La lumière orangée du crépuscule baignait Lagos d’une douceur trompeuse. Les rues grouillaient de vie, les klaxons des taxis et le bourdonnement des motos formaient une symphonie urbaine familière. Malik Adeyemi Osaro marchait d’un pas rapide, le visage fermé, les poings serrés. Chaque pas semblait résonner contre les murs des immeubles modernes qui entouraient le vieux café où il avait rendez-vous.
Et là, juste devant la vitrine, il la vit. Marina Haleb. Sa poitrine se serra, son souffle se fit court. Elle était là, belle et lumineuse comme toujours, mais à ses côtés se tenait un autre homme, celui qui avait remplacé Malik dans le cœur de Marina. Et ce qui le frappait le plus, c’était la tranquillité absolue de Marina. Elle ne cherchait même pas à cacher ce sourire tranquille, ni à se défendre.
« Malik… » Murmura-t-elle, presque sans énergie, comme si elle avait anticipé sa venue depuis toujours.
« Marina… qu’est-ce que tu fais ici ? Avec lui ? » Demanda-t-il, sa voix vibrant d’une colère contenue, mais chaque mot trahissait sa douleur.
Elle le regarda droit dans les yeux, sans honte ni crainte. « il est avec moi Malik. Nous sommes en couple je voulais te le dire mais je n’ai pas trouvé l’occasion mais puisque tu nous as surpris j’ai plus rien à cacher. »
Le temps sembla s’arrêter. Malik sentit un froid glacial descendre le long de sa colonne vertébrale. Ses souvenirs d’eux, de leurs rêves, de leurs promesses, se transformèrent en un poison brûlant. « Tu… tu … que veux-tu dire Marina ? J’espère que c’est une blague ? »
Elle haussa les épaules, d’une désinvolture qui le blessa plus profondément que n’importe quel mensonge. « Ai-je l’air de blaguer Malik ? Ecoute Malik je mérite mieux que ce que tu peux m’offrir ; avec Hamed je me sens plus épanouie. Il … il prend soin de moi ; il me traite comme une reine. Que chacun continue son chemin Malik.
Malik sentit la colère bouillonner, mais elle était mêlée à une profonde tristesse. Il avait cru que l’amour pouvait exister entre eux, que leur lien était indestructible. Mais elle l’avait trahi devant ses yeux, sans honte, sans regret. Ses mains se crispèrent sur le dossier de sa chaise imaginaire, comme pour contenir le tumulte de son cœur.
« C’est comme sa que tu mets fin a notre relation Marina juste parce qu’il est plus riche que moi ? » demanda-t-il, sa voix plus basse, presque un murmure. « Tu sais ce que tu fais ? »
Marina esquissa un léger sourire. « Oui, Malik. Et tu sais quoi ? Tu ne pourrais jamais me protéger comme lui, ni me comprendre entièrement. Nous n’étions pas faits pour être ensemble. »
Malik détourna le regard, sentant une larme brûlante qu’il refusa de laisser tomber. « Alors c’est fini… » Dit-il avec un mélange de résignation et d’amertume.
Elle acquiesça doucement. « C’est fini. Et c’est mieux ainsi. »
Il recula, chaque pas lui coûtant une partie de son âme. Le monde autour de lui continuait, vibrant et bruyant, mais Malik sentait que sa vie s’était fissurée. L’amour, pensa-t-il, n’était qu’un mensonge. Un piège cruel dont il ne tomberait plus jamais.
Le lendemain soir, Malik s’installa dans un bar discret de Douala, loin de l’agitation du centre-ville. L’air était chargé de l’odeur du café et du bois ciré, un contraste avec les rues bruyantes et colorées qu’il avait traversées. Il n’était pas là pour le plaisir, mais pour parler à Adewale, son mentor et ami fidèle.
« Malik… tu sembles plus lourd que d’habitude, » dit Adewale en l’accueillant, posant une main sur son épaule.
Malik laissa échapper un long soupir. « J’ai revu Marina… hier. »
Un silence pesant s’installa, seulement brisé par le bruit des verres et des conversations. « Ah… Marina Haleb. » Adewale prononça son nom avec prudence, comme pour ne pas réveiller les fantômes.
