Masuk01h17 – Route privée menant au manoir Delcourt
La pluie avait commencé à tomber doucement, fine, presque timide. Comme si le ciel lui-même n'osait pas pleurer trop fort. Dans l'intérieur cuir beige d'une Bentley Mulsanne, tout respirait le luxe et le silence. L'odeur du cuir neuf se mêlait à celle du parfum d'Adrien, boisé, entêtant. La lumière tamisée du plafond dessinait des reflets dorés sur leurs visages fatigués. Adrien, assis à gauche, le regard figé vers la vitre, semblait absent. Les gouttes de pluie glissaient sur le verre comme des larmes qu'il refusait de verser. Alayna, immobile, tenait encore son bouquet défraîchi sur ses genoux. Les pétales froissés semblaient partager sa détresse silencieuse. Le chauffeur, ganté de blanc, roulait sans un mot. Les pneus effleuraient la route humide comme dans un souffle étouffé. Ils venaient de quitter la verrière. Les invités s'étaient dissipés. Les derniers flashs des photographes s'étaient éteints. La pièce montée avait été tranchée. Le mariage était terminé. Mais ce silence, dans cette voiture, était plus lourd que tous les discours hypocrites de la soirée. ⸻ Adrien soupira le premier. Un souffle bas, presque rauque. Ses doigts tirèrent nerveusement sur la soie noire de sa cravate, qu'il desserra d'un geste brusque. Sa chemise légèrement humide se colla à sa peau, soulignant la tension de son torse. Il posa ses coudes sur ses genoux, le dos voûté, comme si le poids de la soirée s'abattait enfin sur lui. — Tu vas finir par me haïr, dit-il d'un ton calme, presque las. Alayna tourna lentement la tête vers lui. Sa peau était pâle, éclairée par la lumière dorée de l'habitacle. Ses cheveux chatain s'étaient assombris avec l'humidité, une mèche collant à sa tempe. — Et toi, tu ne t'en veux même pas... un peu ? — Pour quoi ? Pour t'avoir épousée sans t'aimer ? Son regard restait fixé droit devant lui, impassible. — Tu savais, Alayna. On savait tous les deux. Elle secoua la tête. Son voile avait été retiré, mais son visage portait encore la marque de l'attente déçue. — Non... Je croyais savoir. Je croyais pouvoir supporter. Être forte. Être digne. Mais je me suis trompée. Elle se tourna entièrement vers lui. Ses yeux brillaient d'une intensité douloureuse, sans larmes pourtant. — Je t'ai regardé toute la soirée, Adrien. Entouré de femmes, de sourires, de regards qui te dévoraient. Et toi... tu brillais. Tu étais chez toi, dans ton monde. Et moi ? Moi, j'étais quoi, à côté de toi ? Il la fixa enfin. Son visage si délicat, presque irréel dans la lueur tamisée, lui donna l'impression de voir une statue de porcelaine fragile posée dans un univers de marbre froid. — Tu étais... la mariée. — Non, répondit-elle avec une amertume douce. J'étais l'invitée de trop. ⸻ Le silence revint, ponctué seulement par le martèlement régulier de la pluie sur le toit. Adrien se redressa lentement, comme s'il prenait une décision. — Tu veux que je te dise la vérité ? Ce soir... quand tu es entrée dans la verrière, avec cette robe et ce regard... j'ai perdu pied. Elle haussa un sourcil, incrédule. — Ah oui ? Alors pourquoi tu as passé la soirée avec Jade ? Il inspira profondément, ses mâchoires se crispant. — Parce que c'est ce que je connais. Parce que je n'ai pas le droit d'aimer autre chose. Parce que... toi, tu me fais peur. Elle tressaillit. — Moi ? Je te fais peur ? Il planta enfin son regard sombre dans le sien, sans détour. — Tu n'es pas comme elles. Tu ne veux rien de moi... sauf un cœur. Et c'est justement ce que je ne sais pas offrir. — Tu n'as même pas essayé, murmura-t-elle. ⸻ Le chauffeur annonça qu'ils arrivaient. Les grilles du manoir s'ouvraient lentement, majestueuses sous la pluie. Les projecteurs extérieurs illuminaient la façade, faisant briller la pierre comme un palais sorti d'un rêve. Adrien, pourtant, ne regardait pas son domaine. Il se tourna vers elle. Puis, d'un geste hésitant, presque rare chez lui, il posa sa main sur la sienne. Sa paume était chaude, ferme, contrastant avec la froideur glaciale