LOGINAiméeSa voix s’est élevée. Elle vibre de frustration et de peur. Une peur réelle, ancestrale, de père.— Et tu crois que je ne le sais pas ? Tu crois que je ne le vois pas ? Il ne se cache pas, papa. Il montre ses cicatrices. Il avoue ses démons.Mon père émet un rire bref, sans joie.— Il les montre ? C’est encore pire. C’est qu’il est assez sûr de son emprise pour ne plus avoir à les cacher. Tu es devenue une de ses missions, Aimée. Une cible. Et tu t’offres, les yeux grands ouverts.Les mots me frappent comme des gifles. Je recule d’un pas, le cœur battant la chamade. Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas que ça. Je veux crier que c’est plus profond, plus vrai, que c’est moi qui l’ai voulu, cherché, accepté.Mais les mots me manquent. Parce qu’au fond, une petite voix insidieuse me chuchote que mon père a peut-être une part de raison. Justin est une mission. Une conquête. Un territoire inconnu et miné. Mais je suis déjà dedans. Je ne peux plus faire marche arrière.— Tu as élevé une fem
AiméeLe jour s’est levé gris, lavant la chambre de ses excès nocturnes. La chaleur a cédé la place à une tiédeur moite, comme une respiration retenue. Le lit à côté de moi est vide. Il l’est depuis l’aube. Justin est parti sans un mot, sans un bruit. Seul l’oreiller garde l’empreinte de son crâne, un creux profond et vague que je n’ose pas toucher.Je reste allongée longtemps, les yeux fixés au plafond. Son odeur me reste. Elle imprègne les draps, ma peau, l’air que je respire. Je cherche vrai. Les mots résonnent encore, plus lourds à la lumière du jour. Plus dangereux.Je finis par me lever. Les mouvements sont mécaniques. Douche trop chaude qui ne lave rien. Vêtements choisis sans voir. Café avalé brûlant, sans goût. Le silence de l’appartement est assourdissant. C’est un silence plein de lui, de ses présences absentes, de ses non-dits palpables.Et au milieu de ce silence, une autre absence, plus ancienne, plus sourde, se fait sentir.Mon père.Il n’a pas appelé. Pas répondu à mes
AiméeLa chambre est encore saturée de chaleur. Elle colle à la peau, s’infiltre dans les poumons, s’accroche aux draps froissés comme une preuve impossible à effacer. Rien n’a besoin d’être dit pour exister. Tout est là, dans l’air trop lourd, dans le silence trop dense.Justin est là, tout près. Trop près pour que je puisse faire semblant de dormir. Pas assez pour que je me sente rassasiée.Je reste immobile, les yeux ouverts dans la pénombre. Mon corps est calme en apparence, mais à l’intérieur, tout est encore en mouvement. Une vibration sourde, persistante. Un écho.Sa respiration est lente, profonde, mais je sais qu’il ne dort pas. Je le sais parce que son corps ne s’abandonne jamais complètement. Il reste tendu, prêt. Comme s’il attendait quelque chose. Ou quelqu’un.Je glisse lentement mes doigts sur son torse. Je ne cherche pas à provoquer. Juste à vérifier qu’il est réel. Sa peau est chaude, marquée de traces que je devine plus que je ne vois. Sous mes doigts, ses muscles ré
AiméeJe me réveille comme émergée d’un rêve lourd et sensuel. Mon corps est encore engourdi par le sommeil, mais déjà parcouru par une chaleur familière. Une pression humide et insistante entre mes cuisses me tire définitivement de ma torpeur.J’ouvre à peine les paupières, juste assez pour distinguer la silhouette de Justin. Son visage est enfoui entre mes jambes, ses épaules larges bloquent la faible lumière qui filtre à travers les rideaux. Un frisson me parcourt l’échine lorsqu’il trace un cercle lent et précis autour de mon clitoris, déjà gonflé et hypersensible.Un gémissement rauque m’échappe, incontrôlable. Mes doigts s’enfoncent dans les draps froissés.— Putain…Il ne répond pas. Sa bouche est trop occupée à me dévorer avec une avidité qui me fait cambrer le dos. Ses lèvres aspirent mon clitoris avec une pression parfaite, sa langue s’insinue entre mes replis avant de remonter, de tourbillonner autour de ce point brûlant qui me fait perdre pied. Ses doigts s’enfoncent dans
Il reste immobile un instant, buvant le spectacle. Son expression est tendue, presque cruelle dans son désir. Puis, il avance d’un pas. Ses mains ne sont plus douces. Elles se posent sur mes hanches, les doigts enfoncés dans ma chair comme pour s’y ancrer, puis remontent le long de mes flancs, traçant des sillons de feu. Il s’agenouille soudain, face à mon ventre.Son souffle chaud sur ma peau me fait tressaillir. Il pose un baiser, lent, humide, juste au-dessus de mon pubis. Puis sa bouche descend, suit le bord de mon jean, tandis que ses mains défont la boutonnière, tirent sur la fermeture éclair. Le tissu rugueux glisse sur mes hanches, tombe en tas autour de mes chevilles. Il m’aide à en sortir, et je reste debout devant lui, complètement nue, offerte, dans le halo de lumière diffuse.Il lève les yeux vers moi, de sa position à genoux. C’est une image d’une puissance obscène : lui, vêtu, dans une posture qui pourrait être de soumission, mais dont toute l’énergie irradie une domina
AiméeLe film se termine dans un éclat de musique triomphale, complètement déconnecté de l’atmosphère étouffée de la pièce. L’écran passe au bleu, reflétant nos silhouettes immobiles sur le canapé. Le silence qui s’installe n’est plus seulement l’absence de bruit. C’est une présence. Une tension qui s’est distillée pendant des heures, sous le couvert de la normalité feinte, des gorgées de thé, des rires absents.Le pacte est scellé. Les règles sont posées. L’acceptation, bien que douloureuse, a été formulée.Mais il reste dans l’air un résidu de tout ce qui n’a pas été exprimé par des mots. La frustration pure, physique, de la journée. La rage contre Claire, contre le destin, contre nous-mêmes. La peur qui n’a pas été exorcisée, simplement mise en cage. Et, plus fondamentalement encore, cette vérité que Justin a énoncée : le feu.On ne peut pas signer un traité de paix avec un incendie. On peut seulement décider de s’y jeter, ou de le laisser vous consumer à distance.Je sens le chang







