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Chapitre 8

Author: Shery
last update Huling Na-update: 2025-11-29 03:37:00

Le soleil commençait à descendre quand Naya et Matek quittèrent le parc. Ils marchaient lentement, comme s’ils n’avaient aucune envie de mettre fin à ce moment suspendu.

Leurs mains ne se touchaient pas… mais elles se frôlaient de temps en temps, juste assez pour réveiller une vague sous la peau.

Arrivés au coin de la rue, ils s’arrêtèrent.

La lumière clignotante d’un lampadaire s’allumait, donnant à la scène un effet presque cinématographique.

— Je te raccompagne ? proposa Matek.

— C’est à cinq minutes d’ici…

— Je sais.

Il sourit.

— Laisse-moi juste marcher avec toi encore un peu.

Elle baissa légèrement les yeux, un sourire timide mais sincère naissant sur ses lèvres.

— D’accord.

Ils reprirent leur marche, et ce fut ce moment-là, précisément, que Naya sentit :

ce n’était pas “trop vite”.

C’était juste… juste.

Pas un hasard.

Pas un caprice.

Une rencontre qui glissait sans effort.

Mais elle ne savait pas que ce calme était sur le point de se fissurer.

Devant la porte

Quand ils arrivèrent devant chez elle, ils ne savaient pas trop comment conclure cette journée.

Il n’y avait pas de scénario pré-écrit, pas de règle.

Et c’est ce qui rendait tout encore plus fragile.

Naya inspira, prête à dire quelque chose… mais il la devança :

— Merci pour aujourd’hui.

Il hésita une seconde.

— Et merci pour… ta main.

Elle sourit, légèrement gênée.

— C’était naturel.

— Justement, répondit-il. C’est ça qui… me touche.

Il la regardait comme si elle était en train de lui réapprendre quelque chose qu’il avait perdu.

Et pour la première fois, elle détourna le regard non pas par pudeur, mais parce qu’elle sentait une émotion monter trop vite.

Elle chercha une échappatoire dans son sac, dans ses poches… n’importe où.

Mais Matek s’approcha d’un pas, tout doucement.

Pas envahissant.

Pas pressant.

Juste là.

— Naya…

Elle releva les yeux.

— Tu n’as rien à craindre avec moi.

Elle sourit, fragile.

— Et toi, tu n’as rien à prouver.

Il la fixa quelques secondes.

Cette phrase lui avait fait plus d’effet que tout le reste de la journée.

Il hocha la tête, puis s’écarta légèrement pour la laisser entrer.

Elle glissa la clé dans la serrure… mais avant de pousser la porte, elle murmura :

— Bonne nuit, Matek.

— Bonne nuit.

Il resta là jusqu’à ce qu’elle referme la porte, incapable de partir tant que la poignée n’avait pas tourné.

Lila, elle, n’avait pas disparu

À quelques rues de là, Lila faisait les cent pas dans son salon.

Les cheveux attachés à la va-vite, le regard furieux, le téléphone serré dans la main.

Elle avait essayé d’appeler Matek trois fois.

Il n’avait pas répondu.

Trois fois.

Lui, qui décroche toujours.

Lui, qui répond malgré leur rupture, “par politesse”, comme il dit.

Elle savait que quelque chose avait changé.

Elle le sentait dans ses tripes.

Elle rouvrit leur dernière conversation et fixa le dernier message envoyé :

“On doit parler. Tu ne peux pas juste tourner la page comme ça. Ce n’est pas toi.”

Aucune réponse.

Elle jeta son téléphone sur le canapé, respirant fort.

Puis, une pensée la traversa :

Et si c’était à cause d’une autre ?

Son cœur se mit à battre plus vite.

Une colère froide commença à se répandre en elle.

Elle attrapa son manteau.

Si Matek ne venait pas à elle… elle irait à lui.

Pendant ce temps, de l’autre côté de la ville

Naya venait de sortir de la douche.

Elle était enveloppée dans une serviette, les cheveux encore humides.

Elle se sentait bizarrement bien.

Un mélange de tranquillité… et d’appréhension douce.

Elle s’allongea sur son lit et laissa son esprit refaire le film entier de la journée.

Son cœur se calmait à peine lorsqu’un message arriva.

Elle sentit un frisson.

Son ventre se contracta légèrement.

Matek :

“Tu dors ?”

Elle sourit.

Elle posa son téléphone sur son ventre, hésitant une seconde, puis répondit :

“Pas encore.”

Le message suivant arriva presque instantanément.

“J’ai passé une des plus belles journées depuis longtemps. Je voulais juste te le dire.”

Elle ferma les yeux.

Ce genre de sincérité… c’était rare.

Trop rare.

Elle répondit, un peu timidement :

“Moi aussi. Merci.”

Il écrivit encore.

“Bonne nuit Naya… sincèrement.”

Elle sentit son cœur s’ouvrir un peu plus.

Matek, lui, était dans le noir

Assis sur le bord de son lit, lampe éteinte, il relisait leurs messages.

Il avait l’impression d’être redevenu quelqu’un d’autre.

Quelqu’un de moins dur.

De moins blindé.

Il savait qu’il s’attachait vite.

Il l’avait toujours su.

Mais là… c’était différent.

Ce n’était pas impulsif.

C’était profond, tranquille, mais incontrôlable.

Il se leva pour ouvrir légèrement la fenêtre.

L’air froid de la nuit entra dans la pièce.

Et c’est là qu’il sursauta :

quelqu’un venait de frapper à sa porte.

Trois coups secs.

Tranchants.

Des coups qui n’avaient rien de calme.

Il fronça les sourcils, s’approcha et ouvrit.

Lila.

Plantée là, les yeux rouges de colère, les bras croisés sur sa poitrine.

— On doit parler, dit-elle d’une voix tremblante.

Il sentit un froid lui traverser la colonne vertébrale.

Pas la peur.

La fatigue.

— Lila… qu’est-ce que tu fais là ?

— Tu ne réponds plus. Tu m’ignores. Et je sais pourquoi.

Elle le fixa.

— Tu vois quelqu’un, hein ?

Matek serra la mâchoire.

Pas un mensonge.

Pas une fuite.

Il répondit :

— Oui.

Le visage de Lila se décomposa.

Un mélange de rage, de douleur, de refus total.

— Et c’est qui ?!

Matek resta silencieux.

Parce que le dire…

c’était faire entrer Naya dans une tempête qu’elle ne méritait pas.

Et il n’était pas prêt à ça.

Pas encore.

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