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L’HÉRITIÈRE DÉGUISÉE
L’HÉRITIÈRE DÉGUISÉE
Author: Caly

1: L’HÉRITIÈRE DE L’OMBRE

Author: Caly
last update Last Updated: 2025-03-13 07:20:00

Il y a des jours où je me demande comment j’en suis arrivée là.

Assise à un immense bureau en acajou, un stylo entre les doigts, je fais mine d’écouter l’un des directeurs du conseil d’administration tandis qu’il me parle de chiffres, d’investissements et d’objectifs à long terme. Derrière moi, la baie vitrée offre une vue imprenable sur la ville, ses lumières scintillantes et son agitation perpétuelle.

Mais moi, je n’ai qu’une seule pensée en tête : je ne suis pas censée être ici.

Je suis capitaine, pas PDG. Je suis faite pour donner des ordres sur un terrain militaire, pas pour négocier des contrats avec des requins en costume. Mais la vie a un drôle de sens de l’humour, et aujourd’hui, je suis Sébastien Moreau.

Du moins, c’est ce que tout le monde croit.

L’héritage d’une disparition

Mon vrai nom, c’est Elena Moreau. Je suis la dernière-née de ma famille, la benjamine, celle que personne n’a jamais envisagé comme héritière de l’empire familial. Ce rôle devait revenir à mon frère aîné, Sébastien. C’était lui le PDG, lui l’homme d’affaires, lui l’héritier parfait. Jusqu’au jour où il a disparu.

Sans laisser de traces.

Un matin, il n’était plus là. Pas de lettre d’adieu, pas d’explication. Rien. Son absence a laissé un vide immense, et avec lui, une entreprise sans dirigeant. Mon père, un homme puissant et redouté, s’est retrouvé face à un dilemme : laisser s’effondrer ce qu’il avait bâti, ou trouver une solution radicale.

Cette solution, c’était moi.

Adam, mon frère cadet, un brillant médecin, avait refusé de prendre la relève. Trop absorbé par sa carrière, il n’avait aucun intérêt pour le monde des affaires. Moi, j’étais le dernier espoir de mon père.

— Elena, tu dois prendre la place de Sébastien.

Je m’étais figée devant ces mots. Moi ? Prendre sa place ? C’était absurde. Mais mon père ne me laissait pas le choix. Il ne pouvait pas admettre la disparition de Sébastien comme une fatalité. Il fallait un Moreau à la tête de l’entreprise, coûte que coûte.

Et c’est ainsi que je suis devenue mon propre frère.

Se transformer en Sébastien

La ressemblance entre Sébastien et moi a rendu cette illusion possible. Nos traits étaient presque identiques : des yeux marron clair, perçants, des cheveux noirs presque glacés.

La seule différence résidait dans la longueur de nos cheveux : les siens étaient courts, tandis que les miens tombaient en cascade sur mon dos. Sébastien avait une petite tache de naissance en forme d’étoile au niveau du cou, mais elle n’était pas très visible ; il fallait un œil de lynx pour la remarquer et tandis que moi, je n’en avais pas.

Mais….En revanche J’avais un tatouage de dragon qui s’étendait tout le long de mon bras droit et remontait jusqu’à mon dos comme s’il veillait sur moi.

Alors, j’ai pris une paire de ciseaux et j’ai coupé.

J’ai serré ma poitrine sous des bandages, adopté des costumes masculins, et appris à marcher, parler et agir comme Sébastien. Ça n’a pas été aussi difficile qu’on pourrait le croire. Après tout, j’avais grandi en observant mon père et mon frère diriger l’entreprise. Je connaissais ce monde. Je savais comment fonctionnait chaque rouage. L’entreprise n’avait jamais été un mystère pour moi.

Mais jouer un rôle et être crédible en tant que PDG sont deux choses bien différentes.

Les employés ont cru à ma mascarade. Les actionnaires aussi. Mon arrogance naturelle a aidé à masquer les moments où j’avais envie d’envoyer tout le monde se faire voir. Car oui, je suis comme ça. Je suis une femme de terrain, pas de bureau. Alors, face aux requins qui me testaient, je répondais avec des sourires narquois et des répliques cinglantes.

Tout allait bien. Jusqu’à ce qu’un homme commence à douter.

L’entreprise de mon frère n’était pas indépendante. Elle était liée à un empire encore plus grand, dirigé par un PDG influent, un homme qui connaissait Sébastien depuis des années.

Et dès notre première rencontre, il m’a observée un peu trop attentivement.

— Tu as changé, Sébastien.

Son regard s’attardait sur moi, cherchant quelque chose, une faille.

J’ai haussé un sourcil, croisant les bras avec mon air habituel d’arrogance.

— Tout le monde change, non ?

Il a souri, mais pas d’un sourire rassurant. Plutôt de celui d’un homme qui venait de flairer un secret bien gardé.

Et c’est là que les ennuis ont commencé.

Son regard sur moi était insistant, trop insistant pour être anodin. J’avais l’habitude d’être scrutée, analysée, jaugée – que ce soit par mes supérieurs dans l’armée ou par ces vieux loups de la finance cherchant la moindre faille. Mais lui, c’était différent. Il ne cherchait pas à m’intimider ou à m’impressionner, non… il voulait comprendre.

Comprendre quoi, au juste ? Que le Sébastien devant lui n’était pas celui qu’il avait connu ? Quelle perspicacité.

— Tout le monde change, non ? ai-je rétorqué avec mon sourire habituel, mi-arrogant, mi-provocateur, l’air de dire t’occupe de tes affaires, mon grand.

Sa réponse a été un simple rictus, un de ces sourires en coin qui vous font comprendre qu’il a capté quelque chose… mais pas encore assez pour vous démasquer.

Et c’était là toute la subtilité du jeu : il ne savait pas ce qui clochait, mais il sentait que quelque chose n’allait pas.

J’ai décidé d’ignorer son regard scrutateur pour me concentrer sur l’essentiel : ne pas paraître nerveuse, garder mon aplomb. Après tout, s’il commençait à creuser, il fallait que je lui donne juste assez pour qu’il pense que son intuition le trompait.

— Tu sembles plus… distant qu’avant, a-t-il fini par dire après un instant de silence.

— Distant ? Non, juste occupé. Mais t’inquiète pas, hein, si tu veux un câlin, tu demandes.

J’ai ponctué ma phrase d’un clin d’œil moqueur et d’un sourire carnassier.

Il a éclaté de rire, ce qui était déjà une victoire. Les hommes comme lui ne doutent jamais autant que lorsqu’on les met mal à l’aise.

Mais dans ses yeux, l’étincelle de suspicion brillait toujours.

Le début des emmerdes

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Comments (4)
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Ilynka Marbois
j'aime bien
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loriane
une belle intro
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anna
le début n'est pas mal j'aime bien...
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