« Oui. Elle est avec lui maintenant… » Dit Malik, sa voix tremblante, ses poings serrés sur la table. « Elle ne m’a même pas regardé. Elle m’a juste dit que je ne pouvais pas… prendre soin d’elle comme lui. »
Adewale hocha la tête lentement. « Tu n’as jamais surmonté ça, n’est-ce pas ? »
Malik détourna le regard, fixant son verre comme s’il contenait des réponses. « Non. Et je ne veux pas. Je ne peux pas laisser quelqu’un briser ma discipline, mon cœur… ma vie. »
« Et pourtant… » Murmura Adewale, « tu continues à y penser. Tu continues à sentir cette douleur, cette trahison. »
Malik serra les dents. « Parce que… elle a été la seule à voir une part de moi que personne n’a jamais comprise. Mais je ne peux plus jamais dépendre de quelqu’un. »
Le mentor posa sa main sur l’épaule de Malik. « Et si un jour quelqu’un te donnait envie de prendre ce risque ? »
Malik soupira, la voix basse. « Alors je devrais décider si je suis prêt à tout perdre… ou à tout gagner. Mais ce n’est pas le moment. Pas encore. »
Leurs regards se croisèrent et, un instant, Malik sentit qu’il n’était pas seul dans sa lutte contre le passé, qu’il existait encore des personnes qui comprenaient sa douleur et sa solitude.
Plus tard dans la nuit, Malik se retrouva seul sur le toit de l’immeuble où il séjournait à Douala. La ville s’étendait sous ses yeux, les lumières dessinaient un réseau de constellations urbaines et la brise nocturne lui caressait le visage. Chaque bruit, chaque odeur lui rappelait que la vie continuait, malgré ses blessures.
Il s’assit, laissant ses jambes pendre dans le vide, et observa les ruelles où les vendeurs ambulants finissaient de ranger leurs étals, où les enfants jouaient encore malgré l’heure tardive. Il pensa à Marina, à ses mots, à la façon dont elle avait choisi un autre homme, un rival plus riche, plus stable à ses yeux. Le souvenir fit naître une douleur sourde, mais également une compréhension froide : l’amour pouvait être dangereux, il pouvait trahir et tout détruire.
« Pourquoi certaines personnes laissent-elles une empreinte si profonde ? » murmura-t-il pour lui-même.
Il sortit son carnet noir, caché sous sa veste, et relut les poèmes qu’il avait écrits pour Marina et pour lui-même. Des vers qui parlaient de solitude, de perte, mais aussi de la force de se reconstruire.
"Les murs que je construis ne protègent pas seulement des regards, mais des émotions. La solitude est un abri, mais aussi une prison. Celui qui aime doit être prêt à perdre… ou à renaître."
Il sourit tristement. Même si l’amour l’avait trahi, il savait que ses expériences l’avaient rendu plus fort, plus déterminé. La poésie, ses projets, sa discipline : tout cela était son refuge, son moyen de survivre.
Malik ferma le carnet et observa Douala, réfléchissant à son futur. Ses pensées dérivèrent vers son projet actuel, mais aussi vers un possible futur où quelqu’un pourrait pénétrer cette armure qu’il avait construite autour de son cœur. Une part de lui, enfouie mais vivante, voulait encore croire qu’il pouvait exister un amour différent, sincère et durable.
Il resta longtemps sur ce toit, seul avec ses pensées, mêlant solitude et espoir silencieux. Il savait que ses blessures le définissaient autant que sa force, et qu’un jour, peut-être, elles le mèneraient vers quelqu’un capable de comprendre sa complexité et de toucher son cœur sans le briser.
Le silence nocturne enveloppa Malik, et pour la première fois depuis longtemps, il se sentit prêt. Prêt à affronter les défis professionnels, prêt à bâtir, à contrôler, et peut-être, un jour, à aimer à nouveau.
