Chapitre 4

Clara s'est soudain figée, son expression se raidissant brusquement. En apercevant la voiture familière qui se trouvait dehors, un sentiment d'angoisse s'est immédiatement emparé de son cœur.

Ses yeux délicats se sont braqués avec une intensité froide sur Chloé, et d'une voix tremblante mais accusatrice, elle lui a lancé : « C'était fait exprès, n'est-ce pas ? Tu l'as fait exprès, hein ? ! »

« Clara, de quoi tu parles ? Je préparais justement un cadeau pour Mathis à l'étage, alors pourquoi tu veux m'en rendre responsable, moi… »

Les yeux de Chloé étaient embués d'une légère vapeur humide, trahissant clairement la profonde douleur et le sentiment d'injustice qu'elle ressentait à cet instant.

Dès que Philippe, le majordome de la vieille demeure, est entré, il a immédiatement été confronté à cette scène.

En observant le désordre indescriptible qui régnait dans la villa, il a froncé les sourcils avec une certaine désapprobation, puis s'est tourné vers Clara pour lui dire d'un ton grave : « Madame Clara, la vieille dame m'a demandé de vous dire que, puisque vous ne savez pas éduquer cet enfant, elle n'a pas d'autre choix que de commencer par vous remettre un peu à l'ordre. »

Clara a haussé un coin des lèvres, « Quoi ? »

Philippe a fait un geste invitant, « La vieille dame vous demande d'aller dans le jardin pour réfléchir calmement un moment. »

« Philippe… »

Chloé venait de parler, mais Philippe l'a interrompue d'un air compréhensif et a pris la parole avec douceur : « Madame Chloé, ne dites rien pour supplier. Vous avez aussi souffert lors des funérailles du jeune maître il y a quelques jours, prenez soin de vous. »

« … »

En réalité, Chloé voulait juste savoir si Mamie allait un peu mieux, pour pouvoir choisir le bon moment et lui parler de sa séparation avec Mathis.

Même si c'était Mathis qui gérait le Groupe Laurent, les affaires familiales de la famille Laurent avaient toujours été décidées du côté de la vieille demeure.

Même si Clara refusait toujours, elle n'avait d'autre choix que d'aller faire le piquet dans la cour.

Dans ce froid glacial et la neige, elle méritait bien cela.

Chloé ne lui a même pas accordé un regard de plus et s'est dirigée vers l'étage.

Marie, embarrassée, a demandé : « Madame, que doit-on faire du tableau abîmé ? »

« Ne t'en fais pas, quelqu'un viendra bientôt la prendre, ils vont la réparer et après, ils la ramèneront. » a répondu Chloé simplement.

Elle ne dirait évidemment rien à personne, que le tableau accroché dans la maison était une copie. La véritable œuvre, quant à elle, elle l'avait confiée à une galerie d'art tenue par une amie, où il était actuellement exposé, parfaitement intact et en parfait état.

Après tout, le plus grand souhait de papi de son vivant, c'était que ses tableaux puissent être vus par bien plus de monde. Les garder enfermés à la maison, c'était vraiment dommage.

« Méchante ! »

Chloé venait à peine de poser le pied pour monter à l'étage quand Nicolas, plein de colère, a lancé d'une voix furieuse : « J'ai déjà appelé tonton, et quand il reviendra, tu peux être sûre que tu vas y passer ! »

« J'attends ça. »

« Il va divorcer de toi ! tu seras plus une femme que personne ne voudra ! »

Chloé a souri : « Il ne t'écoutera pas. »

Entre Mathis et Clara, c'était encore à elle de faire écran à leurs histoires honteuses. Si jamais ils divorçaient vraiment, Mathis et sa belle-sœur, un homme et une femme, se retrouveraient seuls sous le même toit, et la réputation de Clara serait complètement détruite. Mathis ne laisserait jamais une telle situation se produire.

…

Mathis est revenu très vite.

Clara n'était restée dans le jardin que moins de vingt minutes quand il est apparu.

Portant un manteau en cachemire noir qui mettait en valeur sa silhouette élancée, il dégageait une aura de plus en plus posée et noble.

À peine descendu de voiture, il a presque couru vers Clara, l'a prise dans ses bras et a fait de grands pas vers la maison.

