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Chapitre 5

Et si nous regardions comment avait vécu Satya cette rencontre ? Juste un peu. Allez.

Satya avait deux heures de trou avant son prochain cours alors elle décida de se poser dans le bâtiment le plus proche d’elle. Etant d’humeur à manger seule elle sortit son plat de pâtes et se trouva un coin calme pour lire. Les personnes parlaient autour d’elle mais cela ne la dérangeait pas du tout. Satya n’avait aucun problème avec le bruit. Au contraire. Elle ne supportait pas le silence. Elle n’aurait jamais pu lire s’il y avait eu un silence de mort et aurait sorti son téléphone pour regarder une vidéo.

Ses oreilles étaient donc libres et elle entendit parfaitement Simon l’appeler. Elle posa son marque page dans son livre irritée à l’idée d’être dérangée en plein milieu de son chapitre mais sourit doucement en voyant Simon. Elle ne le connaissait pas très bien mais ils avaient discuté quelques fois et il n’avait rien de méchant.

« Coucou Satya ! Tu sèches les cours ?

-Non, pas du tout. J’ai une heure de trou.

-Oh, moi aussi. Fin j’ai cours normalement mais personne ne va en info de toute façon. C’est inutile. »

Ne sachant pas quoi répondre, Satya se contenta de rire. Dans sa tête elle était encore bloquée dans le chapitre qu’elle était en train de lire et elle oublia immédiatement de quoi ils parlaient avec Simon. Mais elle avait l’habitude alors elle se contentait de ne pas trop parler et de faire comme si elle écoutait ce qui se disait.

« Là je suis en train de débarrasser les cartons du débarras. Il y en a vraiment des tonnes. Les gars auraient vraiment pu faire un effort. Quelle idée de laisser les cartons s’empiler pendant deux ans ? On ne s’y retrouve plus après. »

Les paroles de Simon devinrent claires d’un coup. C’était toujours le cas quand Satya avait la possibilité d’aider quelqu’un. C’était devenu un réflexe chez elle et elle proposa son aide sans réfléchir à déplacer les cartons. En l’entendant proposer cela Simon sourit :

« Tu es vraiment adorable. J’étais sûr que tu allais proposer. En vrai je veux bien je suis vraiment en galère. A deux avec Camille ça nous aurait pris des années. Il est derrière si tu peux aller chercher un carton s’il te plait. Je vais aller prendre les clefs pour pouvoir les mettre dans le nouveau débarras. J’arrive tout de suite ! »

Sur ce Simon disparut et Satya ramassa son livre ainsi que le reste de ses affaires pour rejoindre Camille à l’arrière. Ce dernier regardait les cartons d’un œil dépité et en entendant des pas approcher se retourna croyant que c’était Simon :

« On va jamais y arriver putain. »

Mais en voyant que c’était Satya, Camille s’adoucit tout de suite :

« Oh désolé. Je croyais que tu étais quelqu’un d’autre. »

Satya fut surprise que Camille ne l’ai pas reconnue à ses pas mais ne dit rien. Elle avait l’habitude de reconnaitre les personnes selon leurs pas et Simon et elle n’avaient pas du tout le même bruit que Simon.

« Il m’a justement envoyée pour aider à ramener les cartons.

-Oh c’est vraiment sympa merci.

-Pas de soucis.

-Même à trois je sais pas comment on va survivre. Ce sont vraiment des bâtards de nous refiler le sale boulot. Ca fait des années que ces cartons s’entassent et pile quand ils sont pas là ils décident de tout trier. Rah désolé je me plains trop mais ça m’énerve. »

Satya n’avait pas écouté alors elle se contenta de rire.

« Pas de soucis. Je peux prendre celui-là ?

-Ouais vas-y. Je vais prendre lui. Simon est allé chercher les clefs alors on peut aller devant la porte il nous rejoindra.

-Okay. »

Sur ce ils prirent leurs cartons et Camille fit entendre un soupire exprimant le poids de sa cargaison.  Satya devait aussi avouer que le carton était assez lourd mais elle ne dit rien supportant en silence. Au moins cela arrivait à la tirer doucement vers le monde réel et elle arrêtait de se perdre dans ses pensées.

