Chapitre 5

Eva a encore toussé violemment.

Cette fois, elle n’a pas réussi à se redresser en toussant.

Son petit corps est tombé à genoux, et elle a craché du sang avec un bruit étouffé.

« Eva ! » La voix de Léa tremblait, et elle s’est précipitée pour regarder.

Le visage d’Eva était presque brûlant, mais ses lèvres étaient d’une pâleur extrême. « Ça va, maman… »

Léa a vite pris sa fille dans les bras. « Maman t’emmène à l’hôpital. »

La petite main d’Eva serrait fort Léa, ses yeux étaient rouges à l’extrême.

Léa s’est précipitée à l’hôpital, le médecin a fait une prise de sang à Eva, puis, elles ont attendu les résultats dehors.

« Maman, est-ce que papa me déteste ? » Sa voix douce révélait enfin sa fragilité après la maladie.

Léa est restée sans voix à l’instant où elle a entendu cette question.

Elle ne savait pas quoi répondre.

Elle avait tellement envie de dire à sa fille : « Eva, ton père ne te déteste pas. Il me déteste. Si tu étais l’enfant d’Isabelle, alors tu serais sûrement heureuse. »

Léa a encore menti. Les larmes aux yeux, elle a secoué la tête. « Non, Eva, papa ne te déteste pas. Il est juste très occupé… »

Eva a souri faiblement. Son visage pâle montrait sa fatigue. Sa petite main a caressé les cheveux de Léa. « Maman, sois heureuse. »

Ces quelques mots ont failli faire couler ses larmes.

Mais elle devait se retenir.

Elle a affiché un sourire plus douloureux que des pleurs.

« Docteur ! » Une voix froide a soudain retenti.

Le dos de Léa s’est raidi.

La mère et la fille ont levé la tête en même temps, et elles ont vu Alex, qui aurait dû être occupé, apparaître à l’hôpital, portant dans ses bras une autre femme : Isabelle.

Eva a crié instinctivement : « Papa ! »

Alex a aussitôt entendu sa voix, il a tourné la tête, et en voyant Léa et Eva, il était clairement surpris.

À ce moment-là, Isabelle dans ses bras a aussi remarqué Léa et Eva. Elle a saisi fermement la manche d’Alex. « Alex, j’ai mal… »

Le regard d’Alex est devenu un peu plus clair. Il l’a rassurée : « Le docteur arrive bientôt. »

Le docteur est alors sorti en hâte.

Alex a détourné les yeux, a dit quelques mots au docteur, puis l’a suivi sans la moindre hésitation.

Eva a regardé le dos de son père s’éloigner, les yeux grands ouverts, l’esprit vide.

« Maman, pourquoi papa tenait une autre femme dans ses bras ? »

Léa avait l’impression qu’on lui avait écrasé la poitrine. Elle avait du mal à respirer, puis a souri péniblement. « C’est sûrement une collègue de papa qui s’est blessée. »

« Vraiment ? » Eva a vacillé. « Mais nous aussi on est à l’hôpital. Pourquoi papa s’inquiète-t-il pour elle et pas pour nous ? »

Léa s’est rendue compte à cet instant-là que peu importe combien elle mentait, ses mensonges ne tenaient jamais face à la réalité.

Même l’enfant le ressentait. Cela montrait à quel point Alex faisait preuve de favoritisme.

Les yeux de Léa sont devenus rouges. « Peut-être que cette madame avait une urgence… »

Eva s’est tue.

Et plus le silence durait, plus Léa se sentait mal à l’aise.

Une heure plus tard, Léa est allée chercher les résultats avec Eva, et elles ont croisé Alex, accompagné d’Isabelle en fauteuil roulant.

Léa a été saisie un instant, sa poitrine était tellement oppressée qu’elle n’arrivait plus à respirer.

À cet instant, elle a profondément regretté d’avoir connu Alex.

Elle a accepté la honte d’un amour non partagé.

Mais elle ne pouvait pas accepter que son enfant souffre de la même façon.

Eva a soudain appelé : « Papa. »

Alex et Isabelle ont tourné les yeux en même temps.

Le visage d’Alex a légèrement changé, mais il est resté relativement calme. « Eva. »

Le regard d’Eva s’est posé sur Isabelle. « Papa, c’est qui cette madame ? »

Les traits froids et beaux d’Alex se sont durcis, puis il a dit : « C’est… »

Au moment où il allait parler, Isabelle a serré la main d’Alex et a souri faiblement. « Petite, je suis… une amie de ton papa. »

Après avoir dit ça, le visage d’Isabelle est devenu encore plus pâle, sa voix tremblait.

Elle faisait vraiment pitié.

Même Léa a eu un pincement au cœur en la regardant.

Le visage d’Alex s’est assombri, et sa voix est soudain devenue grave. « Eva, c’est la petite amie de papa. »

En entendant cette phrase, Léa avait l’impression qu’on lui avait versé du métal en fusion dans le cœur. Elle est restée étrangement calme. Bien sûr, il ne supportait pas qu’Isabelle souffre.

Alors, elle a compris qu’à partir de ce moment-là, elle ne pouvait plus rien cacher.

« Eva, voici Mlle Moreau, la petite amie de ton papa. » Le ton de Léa était d’un calme absolu.

Le petit visage d’Eva est aussitôt devenu pâle.

Léa s’est accroupie, a caressé la joue d’Eva. « Chérie, il y a des choses que maman ne t’a pas encore dites. Papa et maman se sont séparés… mais peu importe le temps qui passe, papa reste ton papa, et maman reste ta maman… »

Alex avait cru que Léa était venue exprès avec l’enfant pour causer des ennuis, elle en avait déjà fait beaucoup par le passé.

Alors, en présentant Isabelle comme sa petite amie, il voulait se venger un peu.

Mais il ne s’attendait pas à ce que Léa le dise aussi franchement.

S’était-il trompé sur elle ?

Eva se sentait perdue, mais surtout très triste. « Et toi, maman… ? »

Léa a hésité.

Les larmes d’Eva sont tombées goutte après goutte. « Eva a papa et maman, mais toi, maman, tu n’as plus rien… »

À ce moment-là, Léa avait l’impression que son cœur a été broyé, puis lentement recollé par Eva.

C’était vrai, elle n’avait plus de famille, et elle allait bientôt perdre son enfant.

Dans ce monde, elle était complètement seule.

Elle avait l’impression de tout perdre.

Léa a caressé la tête d’Eva. « Maman t’a encore toi. Allez, dis bonjour à la tante. »

Eva sentait son petit cœur plein d’amertume, elle avait du mal à respirer. Mais maman lui avait dit d’être une enfant polie. Alors, en retenant ses larmes, elle a regardé son père tenir la main d’une autre femme et a esquissé un sourire plus douloureux que des pleurs. « Bonjour, tante… »

En entendant ces mots, Isabelle avait mauvaise mine, mais avec Alex présent, elle s’est contentée de hocher la tête en pinçant les lèvres. « Bonjour, Eva. »

Alex s’est figé un instant. Il a vu Eva retourner calmement aux côtés de Léa, sans crier, sans pleurer. Léa n’a plus tourné la tête vers lui.

Tout semblait pourtant si calme, si paisible. Alors pourquoi ressentait-il ce malaise au fond de lui ?

À ce moment-là, Paul est arrivé après avoir payé les frais.

Après avoir confié l’enfant à Paul, Léa s’est tournée vers Alex. « On peut parler ? »

« Tu veux vraiment faire un scandale devant l’enfant ? »

Le visage d’Alex exprimait une grande impatience. Il s’apprêtait à refuser sans même réfléchir.