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Chapitre 5 - La mariée du silence

Author: Sarah dacine
last update Last Updated: 2025-10-10 15:46:42

Dimanche – 17h12 – Hudson Valley, domaine Delcourt

Le domaine s'étendait sur plus de cent hectares. Une route privée, bordée de chênes centenaires, menait à une bâtisse somptueuse mêlant architecture victorienne et lignes modernes. Tout avait été rénové pour l'occasion.

Le mariage Delcourt–Everdeen.

Un nom qui circulait déjà dans les cercles privés des familles les plus puissantes d'Amérique.

Des voitures de luxe arrivaient en file. Rolls Royce, Bentley, Ferrari. Des invités tirés à quatre épingles, des noms de Wall Street, de la mode, de la politique.

Au fond du domaine, au milieu des jardins taillés comme ceux de Versailles, une verrière blanche, construite uniquement pour le mariage, s'élevait comme un joyau.

À l'intérieur, des milliers de roses rouges, des rubans d'or ivoire, et un immense lustre suspendu au centre de la structure de verre.

L'air sentait le jasmin, la richesse... et le mensonge.

Alayna – dans le salon de préparation

Elle fixait son reflet dans le miroir. La robe, signée Elie Saab, était une œuvre d'art : bustier brodé à la main, perles fines, traîne vaporeuse de plusieurs mètres.

Ses cheveux en chignon imparfait, un voile transparent posé délicatement sur ce dernier .

Quelques bijoux simples en diamant .

Elle était magnifique. Une vraie princesse .

Mais elle n'était pas heureuse.

Chaque pas qu'elle s'apprêtait à faire résonnait comme une chaîne invisible. Elle n'avançait pas vers un rêve... mais vers une vie imposée, où le nom Delcourt avait plus de poids que son propre cœur.

— Tu es prête ? souffla une voix.

C'était Camille, la seule cousine et amie présente, venue de loin.

Alayna prit une longue inspiration.

— Non. Mais je vais le faire quand même.

Adrien – dans la salle du fond, avec ses amis

Costume noir profond, chemise italienne, boutons de manchette en or blanc. Il portait l'élégance avec une arrogance naturelle.

Ses cheveux étaient coiffés avec soin, son regard d'un bleu froid. Il tenait un verre à la main, entouré de ses amis héritiers, tous aussi séduisants qu'arrogants.

— Tu vas vraiment te marier avec cette fille de campagne ? lança Dimitri Lemaire en riant doucement.

— Oui, répondit Adrien sans sourire. Sur le papier.

— Et Jade ?

Adrien haussa une épaule.

— Elle comprend. On se connaît.

Mais à l'intérieur... il ne comprenait pas ce trouble qu'il avait ressenti en voyant Alayna lors du dîner au manoir, dans cette robe simple qui soulignait sa grâce timide.

Cette pureté. Cette pudeur. Ce regard si fier malgré l'humiliation.

Jade savait séduire. Alayna, elle, ne faisait rien. Et pourtant... elle le bouleversait plus que toutes les femmes qu'il avait connues.

Il termina son verre d'un trait, puis se leva.

— Allez, c'est l'heure de faire semblant.

La cérémonie

Les invités étaient déjà assis, dans un murmure de soie et de parfums.

Un silence tomba lorsque la musique commença.

Et Alayna entra.

Chaque tête se tourna.

Chaque respiration se suspendit.

Elle avançait lentement, le regard droit, un bouquet de pivoines blanches à la main, tenant fortement le bras de son père.

Elle semblait flotter.

Adrien la regarda, figé.

Il ne s'attendait pas à ça. Elle était... divine.

Pas séduisante comme Jade.

Sacrée. Inaccessible. Infiniment délicate.

Mais il se redressa. Il n'avait pas le droit de vaciller.

Ils se rejoignirent sous l'arche fleurie.

— Tu es belle, murmura-t-il à voix basse, pour que seuls eux entendent.

Elle répondit sans détourner le regard :

— Et toi, tu es froid comme la glace.

Il eut un léger sourire.

— Je préfère ça à brûler.

Le prêtre commença les discours, puis les vœux.

Adrien parla le premier.

— Je te promets... (il marqua une pause) de te protéger. De t'offrir un nom puissant. Une sécurité. Une vie de confort. Et de garder le respect entre nous... même si je n'étais pas censé être celui qui tenait ta main aujourd'hui.

Un murmure parcourut la salle.

Mais tout le monde pensa qu'il s'agissait d'un style original.

Alayna le regarda droit dans les yeux. Sa voix tremblait à peine.

