RoxaneJe me réveille avec une sensation étrange. Comme si mon corps était trop lourd et mon esprit trop léger. L’impression d’être suspendue dans un entre-deux, entre rêve et réalité.Le lit est tiède à mes côtés.Je tourne la tête.Elias est là.Endormi sur le dos, un bras replié sous la tête, l’autre abandonné entre nous, comme s’il hésitait à me toucher même dans son sommeil. Sa respiration est lente, régulière.Et moi, je le regarde.Trop longtemps.Bien trop longtemps.Mon cœur bat trop fort dans ma poitrine.C’est une erreur. Une terrible, brûlante, délicieuse erreur.Je referme les yeux et inspire profondément.La nuit dernière…Les baisers.Les soupirs.Les vêtements éparpillés sur le sol.Le murmure de son prénom contre mes lèvres.Je me redresse brutalement, chassant ces images de mon esprit. Il faut que je parte.Mais avant que je ne bouge, Elias ouvre les yeux.Son regard est trouble, encore alourdi de sommeil.— Tu comptes t’enfuir ? murmure-t-il d’une voix rauque.Un fr
RoxaneClara me fixe, son sourire mielleux figé sur son visage comme un masque trop bien rôdé.Je devrais lui rire au nez. Lui dire qu’elle a tort.Mais ses mots résonnent en moi, s’insinuent comme un poison."Tu es juste une distraction, Roxane."— Tu n’en sais rien, je réplique, la voix plus dure que je ne l’aurais voulu.Elle penche la tête, faussement compatissante.— Oh, Roxane… Il n’y a rien de plus prévisible qu’un homme comme Elias.Ma mâchoire se serre.— Tu parles comme si tu le connaissais par cœur.Son sourire s’agrandit.— Je le connais mieux que toi, en tout cas.Un éclat froid traverse son regard.— Tu crois qu’il t’aime ?Elle attend, mais je ne lui réponds pas.— Parce que s’il t’aimait vraiment, il t’aurait déjà choisie, pas vrai ?Mon cœur rate un battement.Je déteste qu’elle mette des mots sur mes propres doutes.— Tu es pathétique, je lâche, me levant brusquement.Elle ne s’énerve même pas.Elle rit doucement, si sûre d’elle.— Tu verras, Roxane. Quand tout s’eff
EliasJe n’ai pas dormi.Pas une seule putain de minute.L’image de Roxane avec lui me hante.Elle pense qu’elle peut me quitter comme ça ? Me tourner le dos et disparaître dans les bras de Lucas comme si je n’avais jamais existé ?Non.Je refuse.Je suis là, dans mon bureau, une cigarette éteinte entre les doigts. Je la fais tourner lentement, le regard perdu sur la ville qui s’étend derrière la vitre.Il est six heures du matin et je suis encore là.Adrien entre sans frapper, son regard fatigué trahissant qu’il n’a pas dormi non plus.— Tu es au courant ?Je tourne lentement la tête vers lui.— Dis-moi.Il pose son téléphone sur mon bureau.Une photo s’affiche.Roxane.Avec Lucas.Ensemble, sortant de chez lui.Une gifle en pleine figure.Je serre les poings.Adrien hésite avant de parler.— On dit que Lucas l’a convaincue de partir pour de bon.J’éclate de rire, un rire froid, sans joie.— Vraiment ?Adrien me fixe, méfiant.Il sait ce que ce rire signifie.— Elias…Je me lève d’un
RoxaneJe hais Elias.Et je hais encore plus le fait que mes lèvres brûlent toujours du contact des siennes.Assise dans cette voiture luxueuse, le silence entre nous est étouffant. Je croise les bras, fixe la route qui défile à travers la vitre. Chaque seconde qui passe alimente ma rage, ma frustration.J’aurais dû rester avec Lucas.J’aurais dû claquer la porte au nez d’Elias.Mais non.J’ai fait exactement ce qu’il voulait.Je suis montée dans cette voiture comme une idiote, comme une femme incapable de résister à la tentation destructrice qu’il incarne.Il est là, assis à côté de moi, parfaitement calme. Comme s’il savait déjà qu’il avait gagné.— Tu ne dis rien ?Ma voix tranche dans l’air, acérée.Il tourne légèrement la tête vers moi, ses yeux sombres et perçants.— Qu’est-ce que tu veux que je dise ?— Je ne sais pas… Peut-être une excuse ? Un semblant de remords pour m’avoir traînée ici comme un putain de trophée ?Il rit doucement. Ce rire m’électrise, me fout encore plus en