de ses doigts. Alayna frissonna. Elle resta figée quelques secondes, incapable de se détacher de cette sensation troublante. — Alayna... Sa voix était basse, rauque, presque une confession. — Je ne suis pas prêt. Mais je ne te déteste pas. Et je ne veux pas te briser. Elle retira doucement sa main, sans brusquerie, comme on ferme une porte avec délicatesse. — Alors ne promets rien. Et ne me touche pas si ce n'est pas réel. Il hocha lentement la tête, le regard sombre. ⸻ La voiture s'arrêta devant le manoir Delcourt. Un majordome en gants blancs ouvrit la portière sous la pluie battante. Le manoir brillait comme un château sous la nuit, immense, intimidant, mais glacial dans sa perfection. Adrien descendit le premier. Il tendit la main vers elle, chevaleresque malgré la froideur. Elle le regarda longuement. Hésita. Puis, lentement, la prit. Et pour la première fois... même au milieu de ce froid, même dans cette nuit de solitude, Alayna sentit qu'il restait peut-être... un souffle de chaleur à venir. Chapitre 6 – Partie 2 : Nuit blanche ⸻ 01h46 – Manoir Delcourt, aile principale – Suite des mariés Le majordome referma la porte avec un silence cérémonieux. Alayna resta figée, les yeux écarquillés, devant la chambre qui s'offrait à elle. Plutôt... une cathédrale. Un plafond à caissons peints à la main, des moulures dorées scintillant sous la lumière chaude des chandeliers, un lit à baldaquin immense drapé de satin ivoire. Les fenêtres en arc de cercle laissaient filtrer la brume de pluie qui enveloppait les jardins. L'odeur subtile de bois ancien et de cire flottait dans l'air, mêlée à celle du parfum délicat qu'elle portait encore. Au fond, un dressing ouvert révélait une penderie digne d'une boutique Dior privée. Adrien, déjà détendu, s'était défait de sa veste. Il la posa avec soin sur un fauteuil de velours, ses gestes lents et félins, chaque mouvement maîtrisé. La lumière tombait sur son dos tendu sous la chemise blanche sur-mesure, chaque muscle semblant sculpté par un artiste invisible. Alayna, toujours dans sa robe de mariée, se tenait droite au centre de la pièce, mal à l'aise. — C'est ici qu'on est censés... dormir ? souffla-t-elle, les mains croisées devant elle. — Ce sera ici pour ce soir, répondit-il simplement, sans détourner le regard. Elle cligna des yeux, surprise. — Ce soir ? Tu veux dire... pas seulement au manoir ? — Juste cette nuit. Une tradition, dit-il doucement. Ma mère tenait à ce que nous dormions ici, pour l'image... et le respect. Il lui offrit un léger sourire en coin, presque ironique. — Demain matin, nous prendrons le jet pour les Bahamas. Enfin... un voyage entre amis, comme tu l'as compris. Alayna détourna les yeux, la poitrine serrée. Entendre la réalité du contrat formulée à voix haute lui fit mal. Adrien s'approcha, le geste léger mais calculé, et effleura une mèche rebelle sur sa tempe. — Ne t'inquiète pas. Tu auras ton espace. Ton intimité. Ce n'est pas un piège, Alayna. C'est juste... le prix du nom Delcourt. Puis il s'éloigna, avançant vers un meuble laqué où reposait un petit coffret en cuir blanc. Il l'ouvrit, révélant de la lingerie délicate, presque invisible, signée par un créateur parisien. Un mot était glissé entre les pièces : "À ma belle-fille. Toute déesse mérite une parure digne d'elle. — Éléonore" Alayna sentit ses joues s'embraser. — Elle est sérieuse... ? murmura-t-elle, presque honteuse. — Ma mère a un goût certain... et un certain sens de la provocation, répondit Adrien avec un sourire subtil. Il leva ses yeux vers elle, longtemps. — Tu devrais te changer. Tu dois étouffer dans cette robe. Il se détourna, dos à elle, avançant vers la baie vitrée. — Je ne te regarderai pas. Tu peux te changer tranquillement. Ensuite, tu prends le lit, je dormirai dans le salon attenant. C'est mieux ainsi. Alayna déglutit et se dirigea vers la salle de bains attenante. Ses doigts tremblaient légèrement en retirant les invisibles de son chignon et en essayant d'ouvrir sa robe. Fatigue et nervosité se mêlaient dans