— Je te promets de ne jamais te faire honte. De porter ton nom avec dignité... même si mon âme, elle, n'a jamais eu son mot à dire.

Les deux familles sourirent.

La presse photographiait.

Et personne ne comprit le sous-texte douloureux de ces vœux déguisés.

Le silence était retombé dans la verrière, comme suspendu.

Le prêtre referma son carnet de cuir et déclara d'une voix posée :

— Par les pouvoirs qui me sont conférés... je vous déclare unis par les liens du mariage. Adrien, vous pouvez embrasser votre épouse.

Adrien tourna lentement la tête vers Alayna.

Elle était là, debout devant lui, immobile, le souffle à peine perceptible, ses grands yeux d'une couleur incroyable levés vers lui avec une intensité calme, presque irréelle.

Elle ne tremblait pas.

Mais ses joues roses trahissaient la panique discrète qui s'agitait en elle.

Elle n'avait jamais été embrassée. Jamais touchée. Jamais choisie.

Et maintenant, elle était là, dans cette robe éclatante, devant un homme qui ne l'avait pas désirée — mais qui la regardait comme s'il la voyait pour la première fois.

Adrien ne pensait plus à Jade. Ni à ses amis. Ni aux journalistes.

Juste à cette bouche légèrement entrouverte. À cette innocence pure. À ce parfum de vanille et de fleurs blanches qu'elle portait comme une seconde peau.

Il devait juste poser ses lèvres. Une formalité.

Mais au moment où il s'approcha, quelque chose dérapa.

Son regard descendit sur sa bouche. Et, sans prévenir, il glissa une main derrière sa nuque, l'attira à lui... et l'embrassa.

Pas un simple baiser.

Un vrai. Lent. Profond. Presque tendre.

Alayna fut figée, surprise, incapable de bouger.

Puis, doucement, elle ferma les yeux.

Ses lèvres eurent le goût inattendu du vertige.

Le monde entier s'effaça, ne laissant que la brûlure douce de ce premier contact.

Elle sentit sa chaleur, sa force, son parfum boisé mêlé à celui du cuir.

Elle sentit son cœur exploser dans sa poitrine.

Ce n'était pas comme dans les livres qu'elle lisait en secret. C'était plus fort, plus réel, plus bouleversant.

Et c'était Adrien.

Sa bouche était chaude, experte, mais respectueuse.

Il la tenait comme quelque chose de fragile.

Ses doigts dans sa nuque ne tremblaient pas.

Et quand il s'écarta, leurs regards restèrent accrochés.

Adrien la fixa une seconde de trop.

Comme s'il s'était trahi.

Comme s'il avait oublié... qu'il n'était pas censé ressentir quoi que ce soit.

Puis il recula d'un pas. Se redressa. Reprit sa posture de statue.

Mais dans ses yeux bleus, il y avait une faille. Minuscule. Visible seulement d'elle.

Alayna, elle, se tenait droite, les joues brûlantes, les lèvres encore frémissantes.

Son premier baiser. Son premier homme.

Et ce n'était pas n'importe qui.

C'était l'homme d'une autre.

Chapitre 5 – Partie 2 :La réception dorée et les ombres

Les violons s'élevèrent de nouveau, un air délicat et vaporeux, masquant les émotions trop lourdes.

Les invités applaudirent avec élégance. Certains étaient sincèrement émus, d'autres simplement impressionnés par la mise en scène impeccable : un mariage digne d'un conte moderne. Les flashs des photographes capturèrent l'instant comme s'il s'agissait d'une scène royale.

Mais ni Adrien ni Alayna ne souriaient.

Sous l'arche fleurie, ils restaient figés, l'un à côté de l'autre, comme deux statues trop humaines. Lui, la mâchoire serrée, les yeux égarés. Elle, le teint rosé par l'émotion, le cœur battant au bord du vertige.

Un baiser avait brisé le silence. Mais il avait aussi brisé leurs règles.

Adrien recula d'un pas, tendit machinalement le bras.

— Viens.

La main d'Alayna se posa sur la sienne, douce, tiède, hésitante. Ensemble, ils descendirent l'allée sous les regards de centaines de convives. Les flashs crépitaient, les conversations chuchotées suivaient chacun de leurs pas.

Ils venaient de s'unir. Et pourtant, ils semblaient plus étrangers que jamais.

18h58 – Réception

La verrière brillait d'un faste étourdissant. Les tables rondes, nappées de lin ivoire, scintillaient sous la lumière des lustres suspendus. Argenterie gravée, flûtes en cristal taillé, assiettes en porcelaine fine. Chaque centre de table débordait de roses blanches et d'orchidées, posées dans des vases dorés.

