Chapitre 2

« ? »

La tête de Camille s'est mise à bourdonner.

Elle n'a jamais imaginé que Chloé, habituellement si réservée, prononcerait ces quelques mots de manière aussi directe.

Mais ce qui l'a encore plus surprise, c'était que ce sale type de Mathis puisse humilier sa propre femme comme ça.

Camille a murmuré une insulte, puis elle a dit : « Pas besoin de coursier en ville, je peux te l'apporter moi-même, et après je retourne bosser en heures sup'. »

Les coursiers à deux roues ne couraient pas plus vite que sa voiture à quatre roues.

Après avoir raccroché, Chloé ne s'est pas attendue à pouvoir dire les choses aussi simplement et franchement.

On dirait que cette colère est restée coincée au fond de son cœur. Ça bloquait tout en elle, le corps comme le cœur, elle se sentait mal partout, complètement étouffée.

Comme Mathis l'avait dit cette nuit-là au club, il n'avait jamais couché avec elle une seule fois.

Peut-être que personne ne croirait ça, mais après trois ans de mariage, elle restait encore vierge.

Au début, elle s'était demandé si Mathis souffrait de troubles sexuels.

Mais plus tard, elle l'a surpris plusieurs fois dans son bureau, en train de se masturber en regardant un album photo.

Les gémissements étouffés de l'homme ressemblaient à une série de gifles, qui lui frappaient violemment le visage.

Une fois, quand Mathis l'a découverte, il l'a prise dans ses bras, caressant son cou tout en murmurant : « Chloé, pardonne-moi… Dès que je pense à faire ce genre de choses, j'ai peur de te faire mal. Je n'y arrive pas, alors je me contente de regarder ta photo… »

Le plus ridicule, c'était que Chloé l'a cru, au point de rougir.

Mais cette même nuit où elle était rentrée en urgence à Lyon, après avoir pris son médicament pour faire tomber la fièvre, profitant de ses derniers instants de lucidité, elle s'était rendue au bureau. Là, elle avait forcé l'ouverture d'un placard que lui-même verrouillait depuis toujours. À l'intérieur, elle avait découvert cet album photo.

Cet album était rempli, page après page, exclusivement de photos de Clara, cette Clara pleine de vie et d'une beauté saisissante.

Chaque sourire, chaque expression de Clara était chérie par Mathis comme un véritable trésor.

Chloé n'a pas pu s'empêcher de penser qu'elle était devenue une véritable blague.

Comme dans un rêve, elle s'était laissée envahir par ses souvenirs, se rappelant cette époque où elle suivait Mathis partout comme une petite ombre. En réalité, ce n'était pas elle qui le suivait, mais plutôt parce que son frère passait toujours son temps avec lui.

Ils se sont vus de plus en plus souvent, et elle a fini par penser que se marier avec lui serait une bonne chose.

Mathis avait un très bon caractère, il était patient et doux. Chaque fois qu'il venait voir le frère de Chloé, il pensait toujours à apporter un cadeau pour Chloé.

Mathis était l'un des amis les plus distingués du frère de Chloé.

Et c'était ce même gentleman qui préférait se masturber en regardant la photo de sa belle-sœur plutôt que de toucher sa propre épouse, pourtant toute proche.

Chloé ne s'est pas attendue à ce que Camille soit aussi rapide.

Elle venait juste de se lever et de se laver, sans être encore descendue, quand la sonnette a retenti.

On aurait dit que, si la mairie n'était pas déjà fermée, Camille les aurait immédiatement emmenés, Mathis et elle, pour signer leur divorce sur-le-champ.

Chloé a à peine eu le temps de se rassurer un peu en prenant l'accord de divorce que, soudain, un bruit clair a retenti à l'étage.

Elle n'avait pas eu le temps de réfléchir davantage que Marie est descendue, le visage pâle, hésitante : « Madame… »

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

« La photo de famille que vous aviez posée dans la chambre… Nicolas l'a abîmée. »

En entendant cela, Chloé a d'abord pensé que le cadre avait juste été cassé, mais elle a alors vu Marie lui tendre la photo déchirée.

Le visage de Chloé est devenu pâle comme la mort.

Ses parents sont morts dans un accident quand elle avait cinq ans, ne lui laissant que cette seule photo de famille.

C'était tout ce qui lui restait à quoi se raccrocher.