chaque mouvement. Alors qu'elle peinait à défaire la fermeture, Adrien entra discrètement. Son regard sombre la captura immédiatement dans le miroir. — Tu veux de l'aide ? demanda-t-il d'une voix grave, mais douce. Elle hésita, les joues rougissantes, et finit par hocher la tête. Il s'approcha lentement, ses pas feutrés résonnant à peine sur le marbre. Derrière elle, il se plaça si près qu'elle sentit la chaleur de son corps à travers la couche de tissu. Son reflet dans le miroir montrait un homme intense, concentré, plus captivé par elle que par ce qu'il faisait. Ses doigts effleurèrent la nuque d'Alayna, puis attrapèrent délicatement la petite languette de la fermeture. Chaque mouvement était calculé, mais son regard trahissait un trouble qu'il n'avouerait jamais. Alayna frissonna, incapable de détourner les yeux de son reflet. — Adrien... pourquoi tu... prends autant de temps ? murmura-t-elle, troublée. Ses doigts descendirent rapidement, déverrouillant la robe. — Désolé, dit-il en reculant brusquement, presque trop vite, conscient de l'effet qu'il avait produit. Sans un mot, il sortit, laissant Alayna seule, le souffle court, encore bouleversée par ce qu'elle avait vu dans son regard. L'eau chaude coula sur ses épaules, lavant la tension accumulée. Elle ferma les yeux, la tête appuyée contre le marbre, retrouvant un peu de solitude après le théâtre de la soirée. Elle choisit une nuisette ivoire, fluide et presque transparente. Chaque courbe était soulignée sans être exposée, un compromis subtil entre pudeur et désir imposé par la situation. Quand elle sortit enfin, Adrien se figea. Il avait promis de ne pas regarder, mais son souffle se coupa. La lumière dorée révélait sa silhouette, pieds nus, cheveux détachés, soie collant légèrement à sa peau satinée. Une chaîne en or ornait son cou délicat, un détail presque sacré au milieu de cette nudité élégante. — Tu... es splendide, souffla-t-il. — Tu avais dit... pas de regard, murmura-t-elle, honteuse. — Je sais. (Il détourna les yeux, mais son souffle trahissait l'admiration.) Pardon. Elle s'assit doucement sur le bord du lit. — Tu vas dormir... ailleurs ? demanda-t-elle à voix basse. Adrien saisit un coussin et un plaid de cachemire, se dirigeant vers le salon attenant. — Oui. Pour ce soir, c'est mieux. (Il s'arrêta un instant, sincère.) Je te respecte, Alayna. Et je ne veux pas qu'un contrat m'autorise à ce que ton cœur refuse. Elle le fixa longuement, puis hocha la tête. — Bonne nuit, Adrien. Il s'arrêta sur le seuil, silencieux. — Bonne nuit, Alayna. Chapitre 6 – Partie 3 : Le goût de l'interdit ⸻ 03h08 – Manoir Delcourt, salon attenant à la suite conjugale La lumière douce d'une lampe d'appoint dessinait des ombres dans les recoins de la pièce crème. Adrien était allongé sur le canapé de cuir italien, une main sous sa tête, l'autre reposant sur son torse nu. Sa chemise blanche, défait depuis quelques minutes, gisait sur le fauteuil à côté. Le sommeil le fuyait. Ce n'était pas le confort qui lui manquait. C'était le silence dans sa tête, un silence qu'Alayna venait de rompre sans le vouloir. Il avait cru pouvoir gérer. Mettre des règles. Cloisonner ses émotions. Protéger Jade. Respecter Alayna. Et pourtant... depuis ce baiser involontaire sous l'arche, depuis qu'elle était sortie de la salle de bain dans cette nuisette à peine opaque, tout avait basculé. Son esprit revenait inlassablement sur ce moment. Le regard timide mais fier d'Alayna, ses yeux couleur de printemps un mélange parfait de vert miel et noisette . Il avait croisé des centaines de femmes, des mannequins, des actrices, des femmes confiantes, provocantes, dénudées. Mais aucune n'avait eu cet effet-là. Cette pureté presque insoutenable. Cette innocence qui ne cherchait pas à plaire... et c'est précisément pour cela qu'elle l'obsédait. Il revit chaque détail, précis comme un tableau gravé dans sa mémoire : • Ses jambes longues et fines, pleines sans excès, sa taille délicate, • Le dos gracieux effleuré par la soie, la nuque offerte, • Et