Chapitre 2

Je croyais enfin être libre. Mais la réalité s'est avérée bien plus brutale que je ne l'avais imaginé.

J'ai franchi les grilles de la villa, mais avant même que je puisse monter dans ma voiture, deux guerriers m'ont barré le chemin.

« Luna, vous ne pouvez pas partir maintenant. L'Alpha a ordonné votre retour. »

Mon cœur s'est serré. « Pourquoi ? »

La voix du guerrier était dénuée d'émotion. « Il a besoin de votre sang. »

« Non, laissez-moi partir ! »

Je me suis débattue désespérément, non pour moi, mais pour le petit ange dans mon ventre qui n'avait pas encore pris forme.

Une douleur aiguë m'a traversé le ventre à cet instant, comme si le petit me mettait en garde contre le danger.

Je ne comprenais pas pourquoi la Déesse Lune nous avait accordé un lien de compagnons. Je lui avais donné mon corps, offert ma loyauté, et même lié mon avenir à sa meute. Cela ne suffisait-il donc pas ?

Je n'osais même pas lui demander ce qu'il pensait vraiment de moi, au fond de lui.

Une compagne obéissante ? Une Luna utile ? Peut-être un jouet qu'il pouvait jeter à tout moment ?

Rongée par la peur que ma grossesse ne soit découverte, j'ai été traînée jusqu'au sous-sol. On m'a plaquée sur une chaise et on a attaché mes mains et mes pieds avec des chaînes froides.

J'ai levé les yeux et j'ai vu Xavier debout devant moi, les bras croisés, comme s'il examinait une proie qui ne pouvait s'échapper.

« Pourquoi m'as-tu ramenée ? » ai-je demandé entre mes dents serrées. « Pour vider mon sang ? Es-tu devenu un vampire ? »

Il a répondu froidement : « Arrête de faire semblant. C'est le gâchis que tu as causé. Lily saigne sans arrêt et a besoin d'une transfusion. Contente-toi de l'aider. »

J'ai ri amèrement. « Pour toi, je ne suis qu'une poche à sang gratuite qui porte le titre de Luna. »

« Arrête ton cinéma, » a-t-il dit avec une impatience grandissante. « Tu te mets toujours en position de victime, mais c'est ce que tu dois à Lily ! »

« Que lui devrais-je ? Un compagnon Alpha ? »

« Surveille tes mots ! » Sa main a agrippé soudain mon menton, son toucher froid et précis.

« Et si je refuse ? » Mes yeux ont scintillé de larmes. « Tu prends déjà mon sang. De quoi d'autre devrais-je avoir peur ? Vas-tu prendre ma vie ensuite ? »

« Tu es toujours en vie, non ? C'est déjà assez clément. »

J'ai crié d'une voix rauque : « J'ai déjà libéré la chambre principale, j'ai perdu ma broche en pierre de lune. Je n'ai jamais eu la moindre intention malveillante envers cette louve. Maintenant, je te demande clémence. Laisse-moi partir ! »

En prononçant ces mots, j'ai ressenti une tristesse qui m'a transpercé les os.

Son Oméga de maîtresse profitait de soins privés dans le domaine de l'Alpha, tandis que moi, la Luna légitime, j'étais enchaînée au sous-sol.

Je ne lui dirais pas le secret que je portais aussi son petit. Il ne méritait pas de le savoir.

Même s'il apprenait l'existence de ce petit, cela ne lui donnerait qu'un pion de plus à exploiter. Alors, je garderais ce secret étroitement enfermé dans mon cœur.

« Réponds-moi, Xavier. Soit tu me laisses partir, soit tu me rejettes. Ne te comporte pas en lâche. »

Xavier s'est retourné, me tournant le dos. « Tu crois que je ferai ce que tu veux ? »

Une douleur aiguë m'a transpercée. L'aiguille s'est enfoncée profondément dans ma poitrine, la douleur brûlante comme des flammes qui perçaient droit vers mon cœur.

Ils ne prélevaient pas le sang de mon bras parce qu'ils disaient que le « sang du cœur » était plus efficace. C'était donc ma récompense pour sept ans d'amour envers Xavier.

Tout ce que je lui avais donné était remboursé par l'agonie d'une aiguille plantée dans ma poitrine.

