Chapitre 6: Jeu de pouvoir (2)

Le lendemain matin, Cassandra ouvrit les yeux sans bruit. Pas de rêve. Pas de répit. Juste cette sensation étrange, encore imprégnée de la présence de Nolan dans son esprit. Son parfum semblait flotter dans la pièce, comme s’il avait laissé une empreinte invisible sur sa peau.

Elle n’avait pas dormi. Elle attrapa son peignoir et marcha pieds nus jusqu’à la fenêtre. Florentis s’étendait devant elle, ville de pouvoir, de beauté et de mensonges. Le verre de la baie vitrée renvoyait son reflet : une femme droite, coiffée de mystère et de solitude. Une femme en guerre. Elle descendit prendre son café noir, comme chaque matin. Hélène lui avait déjà envoyé l’agenda du jour. Trois réunions. Une visioconférence avec le Japon. Un déjeuner avec un ministre de l’Économie. Et à 17h, la présentation du projet Generis. Mais Cassandra n’arrivait pas à se concentrer. Elle revoyait la lettre de sa mère. Les mots effacés. Les phrases interrompues. Un passage illisible, taché d’encre… ou de larmes.

"Mon amour, si ces mots te parviennent, c’est que je n’ai pas eu la force de rester. Le mal rôde, tapi là où tu t’y attendras le moins. Il se cache sous des visages familiers. Garde ton cœur ouvert… mais ta méfiance éveillée. Et surtout, n’accorde ta confiance qu’à… ''

La suite avait été effacée. Un bruit la tira de ses pensées. Hélène, toujours ponctuelle, entra dans le bureau avec un air grave.

— Mademoiselle, on a du nouveau. Concernant Nolan Cruz.

Cassandra leva un sourcil.

— Je t’écoute.

Hélène posa une tablette sur le bureau. Une vidéo était affichée. Une caméra de sécurité, visiblement hackée.

— C’est une fuite. Volée dans les archives du Bellamy Group. Elle date d’il y a cinq ans.

Cassandra appuya sur lecture. L’image tremblait légèrement. On y voyait un jeune homme, plus mince mais reconnaissable : Nolan. Dans un bureau, en train de signer un contrat. Et à ses côtés… Vincent Bellamy.

La date affichée en bas à droite la glaça : 28 octobre 2020. Le jour même où son père avait eu cet accident étrange dans les escaliers de la villa secondaire. Une chute qu’aucun médecin n’avait pu expliquer. Et Vincent… avait été introuvable ce jour-là. Elle sentit son estomac se contracter.

_Cassandra se leva, la mâchoire tendue. Son esprit se mit à tourner plus vite que jamais. Le doute s’insinuait comme un poison.

_ Est-ce que Nolan était complice ? Ou manipulé ? demanda Hélène.

_Je ne sais pas encore. Mais il ne m’a pas approchée par hasard.

Cassandra se leva, la mâchoire tendue. Son esprit se mit à tourner plus vite que jamais. Le doute s’insinuait comme un poison.

— Je veux que tu fasses creuser. Discrètement. Et active Camille. Il faut que tout lien juridique passé entre Cruz Group et Bellamy Energy soit mis au jour.

— Compris.

Hélène quitta la pièce, laissant Cassandra seule, le cœur battant. Un frisson monta le long de son dos. Nolan. Était-il le prédateur… ou l’appât ? Et si cette rencontre n’avait été qu’une mise en scène parfaitement orchestrée ?

Une heure plus tard, elle participait à la visioconférence avec le Japon. Visage lisse, ton posé, efficacité redoutable. Comme si de rien n’était. Comme si la guerre ne grondait pas sous la surface de sa peau.

Le soir venu, de retour dans sa chambre, Cassandra ouvrit de nouveau la boîte noire où elle gardait ses objets les plus précieux. La lettre de sa mère. Le briquet de son père. Et maintenant… la carte de Nolan Cruz. La carte entre les doigts, elle hésita, entre appelé Nolan pour lui poser des questions ou Non. Au fond, malgré la prudence, malgré le danger, une partie d’elle brûlait d’envie de découvrir ce qu’il cachait derrière ce regard sombre.

Quelques jours plutard, se tient une réunion qu'elle a convoqué avec la présence de Nolan afin de discuter des avantages de chacun. Cassandra se tenait debout face à la baie vitrée de la salle de réunion, les bras croisés. Le Conseil arriverait bientôt.

Le Conseil est divisé, la majorité soutienne Cassandra car elle est compétente, certains son des anciens collaborateur de Charles Bellamy donc leur loyauté est destiné à Cassandra, L'autre partie est fidèle à Vincent.

Le bureau de Vincent Bellamy embaumait l’encens de domination, il était sous pression. Le cuir brun de son fauteuil grinçait à peine lorsqu’il croisa les mains sous son menton, observant la silhouette de Maxime Delcourt,devant lui.

— Elle s'approche un peu trop prêt de Cruz, tu sais ce que ça veut dire.

Maxime acquiesça. Il n’avait pas besoin de plus. Un nom, une cible et une guerre discrète. Il est l'associer de Vincent dans la lumière mais dans le dos de Vincent, il l'utilise comme un pion.

Hélène entre pour prévenir Cassandra de l'arrivée de Nolan Cruz

— Madame ? lança Hélène à voix basse. Il est là.

Elle se retourna. Nolan Cruz venait d’entrer. Costume noir, chemise sans cravate, allure sûre. L’homme n’avait pas besoin de parler pour imposer sa présence.

— Monsieur Cruz, dit-elle avec un calme glacial. Vous avez l’art du timing.

— J’ai celui de l’instinct, répondit-il, un sourire effleurant ses lèvres.

Dans la réunion qui suivit, la tension était palpable. Cassandra présentait un nouveau projet d’expansion technologique pour le Bellamy Group.

Mais ce fut Nolan qui coupa l’attention de tous :

_Je propose une collaboration entre Cruz Holding et Bellamy technologies.

Un murmure parcourut la salle. Vincent fronça les sourcils.

— Pourquoi cette générosité soudaine ? demanda-t-il.

Nolan lance à Cassandra un regard intense et chaud tout en répondant à Vincent

— je crois en Mlle Cassandra Bellamy,

Cassandra se sentais dévorer du regard par Nolan mais ne détourna pas le regard.

Silence. Puis elle dit :

— Je vais examiner la faisabilité, et je vous ferez le retour.

Mais à l’intérieur, son sang battait plus fort. Trop fort. Le soir même, dans l’ascenseur vide, ils se retrouvèrent seuls. Il s’approcha, tout près.

— Tu n’es pas en sécurité dans cette tour d’ivoire, Cassandra. Tu as besoin d’alliés. Ou de moi.

Elle haussa un sourcil.

— Et toi ? Tu es quoi ? Un sauveur ? Un espion ? Un souvenir dangereux de ma mère ?

Il serra la mâchoire. Elle venait de le tester. Et de le frapper au bon endroit.

Il ne répondit pas. Juste un regard. Troublé. Profond. Quand les portes s’ouvrirent, elle sortit sans se retourner. Mais à cet instant précis, elle sut que la guerre ne se jouait plus seulement au sein de sa famille…

… elle se jouait en elle.