cette poitrine... ni vulgaire ni dissimulée, simplement pleine et parfaite. Un corps intact, vierge de tout désir consommé. Intouchable. Il ferma les yeux, mais l'image persistait. Marchant pieds nus, baissant les yeux, rougissante. La façon dont elle s'était assise au bord du lit, croisant ses bras sur sa poitrine, sans vraiment cacher ce qu'elle était... un mélange de pudeur et de sensualité brute. Le désir, nouveau, le dévorait. Ce n'était pas comme avec Jade. Jade savait jouer avec son corps comme une arme. Le sexe avec elle était un jeu de pouvoir, une maîtrise parfaite du plaisir. Mais avec Alayna... ce serait différent. Lent. Interdit. Irréversible. Il se redressa, passant une main dans ses cheveux noirs, nerveusement. — Elle est ta femme sur le papier. Pas dans ton lit. Pas dans ton cœur. Il fit quelques pas dans la pièce, chaque mouvement trahissant sa frustration. Chaque seconde loin d'elle le consumait davantage. Il s'appuya contre la fenêtre, observant les ombres dans le jardin, le verre de whisky serré dans la main. Une chaleur étrange monta en lui, mélange de désir et d'adrénaline, de contrôle et de perte de contrôle. Il devait se retenir. Rester fidèle à ses engagements. Respecter ce pacte silencieux avec Alayna. Et pourtant, son corps refusait d'obéir. — Tu deviens fou, murmura-t-il, presque à voix haute. Il but le reste du whisky d'un trait, les mâchoires serrées, la respiration un peu plus rapide. Il se dirige vers la salle de bain ouvre le robinet l'eau froide embrassa fortement son Corps nu et le libera de ce désir intense ,Et au fond de lui, il savait que ce n'était que la première nuit. Que l'interdit, déjà, avait goûté à son sang, et qu'il ne pourrait bientôt plus reculer. 08h30 – Suite conjugale, manoir Delcourt La lumière douce du matin filtrait à travers les lourds rideaux de soie, caressant la peau encore endormie d'Alayna. Ses longs cils se soulevaient doucement, et elle ouvrit lentement les yeux, encore engourdie par le sommeil. Le parfum délicat des draps fraîchement lavés flottait dans l'air, et un frisson parcourut son corps alors qu'elle s'étirait sous la chaleur des couvertures. Un petit toc toc léger se fit entendre à la porte. — Mademoiselle Delcourt... La voix douce et respectueuse de la domestique, Jeanne, résonna. ...le petit-déjeuner est prêt. J'ai apporté tout ce que vous pourriez désirer ce matin. Alayna cligna des yeux, intriguée. Jeanne entra, portant un plateau d'argent étincelant débordant de délices : croissants dorés, pain brioché à la mie filante, fruits exotiques découpés avec soin, pancakes moelleux nappés de sirop d'érable, œufs brouillés et saumon fumé. Une petite carafe de jus d'orange pressé et un vase avec une seule rose blanche complétaient le tableau. — On a tout préparé pour vous, mademoiselle... et... — Jeanne marqua une légère pause, comme pour mesurer ses mots — Monsieur Delcourt est parti tôt ce matin. Il a quelques affaires à régler avant votre... voyage. Il nous a fais toute une liste pour votre petit déjeuner sois parfait . Et madame Eléonore souhaite vous voir dans le salon tout a l'heure . Alayna sentit une vague de solitude la traverser. Adrien était parti si tôt... et elle se sentait étrangement vulnérable, même dans cette suite somptueuse. Et elle savait qu'Adrien jouait bien son rôle du parfait mari mais elle n'avait que suivre le scénario du film . — Et... ma belle-mère, elle m'attend ? murmura-t-elle, posant ses doigts délicats sur le bord du plateau. — Oui, madame. Jeanne lui adressa un sourire rassurant. Madame Delcourt vous attend dans le grand salon du manoir. Elle souhaite vous parler. Il serait préférable que vous mangiez bien et que vous vous prépariez... elle aime que tout soit parfait, surtout le matin. Alayna acquiesça, le cœur battant. Elle prit doucement un croissant, le goût du beurre et du sucre la ramena quelques secondes à la réalité. Le parfum de la rose et la chaleur du soleil matinal ne suffisaient pas à apaiser l'appréhension qui lui nouait