑tu vivre décemment, hein ? Tu n’as jamais travaillé, Julia. Tu n’as jamais eu à gérer quoi que ce soit sans moi. Et si je décidais de réclamer la garde de Lucas ? Que ferais‑tu alors ? Julia sentit son cœur se serrer. La colère monta et avec elle, — Et toi, demanda-t-elle, qu’est-ce que tu ferais de Lucas ? Toi qui n’as jamais vraiment pris le temps de t’intéresser à lui, qui le laisses seul, qui n’as jamais été là quand il avait besoin de toi… tu crois que tu es capable de t’occuper de lui ? Damien la regarda un long moment, son expression toujours glaciale. Sa voix, basse et calme, fendit le silence : — Tu penses vraiment savoir ce qui est mieux pour lui ? murmura-t-il, imperturbable. Tu crois que tu peux décider de tout, que tu comprends ce que ça implique ? Tu te trompes. Il reprit lentement sa veste, la passa sur ses épaules sans un geste brusque, puis quitta la chambre, direction une autre pièce. Julia resta seule, le souffle court, le cœur battant. Le lendemain, Julia se leva comme d’habitude, mais les mots de Damien résonnaient encore dans sa tête, la faisant douter à chaque seconde. Était-ce une erreur ? Mais elle chassa cette pensée et se concentra sur Lucas. Après avoir préparé le petit-déjeuner, elle descendit dans la salle à manger. Damien était déjà là, assis à sa place habituelle, le journal ouvert devant lui, plongé dans ses pensées. Le silence régnait, épais, presque insupportable. Julia fit asseoir Lucas et servit son café à son mari, un rituel quotidien qui semblait lui échapper aujourd’hui, trop absorbée par ses propres pensées. Lucas, les yeux baissés sur son assiette, semblait s’effacer davantage dans le silence imposé par son père. Julia tenta doucement de l’extirper de sa bulle : — Lucas, tu veux des œufs ou des céréales ? Le petit leva timidement les yeux, murmura sa réponse, et replongea dans son assiette. Julia soupira. À quoi bon essayer de parler à Damien ? D’ici peu, il ne serait plus dans sa vie. Quand Damien finit son café, il se leva sans un mot et quitta la pièce. Julia observa son dos, froide mais résolue. Il ne savait pas encore à quel point elle était sérieuse, ni ce qu’elle avait préparé pour prendre son indépendance. En prenant son fils par la main pour le conduire à l’école, Julia sentit la tension de la veille se transformer en une force nouvelle, une détermination tranquille. Il était temps de passer à l’action. Pour elle. Pour Lucas. Pour la vie qu’elles méritaient toutes les deux. Damien quitta la maison sans un mot de plus. Le moteur de sa voiture ronronna dans le silence de la rue déserte, et il prit la route vers son entreprise. Chaque feu rouge lui semblait interminable, chaque regard des passants lui rappelait l’irréalité de sa vie. Julia. Cette pensée revenait sans cesse, comme un écho qu’il n’arrivait pas à ignorer. Divorcer…, répéta-t-il dans sa tête. Après toutes ces années… impossible. Il serra le volant, le parfum de Julia flottant encore dans sa mémoire, mélange de colère et d’agacement. Elle croyait qu’elle pouvait tout décider. Elle n’avait jamais vraiment compris que sa vie, son univers, avait ses règles.La soirée était déjà bien avancée lorsque Rebeca fit son entrée. La pièce sembla changer. Ses cheveux noirs tombaient en cascade sur ses épaules, légèrement ondulés à la lumière des lampes. Son regard vif cherchait Damien, et lorsqu’il croisa ses yeux, il sentit un frisson familier parcourir sa colonne vertébrale. Ses lèvres esquissèrent un sourire, ses mains ajustèrent son manteau d’un geste rapide, élégant, et elle s’installa à côté de lui avec cette assurance qui l’avait toujours troublé. — Salut toi, dit-elle doucement, comme si elle savait exactement ce qu’il avait sur le cœur. Damien sentit son souffle se raccourcir, ses doigts se crispaient légèrement sur le verre. Elle posa sa main sur la sienne, juste un instant, et il eut un vertige. — Rebeca… murmura-t-il, incertain. Elle se pencha vers lui, rapprochant leurs visages de manière subtile, ses yeux pétillants d’une certitude qui lui faisait battre le cœur. — Tu sembles fatigué, répondit-elle en inclinant la tête, et… inqu