RoxaneLe monde bascule.Ses lèvres s’écrasent sur les miennes avec une brutalité qui me coupe le souffle, qui me fait chavirer. Ses mains s’accrochent à mes hanches, m’attirent contre lui avec une force qui ne laisse aucune place au doute. Il ne me demande pas la permission. Il prend.Et je le laisse faire.Je devrais résister. Je devrais me dégager, lui dire d’arrêter.Mais mes bras s’enroulent autour de sa nuque, mes doigts glissent dans ses cheveux, et je me perds dans cet instant, incapable de lutter contre ce feu qui nous consume.Son corps brûle contre le mien, et chaque frisson qui me traverse me rappelle une vérité cruelle : je n’ai jamais ressenti ça avec personne.— Tu es à moi.Sa voix est rauque, un souffle contre ma peau.Je ne réponds pas.Parce qu’il a raison.Je suis à lui.Et je le déteste pour ça.---EliasElle tremble entre mes bras, ses ongles s’enfoncent dans ma peau, et je ressens tout.Sa peur.Son désir.Son besoin.Roxane a toujours prétendu être insaisissab
RoxaneJe devrais partir.Après ce qu’il s’est passé cette nuit, après ce que j’ai entendu ce matin, je devrais simplement rassembler mes affaires et m’éclipser sans un mot. Faire comme si rien de tout cela n’avait d’importance. Comme si Elias Moreau ne m’avait pas déjà contaminée jusqu’au plus profond de mes os.Mais je reste là.Assise sur le bord du lit, mes doigts crispés sur le drap, mes pensées en vrac.Elias se tient devant moi, torse nu, une tasse de café à la main, comme si tout était normal. Comme si nous n’étions pas au bord d’un précipice.— Tu comptes rester silencieuse encore longtemps ?Je relève la tête. Son regard est posé sur moi, intense, scrutateur.— Que veux-tu que je dise ?Il sourit. Lentement. Comme si tout cela l’amusait.— D’habitude, tu trouves toujours quelque chose à dire.Je serre la mâchoire. Il n’a pas tort.Je devrais avoir une réplique mordante, une manière de reprendre le contrôle. Mais tout mon corps se souvient encore de la nuit dernière.De ses m
RoxaneJe n’ai jamais eu peur du combat.Que ce soit dans une salle de réunion, dans un dossier compliqué ou face à une rivale prête à tout, j’ai toujours su me battre.Mais cette fois-ci, c’est différent.Parce qu’Elias est en jeu.Parce que ce n’est pas seulement mon poste qui est menacé, mais quelque chose de bien plus dangereux. Quelque chose qui me dépasse, qui me consume, qui me détruit lentement.Et parce que cette fois, en face de moi, se tient une ennemie redoutable.Alix.Elle trône toujours à mon bureau, son sourire suffisant plaqué sur son visage parfait, comme si elle savourait déjà sa victoire.Mais elle ne sait pas à qui elle a affaire.Je m’avance lentement, mes talons résonnant sur le parquet de l’open-space. Chaque pas est une déclaration de guerre.Elle lève les yeux vers moi, faussement innocente.— Quelque chose ne va pas, Roxane ?Je me penche légèrement, posant les mains sur le bureau.— Oui. Ton parfum envahit mon espace.Elle rit doucement, croisant les jambes
---RoxaneLa victoire a un goût amer.Je devrais être euphorique après avoir éclipsé Alix devant l’un de nos plus gros clients. Après avoir démontré, une fois de plus, que je suis la meilleure. Mais une tension sourde pulse dans mes veines, comme un avertissement silencieux.Elias.Il n’a encore rien dit, mais je le connais. Il n’aime pas perdre le contrôle, et en coupant l’herbe sous le pied d’Alix, je l’ai indirectement défié.Et Elias déteste être défié.Je pousse la porte de mon appartement, lâche mon sac sur la table et me sers un verre de vin. La ville s’étend sous mes fenêtres, scintillante et vibrante, mais mon esprit est ailleurs.Il va réagir.La question est : comment ?Et surtout… suis-je prête à l’affronter ?Je porte mon verre à mes lèvres, mais une vibration me fige.Mon téléphone.Un message.Elias : Ouvre la porte.Mon cœur rate un battement.Je tourne la tête vers l’entrée, mon souffle suspendu. Une ombre derrière le verre dépoli.Il est déjà là.J’inspire profondém