l'estomac. Elle devait être à la hauteur, malgré sa timidité. Elle devait affronter Éléonore, sa belle-mère imposante et exigeante. ⸻ Salon d'honneur – 9h30 Une lumière dorée inondait le salon d'honneur. Les murs recouverts de boiseries sculptées, les toiles de maîtres et la cheminée en marbre donnaient à la pièce un air de palais. Alayna entra, vêtue d'un ensemble crème en soie signé Chanel. Ses cheveux étaient attachés en une queue basse élégante, et son maquillage discret soulignait ses yeux clairs. Un collier de diamants fins reposait autour de son cou, cadeau d'Éléonore Delcourt. La matriarche l'attendait, debout devant une série de portants de vêtements installés pour l'occasion. Des dizaines de robes de créateurs — Dior, Balmain, Saint Laurent, Valentino — toutes triées avec un soin méticuleux. À leurs pieds, des rangées de souliers Louboutin, Jimmy Choo, Manolo Blahnik. — Tu es enfin là, ma chère, dit Éléonore avec un sourire de façade. Nous n'avons pas beaucoup de temps, mais je tenais à ce que tu partes en voyage comme une véritable Delcourt. Toute ta garde-robe est prête pour les Bahamas. Alayna resta droite, tendue. — Merci, madame, murmura-t-elle. — Appelle-moi Éléonore, s'il te plaît. Tu es de la famille maintenant, insista la matriarche. Richard Delcourt s'avança alors. Costume gris anthracite, mains croisées dans le dos, regard dur mais respectueux. — Ce que tu vas découvrir dans les Bahamas est un autre monde. Tu porteras le nom Delcourt avec dignité. Tes vêtements, tes bijoux, ton attitude... tout doit dire que tu es l'épouse d'Adrien Delcourt. Pas une jeune fille ordinaire venue de nulle part. Il fit un geste, et une employée apporta un écrin de velours contenant une montre Cartier Panthère incrustée de diamants, un bracelet Tiffany et une bague saphir signée Graff. Alayna retint son souffle. — C'est beaucoup trop... — Non, dit Éléonore avec fermeté. C'est le strict nécessaire. Richard ajouta d'un ton sec : — Tout ce que tu porteras dira au monde entier qui tu es. Alayna sentit une morsure dans ses mots... mais ne montra rien. Elle serra légèrement les poings, ses doigts jouant avec le collier au cou. Elle se força à sourire, tentant de rester positive malgré la pression et la dette qui la liait à ce monde. Éléonore l'attira dans ses bras, avec un sourire enjôleur : — Ma chérie, si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi. Profitez de ce voyage pour mieux vous connaître... Et j'ai mis ce qu'il faut dans ta valise pour réchauffer vos nuits. Alayna resta silencieuse, un sourire presque angélique sur les lèvres, mais dans sa tête, la vérité la frappa : un voyage de noces... entre amis, avec Jade... je ne serai pas aussi optimiste que je le parais... 10h12 – Extérieur du manoir – Départ vers l'aéroport privé La cour était animée. Le soleil tapait sur les carrosseries lustrées des véhicules qui attendaient. Adrien, vêtu d'un pantalon beige Ralph Lauren et d'un polo blanc en maille, lunettes Persol sur le nez, s'approcha de la voiture où Alayna montait. Son regard glissa sur elle. Silhouette parfaite, tenue luxueuse, allure discrète mais puissante. Elle n'était plus « la fille d'un homme endetté »... Elle incarnait désormais une Delcourt. — Tu es prête ? murmura-t-il, le ton neutre mais attentif. Elle détourna légèrement les yeux, croisant ses mains sur ses cuisses. — Je suis habillée pour l'être, non ? répondit-elle, un léger sourire sur les lèvres. Adrien esquissa un sourire en coin. Elle n'était pas si docile qu'elle en avait l'air. — Le jet est prêt. Il est temps, dit-il simplement. Elle le regarda, le souffle un peu plus rapide que d'ordinaire. Elle n'était pas seulement belle. Elle était... déstabilisante. Adrien ravala un soupir et s'approcha, posant une main sur la portière de la voiture. — Mon père et ma mère t'ont gâtée. Ma mère a choisi tes vêtements... et tes sous-vêtements, précisa-t-il, un léger sourire espiègle au coin de sa bouche. — Ce n'est pas comme si je partais en lune de miel pour de vrai... murmura-t-elle. — Alayna... soupira-t-il, laissant son regard glisser sur elle. Un silence s'installa. Une brève tension flottait entre eux, palpable. — J'espère juste qu'il y aura assez de place pour Jade, ajouta-t-elle finalement, le regard franc mais détourné. Adrien haussa un sourcil, un léger sourire ironique aux lèvres. — Ce n'est pas un combat. C'est une mise en scène. On joue un rôle, n'oublie pas. Alayna détourna les yeux, la mâchoire légèrement crispée. Elle sentait son cœur battre plus vite, consciente que cette "mise en scène" serait plus difficile à jouer qu'elle ne l'imaginait. 