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Chapitre 7

Author: Shery
last update Huling Na-update: 2025-11-29 03:29:00

Ils marchèrent longtemps sans vraiment parler, comme si leurs pas se synchronisaient naturellement. Le parc était calme, traversé par cette lumière de fin d’après-midi qui rend tout un peu plus doux. Naya avait les mains dans les poches de son manteau, Matek les bras croisés, mais leurs épaules se frôlaient parfois — juste assez pour faire trembler quelque chose en eux.

Ce n’était pas le genre de silence gênant.

C’était un silence… habité.

Et c’est exactement ce silence-là qui leur fit comprendre que quelque chose avait changé. Pas un grand bouleversement brutal.

Une bascule.

Subtile.

Inévitable.

Un moment qui n’avait rien de prévu

— Tu veux t’asseoir ? proposa Matek en montrant un banc un peu isolé.

Naya hocha la tête, et ils s’installèrent côte à côte. Pour une fois, elle ne chercha pas à mettre de distance. Elle laissa leurs jambes rester proches, leurs souffles se mêler légèrement dans l’air froid.

— Tu sais… commença-t-elle, la voix un peu basse. Je ne suis pas quelqu’un qui se laisse approcher facilement.

Il tourna un peu la tête vers elle.

— Je l’avais remarqué, dit-il avec un sourire discret.

— Je veux dire… vraiment pas.

Elle inspira.

— Mais avec toi… je ne sais pas ce que tu fais…

— Je te laisse respirer, peut-être ?

Elle le regarda alors.

Vraiment.

— Oui. C’est ça.

Un petit rire nerveux lui échappa.

— Et ça me fait peur. Parce que j’ai peur de me perdre.

Il répondit sans réfléchir :

— Je ne suis pas là pour te prendre. Juste pour te rencontrer.

Ça lui coupa le souffle.

Simple.

Juste.

Mais terriblement vrai.

Elle détourna le regard, gênée par l’intensité de ce qu’elle ressentait à cet instant précis.

Matek, lui, se battait intérieurement

Il voulait rester calme.

Ne pas tout brusquer.

Ne pas effrayer cette femme qui, malgré sa douceur apparente, possédait une force qu’il n’avait jamais vue.

Mais il sentait un truc étrange :

il aurait voulu la prendre dans ses bras.

Pas pour l’embrasser.

Pour l’apaiser.

Pour l’ancrer.

Et ça, chez lui, c’était presque inédit.

Il continua, pour alléger l’atmosphère :

— Et puis… tu es un peu intimidante, tu sais ?

— Moi ?

Elle le regarda comme s’il venait de lui annoncer une aberration scientifique.

Il hocha la tête, amusé.

— Tu as ce truc… silencieux. On ne sait jamais ce que tu penses. Et les gens comme toi… ça me perturbe.

Elle rit légèrement.

— Perturbe comment ?

— De la bonne manière.

Ils se regardèrent.

Ce fut bref.

Mais ce regard-là dura plus longtemps que certains baisers dans d’autres vies.

Une ombre dans le tableau

La vibration du téléphone de Matek brisa le moment.

Il regarda l’écran.

Son sourire s’effaça.

Lila.

Naya remarqua instantanément le changement dans ses yeux.

— Si tu dois répondre… dit-elle doucement.

— Non.

Il verrouilla l’écran.

— Pas maintenant.

Elle hocha la tête, mais un petit pincement lui traversa la poitrine.

Elle détestait ressentir ça.

La jalousie ne lui ressemblait pas.

Mais Lila… elle ne la connaissait pas, mais elle sentait déjà que cette femme allait être un problème.

Un vrai.

Et ce que Naya détestait par-dessus tout, c’était perdre pied à cause de quelqu’un qui n’était même pas là.

Matek, lui, voyait la réaction dans son regard.

Et il décida, pour une fois, de ne rien cacher.

— C’est Lila, dit-il sans détour. Elle… elle ne lâche pas l’affaire. Elle est persuadée qu’on va finir par se remettre ensemble.

Naya ne répondit rien.

Mais il lut une lueur dans ses yeux : celle de quelqu’un qui ne veut pas être blessé par des triangles qui ne la concernent pas.

Alors il ajouta :

— Mais il n’y aura pas de “nous deux”. C’est fini depuis longtemps. Elle refuse juste de l’accepter.

Naya restait prudente.

Elle était en train de s’attacher, oui… mais elle n’était pas naïve.

— Et tu es sûr que toi… tu l’as vraiment quitté dans ta tête ? demanda-t-elle sans agressivité.

C’était une question sincère.

Une question honnête.

Il la fixa droit dans les yeux.

— Oui.

Une seconde de silence.

— Et je m’en rends encore plus compte depuis que… tu es entrée dans ma vie.

Cette phrase… elle entra dans la poitrine de Naya comme une chaleur douce mais incontrôlable.

La confession involontaire

Elle sentait ses défenses se fissurer.

Et cette sensation la terrifiait autant qu’elle lui faisait du bien.

— Matek… souffla-t-elle. Je ne sais pas si je suis prête pour… quoi que ce soit.

— Je ne te demande rien.

Il passa une main sur sa nuque, un geste nerveux.

— Je te demande juste de ne pas t’éloigner.

Cette phrase eut l’effet d’un courant électrique.

Elle retint son souffle.

Elle sentit quelque chose glisser doucement en elle, comme si ses murs intérieurs se déplaçaient sans qu’elle puisse les retenir.

Elle murmura :

— Je ne sais pas si je peux te promettre ça.

Il acquiesça.

Calme.

Compréhensif.

— Alors promets-moi juste… d’être là tant que tu en as envie. Rien d’autre.

Elle inspira.

Ferma les yeux une seconde.

Puis :

— D’accord.

Ce mot, simple, venait de sceller une étape qu’ils n’avaient même pas nommée.

Un geste minuscule, mais immense

Ils restèrent assis encore quelques minutes, sans parler.

Puis, sans réfléchir, Naya fit un geste qu’elle ne s’était jamais autorisée avec lui jusque-là.

Elle posa sa main, très lentement, sur la cuisse de Matek.

Sa paume légère.

Presque tremblante.

Elle ne le regarda pas.

Elle attendit.

Elle respira.

Et lui…

lui ferma les yeux une seconde comme si ce geste minuscule venait de lui ôter toutes ses défenses.

Il posa simplement sa main sur la sienne.

Pas pour la serrer.

Pas pour la capturer.

Pour la couvrir.

La protéger.

Ce fut tout.

Mais c’était suffisant pour comprendre que quelque chose venait de changer.

Définitivement.

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