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Chapitre 15 : La ville qui mesure
Last Updated:
2025-11-14 02:41:54
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Hassan et Lalla Tislin Chapitre 17 : La crue des promesses
La crue des promessesLa saison avait tourné sans fracas, comme une porte bien huilée.La vallée d’Afella comptait désormais autrement : non plus en semaines de marché ou en pluies de mémoire, mais en gestes tenus. On disait : “depuis le oui des pierres”, “avant la nuit des échos”, “après la visite de la ville”. Les mots avaient pris des mesures souples, qui s’ajustaient à la peau des jours.Un soir de fin d’été, le vent changea de grain. Rien d’hostile : une densité nouvelle, un miel plus lourd. Hassan, en réparant un muret sous le figuier, sentit la pierre gonfler sous sa paume — non de chaleur, mais d’attente. Younes, à quelques pas, regardait la vallée comme on écoute une histoire déjà connue et pourtant surprenante.— Elle vient, dit-il.— Qui ? demanda Hassan.— La crue. Mais pas celle de l’eau : celle des promesses.Depuis l’accord avec Delmas, la Société des Barrages avait reculé son projet, sanctuarisé le puits, posé ses capteurs “sur pierres consenties”. Maya tenait un cahie
Hassan et Lalla Tislin Chapitre 16 : Les pierres consenties
Les pierres consentiesLe septième jour passé, la vallée reprit un souffle plus large.Les camions de la Société des Barrages et Ressources avaient descendu la piste, promettant de revenir “répondre” au cycle des saisons. Mais une partie de la ville resta : trois tentes, une table pliable, quatre ingénieurs, et Maya qui avait choisi de prolonger sa mission. Elle disait en souriant que “les meilleures données sont celles qui se laissent approcher”, et qu’ici, tout commençait à peine.Au matin, Hassan monta vers la terrasse du figuier pour vérifier les murets. Le vent tenait sa promesse de douceur. On aurait dit que la vallée s’était allégée d’un poids invisible. Younes marchait à ses côtés, la spirale dorée sous la peau battant au rythme régulier d’un cœur double : le sien, et l’autre.— Aujourd’hui, dit Maya en les rejoignant au pied de la terrasse, je voudrais poser deux capteurs.— Sur quelles pierres ? demanda Hassan.— Celles qui… (elle hésita) acceptent.Le mot n’était pas scient
Hassan et Lalla Tislin Chapitre 15 : La ville qui mesure
La ville qui mesureIls arrivèrent un matin sans vent, par vagues lentes de poussière et de métal.Camions blancs, casques luisants, gilets fluorescents : la ville avait mis un uniforme pour entrer dans la vallée d’Afella. Sur le pare-brise du premier véhicule, un logo bleu : Société des Barrages et Ressources. Les enfants se turent, les chiens cessèrent d’aboyer. On eût dit que même les oliviers avaient resserré leurs feuilles.Hassan regarda depuis la terrasse du figuier. Il n’était pas surpris. Younes l’avait dit la veille : “Ils viennent attacher le souffle à des chiffres.” A ses côtés, le cheikh Amghar redressa la nuque. Il n’était plus ce père inquiet des premières nuits : son regard avait pris la lenteur des montagnes.— Reçois-les debout, dit-il calmement. Les promesses ne se tiennent jamais assis.Le chef de l’équipe s’appelait M. Delmas. Un visage courtois, le sourire professionnel de ceux qui ont appris à parler sans se lier. Il tendit la main.— Nous sommes là pour étudier
Hassan et Lalla Tislin Chapitre 14 : Le secret du vent
Le secret du ventLa nuit tomba comme une page qu’on referme avec lenteur. Dans Afella, personne n’osait parler trop fort depuis que la voix dorée avait traversé la vallée. On marchait plus doucement, on posait les jarres comme si la terre avait des oreilles — et elle en avait, désormais. Hassan, lui, sentait dans sa paume la spirale battre avec une régularité nouvelle, moins flamboyante qu’autrefois, plus profonde, comme si le vent s’était installé en lui pour de bon.Ce soir-là, Younes ne vint pas s’asseoir au bord du puits. Il s’éloigna au contraire, suivant un sentier que les chèvres n’empruntaient plus depuis la grande saison sèche. — Où vas-tu ? demanda Hassan. — Là où commence le souffle, répondit l’enfant sans se retourner. Il ne parlait pas plus fort qu’un brin d’herbe, et pourtant sa voix semblait agrandir l’air.Ils montèrent. Au-dessus d’eux, les étoiles se donnaient la main. La montagne, sous la lumière, avait le visage d’un vieillard heureux. Ils atteignirent u
Hassan et Lalla Tislin Chapitre 13 : Le murmure du monde
Le murmure du mondeDepuis qu’il avait reçu la voix dorée, Younes ne vivait plus comme les autres enfants du village.Il se levait avant le soleil, quand le vent dort encore,et restait longtemps, les yeux fermés, assis sur la margelle du puits.Ses mains touchaient la pierre,et dans cette pierre, il sentait un rythme — un battement très ancien,le même que celui qu’il portait dans sa poitrine.Le village entier l’observait.Les femmes disaient :“Ce petit ne parle pas, mais tout se tait pour l’écouter.”Les hommes, eux, faisaient le signe du respect.Même les vieillards avaient cessé de chuchoter qu’il était “l’enfant du vent”.Ils savaient désormais que le vent lui appartenait, et qu’il appartenait au vent.Un matin, alors que la brume s’effaçait lentement, Younes leva la tête vers le ciel.Il vit des oiseaux voler en cercle, sans bruit,et dans ce silence suspendu, il sentit que la montagne retenait son souffle.— Père, dit-il doucement.Hassan, qui taillait le bois d’un figuier t
Hassan et Lalla Tislin Chapitre 12 : La voix dorée
La voix doréeLe vent, depuis des jours, soufflait sans colère.Il passait dans les ruelles comme un vieux visiteur revenu voir ses souvenirs.Le puits respirait toujours — lentement, régulièrement —et parfois, au milieu de la nuit, on entendait un rire d’enfant se mêler à son souffle.C’était celui de Younes.Depuis qu’il portait la spirale dorée, il ne rêvait plus comme les autres enfants.Ses rêves étaient faits de sons :le bruit du vent sur les pierres,le murmure des herbes dans les champs,et, parfois, des voix…celles qu’il n’avait jamais connues.Un soir, il demanda à son père :— Père… pourquoi j’entends des gens qui parlent dans le vent ?Hassan le regarda longtemps avant de répondre.— Parce que le vent garde tout ce que le monde dit.— Même les morts ?— Surtout eux.Younes resta pensif.— Et si je leur réponds ?— Alors ils t’écouteront. Mais attention… le vent répond toujours.La nuit suivante, la vallée s’endormit tôt.Un ciel lourd, sans lune, couvrait les montagnes.
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