DanielLe bruit du métal contre le sol, des chaînes qui s’entrechoquent, me parvient comme un écho lointain, étouffé par la violence de la confrontation. Gabriel se relève, une lueur de défi dans ses yeux. Ce n’est pas la surprise, cette fois. Non, il est plus calculateur que ça, plus intelligent. Il sait que ça ne finira pas ici. Il sait que je suis venu pour l’affronter, que cette rencontre est la dernière chance de tout effacer, tout brûler. Et pourtant, il me regarde comme si rien n’avait changé.Mais quelque chose en lui, quelque chose d’invisible, commence à vaciller. C’est la peur, je le vois dans son regard. Ce n’est pas de la peur de la mort. Ce n’est pas de la peur de moi. C’est la peur d’avoir tout perdu. La peur de perdre sa domination. La peur de voir son empire s’effondrer sous le poids de ses propres mensonges.Je n’ai pas le temps de réfléchir à ce qu’il pourrait encore faire. Je suis déjà en mouvement, une impulsion brute qui me propulse vers lui, prêt à tout détruire
ÉliasOn roule depuis des heures.Le vent cogne contre les vitres comme s’il voulait entrer.Roxane ne parle pas. Elle garde les yeux rivés sur la route, les doigts crispés sur le volant, comme si lâcher le volant risquait de la faire sombrer.Moi, je pense à Alma.À son silence.À ses yeux quand je suis parti.J’ai cru que c’était nécessaire. Qu’on n’avait pas le choix.Mais chaque kilomètre me prouve le contraire.Chaque seconde sans elle est un poison.— On arrive, murmure Roxane.Je hoche la tête.On a trouvé un abri temporaire dans une vieille maison abandonnée, planquée dans une zone industrielle hors réseau.Mais ce n’est pas la sécurité que je cherche.C’est un sens à tout ça. Un sens à la douleur, aux cris étouffés, aux souvenirs déchiquetés.On entre. Le parquet grince. L’humidité suinte des murs.Des odeurs de moisissure et de rouille flottent dans l’air, comme un avertissement.Mais au moins ici, personne ne nous verra mourir.Roxane installe l’ordinateur. Je referme les r
AlmaLe sang me martèle les tempes.Je suis seule.Du moins, je le crois.Assise sur les marches froides de l’appartement déserté, je serre mes bras autour de moi comme si ça suffisait à faire taire ce qui hurle à l’intérieur.La lumière du soir filtre à peine par les persiennes.Un silence épais règne, saturé d’absences.Elias ne répond pas.Je sais pourquoi.Je sais qu’il est parti avec Roxane.Je sais qu’il m’a laissée en arrière, encore une fois, et que ce choix, même s’il était stratégique, me brûle comme une trahison.Il a préféré l’action à l’explication.Le risque à la confiance.Mais je ne pleure pas.Je ne cède pas.Pas encore.Un bruit.Quelque chose de léger. Un froissement.Je relève la tête, le cœur au bord des lèvres.— Tu comptes rester là combien de temps ?La voix est douce, traînante, ironique.Roman Toujours là quand Elias disparaît.Je ferme les yeux une seconde.Respire.Essaie de ravaler tout ce qui monte.— Ce n’est pas le moment, Soren.— C’est toujours le mo
EliasL’air est chargé de tension.Alix tient toujours cette foutue clé USB entre ses doigts, la faisant tourner lentement comme si elle dictait le rythme du monde. Devant elle, Ezekiel Dante ne cille pas. Derrière lui, son équipe, des ombres prêtes à frapper. De mon côté, Roxane serre son arme, Lucian Blackwood reste en retrait, savourant chaque seconde de cette confrontation comme un spectacle privé.Et moi ?Je suis au bord de l’explosion.— Donne-la-moi, Alix.Ma voix est basse, tranchante.Elle rit doucement.— Pourquoi ferais-je ça ?— Parce que si tu me la donnes pas, je te la prends.Son sourire s’élargit.— Tant d’agressivité, Elias.Ezekiel lève une main, un geste calculé.— Pourquoi lui, Alix ? Pourquoi pas moi ?Alix lève un sourcil, faussement étonnée.— Oh, Ezekiel… Toujours aussi direct.Elle s’avance d’un pas, ignorant la tension palpable dans la pièce.— Tu veux la clé ?Elle la fait glisser entre ses doigts avant de la lever bien haut.— Viens la chercher.Le mouveme
EliasLondres.Les rues humides brillent sous les néons, les taxis filent dans le chaos ordonné de la ville, et moi, je suis là, dans cette voiture banalisée, le regard rivé sur un immeuble à la façade austère.— Elle est bien là-dedans ? demande Roxane, assise à côté de moi.Je serre la mâchoire.— Son vol a atterri il y a trois heures. Elle n’a pas eu le temps d’aller ailleurs.Lucian Blackwood n’est pas du genre à faire attendre ses alliés. Ou ses pions.Roxane tapote nerveusement le tableau de bord.— Et notre plan ?Je lui jette un regard.— On entre. On récupère les fichiers. Et si elle résiste…Je ne finis pas ma phrase.Elle comprend.Roxane me lance un sourire en coin.— Parfait.Elle aime ça. Le risque. L’adrénaline. L’affrontement.Et moi ?Moi, je veux juste en finir.Je sors de la voiture et traverse la rue sans hésiter. Roxane me suit de près.Le bâtiment est sécurisé. Évidemment.Mais j’ai toujours une longueur d’avance.Je glisse une carte falsifiée dans le lecteur de