Les conversations mondaines résonnaient partout : on parlait d'art contemporain, de voyages en yacht aux Maldives, de nouveaux contrats financiers à Wall Street. Les rires feutrés se mêlaient aux tintements de verres. Le parfum des femmes, mélange de jasmin, de musc et de fleurs rares, saturait l'air.

Au centre, légèrement surélevée, se dressait la table d'honneur. Adrien y prit place sans enthousiasme, Alayna à sa droite. Elle garda le dos droit, un sourire poli sur les lèvres, les mains jointes sur ses genoux pour cacher leur léger tremblement.

Chaque fois qu'on s'adressait à elle, elle répondait avec douceur.

— Vous êtes une fille bien chanceuse, glissa une tante élégante.

— Vous allez adorer cette vie, dit une autre.

— Adrien est l'homme le plus convoité de New York... et désormais, il est vôtre.

Des mots vides, qui sonnaient comme des chaînes.

Alayna souriait par devoir, mais son cœur se serrait. Elle se sentait observée, disséquée, jugée par des dizaines de paires d'yeux. Dans cette cage de cristal, elle n'était pas une épouse : elle était une vitrine.

Adrien, lui, buvait son champagne sans y toucher vraiment. Sa main effleurait nerveusement le bord de son verre. Ses pensées s'assombrirent quand il vit une silhouette familière entrer dans la verrière.

Jade.

Elle portait une robe rouge fendue, drapée comme une seconde peau, révélant ses jambes interminables. Son rouge à lèvres sang contrastait avec sa peau pâle, ses cheveux noirs en chignon parfait .

Et ses yeux... fixés uniquement sur Adrien.

Elle ne regarda pas Alayna. Pas une seule seconde.

Le cœur d'Alayna se serra. Elle comprit sans qu'on le lui dise. Cette femme n'était pas une simple invitée. C'était une présence brûlante, un avertissement silencieux.

Un rire éclata soudain derrière la mariée. Dimitri, déjà un peu ivre, plaisantait à voix haute en levant son verre.

— Adrien, tu sais recevoir ! Et ta femme... quelle beauté fragile. Tu devrais la garder à l'œil, ou quelqu'un d'autre s'en chargera.

La remarque fit sourire plusieurs convives, mais elle heurta Alayna comme une lame déguisée en compliment. Elle baissa légèrement la tête, pour masquer la brûlure dans ses yeux.

Adrien, lui, se raidit. Puis, brusquement, il se leva.

— Je reviens, souffla-t-il à Alayna, sans la regarder.

Elle hocha la tête, figée.

Il descendit les marches de la scène, saluant poliment au passage un investisseur, une vieille tante, deux associés de Wall Street. Ses pas lents, mesurés, résonnaient comme une provocation.

Jade l'attendait dans un coin lounge, coupe de champagne à la main. Elle souriait déjà, certaine de son pouvoir.

Alayna, seule à la table d'honneur, sentit tous les regards peser sur elle. Les murmures se multipliaient, certains compatissants, d'autres cruels.

Elle garda la tête haute. Mais à l'intérieur, une pensée terrible l'assaillait :

Ce n'était pas seulement un mariage arrangé.

C'était un piège de velours.

Adrien & Jade – Coin VIP

Le coin VIP était baigné d'une lumière plus tamisée que le reste de la verrière. Les fauteuils en velours sombre entouraient de petites tables basses où scintillaient des coupes de champagne. Ici, les conversations étaient plus intimes, les regards plus appuyés.

Adrien s'y engouffra, le visage fermé, une main dans la poche de son pantalon de costume, l'autre tenant son verre. Il voulait fuir les yeux insistants des convives, mais ce fut pour tomber dans ceux, brûlants, de Jade.

Elle l'attendait, assise avec l'aisance d'une reine. Sa robe rouge semblait embraser le coin tout entier. Quand elle se leva pour l'accueillir, un sourire ironique glissa sur ses lèvres peintes de carmin.

— Ce baiser, hein ? lança-t-elle, la voix douce mais acide.

Adrien ferma brièvement les yeux, comme pour contenir sa colère.

— Ne commence pas, souffla-t-il, grave, la mâchoire serrée.

Jade pencha la tête, amusée.

— T'as failli y mettre la langue, Delcourt. Impressionnant, pour un "mariage de façade".

Il passa une main nerveuse dans ses cheveux, son regard se détournant un instant.

— C'était pour les invités. Pour le spectacle.

— Bien sûr... dit-elle, en traînant les mots. Tu joues tellement bien la comédie. Presque trop bien.

