Chapitre 8 Une balle était la cause (2)

« Aïe ! » Rubis a atterri maladroitement après avoir sauté, finissant à plat dos sur la pelouse. Elle a réalisé – trop tard – que du côté de Christian, il n’y avait pas de chaise pour grimper comme chez elle. La chute l’a un peu sonnée, mais elle s’est relevée lentement puis elle est allée récupérer la balle.

« Flynn, tu m’entends ? » a-t-elle crié.

« Je t’entends ! » a répondu Flynn de l’autre côté.

« Je vais te lancer la balle, alors prépare-toi à l’attraper ! »

« Oui ! Lance-la ! »

Tout excité, Flynn s’est mis en position. La balle a volé haut au-dessus du mur… Pourtant, son lancer a dévié ; la balle a roulé dans un autre coin. Le petit garçon s’est précipité après elle, puis est revenu en hâte, les yeux brillants, pour attendre sa belle sœur.

« Attends-moi un peu, d’accord ? Je vais trouver un moyen de grimper pour revenir d’abord. » a-t-elle crié à Flynn, qui se tenait de l’autre côté.

« D’accord ! »

Rubis a sauté et s’est agrippée à la poutre en haut du mur. À chaque tentative pour grimper, elle a glissé et est retombée sur la pelouse. Elle a réessayé encore et encore, Flynn l’appelant depuis l’autre côté, sa voix assurant qu’elle y était presque. Retenant son souffle, elle a bondi, s’est étirée pour la poutre… mais sa prise a lâché et elle est retombée une fois de plus.

« Oh non ! »

Mais au lieu de heurter le sol, son corps a atterri en sécurité dans les bras de quelqu’un. Lentement, elle a cligné des yeux pour les ouvrir, seulement pour sentir son cœur palpiter à la vue du visage de Christian, à quelques centimètres. Christian a secoué la tête avec exaspération avant de la poser doucement sur le sol.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? » a demandé Christian, d’un ton qui donnait l’impression qu’il cherchait la bagarre, son regard fixé sur elle comme si elle était complètement en tort.

Bien sûr, se faufiler dans la maison de quelqu’un comme ça était déjà mal.

« La balle est tombé dans ton jardin. J’ai frappé, mais tu n’étais pas là. Pas de voiture… alors j’ai… euh… »

« Personne à la maison, hein ? As-tu essayé de sonner ? »

-Tu t’es bien ratée, Rubis.

« Non, j’ai pas essayé. »

« La prochaine fois, tu sonnes. C’est clair ? Maman et Théo sont sortis et ma voiture est au garage. Si tu te faufiles dans ma maison comme ça, je peux déposer une plainte pour intrusion, Rubis. »

Christian l’a réprimandée, transformant tout ça en affaire sérieuse.

« Mais je grimpais tout le temps avant… » a marmonné Rubis

« Rubis, tu es là ? » a crié Flynn de l’autre côté. Et seulement là, Rubis a réalisé qu’elle avait laissé le petit garçon tout seul dans la maison.

« C’est la voix de quel enfant ? » a demandé Christian en haussant haut les sourcils.

« Euh… le fils de Tucker. Il a laissé son fils à ma mère pour qu’elle s’en occupe. »

« Tucker, celui d’à côté ? »

C’était quelque chose de nouveau, Christian venait d’apprendre qu’Amber gardait des enfants.

« Christian, puis-je utiliser une chaise pour grimper et revenir ? » a-t-elle supplié.

« Non. »

« Pourquoi ? On ne devrait pas laisser un enfant seul. »

« Quand j’ai dit non, je voulais dire que tu devrais rentrer par la porte d’entrée, pas que tu joues les acrobates et que tu risques de te casser une jambe. Crie au garçon et dis-lui d’attendre. » Son ton était à moitié un ordre.

« Flynn ! Attends-moi ! Je reviens par la porte d’entrée ! » a-t-elle crié fort.

« D’accord ! »

Alors le jeune propriétaire a dû l’accompagner jusqu’à la porte d’entrée, mais Christian ne s’est pas arrêté là. Il a même suivi Rubis jusqu’à chez elle.

« Je veux juste voir la tête de ce gamin. » a-t-il expliqué sèchement.