---RoxaneJe cours.Les talons de mes chaussures claquent sur le sol encore tiède de l’incendie, l’odeur du plastique brûlé s’accroche à mes vêtements, à ma peau. Chaque inspiration me rappelle que nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre.Alix croit m’avoir dépassée.Elle se trompe.Je n’ai jamais perdu une guerre de territoire sans me battre jusqu’à la dernière goutte de sueur, jusqu’à la dernière étincelle de rage.Elias est à mes côtés, son souffle court, son regard acéré.— On va où ? demande-t-il entre deux foulées.— Si elle a volé des données, elle doit les transférer. Et pour ça, elle a besoin d’un réseau sécurisé.Je dégaine mon téléphone, tapant à toute vitesse sur l’écran fissuré.Le nom d’un hacker s’affiche. Un allié de longue date. Un homme qui sait tout sur le marché noir numérique.« On a une brèche. Vérifie les canaux clandestins. »Quelques secondes plus tard, la réponse claque.« Trafic suspect. Borne privée. Hôtel Blackwood. Suite 1203. »Je relève la tê
RoxaneLe jeu n’est pas fini.Je le sens dans chaque battement de mon cœur, dans chaque frisson qui parcourt ma peau alors qu’Alix s’éloigne. Elle ne partira pas sans tenter un dernier coup. Elle n’abandonne jamais.Mais moi non plus.À côté de moi, Elias croise les bras, observant le parking désert d’un air pensif.— Elle va contre-attaquer.Je hoche la tête.— C’est ce que j’espère.Il se tourne vers moi, un éclat de curiosité dans le regard.— Tu as déjà ton prochain mouvement ?— Depuis le début.Il sourit légèrement.— Montre-moi.Je sors mon téléphone, fais défiler les documents que j’ai copiés. Des preuves de détournement de fonds. Des transactions effacées. Des comptes offshore reliés à des entreprises fantômes.Alix n’est pas qu’une manipulatrice.C’est une criminelle.— J’ai de quoi la faire tomber. Officiellement.Elias observe l’écran, son sourire s’étire.— Et officieusement ?Je relève les yeux vers lui.— Je veux qu’elle sache que je peux la détruire. Mais je veux aussi
EliasLes coups sont partis.Alix a frappé la première. C’était prévisible. C’était inévitable.Mais Roxane…Elle ne s’effondre pas.Elle se bat.Et c’est exactement ce que j’attendais d’elle.Assis dans mon bureau, j’observe la porte close. Elle va venir. C’est une certitude. Je l’ai laissée avec cette clé USB, un fil tendu entre nous.Quand elle l’utilisera, elle comprendra.Quand elle reviendra, je saurai si elle est prête à aller jusqu’au bout.Trois coups secs résonnent.— Entre.La porte s’ouvre. Roxane franchit le seuil, le regard brûlant.Elle est venue plus vite que prévu.Je referme mon ordinateur et me penche en avant.Elle s’avance, s’arrête devant mon bureau.— C’est quoi, cette clé ?Sa voix est tranchante. Une lame bien affûtée.Je croise les mains sous mon menton.— Je croyais que tu aurais déjà trouvé la réponse.Elle serre les dents.— J’ai vu les fichiers. Des accès aux serveurs, des relevés de connexion… et un dossier entier sur Alix. Tu m’espionnes ?Je souris lég
RoxaneIl faut être prêt à tout dans ce monde.Je le savais en intégrant cette entreprise, je le savais en défiant Alix, je le savais en jouant avec Elias.Mais ce que je ressens en franchissant la porte de la salle 12 dépasse toutes mes attentes.Ils sont trois.Trois visages neutres, trois personnes du service RH assises autour d’une table en verre, avec des dossiers ouverts devant elles.L’une d’elles, une femme aux cheveux courts et au tailleur beige impeccablement repassé, m’adresse un sourire poli.— Asseyez-vous, Mademoiselle Lenoir.Mon cœur bat vite. Trop vite. Mais je ne laisse rien paraître.Je m’installe, croisant les jambes avec une lenteur calculée.— On peut m’expliquer ce qui se passe ?Un homme d’âge mûr, crâne légèrement dégarni, joint les mains sur la table.— Des anomalies ont été relevées dans plusieurs de vos dossiers récents. Des erreurs d’affectation, des documents signés en double, et dans certains cas… des données qui ne correspondent pas aux fichiers de réfé