Elle franchit la distance qui les séparait et posa sa main fine sur sa chemise, juste là, au niveau de son torse. Son pouce effleura presque imperceptiblement le rythme rapide de son cœur.

— Elle est jolie, ta petite épouse, reprit Jade d'une voix basse, presque caressante. Trop douce pour ce monde. Trop naïve. Tu vas la briser, Adrien. Tu le sais, pas vrai ?

Il attrapa sa main, doucement mais fermement, et l'écarta de lui.

— Je lui ai proposé un contrat clair, dit-il froidement. Ce mariage est un arrangement. Rien de plus.

Elle haussa un sourcil, un éclat de jalousie brillant dans ses yeux noirs.

— Et pourtant... tu l'as embrassée comme une femme que tu désires. Pas comme une épouse d'affaires.

Un silence lourd tomba entre eux. Adrien détourna le regard, pris d'un trouble qu'il refusait d'admettre, une chaleur qu'il aurait voulu étouffer.

— Je veux pas parler d'elle ce soir, lâcha-t-il d'une voix sombre.

Jade se redressa, son sourire s'effaçant, remplacé par une blessure contenue.

— Et moi, je veux pas être une ombre pendant que tu joues à la vie parfaite avec une poupée fragile.

Elle pivota sur ses talons et s'éloigna, le dos droit, la démarche d'une reine offensée. Sa robe rouge fendait la foule comme une flamme.

Adrien resta seul, immobile.

Et dans le silence de ce coin feutré, une image le hanta malgré lui : le visage d'Alayna, ses yeux grands ouverts de stupeur, ses lèvres légèrement entrouvertes sous son baiser. Ce petit souffle surpris qui avait trahi sa pureté.

Il serra les dents.

— Ce n'était rien. Rien du tout, murmura-t-il pour lui-même.

Mais son cœur battait encore trop vite pour que ce soit vrai.

Alayna – Seule à la table des mariés

La salle vibrait de mille éclats.

Les coupes de champagne tintaient, les rires s'élevaient, les danses débutaient sous les lustres étincelants. Des serveurs en gants blancs passaient entre les convives avec une élégance étudiée. Tout semblait parfait, orchestré, somptueux.

Tout le monde célébrait.

Tout le monde... sauf elle.

Alayna se tenait droite à la table des mariés, les mains croisées sur ses genoux, le regard perdu. Un sourire figé barrait ses lèvres, mais ses yeux trahissaient son absence. Chaque fois que quelqu'un la félicitait, elle hochait poliment la tête, sans vraiment entendre. Elle ne connaissait personne, ou si peu. Elle se sentait étrangère au milieu de ce théâtre de richesse.

Et lui ?

Son mari. Son époux.

Adrien.

Il n'était plus là. Parti sans un mot. Parti vers cette femme en rouge que tous semblaient reconnaître, mais dont personne n'osait prononcer le nom devant elle. Les regards discrets suffisaient. L'air lui-même vibrait d'un secret qu'elle n'était pas censée découvrir.

Camille, sa cousine, s'approcha discrètement, posant une main rassurante sur son épaule.

— Tu veux de l'eau ? Ou... quelque chose de plus fort ? murmura-t-elle, comme pour alléger le poids de l'instant.

Alayna secoua doucement la tête, ses boucles brunes effleurant ses joues rosées.

— Juste un peu d'air, répondit-elle, la voix à peine audible.

Elle se leva, gracieuse malgré la lourdeur de sa robe, et se fraya un chemin entre les tables, sous quelques regards curieux. Elle sortit par une porte dérobée et suivit un couloir bordé de portraits anciens, avant de déboucher sur une petite terrasse en pierre.

Dehors, l'air d'été la caressa, tiède, parfumé de jasmin. Elle retira ses chaussures, ses pieds nus touchant la pierre encore chaude du jour. Elle ferma les yeux et leva son visage vers le ciel étoilé.

Une larme menaça, mais elle l'étouffa aussitôt. Non. Pas ici. Pas maintenant.

Elle venait de se marier.

Et pourtant, jamais elle ne s'était sentie aussi seule de toute sa vie.

Son esprit revint malgré elle à ce baiser. Ce premier baiser qu'elle avait tant redouté, tant rêvé, aussi. Son cœur avait cru y lire une vérité, une promesse. Mais ce n'était sans doute qu'un décor de plus. Une illusion.

Un mensonge.

Et pourtant... ses lèvres en brûlaient encore.

Chapitre 5 – Partie 3 :Fin de mariage, début de silence

22h24 – Domaine Delcourt – Verrière à moitié vidée

Les violons s'étaient tus depuis longtemps.