Le soleil de Douala, brûlant et impitoyable, écrasait le chantier de New Bell d'une chaleur moite. Le bruit des marteaux, des scies et des engins lourds créait une symphonie cacophonique de progrès et de chaos. Naïla, le visage strié de sueur, scrutait les plans du troisième étage. Une anxiété grandissante la rongeait depuis plusieurs jours. Quelque chose n'allait pas. Le design d'une poutre de soutien principale lui semblait erroné, un détail technique qui, s'il était ignoré, pourrait compromettre la solidité de toute la structure.Elle avait essayé d'en discuter avec le chef de chantier, un homme loyal aux ordres stricts de Malik, qui l'avait repoussée poliment. C'était un homme de règles, incapable de s'écarter d'un plan pré-approuvé. Frustrée, Naïla savait qu'elle n'avait qu'une seule option : confronter directement Malik. Sa fierté, son professionnalisme et son besoin de voir ce projet réussir étaient plus forts que sa peur de l'affronter.Elle le trouva au rez-de-chaussée, l'air
Depuis le matin où il avait découvert le post-it de Naïla, l’ordre méticuleux qui régissait la vie de Malik s’était effrité, remplacé par un tumulte de pensées qu’il ne parvenait plus à contenir. Le bureau, son sanctuaire de logique et de contrôle, était devenu un champ de bataille pour son esprit. Il se retrouvait pris au piège de pensées obsessionnelles, se surprenant à revivre en boucle chaque instant de sa rencontre avec Naïla. Les lignes de ses plans d'architecture se transformaient en courbes du visage de Naïla, le cliquetis de son stylo sur le papier sonnait comme l'écho de sa voix chantant. Il travaillait, mais sa productivité avait chuté de façon alarmante. Ses employés, habitués à son efficacité robotique, le regardaient d’un œil curieux, le voyant se perdre dans des rêveries, un sourire fugace aux lèvres. C'était la première fois qu'il n'était pas entièrement maître de ses émotions. Ce sentiment nouveau le rendait vulnérable, et cette vulnérabilité l’inquiétait plus que tou
Le silence de l'appartement de Malik était lourd, un vide amplifié par le chaos qu'il avait laissé derrière lui dans sa voiture. Assis à son bureau minimaliste, il essayait de se concentrer sur les chiffres et les plans du projet de New Bell, mais chaque ligne qu'il lisait se transformait en notes de musique. La voix de Naïla résonnait dans sa tête, un écho persistant qui refusait de s'effacer. Il se sentait à la fois déstabilisé et étrangement inspiré. Cette mélodie, cette vulnérabilité brute qu'elle avait partagée sans le savoir, avait fait voler en éclats le mur de logique qu'il avait passé des années à construire autour de lui.Il prit une grande inspiration, se leva et marcha jusqu'à la fenêtre. Le Douala nocturne s'étendait devant lui, un océan de lumières scintillantes et de bruits lointains. C'était un spectacle qu'il avait vu des centaines de fois, mais ce soir, il le voyait différemment. Il ne voyait plus un plan directeur, une opportunité d'investissement, mais un tableau v
Le soleil de fin d’après-midi teignait le ciel de Yaoundé en nuances d'orange et de pourpre, jetant une douce lumière dorée sur les rues animées. Le bruit de la ville, un murmure constant et lointain, servait de toile de fond au calme de son appartement. Naïla, de retour chez elle après une longue journée, se sentait étrangement légère. La tension et la frustration qui l'avaient accompagnée sur le chantier s'étaient dissipées, remplacées par une énergie créative bouillonnante. Elle avait encore en tête l'image de Malik, à genoux devant elle, le regard empli d'une inquiétude qu'il s'efforçait de cacher sous son masque d'homme d'affaires imperturbable. Ce moment de vulnérabilité, aussi fugace fut-il, avait fait vibrer une corde inattendue en elle. C'était la première fois qu'elle le voyait, ne serait-ce que pendant une seconde, laisser tomber sa garde. Et cela avait eu un effet puissant sur elle.Dans le calme de son appartement, l'air embaumait une douce odeur de café fraîchement moulu
Le chantier de New Bell était une véritable symphonie chaotique, une partition brute et dissonante où chaque note, chaque son, avait sa propre place. L’air était épais, saturé d’une poussière rousse qui s’accrochait aux poumons, rendant chaque respiration un peu plus lourde. Le vrombissement incessant des engins de construction résonnait dans l'air, une pulsation tellurique qui faisait vibrer le sol sous leurs pieds. Des bulldozers rugissaient comme des bêtes en colère, leurs chenilles broyant le sol sous leur poids colossal, transformant la terre en un tapis de gravats. Des marteaux-piqueurs martelaient le béton avec une violence sourde, et le cliquetis métallique des pelles et des barres d'acier s’entremêlait aux cris et aux sifflets des travailleurs, qui s'appelaient les uns les autres dans une langue faite d’urgence et d’instructions précises.C'était un monde de force brute et de logique pure, à l'opposé de l'ordre créatif et serein de l'atelier de Naïla, où chaque ligne tracée s
L'air de la salle de conférence était lourd, saturé d’attentes et d'enjeux. Les lumières vives et le bourdonnement des conversations étouffées ajoutaient à la pression. Naïla et Malik se tenaient côte à côte devant un jury composé d'élus locaux, d'experts en urbanisme et d'investisseurs potentiels, leurs visages éclairés par l'écran de projection. Le projet Nova n’était plus seulement un plan sur le papier, mais une proposition concrète qu’ils devaient défendre. La tension entre eux, un mélange de respect et de rivalité, se répercutait dans l’atmosphère. Ils n'étaient plus dans le confort du bureau de Naïla, mais sur une scène, sous les regards perçants d'un public qui attendait de voir lequel des deux esprits l’emporterait.Naïla commença. Sa voix, claire et assurée, décrivait la vision du projet, insistant sur l'importance de préserver la maison historique. Elle ne parlait pas d'argent ou de chiffres, mais d'âme, d'identité et de l'histoire du quartier. Elle parlait avec éloquence d