10h45 – Bureau de Richard Delcourt – Téléphone important Le bureau de Richard était spacieux et lumineux, baigné par la lumière du matin qui se reflétait sur les boiseries sombres et le marbre des meubles. Une bibliothèque ancienne bordait les murs, remplie de volumes reliés en cuir et d'objets précieux hérités de plusieurs générations. Richard, costume gris anthracite impeccable, téléphone à l'oreille, regard fixé sur le parc du manoir à travers la baie vitrée. Son visage, habituellement impassible, trahissait un mélange de gravité et de fierté. — Oui, Edward, je t'écoute, répondit-il calmement, posant son coude sur le bureau en acajou. — Richard, dit la voix ferme mais chaleureuse à l'autre bout du fil. — Je sais que tu es occupé, mais je voulais m'assurer... que tu prends bien soin de ma fille. Alayna... tu te souviens de ce que nous avons convenu ? Richard hocha légèrement la tête, même si Edward ne pouvait pas le voir. — Je m'en souviens très bien, Edward. Vous m'avez fait confiance en me donnant votre fille comme belle-fille. Et je vous promets que cette confiance n'est pas prise à la légère. Edward soupira doucement. On sentait le poids de la responsabilité dans sa voix. — Richard... tu sais à quel point Alayna est tout pour moi. Elle est. Et je n'ai pas hésité une seconde à te la confier parce que je sais que tu serais digne de cette responsabilité. Que tu veillerais sur elle, que tu ferais d'elle une épouse heureuse, même dans ce monde impitoyable. — Je sais, répondit Richard. Nous serons à la hauteur, edward. Vous ne vous êtes pas trompé. Alayna aura une vie belle, stable... elle sera aimée, respectée. Nous ferons tout pour que vous puissiez être fier. — C'est tout ce que je demande, Richard. Son bonheur... et que vous formiez une famille solide, digne de ce nom. Elle mérite tout cela. Je n'ai jamais douté de ton intégrité. — Et elle mérite d'avoir une famille qui la protège et la guide, répondit Richard, sa voix ferme mais douce. C'est ce que nous allons faire. Vous avez ma parole. Edward resta silencieux quelques secondes, comme pour laisser ses mots s'imprégner. — Très bien, richard. Merci. Je sais que tu tiendras ta promesse. Et je ne cesserai d'être reconnaissant pour ton aide mon ami .... — Nous veillerons sur elle, Edward. Comme si elle était notre propre fille, et ne me remercie pas c'est ce qu'ils font les amis je n'oublierai jamais ton aide aussi cher ami . La ligne se coupa doucement. Richard resta un instant immobile, son regard perdu dans le parc. Un léger sourire traversa son visage. Il savait que la responsabilité était énorme, mais il avait demander Alayna comme belle fille , pas juste par amitié et loyauté mais aussi car il savait qu'elle sera la parfaite femme pour les Delcourt . Et surtout... pour que cette jeune fille, qui venait d'entrer dans ce monde, trouve enfin sa place, protégée et aimée. La porte s'ouvrit doucement, et Éléonore entra, sa démarche assurée et son regard perçant. — Richard, dit-elle en s'avançant, je suis sûre qu'Edward est inquiet pour sa fille. Il doit se sentir mal de la voir mêlée à toutes ces affaires et à ces dettes. Il croit agir pour sauver l'honneur des Everdeen. Richard esquissa un léger sourire, froid mais plein de certitude. — Il ne se doute pas que c'est nous qui ont besoin d'Alayna . Ce sera elle, et seulement elle, qui honorera notre nom. Éléonore croisa les bras, sa voix douce mais tranchante comme un scalpel. — Une