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Chapitre 5

Author: Shery
last update Huling Na-update: 2025-11-28 19:52:00

Le vent du soir était frais, presque nerveux, quand Naya arriva chez elle.

Elle avait marché près d’une heure sans vraiment choisir de direction, juste pour calmer la tempête intérieure que Lila avait réveillée.

Elle était en colère.

Pas contre Matek — pas encore.

Contre l’intrusion.

Contre cette façon qu’avait Lila de parler comme si elle possédait encore son ombre, son histoire, son futur.

Elle posa sa veste, tenta de respirer profondément, mais son téléphone vibra avant même qu’elle n’ait retiré ses chaussures.

Matek.

Elle resta une seconde immobile avant d’ouvrir le message.

“Tu fais quoi ce soir ?”

Elle ne répondit pas immédiatement.

Elle avait besoin de quelques secondes pour remettre ses idées en place.

Puis, après une brève hésitation, elle écrivit :

“On peut parler ?”

La réponse fut instantanée, presque trop rapide.

“J’arrive.”

Elle n’eut même pas le temps de douter.

— Mais… j’ai rien demandé de dramatique, murmura-t-elle pour elle-même en secouant la tête.

Dix minutes plus tard, on frappa à sa porte.

Quand elle ouvrit, Matek était là, légèrement essoufflé, comme s’il avait couru — ou comme s’il avait eu peur qu’elle change d’avis.

Ses yeux la sondèrent immédiatement.

— Ça va ? demanda-t-il, sa voix plus douce qu’elle ne l’avait jamais entendue.

Elle hocha la tête, même si, clairement, ce n’était pas vrai.

Il entra, referma la porte derrière lui, puis s’arrêta juste en face d’elle. Il ne la touchait pas, mais la proximité était si tangible qu’elle la sentit dans tout son corps.

— Tu es froide, dit-il en frôlant une mèche de cheveux tombée sur son visage.

— Je viens de dehors.

— Et de quoi tu voulais me parler ?

Naya inspira, cherchant ses mots.

Elle ne voulait pas être dramatique.

Elle ne voulait pas ressembler à Lila.

Alors elle dit simplement :

— Je l’ai vue.

Son visage se ferma immédiatement.

— Lila ?

— Oui.

Un silence lourd tomba entre eux.

Matek passa une main sur sa nuque, visiblement irrité, mais pas contre elle.

— Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? demanda-t-il, la mâchoire serrée.

Naya détourna légèrement le regard, pas pour fuir, mais pour s’assurer qu’elle ne perdait pas son calme.

— Beaucoup de choses. La plupart absurdes. Mais…

Elle s’arrêta, une pointe de doute dans la gorge.

— Elle a insinué que tu me cachais quelque chose.

Matek releva les yeux vers elle, lentement.

— Évidemment qu’elle a dit ça.

Il s’approcha. Pas brutalement. Pas pour la convaincre.

Mais pour qu’elle puisse lire dans ses yeux.

— Naya… je te cache rien volontairement. Je suis juste… quelqu’un qui met du temps à s’ouvrir.

Elle déglutit.

— Elle m’a dit que tu pouvais être instable. Que tu fuis dès que ça devient sérieux. Que…

Elle s’interrompit.

— Que je n’étais pas “ton genre”.

Un muscle tressaillit dans la joue de Matek.

Une colère contenue, sèche, dirigée clairement contre Lila.

— Tu sais ce qui est drôle ? dit-il d’une voix basse.

Il se rapprocha encore, si près qu’elle sentit la chaleur de son souffle.

— Elle peut dire tout ce qu’elle veut… mais c’est toi chez qui je suis venu. Pas elle.

Naya sentit quelque chose fondre en elle.

Mais une partie résistait encore.

— Pourquoi elle s’accroche autant ?

— Parce qu’elle n’a jamais compris que quand une histoire se termine, c’est terminé.

Il la regarda droit dans les yeux.

— Et parce qu’elle déteste perdre.

Il se tut un moment, puis ajouta :

— Je n’ai jamais été parfait, Naya. Je ne prétends pas l’être. Mais si tu penses que je joue avec toi… tu me connais mal.

Il passa une main derrière sa tête, nerveux.

Un geste sincère, presque vulnérable.

— La vérité… c’est que tu me rends meilleur que ce que j’ai été avec elle. Et ça, elle le supporte pas.

Naya sentit sa gorge se serrer.

Pas de tristesse.

Juste… une émotion brute.

— Je n’ai pas envie de me battre avec elle, dit-elle doucement. Je ne veux pas être dans une compétition.

— Tu n’es dans aucune compétition, répondit Matek en s’approchant d’elle jusqu’à ce que leurs bras se frôlent.

— Je t’ai choisie, toi. Pas elle. Pas une version d’avant. Toi, maintenant.

Elle leva enfin les yeux vers lui.

Il la fixait avec une intensité calme, presque fragile.

— Et si tu veux que je te parle de ce que je cache, dit-il, je le ferai. Mais seulement si tu veux vraiment l’entendre. Ce n’est pas joli. Et ce n’est pas léger.

Naya sentit, pour la première fois, que quelque chose de profond se passait.

Quelque chose qui dépassait l’attirance.

Une ouverture.

Un risque.

Elle fit un pas vers lui.

Leur proximité devint un aveu.

— Je veux que tu me dises la vérité, dit-elle. Et je veux savoir ce qui te fait peur.

Matek resta immobile une seconde.

Puis il posa doucement sa main contre sa joue.

— Alors je te dirai tout.

Pause.

— Mais pas ce soir. Ce soir… j’ai juste besoin que tu me crois.

Elle ferma les yeux une seconde, puis murmura :

— Je te crois.

Leurs fronts se touchèrent.

Rien de plus.

Mais ce geste-là… valait toutes les promesses du monde.

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