À présent, un saxophone jazzy s'élevait paresseusement dans l'air saturé de champagne et de parfums entêtants. La piste, illuminée de mille reflets dorés, était encore occupée par quelques couples obstinés, tandis que les tables se vidaient peu à peu.

Les conversations se faisaient plus bruyantes, moins distinguées.

Les rires sonnaient faux.

Les talons s'enfonçaient dans les tapis persans.

Le faste commençait déjà à s'effriter.

Le mariage Delcourt–Everdeen touchait à sa fin.

Alayna – sur la terrasse latérale

Elle s'était éclipsée depuis longtemps.

Assise sur le banc de pierre, la robe froissée, le voile défait, elle avait retiré ses escarpins. Ses pieds nus touchaient le sol glacé, comme pour l'ancrer dans une réalité qu'elle aurait voulu fuir.

Sa mère était venue la rejoindre. Elles avaient eu une discussion intense, à la fois sensible et douloureusement sincère. Hélène l'avait serrée contre elle avec une force presque désespérée, la remerciant d'avoir accepté de sauver l'honneur de leur famille. Puis elle avait ajouté d'une voix vibrante :

— Avec Adrien, tu seras heureuse, mon amour. Tu auras une meilleure vie, tu poursuivras tes études dans les plus grandes écoles. Fais-lui confiance, et sois la femme que les Delcourt attendent.

Les doigts d'Alayna glissaient distraitement sur les broderies de sa robe Elie Saab. Chaque perle semblait peser une tonne, comme si son poids écrasait ses rêves. Les paroles de sa mère résonnaient encore dans son esprit, et plus elles s'imposaient, plus son cœur se serrait. Elle se sentait vendue, sacrifiée. Jetée dans une vie qui n'était pas la sienne. Ses espoirs, ses ambitions, tout cela n'était qu'un mirage... un rêve réservé à une autre femme, libre. Elle, en revanche, n'était qu'une fille née pour obéir, pour accomplir une mission dictée par ses parents, mais jamais pour vivre selon son propre désir.

Au loin, des éclats de voix lui parvenaient encore. Elle reconnaissait parfois le rire cristallin d'une femme, le timbre grave d'un homme, mais tout cela semblait appartenir à un monde qui ne la concernait plus.

Jamais elle ne s'était sentie aussi seule.

Son cœur s'effondrait lentement, en silence.

Dans la salle, Jade brillait. Toujours collée à Adrien. Complice. Légitime.

Et pourtant... ce n'était pas elle qu'il avait embrassée sous l'arche fleurie.

C'était elle. Alayna.

Alors pourquoi la brûlure de l'humiliation continuait-elle de courir dans ses veines, comme un poison ?

Adrien – dans le salon privé

Assis dans un large fauteuil en cuir, veste jetée sur le dossier, manches retroussées, Adrien tenait un verre de whisky qu'il faisait tourner machinalement. Ses cheveux noirs, désormais un peu en désordre, accentuaient la dureté de ses traits.

Tristan et Noah éclataient de rire à une anecdote. Dimitri, fidèle cynique, fumait en silence.

On parlait déjà du voyage. De la villa aux Bahamas. Des fêtes qui s'y prépareraient.

— Tu viens avec nous, Adrien ? lança Tristan avec son habituel sourire provocateur.

— Évidemment, répondit-il d'un ton plat. Je compte pas passer ma lune de miel à jouer au mari modèle.

Un éclat de rires. Mais lui ne souriait pas. Ses yeux glissèrent malgré lui vers l'extérieur. À travers la baie vitrée, il aperçut une silhouette isolée.

Alayna. Sur la terrasse. Pieds nus. La robe froissée. Le dos droit malgré tout.

Un pincement étrange. Fugace. Presque douloureux.

Il reposa son verre avec une lenteur calculée.

— Je vais lui dire qu'on décolle demain matin, murmura-t-il.

Dimitri arqua un sourcil ironique.

— Tu veux vraiment l'embarquer avec nous ? Avec Jade ?

— Elle est ma femme. Aux yeux du monde, je dois jouer le jeu.

— Et la nuit, tu dors où ?

Adrien planta son regard bleu glacé dans le sien.

— Pas avec elle.

Un silence lourd. Puis il sortit.

23h01 – Terrasse – Adrien & Alayna

La nuit était douce. Le vent faisait frémir le tulle de sa robe.

Adrien s'approcha sans bruit, ses pas étouffés par la pierre.

— Tu comptes attraper froid ? demanda-t-il d'un ton presque neutre.

Elle ne bougea pas. Ne se retourna pas. Son regard restait fixé sur l'horizon noir.