belle-fille bien éduquée. Sans passé trouble. Pure. Exactement ce dont notre famille a besoin. Pour un héritier... il faut la certitude que le sang Delcourt sera préservé. Richard hocha la tête, regardant par la fenêtre les jardins du domaine. — J'ai expliqué à Adrien. Il sait qu'elle est vierge, qu'elle est une fille correcte, élevée avec des principes. Edward a certes subi des pertes et des erreurs, mais il a su transmettre une éducation irréprochable. Je lui fais confiance pour ça. Éléonore s'approcha, posant une main sur le bureau. — Et toi, Richard ? Tu n'as jamais douté. Elle a le sang et le cœur d'une Delcourt maintenant. Chaque geste que nous faisons, chaque cadeau, chaque instruction, tout est pour qu'elle devienne la parfaite épouse de notre héritier. Richard se tourna vers elle, un sourire froid illuminant ses traits. — Exactement. Edward n'a pas compris que nous avons trouvé la perle rare. Il croit protéger sa fille et sauvais son nom... alors qu'en réalité, Alayna sauve notre nom en retour . Éléonore hocha la tête, satisfaite. — Parfait. Alors faisons en sorte qu'elle le ressente. Qu'elle sache qu'elle est ici chez elle, mais qu'elle doit être irréprochable. Pas d'écarts, pas de scandales. Et surtout... qu'elle comprenne que cette famille est la sienne maintenant. Richard reposa ses mains sur le bureau. — Elle fera honneur au nom Delcourt, Éléonore. Je n'ai aucun doute. Et notre Adrien saura la guider... comme il se doit. Éléonore esquissa un sourire carnassier mais élégant, satisfaite de la stratégie familiale. — Très bien. Alors continuons. Notre héritier et notre belle-fille... tout doit être parfait. À la hauteur des Delcourt. Richard se leva, fixant l'horizon au-delà des jardins. — Et chaque décision, chaque geste, chaque regard... doit rappeler que nous sommes maîtres de notre destin. Et celui d'Alayna sera à la hauteur de notre nom. Éléonore quitta le bureau avec un dernier regard fier et calculateur, laissant Richard seul, déjà plongé dans les prochaines étapes de cette alliance orchestrée à la perfection.Le soleil n'avait pas encore entièrement émergé derrière les gratte-ciels de Manhattan lorsque la lumière, rose et dorée, glissa lentement sur le sol de marbre du penthouse Delcourt. Alayna ouvrit les yeux dans ce décor somptueux, mais son cœur, lui, était déjà ailleurs. La place à côté d'elle était vide. Et pourtant... elle pouvait encore sentir la chaleur du corps d'Adrien sur le drap froissé, comme s'il venait de quitter le lit à contrecœur. Aujourd'hui. Columbia. Sa dernière année d'étude, celle qui devait la définir, la construire, lui permettre d'exister par elle-même... mais désormais sous l'œil du public, des critiques, des jaloux, du monde entier. Un nœud de stress se forma dans son ventre, si serré qu'elle dut fermer les yeux. Je dois y arriver seule. Les mots résonnaient encore dans sa tête. La veille, Adrien avait longuement insisté pour rester avec elle toute la journée : chauffeur, garde rapprochée, escorte complète. Elle avait dû se battre pour obtenir un minimum
L'aube s'étirait doucement au-dessus de New York, Il était 9h00 du matin. Une lumière douce et dorée inondait la chambre Delcourt. Adrien se réveilla le premier, retrouvant Alayna blottie contre lui, son corps fragile et parfait encore empreint de l'intensité de leur nuit. Elle dormait paisiblement, un léger sourire sur les lèvres, prouvant que son besoin d'ancrage avait été comblé.Il resta un instant à l'observer, cette vision de paix étant son nouveau luxe.Il sourit.Cette femme était devenue son monde.Il se pencha sans bruit et déposa un baiser long, doux et protecteur sur son front.— Dors encore, mon amour..., murmura-t-il sans la réveiller.Avec une délicatesse infinie, il se détacha d'elle, quitta le lit et se dirigea vers la salle de bain.La douche chaude glissa sur son corps athlétique tandis que ses pensées restaient bloquées sur la veille, sur ses mots, sur la manière dont elle l'avait regardé et lui demander de lui faire l'amour, il sourit fière de ce qui construit ave
