Chapitre 4

Xavier et moi n'avons pas échangé un mot durant le trajet du retour.

En arrivant au domaine, il a pratiquement porté Lily tout le long du chemin.

Son visage était pâle et elle disait se sentir nauséeuse. Xavier a immédiatement ordonné au majordome de vaporiser un désodorisant, en spécifiant un parfum floral.

Je traînais mes valises à l'étage quand je suis tombée sur lui.

Son regard s'est attardé sur moi un instant avant d'ajouter négligemment : « Mets aussi deux tiges de lys dans le vase. Claire les aime. »

Cette remarque m'a figée sur place.

Était-ce de la culpabilité ? De la pitié ? Essayait-il de feindre que rien ne s'était passé, s'attendant à ce que je joue mon rôle dans cette absurde comédie domestique ?

J'avais envie de rire et de vomir à la fois. Il avait oublié le jour où nous avions confirmé notre lien de compagnons destinés, mais il se souvenait que j'aimais les lys.

Sans un mot, j'ai traîné ma valise jusqu'à la chambre d'amis.

La pièce était silencieuse comme un tombeau. Je n'entendais que ma propre respiration.

En ouvrant mes bagages, je suis restée sidérée. Tout était trempé et dégageait une odeur âcre.

Heureusement, mes documents étaient toujours cachés dans le compartiment étanche, complètement intacts.

Cela ne pouvait être que Lily. Qui d'autre serait assez mesquin pour faire une chose pareille ?

Mais peu importait. Je la laisserais croire qu'elle avait gagné. J'étais occupée à me préparer à partir.

Je venais juste de glisser les documents dans ma veste quand la porte s'est soudainement ouverte.

Lily s'appuyait contre le chambranle, jouant avec un briquet, son sourire méprisant.

« Claire, ton grand-père est mort il n'y a pas si longtemps, n'est-ce pas ? Il ne te reste plus de famille, alors tu es obligée de te cramponner à Xavier. Quelle pitié. »

« Tu te souviens quand tu l'as supplié de t'emmener dans sa voiture la plus rapide pour voir ta grand-mère une dernière fois ? Il a refusé parce qu'il m'emmenait voir le lever du soleil sur la montagne ce jour-là. »

« Le paysage était magnifique. On a même pris une photo de nous en train de s'embrasser. Tu veux la voir ? »

Je suis restée figée. Chacune de ses paroles était comme une lame plantée dans mon cœur.

Je sentais la rage monter en moi. Ma louve a grondé sourdement, et ma raison a commencé à vaciller.

« Tu crois qu'en me détruisant, tu deviendras la prochaine Luna ? » ai-je demandé froidement.

Elle a haussé un sourcil et a souri. « Je n'ai pas besoin de devenir Luna quand on me traite mieux qu'une. Xavier vient de vider ton sang pour moi. Tu as oublié ? »

« Tu n'es qu'une voleuse qui convoite ma vie ! »

Elle a ricané. « Eh bien, je t'ai tout volé, non ? »

À cet instant, je me suis jetée sur elle, mes doigts se refermant presque sur sa gorge.

Elle a crié et a lancé le briquet qu'elle tenait. Il a heurté le sol avec un craquement étrange, explosif.

La seconde suivante, les flammes ont jailli. Une vague de chaleur brûlante a failli nous renverser toutes les deux.

Ma valise avait été arrosée d'essence !

Le feu s'est propagé rapidement, déclenchant un incendie violent. La fumée a envahi mes poumons, ma gorge a brûlé instantanément.

Venant tout juste de sortir de l'hôpital, je ne tenais pas le coup. Mes genoux ont fléchi, ma vision s'est brouillée.

À mes oreilles résonnaient ses cris hystériques et le bruit de pas précipités.

« Claire ! Tu es là-dedans ? Réponds-moi ! »

« Alpha, le feu est violent à l'intérieur. Vous ne pouvez pas entrer ! »

« Écartez-vous ! Elle est encore là ! »

J'ai lutté pour ouvrir les yeux. Il avait vraiment appelé mon nom ?

Un instant, j'ai presque cru qu'il était venu me sauver.

Mais aussitôt après, un autre cri a retenti. « Xavier, sauve-moi ! Sauve notre petit ! »

Ses pas ont changé de direction. Comme ça, il a pris Lily dans ses bras et a fui l'enfer des flammes comme un trésor.

Pendant ce temps, j'étais allongée dans la fumée noire, regardant son dos disparaître.

« Claire, tiens bon un peu ! Lily est enceinte. Elle ne peut pas être en danger. Je reviens tout de suite pour toi ! »

J'ai ri, un goût de sang dans la gorge. Il n'était pas venu me sauver. Même s'il avait crié mon nom, ses mains s'étaient tendues vers elle.

À ce stade, je n'osais plus croire un seul mot de ce loup-garou.

Il est bien revenu plus tard, fouillant tout le domaine. Mais j'étais déjà partie.

Je ne sais pas comment je me suis échappée.

Les flammes léchaient ma peau, la fumée obstruait ma gorge. J'ai cru que ce serait ma fin.

Au moment le plus critique, ma louve s'est éveillée. Mes os se sont tordus dans l'agonie, ma peau s'est déchirée d'une lumière argentée.

À cet instant, je n'étais plus la Luna de personne. Juste une louve luttant pour survivre.

J'ai protégé mes documents et me suis ruée vers la fenêtre. Dans un fracas assourdissant, j'ai brisé la vitre et atterri lourdement sur la pelouse.

Les éclats de verre ont déchiré ma peau. Le vent nocturne cinglait comme des lames.

Mais j'étais en vie.

J'ai traîné mon corps blessé à travers l'arrière-cour, l'entrepôt, la clôture. Mes poumons brûlaient, mon sang gouttait au sol. Mes mouvements ne connaissaient aucune hésitation.

Ce n'est qu'une fois à bord du vol vers Normandie que j'ai laissé mon corps se relâcher un peu.

Juste avant le décollage, l'écran de mon téléphone s'est allumé. Un message de Xavier.

[Claire, arrête de faire ta crise et sors. Je te cherche.]

Impassible, j'ai fermé les yeux et éteint le téléphone.