Il s'assit à côté d'elle. Leurs épaules presque se touchaient, mais le vide entre eux semblait infranchissable.

— Tu n'as rien mangé, souffla-t-il.

— Je n'avais pas faim.

Un silence dense s'installa.

— On part demain matin. Jet privé. 11h.

— Où ? demanda-t-elle sans émotion.

— Les Bahamas. Avec des amis à moi.

Elle tourna enfin la tête. Ses yeux noisette, d'ordinaire doux, étaient cette fois acérés.

— Tes amis... et Jade ?

Il soutint son regard.

— Oui. Jade et Lola aussi.

Elle eut un rire sec, presque amer.

— Et tu comptes me faire dormir dans la buanderie pendant que tu partages une suite avec ta... "vraie femme" ?

Son visage se crispa.

— Ce n'est pas ce que tu crois.

— Alors c'est quoi ? demanda-t-elle, glaciale. Ce n'est "que" ce que je crois ?

Le silence les avala.

Adrien, crispé, reprit plus sec :

— Tu savais dans quoi tu mettais les pieds. Ce mariage est un contrat. Rien d'autre. Tu auras tout ce que tu veux, mais...

— Mais pas toi, termina-t-elle pour lui, sans faillir.

Il ne répondit pas.

Elle se leva. Droite. Majestueuse malgré la fragilité évidente de son corps épuisé.

Ses yeux brillaient, mais elle refusa de pleurer.

— Tu sais ce qui est drôle, Adrien ? Ce soir... j'ai presque cru que tu pouvais me voir. Vraiment me voir. Juste une seconde.

Il se leva aussi.

— Je t'ai vue. Je t'ai trouvée belle.

Elle sourit. Un sourire triste, brisé.

— Et tu m'as embrassée.

— C'était pour les invités, répondit-il trop vite.

Mais même lui ne croyait pas à ses propres mots.

Alayna inclina doucement la tête.

— Arrête, Adrien.

Puis elle se détourna. La traîne de sa robe glissait sur la pierre comme une plainte silencieuse. Elle regagna la verrière seule, laissant derrière elle l'homme qui, pour la première fois, se demanda s'il n'avait pas commis une erreur en voulant tout contrôler.

Chapitre 5 – Partie 4 :La danse des masques

23h27 – Verrière du domaine Delcourt

La fête s'essoufflait. Quelques couples dansaient encore au centre de la piste, bercés par le saxophone qui improvisait une mélodie sensuelle. Les lustres scintillaient doucement, et les bougies reflétaient des éclats d'or sur les verres de cristal à moitié vides.

Alayna venait de revenir de la terrasse. Elle s'était assise à la table des mariés, seule, reprenant son souffle. Son voile avait glissé, ses cheveux encadraient son visage avec douceur, et pourtant, ses yeux brillaient d'une fatigue lourde, presque douloureuse.

Adrien entra à son tour. Son regard, aussitôt, se posa sur elle.

Il ne supportait pas de la voir isolée, fragile, exposée aux regards curieux de ceux qui chuchotaient déjà sur son compte.

Il s'avança, d'un pas sûr.

— Viens. Danse avec moi, dit-il d'une voix grave.

Alayna releva la tête, surprise.

— Non... je préfère rester ici.

Il haussa un sourcil, presque amusé.

— C'est notre mariage, Alayna. Les gens nous observent. Tu veux qu'on dise quoi, si la mariée reste seule dans un coin ?

Elle pinça les lèvres.

— Qu'ils disent ce qu'ils veulent.

Mais Adrien, implacable, tendit la main vers elle.

— Debout.

— Adrien... murmura-t-elle, hésitante.

Son regard bleu, brûlant d'autorité, s'accrocha au sien.

— Tu vas danser avec moi. Maintenant.

Un silence s'étira. Puis, malgré elle, Alayna posa sa main dans la sienne. Sa peau tiède se referma sur ses doigts fragiles, et il l'attira doucement, presque avec force, jusqu'au centre de la piste.

La musique s'éleva, plus lente, plus intime.

Les invités cessèrent de parler, fascinés par le couple qui s'avançait.

Adrien posa une main ferme dans le creux de son dos.

Elle tressaillit.

Son autre main emprisonnait la sienne, guidant ses pas avec une précision sans faille.

— Laisse-toi faire, souffla-t-il près de son oreille.

— Tu m'intimides, dit-elle à voix basse.

— C'est bien. Comme ça, tu ne penseras qu'à moi.