Ils titubèrent jusqu’à la porte et posèrent leurs cartons mais Simon ne vint pas. Satya commençait à être gênée car elle ne savait pas de quoi discuter avec Camille. Elle ne le connaissait pas du tout et n’avait aucune idée de sujet à aborder. Heureusement Camille perdit vite patience et proposa d’aller chercher Simon.

J’ignore pourquoi mais ils ramassèrent leurs cartons et firent le tour du bâtiment avec ces derniers étant de plus en plus essoufflés. Plus ils mettaient de temps à trouver Simon, plus Camille était d’humeur grincheuse. Satya commençait malheureusement à de nouveau se perdre dans ses pensées donc elle suivait Camille sans réfléchir se demandant ce qui allait arriver à la fin du chapitre en cours.

Ils finirent enfin par tomber sur Simon en poussant une des portes. Camille s’exclama en trouvant enfin celui qu’il cherchait :

« Simon enfin ! On t’a cherché partout. Tu veux qu’on les mette où ? demanda-t-il en désignant le carton du menton. »

Simon se redressa d’un coup les joues légèrement rouges de gêne et Satya sut tout de suite qu’il les avait oubliés. 

« Oups pardon je vous avais totalement oubliés. »

Eh bah voilà. Satya posa doucement son carton heureuse d’enfin pouvoir sentir ses bras mais à force d’avoir tenu ce poids elle avait mal en dépliant le coude et retint une grimace.

« Sérieux, mec ? C’est super lourd ces trucs.

-Désolé…  Laissez les cartons là je viendrai les chercher.

-Mais non, pas de soucis. On peut attendre. »

Simon attrapa l’épaule de Satya et la tira vers lui tout sourire ce qui la surprit. Elle n’était pas vraiment à l’aise et n’osa pas bouger mais se força à sourire. Après l’avoir présentée Simon se perdit en éloges à son sujet et Satya essayait de le faire taire gênée. Elle n’avait pas besoin de compliments. Du moins pas tout de suite.

Tandis qu’elle était coincée dans les bras de Simon, Satya regarda autour d’elle et se rendit compte qu’ils n’étaient plus seuls. Une personne aux cheveux d’un roux captivant et à la mâchoire fine et rassurante, un homme aux cheveux dans une pagaille contrôlée et un autre homme d’une taille stupéfiante.

« J’ai aussi des cours de communication ce qui est vraiment cool. Après tout ça reste le cœur de nos vies. »

Satya hocha la tête :

« L’humain est un être social après tout. »

Elle ne s’était même pas rendu compte qu’elle avait parlé.

« Exactement. »

Maintenant qu’elle était lancée autant parler :

« C’est super d’avoir des cours de communication. Tu as vraiment de la chance cela te servira tout le long de ta vie.

-C’est ce que je me suis dit aussi ! On a juste un projet à faire où nous devons faire ressentir quelque chose aux autres.

-C’est super dure.

-Cela dépend des sentiments j’imagine.

-En effet. Un groupe a choisi une espèce de liste avec des meurtres hyper glauques. Y avait même des photos pas floutées.

-Le prof accepte ça ? 

-Il est spécial. »

Satya haussa les épaules pensive :

« Je pense que c’est un sujet intéressant. »

Elle n’eut pas le temps de continuer sur sa lancée qu’elle fut coupée par Simon. Elle s’en fichait parce que dans sa tête elle revoyait tous les reportages sur les tueurs en série qu’elle avait regardés au fil des années.

« Franchement ils ont réussi à nous faire ressentir pleins de trucs. »

Simon se lança dans une description détaillée des meurtres réalisés et Satya se contentait de le fixer avec détachement voyant parfaitement les images devant ses yeux. Elle était parfaitement engouffrée dans le récit et eut du mal à se souvenir du monde qui l’entourait. Soudain l’excitation s’empara d’elle :

« Oui ! Je les avais entendues celles-ci. J’écoute souvent des histoires de meurtres. Cela me détend. »

Simon se mit à rire.

« Comment ça ça te détend ? C’est hyper bizarre. »

Satya se mit à rire pas du tout surprise que quelqu’un puisse trouver cela bizarre. Elle se trouvait bizarre aussi.

« Je ne sais pas. J’aime bien. Je trouve ça super intéressant. »

Dès qu’elle avait un moment de répit elle lançait une vidéo de ce type même si elle n’écoutait pas toujours ce qui était dit. Satya détestait le silence donc la grande part du temps elle lançait une vidéo seulement pour avoir une voix en arrière-plan. Mais parfois elle écoutait ce qui se passait et trouvait cela passionnant. Toutes ces maladies mentales étaient fascinantes. Et la manière dont ils commentaient leurs meurtres étaient encore plus attrayant.

