Chapitre 60 – Premiers Pas vers Demain
GloriaJe prends une profonde inspiration, cherchant les mots.
— Je suis fatiguée, parfois encore submergée. Mais avec toi, la peur se fait moins lourde. Je sais que je ne suis plus seule.
Rafael serre ma main, un geste simple qui porte tout son soutien.
— On y arrivera, ensemble. Et quoi qu’il arrive, je resterai là. À chaque chute, je serai là pour te relever.
Je relève la tête, croisant son regard. Ce lien, fragile mais vrai, est peut-être ce qu’il y a de plus précieux dans ma vie en ce moment.
Nous restons là, le temps suspendu autour de nous, la rivière chantant doucement, comme une berceuse. Je sens que, malgré les blessures du passé, l’espoir renaît dans cette lumière naissante.
Je n’ai plus envie de fuir.
Je veux avancer,
Chapitre 86 – Le Conseil InvisibleRafaelRome ne dort jamais. Même sous la pluie, même sous les menaces, elle respire. Une bête antique au cœur d’un monde moderne, où le pouvoir se cache dans les ruelles silencieuses et les regards qui glissent. Je la connais. Trop bien. Trop mal.C’est ici que j’ai appris à frapper sans laisser de trace. C’est ici que j’ai failli me perdre. Et ce soir, c’est ici que tout peut basculer.Gloria conduit. Ses mains sont stables sur le volant, mais ses yeux trahissent la tension. On ne va pas simplement espionner une réunion. On entre dans le cœur du monstre. Le comité restreint du Cercle. Cinq noms. Cinq ombres. Cinq assassins en costume qui ne tuent jamais eux-mêmes.Mais qui désignent.Et parmi eux, celui qui a signé mon arrêt de mort.—Le lieu : Via dei Coronari, 43. Une ancienne loge notariale restaurée en résidence privée. Façade anonyme. Fenêtres plombées. Aucun accès direc
Chapitre 85 – Retourner la LameGloriaIl a dit : Je veux le retourner.Et je n’ai rien répondu. Parce qu’au fond, je savais que ce jour viendrait. Le moment où on ne se contenterait plus d’entailler les veines du Cercle. Le moment où on viserait la tête.Mais ce que Rafael n’a pas dit, c’est ce que ça implique.Retourner un arbitre, ce n’est pas seulement percer la cuirasse d’un réseau tentaculaire. C’est injecter un venin dans son propre cœur. C’est jouer à un jeu où personne ne fait confiance, où même les loyautés sont des masques. Et lui, Rafael, il le sait mieux que quiconque.Car il en a été un, autrefois.Un outil du Jugement. Un exécuteur choisi, formé, façonné par ceux qu’il veut désormais abattre.Et maintenant, on s’apprête à faire tomber l’un des leurs. Pas pour le tuer.Pour le forcer à choisir.—Deux jours plus tard. Naples.La pluie rince les rues. Sale, collan
Chapitre 84 – Écorcher l’Hydre RafaelLe bruit des pas est feutré, régulier. Trois hommes. Deux armés, un en costard. On les observe depuis la lucarne arrière d’un immeuble abandonné, en face du bâtiment cible. J’ai des jumelles nocturnes, Gloria une tablette avec les flux de caméras piratées.— Horaire respecté, je murmure.— 21h47. Entrée Est. Ils changent toutes les 6 heures. Mais jamais le circuit. Trop sûrs d’eux.Trop arrogants, surtout.Je plisse les yeux. Le logo sur la porte en métal : Viridis Group S.R.L. Une société de transport maritime. Officiellement spécialisée dans les produits pharmaceutiques.Officieusement ? Un hub logistique du Cercle. Relais entre Trieste, Athènes, Casablanca. Un couloir discret pour blanchir des millions et échanger des informations trop sensibles pour passer par un réseau classique. Des disques durs, des microfilms, parfois même des documents manuscrits, comme au siècle dernier.
Chapitre 83 – Le Maillon FaibleRafaelRome.La ville est une façade. Belle, ancienne, indifférente. Mais sous le marbre et les ors, il y a les fondations. Le réseau. Les artères cachées. Et c’est là que je veux frapper.Il y a une règle que Marco m’a apprise, même s’il n’a jamais prononcé les mots : on ne gagne pas contre l’hydre en lui tranchant une tête. On gagne en lui faisant croire qu’elle s’est empoisonnée elle-même.Et ce poison commence avec Domenico Bellini.Bellini est discret. Trop. Vice-président d’une banque privée ayant des ramifications jusqu’à Varsovie. Propriétaire de deux galeries d’art. Parrain officieux de plusieurs campagnes politiques. Officiellement propre, officieusement inattaquable.Mais il a une faille.Il pense qu’on ne sait pas.—Gloria et moi logeons dans un petit appartement du Trastevere, à deux rues d’une église désaffectée. À l’intérieur, j’ai monté un mini-c
Chapitre 82 – Le Berceau des TraîtresRafaelJe descends les marches lentement, chaque pas résonnant contre les murs de béton. Derrière moi, Gloria garde la lampe braquée droit devant, le souffle court. L’odeur est celle de l’humidité, du métal, et du passé. Pas de poussière. Pas d’oubli. Ce lieu vit encore.Le couloir s’élargit. Un sas en acier nous fait face, gravé d’un code alphanumérique : 219-F.Je m’arrête. L’adresse du document retrouvé à Tornio.Je tape le code.Le verrou claque. La porte s’ouvre avec un grincement lent, sinistre.On entre.Le silence est absolu.Devant nous, une salle froide, souterraine, éclairée par des néons grésillants. Des dizaines de classeurs. Des casiers verrouillés. Des étagères pleines de vieux dossiers en cuir, numérotés. Pas d’électronique. Tout est papier. Tout est manuel.Gloria s’approche d’un tiroir. L’étiquette dit “Opérations silencieuses, 1970-1998”.
Chapitre 81 – Le Jardin des MortsGloriaLe soleil ne se lève pas. Pas vraiment. Il s'étire à peine à travers les nuages, comme s’il hésitait à venir éclairer ce jour-là. Et je le comprends. Il y a des vérités qui préfèrent l’ombre. Des vérités qui tuent.Rafael n’a presque pas dormi. Moi non plus. Nous sommes enfermés dans cette chambre d’hôtel miteuse depuis des heures, le carnet et les documents étalés sur le lit défait, comme les fragments d’un crime ancien. J’ai préparé du café. Fort. Inutile. Ce qu’on lit nous tient bien plus éveillés que la caféine.Sur le carnet, des dates, des lieux, des codes. Des noms. Certains barrés d’un trait rouge. D’autres cerclés d’encre noire. Et au centre, un mot répété plusieurs fois : Le Jardin.— Ce n’est pas un vrai jardin, je murmure. C’est un nom de code. Une métaphore, peut-être.Rafael tourne les pages avec des gestes lents, précis, comme s’il avait peur de briser quelque chose. Ou quel