Il la fit tourner doucement, la ramenant contre lui, si près que son parfum boisé l'enveloppait entièrement. Leurs corps n'étaient qu'à quelques centimètres, mais cette distance minime brûlait comme une flamme invisible.

Alayna sentait son cœur battre trop vite. Elle essayait de garder son calme, mais ses yeux se perdaient dans les siens. Adrien, lui, souriait à peine, concentré sur elle comme si le monde entier avait disparu.

Les regards autour

Les invités murmuraient.

— Comme ils sont beaux...

— Un couple digne d'un magazine...

— On dirait qu'ils s'aiment déjà.

Mais une personne, au fond de la salle, bouillonnait.

Jade.

Dans sa robe rouge écarlate, une coupe à la main, ses yeux lançaient des éclairs. Elle regardait Adrien, son Adrien, danser avec cette gamine qu'on lui avait imposée. Et pire encore : il ne jouait pas. Il était dedans. Vraiment.

Ses doigts se crispèrent autour du cristal. Ses lèvres serrées se fendirent d'un rictus de rage contenue.

— C'est une mascarade, marmonna-t-elle pour elle-même.

Adrien fit un dernier pas, arrêta le mouvement, et la ramena contre lui.

Leurs regards se croisèrent. Le temps sembla suspendu.

Il murmura, assez bas pour qu'elle seule entende :

— Tu vois ? Quand tu me laisses guider, tu es parfaite.

Alayna, le souffle court, détourna les yeux.

Elle voulait protester. Mais son corps tremblait encore de l'intensité de cette danse.

Les applaudissements éclatèrent. Des sourires autour d'eux.

Mais au même instant, une chaise racla violemment le sol.

Jade.

Elle s'était levée d'un geste sec, ses talons claquant furieusement contre le marbre.

Sans un mot, sans un regard pour personne, elle traversa la verrière d'un pas de reine offensée et quitta la salle.

Adrien suivit la scène du coin de l'œil. Son sourire, discret, à peine perceptible, trahit une satisfaction glaciale.

Puis il se pencha vers Alayna.

— Tu vois, murmura-t-il, c'est toi, maintenant, qui attires tous les regards.

Alayna resta silencieuse. Mais au fond d'elle, un trouble naissait.

Un trouble dangereux, qu'elle n'avait jamais connu avant ce soir.

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Comments (1)
goodnovel comment avatar
Farida Djabali
🫶🏼🫶🏼🫶🏼
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    Lundi – 11h – Villa Delcourt, BahamasLe silence avait quelque chose de déroutant.Après le départ de la voiture, la villa paraissait soudain immense, vide... et pleine de promesses.Les voiles de lin flottaient doucement dans la brise tropicale, tandis que la mer scintillait à l'horizon, d'un bleu presque irréel.Alayna marchait pieds nus sur les dalles en pierre chaude, sa robe bleu marine effleurant ses jambes bronzées. Elle se sentait étrange. Exposée. Vulnérable.Mais aussi plus légère — comme si le poids des regards, des attentes, des mensonges s'était envolé avec les valises de ses beaux-parents.Adrien, adossé à la rambarde de la terrasse, les mains dans les poches, la regardait sans un mot.— Tu veux qu'on aille marcher un peu ? proposa-t-il, la voix plus douce qu'à l'accoutumée.Alayna hocha la tête.Elle n'avait jamais été douée pour les grands discours... mais marcher, respirer, partager un silence avec lui, ça, elle pouvait le faire.Ils descendirent ensemble vers la plag

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    La villa baignait dans une lumière dorée.Le soleil du matin filtrait à travers les immenses rideaux de lin blanc, dessinant des reflets chauds sur les draps de soie.Adrien ouvrit lentement les yeux, troublé par la clarté.Un souffle chaud, léger, contre sa peau lui fit tourner la tête. En baissant les yeux, il s'immobilisa.Alayna.Elle dormait profondément, blottie contre lui. Ses bras entouraient sa taille, sa joue reposait sur son torse nu. Son souffle régulier caressait sa peau, si doux qu'il en frémissait.Elle semblait si paisible. Si innocente.Un ange endormi dans ses bras.Adrien sentit son cœur s'emballer.Il glissa lentement ses doigts dans la chevelure châtaine d'Alayna, en fit glisser quelques mèches entre ses doigts, effleurant ensuite la courbe délicate de sa joue, ses cils, puis ses lèvres entrouvertes.Son regard s'assombrit.Il la désirait. Terriblement.Cette proximité, cette chaleur, cette beauté fragile... tout en elle éveillait en lui un feu qu'il peinait à maî

  • His wife against my will (sa femme malgré moi )   Chapitre 21— héritier et promesse