Ce n’était pas comme s’il voulait vraiment lui parler. Rubis a essayé de se retenir, refusant de laisser ses pensées s’emballer plus loin.

« Flynn, voici Christian. » Elle les a présentés pour que les deux mâles - d’âges très différents - puissent se connaître.

Le petit garçon a levé la main et a salué Christian avec un air adorable.

Christian a fini par dire : « Je ne savais pas qu’Amber gardait aussi des enfants. »

« Oui, en fait, je viens juste de l’apprendre. Tu veux t’asseoir ? »

Elle a montré les chaises du jardin devant la maison.

« Bonne idée. »

« Flynn, va t’asseoir là avec Christian d’abord. Je vais chercher des desserts pour vous. »

« Oui, Rubis. »

Toujours obéissant, Flynn est allé s’asseoir tranquillement à côté de Christian tandis que la jeune propriétaire s’est précipitée à la cuisine.

Dès qu’elle a vu les roulés à la saucisse que sa mère avait préparés tôt ce matin, elle les a emportés pour les deux.

« Christian, c’est les roulés à la saucisse. Maman les a faits pour moi, mais il y en a trop. Je ne peux pas tout manger seule. »

« Hmm. »

Christian a regardé l’assiette devant lui, mais il est resté immobile et n’a pas touché la fourchette

« Et ça c’est pour toi, Flynn. C’est du soda rouge pour accompagner les desserts. Tu sais comment on mange ça ? »

« Oui ! »

« Alors pose la balle et viens manger. » a-t-elle dit en retirant la balle des mains du petit garçon, avant de se tourner vers leur « invité » avec curiosité.

« Christian, juste de l’eau, d’accord ? Je n’ai pas acheté de jus. »

« C’est bon, je n’ai pas soif. » a-t-il répondu ainsi, ce qui a laissé Rubis un peu impuissant. Elle s’est retrouvée sans mots. Elle a tourné son attention vers Flynn à la place.

« Mange beaucoup, d’accord ? Sinon, quand ton papa reviendra, il pensera que je ne me suis pas bien occupée de toi. »

« Oui. » Flynn s’est empressé de saisir une fourchette et d’enfourner un roulé à la saucisse avec un plaisir évident. Rubis en a pris un à son tour, jetant en même temps un regard vers Christian, assis là, silencieux, sans dire un mot.

[Au fait, pourquoi il est venu s’il n’a pas l’intention de dire quoi que ce soit ?]

Une petite gêne a flotté entre eux. Aujourd’hui, Christian paraissait bien plus sérieux que d’habitude, tellement sérieux que Rubis n’osait presque plus lancer la conversation.

« Christian, tu n’en manges pas ? C’est bon. » Soudain, le petit garçon a demandé à Christian. Rubis a ressenti une joie secrète que quelqu’un ait posé la question à sa place, et les coins de sa bouche ont trahi un léger sourire satisfait à l’innocence de Flynn.

« Alors je vais en goûter un. » Christian n’a pas voulu décevoir le petit, il a donc pris un roulé avec sa fourchette et en a mis un dans sa bouche.

« C’est bon ? »

« Oui, c’est vraiment aussi bon que Flynn l’a dit. » a-t-il répondu avec un large sourire… adressé au garçon seulement. Son visage est redevenu sérieux lorsqu’il a tourné les yeux vers elle. Jusqu’à quand allait-il jouer les sévères avec elle ? À ce rythme-là, oserait-elle un jour se rapprocher de lui ?

Après un moment, Flynn a fini de manger, repu et heureux. Christian aussi semblait satisfait. Il a discuté avec le petit d’un ton très « garçon », jetant à peine un regard à Rubis. Une fois les snacks terminés, les deux sont partis jouer au foot ensemble.

Rubis a rangé les assiettes, les a lavées dans la cuisine, puis est revenue s’asseoir dehors, le sourire aux lèvres en les voyant s’amuser.

Flynn sautait parfois pour s’accrocher aux jambes de Christian, et Christian le balançait autour avec précaution. En les regardant, Rubis s’est surprise à imaginer son mari et leur fils en train de jouer ainsi. Elle est restée là à sourire comme une idiote… jusqu’à ce qu’il lui lance un regard sévère, et que son sourire se fane doucement.

« Rubis. » Après un moment, Christian s’est tourné et l’a appelée.

« Oui, Christian ? »