Quand nos jumeaux fêtent un mois, mon ex est en larmes

Ma famille n'ont même pas pris la peine de venir signer pour mes soins.

Je ne sais pas comment j'ai pu survivre et devenir un miracle médical.

La douleur de la chute n'était rien comparée à celle de mes blessures à mon réveil.

Il faut savoir qu'il y a 206 os sur un corps humain. J'ai eu 108 os brisés, dont quelques fractures comminutives. J'ai failli succomber à la douleur provoquée par toutes ces blessures.

Je n'osais pas bouger, et ne laissais pas les autres me toucher.

Même quand il s'agissait d'une simple perfusion, le contact avec la main de l'infirmière me provoquait une douleur qui me donnait de la sueur froide.

Après avoir subi six perfusions, je m'apprête à enfin dormir.

C'est là que l'assistant de Lucas Morini, Paul Vidor, entre dans ma chambre.

« Madame, M. Morini me demande de vous emmener vous faire pardonner auprès de Mlle Rosa. Veuillez me suivre, s'il vous plaît. »

Mon regard se fige en entendant ses mots. Mon cerveau cesse de fonctionner.

« Madame, vous devriez vous dépêcher. N'énervez pas M. Morini encore une fois. Il est déjà très fâché du fait que vous ayez entraîné Mlle Rosa dans cet enlèvement. »

« Vous savez à quel point M. Morini chérit Mlle Rosa. »

Les paroles de Paul semblent respectueuses, mais elles ne suffisent pas à cacher son air impatient et moqueur.

Quand je réagis enfin, j'éclate de rire.

J'ai choisi un sacré bon mari !

Sur cette falaise, quand le kidnappeur lui a demandé de choisir une de nous deux, il a choisi son premier amour sans hésiter, m'envoyant droit en enfer.

Et maintenant, il se fiche de mes blessures qui m'immobilisent au lit, et me demande d'aller s'excuser auprès de son premier amour.

J'ouvre difficilement mes lèvres, et dis d'une voix rauque, « dis à ton patron que je ne m'excuserai pas en personne, mais que Rosa peut le prendre comme un dédommagement de ma part. Je leur souhaite un amour éternel. »

En finissant ma phrase, je ferme les yeux. Je n'ai plus la moindre force de prononcer un mot de plus.

J'ai mal, tellement mal. Toutes mes blessures sont comme une horde de piranhas, déchirant chaque centimètre de mon corps. La douleur est insupportable. Tout ce que je souhaite, c'est une bonne nuit de sommeil.

En m'endormant, la douleur est comme disparue.

Il y a du calmant dans le mélange de ma perfusion, alors, je m'endors très rapidement.

Je me réveille à nouveau sans savoir combien de temps j'ai dormi.

La première chose que je vois, c'est les yeux remplis de colère de Lucas.

Cet homme était déjà entouré d'un aura glacial dans son quotidien. La colère ne fait que multiplier cet effet.

Un frisson parcourt mon corps.

« Pourquoi ne t'excuses-tu pas auprès de Rosa ? Sais-tu qu'elle est fiévreuse parce qu'elle a été enlevée par ta faute ? »

« En plus, je te l'ai déjà dit de maintes fois. Elle et moi, nous ne sommes que des amis. Pourquoi lui dis-tu ces choses pour l'humilier ? »

« Peux-tu arrêter d'avoir ces pensées obscènes ? Et de croire qu'on est tous comme toi ? »

Je le regarde fixement. Tout à coup, il est comme un étranger pour moi.

Avant, même un simple bleu sur mon corps l'inquiétait.

Aujourd'hui, je suis emballée de pansements comme une momie, n'ayant même plus la possibilité de bouger le petit doigt. Mais tout ça ne semble pas le préoccuper. Tout ce qui l'intéresse, c'est le rhume de Rosa.

Je n'ai pas pu m'empêcher de dire : « Lucas, je suis gravement blessée. Je ne peux même pas bouger mes doigts. »

J'espérais un regard de sa part, un regret de sa part, pour m'avoir abandonnée sur cette falaise.