Damien avait passé la journée dans son bureau. Il avait essayé de se concentrer, mais rien n’y faisait : les mots de son épouse revenaient sans cesse dans sa tête. « Divorcer ? » C’était impossible. Même si elle le voulait, elle ne le pourrait pas. Pourtant, Damien avait eu un doute au point que, ce matin, il avait failli appeler chez lui juste pour vérifier si elle était bien là. Il avait bien ri de son attitude, mais il fallait l’avouer : Julia était intelligente. Elle avait réussi à captiver son attention rien qu’avec ces mots. Ses doigts tapotaient nerveusement sur le bois de son bureau. Il prenait un stylo, le posait, le faisait tourner entre ses mains, triait machinalement quelques papiers. Chaque geste trahissait son agitation intérieure. Il était 18h32 lorsqu’il posa les yeux sur sa montre. Sa journée de travail était terminée depuis un moment, mais il ne voulait pas rentrer chez lui. À quoi bon ? Cette maison était devenue un lieu qu’il ne supportait plus, et l’idée de franch
La journée était déjà bien entamée lorsque Julia déposa son fils à l’école et lui dit au revoir. La jeune femme reprit la route et retourna chez elle. Elle remarqua un silence presque solennel. Aucun bruit de vie ne venait troubler la maison, comme à son habitude. Depuis son mariage, Julia vivait ainsi, presque recluse. Ce silence alarmant lui rappelait tout ce qu’elle avait dû supporter. Julia n’avait pas toujours été seule. Au contraire, après son mariage avec Damien, nombreuses jeunes femmes de leur milieu avaient tenté de se rapprocher d’elle, cherchant à entretenir de bonnes relations avec la famille Morel. Mais dès que les autres avaient compris le désintérêt de Damien, elles s’étaient retirées. Damien, certes, assumait pleinement ses responsabilités d’époux : Julia ne manquait jamais de rien. Voitures, bijoux, confort… il lui fournissait tout, et elle baignait dans un luxe presque démesuré.Cependant, dès que les gens constatèrent son absence d’influence sur son mari, pire, qu
Damien franchit les portes de l’entreprise, le pas calme, presque mécanique. Il salua d’un signe de tête les employés qui l’apercevaient, puis se dirigea vers son bureau. Dès qu’il posa les yeux sur Marc, son meilleur ami et associé depuis des années, il sentit le regard scrutateur qui pesait déjà sur lui. — Salut, dit-il d’un ton léger. Mais son regard s’attarda un instant de trop, comme s’il cherchait à lire au-delà d’un simple visage. — Tu as l’air… un peu ailleurs ce matin. Tout va bien ? Damien fronça légèrement les sourcils, ce petit signe qu’il faisait toujours quand quelque chose clochait. Marc connaissait suffisamment son ami pour remarquer ce que personne ne voyait : la façon dont ses yeux évitaient les siens, ou le battement nerveux de ses doigts contre la lanière de son sac. Damien haussa un sourcil, sans se départir de son calme habituel. — Comme d’habitude, répondit Damien, la voix calme. Pourquoi ? Marc haussa un sourcil et s’approcha, croisant les bras. —
La porte s’ouvrit sans bruit. Damien entra, le visage fermé, fatigué, comme d’habitude après sa longue journée. Julia sentit immédiatement l’odeur d’une autre femme, subtile mais persistante, qui flottait autour de lui. Cette odeur elle ne le connaissait que trop bien, cela faisait deux ans qu´elle etait obliger de vivre avec. Son estomac se noua, elle avait déjà supporté plus que nécessaire. — Salut… murmura-t-elle, sans lever les yeux. Il hocha simplement la tête, marcha jusqu’au fauteuil, retira sa veste et la laissa tomber négligemment sur le dossier, sans un regard pour elle. Julia serra les poings. — Damien… je veux… commença-t-elle. Il ne l’écoutait pas. Il s’assit, se débarrassa de sa cravate, et continua ses gestes mécaniques comme si elle n’avait rien dit. La colère monta en Julia, brûlante. — Damien ! répéta-t-elle, plus fort cette fois. Je veux divorcer. Il leva à peine les yeux, comme si elle avait dit quelque chose d’insignifiant. Puis, calmement, presque fro
Julia en avait assez. Après six ans de sacrifices et de compromis, elle savait qu’elle ne pouvait plus continuer. Jamais elle n’aurait cru que l’idée de divorcer, de quitter Damien et de prendre sa vie en main, franchirait un jour son esprit. Et pourtant, elle y était. Aujourd’hui, c’était le point de non-retour. Il y a six ans, elle était tombée enceinte alors qu’elle était encore à l’université. À l’annonce, Damien n’avait pas hésité : il lui avait demandé sa main. Julia avait accepté, croyant naïvement que toutes ces années de soutien et d’amour discret avaient enfin fait naître des sentiments réciproques chez lui. Mais après le mariage, la vérité s’était imposée avec brutalité : Damien ne l’avait jamais aimée. Ce mariage n’avait été pour lui qu’une obligation, imposée par sa famille, et la première à payer le prix de cette union forcée, c’était elle… et leur fils. Au début, tout semblait “normal”, du moins assez pour que Julia puisse espérer. Damien n’était pas cruel, simpleme