Le lendemain, 11h. Le penthouse Delcourt résonnait d'un ballet discret mais intense. Les portants de vêtements de créateurs, droits et silencieux, s'alignaient dans le salon comme des œuvres d'art en exposition. Sur les canapés en cuir de poulain, des pochettes Hermès en crocodile, des escarpins Louboutin à semelle rouge, des parures Cartier et des foulards de soie s'étalaient avec une précision presque militaire.Alayna, debout au centre de la pièce, se sentait comme une intruse. Elle portait une robe de chambre fine en soie, ses cheveux encore attachés en chignon flou. Autour d'elle, cinq membres du staff Delcourt, tous vêtus de noir, l'observaient avec un regard d'experts : le coiffeur de renommée, la maquilleuse star, la styliste personnelle d'Éléonore, une assistante et une conseillère en communication.Puis, la voix glaciale d'Éléonore retentit derrière elle :— Bien. Commençons.La matriarche venait d'entrer, l'élégance faite femme, vêtue d'un tailleur crème impeccablement coup
Le jet amorça sa descente, le vol avait durée 3 heures. New York les attendait. Et avec elle, le tumulte du monde riche et impitoyable.Mais cette fois, Alayna n'était plus seule. Elle était une Delcourt. Elle était sa Delcourt.Le jet privé se posa doucement sur la piste privée. Dès le tarmac, l'urgence de la passion d'Adrien, longtemps contenue par l'appel de son père, explosa.Déjà dans la voiture, ses mains avaient glissé sous le trench-coat en laine vierge d'Alayna, incapable de se contenir après cette parenthèse de formalité.— J'espère que tu n'avais rien de prévu pour aujourd'hui, avait-il murmuré à son oreille, sa voix redevenant grave et fiévreuse.— Pourquoi ? demanda-t-elle, le souffle court.Il se pencha, embrassa doucement son cou, puis glissa dans un souffle chaud :— Parce que tu ne vas pas sortir de ma vue. Ni de mon lit. Pas avant que l'on ait prouvé au monde que nous sommes le seul fait d'actualité.— Comment peux-tu penser à ça maintenant, Adrien, avec cette crise
Le dernier matin aux Bahamas s'était levé dans une lumière dorée et opulente, filtrant à travers les immenses baies vitrées de la suite présidentielle. Le soleil, tel un projecteur divin, refusait visiblement de les voir quitter cet éden. Alayna s'éveilla dans un cocon de sensualité. Elle était blottie dans les bras puissants d'Adrien, sa peau nue contre la sienne, leurs souffles encore lourds et mêlés de l'écho du plaisir de la nuit. Le drap de soie de Murano glissait sur leurs corps, dévoilant un torse sculpté contre lequel elle pressait son visage. — Tu dors encore, mon amour ? murmura-t-il contre sa nuque, sa voix grave vibrant non pas seulement contre sa peau, mais jusqu'au plus profond de son être. Elle esquissa un sourire à demi-endormie, ses doigts traçant le sillon d'une veine sur son avant-bras. Elle n'avait jamais imaginé que l'amour physique pouvait être si intense, si tendre, si... vital. Avec Adrien, la passion était un art, une exploration constante, l'antithèse du si
La lune des Bahamas filtrait à travers les rideaux de lin, n'éclairant la suite que d'une lumière argentée et discrète. L'air, alourdi par le parfum de jasmin qui montait du jardin, était chargé d'une attente palpable, bien plus forte que celle des matins précédents.Après l'aveu et la promesse, le silence qui s'était installé entre Adrien et Alayna était rempli de tout ce qu'ils n'avaient pas encore exprimé. Dans cette intimité, il n'y avait plus de contrat, plus de Delcourt Group, plus de Jade. Il n'y avait qu'eux, face à la vérité de leur désir.Adrien ne la lâcha pas. Il la guida de la main, non pas avec urgence, mais avec une lenteur délibérée, jusqu'au cœur de leur suite. Il se tenait devant elle, grand, sombre et exposé, le regard bleu de ses prunelles plus brûlant que jamais.— J'ai promis de te prouver mon amour, murmura-t-il, sa voix à peine audible. Ce soir, je ne veux pas juste faire l'amour. Je veux te faire découvrir... toi. La femme que tu es vraiment.Alayna frissonna.