    Terrasse de la villa, BahamasLe soleil du matin brillait doucement sur l'océan turquoise, caressant la surface d'une lueur d'or et d'azur.Alayna était seule. Adrien avait rejoint ses amis pour leur dire au revoir. Assise à une table de marbre près de la piscine, une coupe de jus de fruits à la main, elle profitait du calme ambiant.Sa robe blanche, légère comme un souffle, laissait deviner la douceur de sa peau sous les rayons du soleil. Ses cheveux encore humides séchaient en ondulations naturelles autour de son visage, et sa peau tiède, parsemée de lumière, semblait presque irréelle.Elle paraissait sereine.Mais cette paix fragile se brisa soudain sous le claquement sec de talons sur le carrelage de la terrasse.— Quel tableau parfait, murmura une voix derrière elle.Alayna se retourna lentement.Jade s'avançait, silhouette sculpturale drapée d'une robe fendue couleur émeraude, épousant la moindre de ses courbes. Ses lèvres, d'un rouge flamboyant, contrastaient avec la froideur c

  • His wife against my will (sa femme malgré moi )   Chapitre 20 — Le jeu devient réalité

    Le matin, dans la villa de Nassau Le soleil baignait la villa d'une lumière dorée, mais l'air dans le hall d'entrée était glacial. Les talons d'Éléonore Delcourt claquaient sur le marbre blanc, résonnant comme des coups de marteau. Dans un tailleur Chanel immaculé, ses cheveux tirés en un chignon parfait, elle avait l'allure d'une impératrice venue rendre son verdict. Dans une main, un téléphone. Dans l'autre, un journal imprimé. Elle n'avait prévenu personne. Et quand son regard s'arrêta sur la une, son expression devint de marbre. Première page : Adrien, dans le carré VIP du Mirage, torse contre Alayna, lèvres proches. Plus bas : une photo floue, mais explicite : Jade, retenue par Tristan, prête à gifler Alayna. Un scandale en pleine lumière. Le hall se figea. Lola, Tristan, Noah, Dimitri... et Adrien, le regard creusé par une nuit blanche. Mais ni Jade... ni Alayna. — Un... séjour entre copains ? lança Éléonore d'un ton acide, balayant la villa d'un regard assassin. On rit

  • His wife against my will (sa femme malgré moi )   Chapitre 19 — Le silence après la tempête

    — L'explosion:Le carré VIP du Mirage brillait de mille feux. Les bouteilles de champagne s'alignaient comme des trophées, les bulles éclataient dans des flûtes étincelantes, et les flashs de téléphones crépitaient entre rires feutrés et murmures indiscrets.Mais lorsque Adrien et Alayna réapparurent, main dans la main, le silence tomba d'un seul coup.Un silence tranchant.Tous les regards convergèrent vers eux.Sur un sofa de velours, Jade les aperçut... et son sang ne fit qu'un tour. Elle se leva d'un bond, ses talons claquant violemment contre le sol de marbre.— Tu te fous de moi, Adrien ?! hurla-t-elle. Tu fais quoi là, hein ?! Avec elle ? Devant tout le monde ?!Alayna baissa aussitôt les yeux, confuse, ses joues brûlantes sous le poids des regards. Mais Adrien, lui, resta impassible, son visage fermé.— Ce que je fais ne te regarde plus, Jade.— Oh, vraiment ?! cracha-t-elle en avançant vers eux, les poings serrés.Ses yeux lançaient des éclairs, son corps tout entier vibré p

  • His wife against my will (sa femme malgré moi )   Chapitre 18 — Le feu et la glace

    Alayna était restée silencieuse durant tout le trajet.Ses mains délicates reposaient sur ses genoux, crispées contre le satin noir de sa robe, comme si elles cherchaient un point d'ancrage. Assise entre Dimitri et Lola, elle s'efforçait d'ignorer les éclats de rire qui provenaient de l'avant.Adrien, majestueux dans son costume parfaitement ajusté, était installé aux côtés de Jade. Une proximité qui lui brûlait la poitrine à chaque regard furtif. Jade riait fort, penchée vers lui, effleurant son bras comme pour marquer son territoire. Alayna baissa les yeux, incapable de soutenir plus longtemps cette vision. Pourtant, au fond d'elle, une petite voix murmurait qu'il n'était pas vraiment à elle, qu'il ne l'avait jamais été.La voiture de luxe glissa sur la route illuminée, avant de s'arrêter devant l'entrée privée du Mirage, l'un des clubs les plus prisés et sélects des Bahamas. À l'extérieur, une file d'attente interminable serpentait le long de la façade étincelante, mais pour la dél

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