LOGINCe livre est pour un public averti, histoires érotiques et explicites : Matteo, un artiste tourmenté, et Chiara, promise à un autre homme, se rencontrent lors d'un carnaval à Venise. Leurs regards se croisent dans la foule et, en un instant, le monde autour d'eux s'efface. Une passion immédiate et dévorante les embrase. Ils vivent une liaison clandestine, faite de rendez-vous volés dans des palais décrépis et de nuits brûlantes. Chaque moment est vécu avec une urgence désespérée, comme s'ils pressentaient la fin. Leurs étreintes sont des réponses silencieuses à l'impossibilité de leur amour. L'obstacle est là, implacable : la famille de Chiara et son fiancé, Alessandro, un homme puissant. Quand leur secret est découvert, la pression devient insoutenable. Déchirée, Chiara doit choisir entre son devoir et la passion qui la consume. Dans un ultime élan, Matteo tente de la convaincre de tout quitter.
View MoreChiara
La foule du carnaval est un monstre. Une mer vivante, grouillante, de satin, de plumes et de rires édentés derrière des masques de porcelaine. Elle me porte, me pousse, m’étouffe. L’odeur âcre du vin, des corps serrés et des cierges fondus me prend à la gorge. Le rire gras de mon cousin Lorenzo, toujours trop près, résonne à mon oreille comme un glas. Je suis un oiseau en cage porté à bout de bras, ma robe de soie ivoire est un linceul brodé d’or, mon masque de satin blanc, une paroi étanche entre moi et le monde. Je cherche une faille, un point de fuite dans ce tableau trop animé, un endroit où l’air ne soit pas coupé, où le silence puisse exister.
Quand soudain, tout se fige.
Le mouvement fébrile de la foule ralentit, devient sirupeux, comme sous l’eau. Les couleurs s’estompent, les sons s’éloignent. Et dans ce ralenti étrange, mon regard, comme tiré par un aimant, se plante sur l’ombre.
Debout sous l’arcade profonde d’un palazzo abandonné, une colonne de ténèbres découpée dans la lumière des torches. Il n’a pas de masque. C’est la première chose qui me frappe. Son visage est nu, offert à la nuit, et il est marqué d’une gravité qui n’a pas sa place ici. Ses cheveux sombres, presque noirs, tombent en mèches indociles. Ses yeux… ses yeux sont deux braises sombres qui balaient la foule avec une lassitude amère, comme s’il cherchait autre chose, ou comme s’il avait déjà tout vu et en était dégoûté.
Puis, ils croisent les miens.
Le choc est physique. Un coup de poing en plein plexus qui m’expulse tout l’air des poumons. Le bruit s’éteint d’un coup. Les rires, la musique, les appels… tout est aspiré dans un silence brutal, énorme. Il ne reste que ce pont fragile et électrique tendu entre ses yeux sombres et les miens, qui doivent lui sembler immenses, perdus derrière les fentes de mon masque. Mon cœur, un instant auparavant engourdi, se met à battre avec une violence sourde, chaotique, contre mes côtes, comme un prisonnier affolé. Je ne respire plus. Je suis suspendue dans cet éternel instant, clouée sur place par la force brute de ce regard. Il me voit. Non pas la robe, le masque, l’héritière, mais moi. Chiara. L’être nu et terrifié sous les apparats. Et dans ses yeux à lui, je crois voir, fugace, la même faille, la même reconnaissance fulgurante.
— Chiara ! Par tous les saints, es-tu sourde ? On va être en retard ! Ton père et Alessandro vont nous faire écorcher vifs !
La voix de Lorenzo, stridente et proche, me transperce comme une lame. L’illusion se brise d’un coup. Le bruit revient en fracas, les couleurs en assaut, la foule en tourbillon. Je cligne des yeux, étourdie, presque nauséeuse. Je me cramponne au bras de Lorenzo pour ne pas tomber. Quand mon regard, affolé, retourne vers l’arcade sombre, elle est vide. L’ombre s’est dissipée. Il a disparu.
Un vertige glacial me prend. Était-ce un rêve ? Une hallucination née des vapeurs de la lagune et de mon propre désespoir ? Le fantôme d’un désir si profondément enfoui que je n’osais même pas le nommer ?
Je baisse les yeux. Ma main, toujours gantée, est crispée sur le manche en nacre de mon éventail. Je la vois trembler, d’un tremblement fin, incontrôlable, qui remonte le long de mon bras jusqu’à mon cœur qui bat toujours la chamade. Ce n’était pas un rêve. Le frisson qui parcourt ma peau, le vide brûlant qu’il a laissé dans son sillage, la certitude absolue, glaciale et pourtant enflammée, qui s’est nouée au creux de mon ventre… C’est réel.
Quelque chose vient de se briser. Quelque chose vient de commencer. Et je sais, avec la terreur et l’exaltation d’une condamnée, que plus rien, jamais, ne sera comme avant.