En la déposant sur le canapé, il a appliqué une pommade sur ses genoux rougis par le froid, son regard exprimant une douleur non dissimulée : « T'es idiote ou quoi ? On t'a fait rester debout dans la neige, et tu l'as fait ! »

« Mamie a donné l'ordre, que pouvais-je faire ? »

Clara a doucement attrapé le bas de sa manche, les yeux rouges et la voix tremblante : « Mathis, peux-tu divorcer d'elle ? Elle est trop terrifiante… »

Mathis a froncé légèrement les sourcils : « Tu parles de Chloé ? »

« Oui. »

Clara a mordu sa lèvre inférieure : « Tu sais pourquoi Nicolas a abîmé l'œuvre laissée par papi ? C'est elle qui l'a poussé à faire ça exprès. »

« Maman a raison ! »

Nicolas a fait la moue, des larmes suspendues sur ses cils : « Tonton, ma tata m'a encore fait peur aujourd'hui en disant que le monstre qui allait me manger le bras se cachait dans ce tableau, c'est pour ça que j'ai… »

« Impossible. »

Mathis a nié, posant sa main avec tendresse sur la tête de Nicolas : « Nicolas, t'as mal entendu, hein ? Ta tata, elle a le meilleur caractère de toute la famille. Elle a déjà dit hier soir qu'elle serait plus fâchée contre toi, alors elle te fera plus jamais peur. »

Puis il a dit à Clara : « D'ailleurs, papi l'aimait beaucoup quand il était en vie, elle ne se permettrait jamais de jouer avec ses tableaux comme ça. »

Clara a regardé Mathis sans y croire : « Tu veux dire que Nicolas et moi avons délibérément calomnié Chloé ? »

« Mathis ! »

« Tu as tellement changé ! »

Cette accusation a fait bouillonner une colère muette dans le cœur de Mathis, mais face au regard déçu de Clara, il a réprimé sa colère : « Clara, je n'ai jamais changé, du début à la fin. »

Clara l'a fixé : « Alors, tu oses dire que tu n'as jamais eu le moindre faible pour Chloé, que tu ne l'as jamais touchée ne serait-ce qu'une fois ? »

Mathis était toujours en paix avec sa conscience devant elle. Pourtant, face à cette question, il n'a pas pu répondre du tac au tac.

Son dos s'est légèrement raidi, ses longs cils baissés, il a murmuré : « Je ne l'ai jamais touchée. »

C'était lui, Mathis, qui avait trompé Chloé.

« Je ne l'ai jamais touchée. »

Chloé, tenant un cadeau dans une main et appuyant l'autre sur sa taille, descendait les escaliers lorsqu'elle a entendu cette phrase. Une phrase nette et sans détour.

Elle a esquissé un sourire amer, puis s'est avancée : « Mathis, demain soir, la famille Fontaine organise un dîner, Mamie m'a demandé si tu serais libre pour y aller. »

Madame Fontaine connaissait bien les parents de Chloé. Après la mort accidentelle de ses parents, Chloé avait été recueillie par Madame Fontaine et prise en charge par sa famille.

Aux yeux des autres, Chloé faisait presque partie de la famille Fontaine.

Après son mariage avec la famille Laurent, les affaires entre les familles Fontaine et Laurent n'avaient jamais cessé.

En entendant cela, Mathis, qui était peut-être encore culpabilisé par ce qu'il venait de dire, a répondu aussitôt : « D'accord, je passerai te prendre demain soir pour y aller ensemble. »

« Ouais. »

Chloé a baissé les yeux vers le cadeau qu'elle tenait, puis a jeté un regard à Clara et Nicolas assis près de lui. Comprenant qu'elle dérangeait, elle n'a rien ajouté et s'est tournée pour partir.

Camille avait gagné son procès aujourd'hui. Elle avait voulu inviter Chloé à faire du shopping, mais ayant appris que Chloé s'était foulé la cheville, elles avaient finalement opté pour un simple repas.

« Chloé. » Mathis l'a retenue comme poussé par une force inexplicable. « C'est quoi, ce que tu tiens ? »

Chloé s'est retournée, agitant la boîte qu'elle tenait : « Un cadeau. »

« Un cadeau ? C'est l'anniv d'un de tes potes aujourd'hui ? »

« C'est un cadeau pour notre troisième anniversaire de mariage, pour toi. »

« Chloé, désolé… »

« Ce n'est rien, tu travailles beaucoup, c'est normal d'oublier. »

Chloé a fixé son regard clair comme de l'eau pure, puis a tendu la boîte en souriant doucement, sa voix douce et obéissante : « De toute façon, ton anniversaire sera dans moins de deux semaines, considère ça comme un cadeau d'avance. »

« Mathis, joyeux anniversaire en avance ! »

Et à moi aussi, un joyeux divorce.