Mais...

Il ricane, et dit d'un ton ironique : « Qui sait si tu es vraiment blessée ? Même si c'était le cas, tu l'as bien cherché, non ? »

Je le regarde, sans savoir quoi dire. Tout ce que j'ai trouvé à faire est de lâcher un sourire triste.

Voilà le résultat de notre relation de sept ans.

Peut-être que mon sourire était trop dénigrant, son regard semble s'adoucir un instant avant de reprendre un ton moqueur, « Joyce, tu t'améliores dans ton jeu d'actrice. »

« Ces bandages, on dirait du vrai. », dit-il en tirant sur mes pansements.

En sachant qu'un simple toucher suffit à me provoquer une douleur atroce, son geste a failli me couper le souffle.

Sans que je ne puisse reprendre mon souffle, il appuie sur mon bras, « qu'est-ce que c'est ? Du sang ? La couleur est bien réelle, tu as acheté du vrai sang ? Joyce, tu sais que tu gaspilles les ressources médicales ? »

Son appui sur mon bras fracturé a failli arrêter mon cœur.

Mon visage vire à un blanc anormal.

En un instant, je me retrouve baignée dans ma sueur.

J'aimerais le supplier de me lâcher, mais la douleur insupportable m'empêche de prononcer le moindre mot.

Lucas baisse la tête et se rend compte que quelque chose ne va pas en voyant mon visage blanchâtre, « tu... »

Mais à peine avoir prononcé le premier mot de sa phrase, son téléphone sonne.

La sonnerie spéciale attire de suite toute son attention. Il décroche.

« N'aie pas peur, j'arrive de suite. »

Il quitte la pièce en trombe après l'appel, en arrachant un de mes tuyaux dans la précipitation.

La sensation d'asphyxie m'envahit en un instant.

J'aurais aimé l'appeler, pour qu'il puisse aller chercher un médecin, mais aucun mot ne veut quitter mes lèvres malgré mes efforts. C'est comme si une main serrait mon cou.

Quand mon champ de vision vire au noir, je me dis que je vais vraiment mourir, cette fois.

Qui aurait cru que j'ai survécu d'une chute d'une falaise pour mourir entre les mains de la personne que j'aime le plus au monde ? Cette personne pour qui j'ai tout donné ?

À cet instant, la douleur de mon cœur surpasse celle de toutes mes blessures.

Elle est juste suffisante pour effacer cet amour résidant au fond de mon cœur.

......

Est-ce que Dieu m'adore, ou est-ce qu'il aime juste me torturer ?

J'ai encore échoué à la mort.

D'après le médecin, je suis chanceuse.

Il dit que l'infirmière qui devait aller en repos a décidé de faire un dernier tour des chambres. Et c'est comme ça qu'elle m'a trouvée entre la vie et la mort, et qu'elle m'a mise en réanimation.

Il dit que je suis la personne la plus chanceuse qu'il n'ait jamais connue.

Je ne sais pas quoi dire face à ses mots, alors je souris.

C'est assez bizarre. Après mon réveil, cette fois, j'ai comme l'impression que quelque chose manque, quelque chose d'important. Mais j'ai tout mes souvenirs, je ne pense pas avoir oublié quelque chose.

Seulement la cause du débranchement de mon tuyau.

Le médecin dit qu'il est normal d'avoir des petites amnésies après des blessures aussi violentes, et que je ne devrais pas stresser, seulement me reposer.

Il a sûrement raison, alors je décide d'arrêter de penser.

Suite à un second choc, mon état s'empire. Je n'ai pu bouger seulement après avoir passé deux mois au lit.

Après avoir été alitée aussi longtemps, je ne parviens pas à bien contrôler mes membres immédiatement.

Grâce à mes efforts exceptionnels, je réussis à attraper mon verre d'eau pour calmer ma soif insupportable. Je l'approche de ma bouche mais ma main en a décidé autrement.

Le verre d'eau renversé au sol me donne maintenant encore plus soif.

Quand j'essaie de me servir un autre verre, un grand homme entre dans ma chambre.