Matteo
La foule m’écœure. Elle est une farce bruyante, un étalage de vanités masquées. Je cherche l’ombre, le coin du campo le moins éclairé, pour fuir ce spectacle qui célèbre tout ce que je méprise : l’argent, l’apparence, l’oubli facile. L’air est lourd des senteurs de friture et de parfums bon marché. Je suis un corps étranger ici, une tache d’encre sur un tableau pastel.
C’est alors que mon regard, errant et méprisant, s’accroche. Et reste figé.
ChiaraIl se penche et embrasse mes paupières, mes joues, capturant mes larmes. Puis il repose son front contre le mien. Nous respirons le même air, chargé de désespoir et du parfum persistant de notre nuit.— Je ne regrette rien, je souffle.— Moi non plus.— Que va-t-on faire ?Il ferme les yeux un instant, comme s’il cherchait une réponse dans les ténèbres.— Tu dois rentrer. Avant qu’ils ne te découvrent absente. C’est la première chose.La simple idée de quitter cette pièce, ce lit, ses bras, me transperce d’une douleur aiguë. Ma vie au palazzo Vendramin me semble soudain être un souvenir lointain et étouffant.— Je ne peux pas y retourner. Pas après ça. Pas pour l’épouser.— Tu le dois. Pour l’instant. Sinon, ils mettront Venise sens dessus dessous pour te retrouver. Et ils viendront ici. Ils verront… Ils verront dans mes tableaux.La peur, concrète, glacée, me saisit à la gorge. J’avais oublié. Les toiles. Mon visage partout. La preuve de notre relation, bien avant cette nuit.
ChiaraJe m’éveille dans la confusion. Ce n’est pas l’aube douce filtrant à travers les vitraux de ma chambre, mais une lueur grise, triste, qui s’infiltre entre les lattes disjointes d’un volet. Ce n’est pas l’odeur de cire d’abeille et de lys, mais une odeur âcre de poussière, d’humidité, de vieille toile, et… de lui. Une odeur chaude, masculine, de peau et de sommeil.Et puis, la sensation. Un bras lourd et chaud en travers de ma taille. Une chaleur solide contre mon dos. Un souffle régulier qui caresse ma nuque.La mémoire me revient alors, non pas comme un souvenir, mais comme un raz-de-marée physique. Le baiser dans la pluie. Ses mains sur ma peau. La douleur fulgurante, transformée, transcendée par un plaisir si intense qu’il en était presque une souffrance. Le goût de sa sueur sur mes lèvres. Le son de mon nom, déchiré, dans sa bouche.Mon corps entier se souvient. Entre mes cuisses, une douleur sourde et douce persiste, un souvenir tangible de son intrusion. Mes muscles sont
MatteoSon corps se raidit, ses yeux se ferment à moitié, sa bouche s’ouvre sur un cri muet. Une série de frissons violents la parcourt, et elle se love contre ma main, pantelante, les larmes coulant à nouveau sur ses tempes.Je la tiens contre moi, la laissant redescendre, déposant des baisers doux sur ses paupières, ses joues, ses lèvres entrouvertes. Elle est toute molle, les yeux pleins d’un étonnement ébloui.Puis ses mains se font pressantes. Elles courent sur mon torse, mes épaules, puis descendent, hésitantes puis déterminées, vers la ceinture de mon pantalon. Ses doigts maladroits cherchent la fermeture. Je l’aide. Et quand je suis enfin libre, nu contre elle, elle retient son souffle un instant avant de m’enlacer de ses bras et de ses jambes.Il n’y a plus de lenteur possible. Le besoin est trop animal, trop urgent. Je me positionne entre ses cuisses ouvertes. Je la regarde une dernière fois, plongeant mon regard dans le sien.— Regarde-moi, dis-je. Je veux voir tes yeux.El
MatteoLe baiser ne s’achève pas. Il se transforme. Il devient une question brûlante, posée par nos bouches, à laquelle nos corps doivent répondre.Je la sens trembler, non de froid, mais d’une émotion pure et sauvage. Mon esprit crie tous les dangers, les interdits, mais c’est un murmure lointain, noyé sous le torrent de sensations. Elle est là, dans mes bras, réelle. Son murmure « sauve-moi » résonne dans mes os. Et je ne peux la sauver qu’en la rejoignant dans cette chute.Mes mains quittent son visage, glissent le long de son cou, de ses épaules trempées. Le tissu léger de sa robe est collé à sa peau, révélant chaque courbe, chaque frisson. Je brûle de le voir, de le connaître. D’un geste hésitant puis affirmé, mes doigts cherchent les boutons dans son dos. Ils résistent, obstinés. Un léger rire, né de la tension et du désir, m’échappe. Elle lève les yeux vers moi, et dans son regard, je vois la même impatience fulgurante.— Laisse, chuchote-t-elle.D’un mouvement, elle saisit le
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