À travers mes larmes, j'ai dit : « Quand j'ai reconnu en toi mon compagnon destiné, j'aurais dû faire demi-tour et fuir au lieu de me jeter joyeusement dans tes bras ! »

« Alors pourquoi ne l'as-tu pas fait ? » a ricané Xavier. « La vérité, c'est que tu m'appartiens pour la vie ! »

Je n'ai plus pu répondre. Ma force était drainée avec mon sang à travers l'aiguille.

Je ne sais pas combien de temps a duré le prélèvement, seulement qu'il a continué jusqu'à ce que mon corps convulse et que ma vision devienne noire.

Enfin, le guérisseur est intervenu : « Alpha, cela fait déjà 600 millilitres. Devons-nous continuer ? La rétroaction énergétique de la Luna est quelque peu anormale. Si nous continuons, un accident pourrait arriver... »

J'ai cru que tout était fini. Mais de la pièce au-dessus est parvenu le son des cris de douleur délibérés de Lily.

« Continuez. » Xavier m'a jeté un regard, une lueur d'hésitation a traversé ses yeux avant de disparaître rapidement.

Je l'ai regardé, incrédule. « Pour ta maîtresse, tu veux que je meure ici ? »

« Tu ne mourras pas, » a-t-il dit froidement. « Je connais ton corps mieux que toi. Tu peux le supporter. »

J'ai ri amèrement tandis que les larmes brouillaient le monde. Je pouvais le supporter, mais le petit dans mon ventre, non !

« Xavier, si tu n'arrêtes pas, je te jure que tu le regretteras... »

Xavier est resté impassible, ses actes me donnant sa réponse. Il croyait avoir toujours raison.

C'est alors que Lily a crié encore plus fort depuis la pièce à l'étage.

Xavier s'est précipité immédiatement vers la porte. Je n'avais pas besoin de deviner pour qui il partait.

Pendant ce temps, j'étais laissée dans le sous-sol, regardant la poche à sang se remplir de rouge tandis que les chiffres grimpaient lentement.

Chaque goutte qui me quittait n'était pas seulement du sang, mais aussi les nuits que nous avions partagées, la solitude que j'avais endurée en l'attendant, et l'humiliation que je lui avais épargnée.

L'aiguille s'est enfoncée à nouveau.

Ma conscience s'est embrouillée peu à peu. Avant de sombrer complètement dans les ténèbres, je n'ai réussi à dire qu'une seule chose au petit dans mon ventre.

« Je suis désolée… Je suis désolée de ne pas avoir pu te protéger. »

...

Lorsque j'ai rouvert les yeux, j'étais allongée sur un lit d'hôpital froid. Le guérisseur, le Dr Rudy Jonquet, se tenait à côté de moi, les yeux rougis.

« Luna, vos signes vitaux sont normaux maintenant. Vous vous rétablissez plus vite que je ne l'espérais. »

J'ai essayé de m'asseoir, ma main pressant instinctivement mon ventre. Il était plat.

Mon cœur était instantanément enveloppé d'une terreur sans bornes.

Le Dr Jonquet a baissé la tête, sa voix tremblante. « Je suis vraiment désolé. Quand l'Alpha a ordonné de prélever plus de sang, le petit n'a pas pu être sauvé. »

« Non, non… »

Ma louve a hurlé en moi. J'ai titubé vers la porte, consumée par la rage.

« Xavier ! Tu as tué mon petit ! Je vais te mettre en pièces ! »

Il n'était pas là. Aucun réconfort, aucune explication.

Peut-être qu'à cet instant, il tenait la main de Lily, lui faisant des promesses à voix basse.

Le Dr Jonquet m'a stabilisée, ses yeux pleins d'une culpabilité impuissante. « S'il vous plaît, Luna, reposez-vous d'abord. »

« Me reposer ? » Je l'ai repoussé et me suis effondrée au sol, sanglotant sans retenue.

Chaque fois que je fermais les yeux, je ne pensais qu'à mon petit perdu. Comment pouvais-je me reposer ?

« Je ne pouvais pas résister aux ordres de l'Alpha, » a dit le Dr Jonquet, sa voix teintée de regrets, bien que cela ne suffise à défaire quoi que ce soit. « S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous aider, je le ferai sans hésiter. »

Peu à peu, mes larmes se sont transformées en sanglots secs et déchirants. J'avais assez supplié. J'avais assez pleuré.

La douleur dans mon cœur s'était transformée en flammes vengeresses. Je réduirais en cendres tout ce qui leur était cher !

J'ai levé les yeux vers le Dr Jonquet et ai dit froidement : « Préparez mes papiers de sortie et des copies de tous mes dossiers médicaux. J'en ai besoin. »