Chloé a pris la photo déchirée en plusieurs morceaux et a monté les escaliers à grand pas !

Juste à ce moment, Clara est sortie de la chambre de Chloé, tenant son fils dans les bras.

Chloé l'a regardée froidement : « Clara, c'est ma chambre. »

« Tonton a dit que cette maison, c'est chez moi maintenant. »

Nicolas, le visage plein de défi, s'est écrié avec colère : « Il a dit aussi qu'il s'occuperait de moi et de maman comme mon papa ! »

Chloé, voyant que Clara ne comptait pas éduquer Nicolas sur ce point, a soudain souri.

Elle a regardé Nicolas : « Tu sais ce que le Père Noël va te faire dans quelques jours ? »

L'enfant a haussé le menton : « Il va m'apporter plein de bonbons ! »

« Non. »

Elle a secoué la tête, souriante : « Il va te couper les mains que tu as utilisées pour déchirer ma photo, les mettre dans un four, puis les donner au monstre à manger. »

« Waaaah… »

Après tout, c'était encore un enfant. Nicolas, effrayé, s'est agrippé à Clara en pleurant à chaudes larmes.

Clara a froncé les sourcils et a regardé Chloé d'un air désapprobateur : « Il est juste un enfant, tu n'avais pas besoin de lui faire peur comme ça. »

« Un gamin, tu sais même pas l'éduquer. À part faire des sports extrêmes, tu sais faire quoi, toi ? »

Chloé a laissé cette phrase derrière elle et est rentrée rapidement dans sa chambre.

Dans la nuit profonde, une Maybach noire est entrée doucement dans la cour.

Chloé s'est tenue devant la baie vitrée quand elle a vu l'homme descendre de la voiture, et aussitôt Nicolas a tiré Clara vers lui en courant.

La scène ressemblait à une famille de trois, très harmonieuse.

Après un long moment, on a entendu du bruit à la porte de la chambre de Chloé.

Mathis, vêtu d'une chemise blanche, a fait son entrée à grands pas, d'un ton sévère : « Tu as fait peur à Nicolas ? »

« Oui. »

Chloé a désigné l'objet posé sur la table de nuit : « Il a déchiré ma photo de famille. »

Mathis a été surpris, réalisant qu'il n'avait pas bien compris la situation.

Il a tendu le bras pour caresser la tête de la jeune femme, mais elle l'a évité.

Pensant qu'elle était encore en colère, il a adouci sa voix : « C'est ma faute, et je m'excuse au nom de Nicolas. Y a-t-il quelque chose que tu voudrais ? Je te dédommagerai. »

Chloé a souri : « N'importe quoi ? »

Mathis a répondu sincèrement : « Bien sûr. »

« Je veux ces deux choses. »

Elle a alors tendu les papiers qu'elle avait préparés depuis longtemps.

Mathis a pris les documents, n'a regardé qu'un instant en voyant que c'était le contrat de propriété, puis a immédiatement signé son nom.

Pour le deuxième document, il est allé directement à la dernière page et a signé d'un geste assuré et rapide.

En matière d'argent, il était toujours généreux.

Après avoir signé, il a poussé un soupir de soulagement, a pris la fine taille de Chloé dans ses bras et l'a serrée contre lui : « Chloé, comment ton frère t'a-t-il appris à être aussi sage et raisonnable ? »

Chloé a ressenti un malaise.

Elle a voulu le repousser, quand on a frappé à la porte, à moitié entrouverte.

Mathis, voyant la personne à la porte, a presque instinctivement repoussé Chloé.

Elle a été surprise, puis a compris.

Pour montrer sa loyauté à la femme qu'il aimait, il a passé trois ans sans dormir avec elle.

Et maintenant qu'ils étaient sous le même toit, il voulait évidemment continuer à bien se comporter.

Clara, un peu résignée, a dit : « Mathis, Nicolas insiste pour que tu dormes avec lui. »

« J'arrive tout de suite. »

Mathis a acquiescé, puis a regardé Chloé : « Tu n'es pas fâchée, hein ? »

« Non. »

Dès qu'il s'est retourné pour partir, Chloé a sorti le deuxième document, l'accord de divorce.

Elle était vraiment sage et raisonnable.

Même pour le divorce, elle a préparé l'accord elle-même et l'a directement mis devant lui.