« Ca ne te fait pas perdre foie en l’humanité ? demanda Maé avec un sourire malicieux. »

Satya se réveilla d’un coup et haussa les épaules avec légèreté.

« Pas vraiment. Je n’ai jamais eu foie en l’humanité de toute façon. »

Maé et les autres se mirent à rire en même temps face à son honnêteté. Satya n’avait pas eu le temps de réfléchir à ce qu’elle allait dire mais visiblement cela n’avait pas eu un mauvais effet alors tant pis.

« Tu exagères. On n’est pas si méchants. »

Pas si méchants ? Avec tous les meurtres, viols, enlèvement, racisme et bien plus encore qui avait lieu sur Terre, Satya n’avait jamais compris pourquoi l’humanité existait.

« Je n’en suis pas convaincue. Notre espèce est vraiment inutile.

-Ecoutez la l’autre. Inutiles. Je me sens vexé. 

-Elle a complètement raison. L’humanité s’entretue et détruit la planète sur son passage. On ne sert vraiment à rien. »

Satya se tourna d’un coup vers l’homme de deux mètres qui venait de parler. Elle ne s’était même pas rendu compte de sa présence mais maintenant qu’elle le regardait elle le trouvait vraiment attirant. Il était totalement son style et il était assez rare de croiser son type d’homme à la fac donc Satya fut déstabilisée un instant. Elle se reprit cependant très vite et allait renchérir mais Simon la coupa de nouveau et Satya fut frustrée cette fois-ci. Pour une fois qu’elle rencontrait quelqu’un qui était d’accord avec elle…

« Mais wow t’as une voix super grave. Jung c’est ça ? 

-Jung-Hwa. »

Satya n’avait même pas remarqué la voix de l’homme mais maintenant que Simon y avait fait référence elle ne pouvait plus rien voir d’autre. D’un autre côté elle ne se serait pas attendue à une voix super aigue avec une telle carrure.

Tandis que Simon continuait à parler de sa voix grave, Satya se rendit compte que Jung-Hwa semblait pas du tout à l’aise à l’idée d’être le centre des regards. Mais malheureusement pour lui les autres continuaient à échanger des anecdotes à son sujets et Satya ne savait que faire pour l’aider.

« Pourquoi tu es venu en costume d’ailleurs ? le questionna Simon. On est dans une fac pas à un mariage. »

Satya fronça les sourcils sincèrement choquée.

« Moi je trouve cela super. »

Elle n’avait encore jamais vu personne aussi bien s’habiller et était vraiment admirative envers le style du jeune homme. Ses amis à elle s’habillaient tous de la même manière mais cela elle n’allait pas le dire.

« J’ai toujours adoré les costumes. J’en ai plein chez moi mais malheureusement ils sont trop légers et j’ai froid en les portant.

-Tu portes des costumes toi ? demanda Camille. »

Satya n’aima pas le ton qu’avait pris Camille. Pourquoi était-ce si surprenant ? Il n’y avait rien de plus sexy qu’un costume trois pièces.

« Oui. Je les trouve super classes. J’adorerais en porter tous les jours. »

L’inconnu aux cheveux en pagaille se mit à rire. Satya aurait pu mal le prendre mais il n’y avait aucune once de jugement dans son rire. Au contraire.

« Dans ce cas tu t’entendrais parfaitement avec Jung-Hwa. »

Satya se tourna immédiatement vers l’intéressé et eu l’impression de le voir sursauter. Décidément ils avaient de plus en plus de points communs.

« Vraiment ? Nous aimons tous les deux les costumes et trouvons que l’humanité n’a aucun sens. C’est un bon début. »

Satya aimait toujours se faire des nouveaux amis néanmoins trouver une personne qui avait les même goûts qu’elle était assez rare. Elle avait donc naturellement bien envie de saisir l’occasion. Malheureusement leur conversation prit vite fin et l’inconnu en costume disparut. Satya fut déçue mais se remit sincèrement vite de cette perte une fois qu’elle avait retrouvé son livre.

Je dois cependant avouer qu’une fois dans son lit le soir le visage de l’inconnu lui est vite revenu en mémoire.

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