AlexioLe silence nous avale.La nuit est tombée depuis longtemps, mais ici, sous les lumières blafardes de la ville, le temps semble suspendu. Lysandre marche devant, un spectre parmi les ombres. Léna est près de moi, trop près. Chaque mouvement de son corps effleure le mien, chaque respiration est une provocation silencieuse.Je lutte.Contre ce qui gronde en moi. Contre cette noirceur qui me pousse à serrer les poings jusqu’au sang.Mais Léna refuse de reculer.Elle est là, à portée de main, me fixant avec cette foutue intensité qui me fait vaciller.— Tu comptes me dire ce qui se passe ?Sa voix est calme, posée. Mais je la connais trop bien. Elle est tendue, sur le fil.Je ferme les yeux un instant, inspirant profondément.— Léna…— Ne commence pas avec ça., coupe-t-elle, agacée.Je rouvre les yeux et elle me défie, le menton légèrement relevé, son regard brûlant.— J’ai besoin de comprendre, Alexio., insiste-t-elle.Elle s’approche encore, envahissant mon espace, et cette proxim
AlexioLéna serre ma main, mais son regard me transperce comme une lame glacée. Je sais ce qu’elle a vu. Ce que je suis.Lysandre ouvre la marche. On sort de l’appartement comme des fantômes, silencieux, l’odeur du sang collée à nos vêtements. L’attaque n’était qu’un avertissement. Un rappel que nos ennemis sont partout.— On va où ? demande Léna d’une voix rauque.— Quelque part où on pourra respirer deux secondes., grogne Lysandre.Le garage souterrain nous engloutit dans sa pénombre. Je monte à l’avant, Léna glisse à l’arrière, les bras croisés sur sa poitrine comme une barrière invisible.Je démarre.Le moteur gronde et on disparaît dans la nuit.LénaLes lumières de la ville défilent, trop rapides, trop floues.Je devrais avoir peur. Après tout, je viens de voir Alexio abattre des hommes sans une hésitation. Mais ce n’est pas la peur qui m’étrangle. C’est autre chose.Un vertige. Un désir dangereux.Parce qu’une part de moi accepte ce qu’il est.Et cette prise de conscience me te
Léna Lysandre nous attend déjà dans le couloir, arme à la main.— On bouge., annonce-t-il en nous voyant arriver.L’hôtel est calme. Trop calme.Chaque pas que nous faisons résonne comme une menace.Alexio me fait passer devant lui, sa main pressée contre le creux de mon dos.— Si je te dis de courir, tu cours., murmure-t-il à mon oreille.Un frisson glacé me traverse.On atteint le parking souterrain.Et c’est là qu’ils nous attendent.AlexioJe les vois avant qu’ils ne bougent.Trois voitures, moteurs allumés, vitres teintées.Des ombres se détachent, avançant lentement vers nous.Un piège.Mais je suis né dans ce monde.Je lève la main, et en une fraction de seconde, Lysandre dégaine.Les balles fusent.Léna se fige. Je l’attrape et la plaque derrière une colonne.— Reste là !Je me retourne et tire à mon tour.L’un des hommes s’effondre, mais d’autres surgissent.Bordel.Ils ont prévu le coup.Lysandre balance une grenade fumigène.Un écran blanc nous engloutit.— Bouge !, hurlé-
AlexioL'odeur métallique flotte encore dans l'air. Autour de nous, les corps des vampires que j’ai massacrés jonchent le sol, leurs chairs déchirées, leurs yeux éteints. Mais ce n’est pas fini. Ce n’est jamais fini.Léna me fixe, le souffle court, et dans son regard, je lis mille émotions contradictoires. Peur. Fascination. Horreur. Désir.Je fais un pas vers elle.Elle ne recule pas.— Tu as vu ce que je suis, Léna.Ma voix est rauque, teintée de la soif qui brûle encore dans mes veines.— Et pourtant, tu restes.Ses lèvres s’entrouvrent, mais aucun son n’en sort. Elle tremble, et je ne sais pas si c’est à cause du froid de la nuit ou de la tension qui pulse entre nous.Je pourrais l’attraper.Je pourrais la plaquer contre cette voiture, sentir son cœur battre contre le mien, son souffle saccadé contre ma peau.J’ai encore le goût du sang sur la langue.Et elle sent trop bon.Léna finit par lever une main tremblante. Elle l’approche de mon visage, effleure ma joue du bout des doigts
AlexioSa voix est basse, mais je perçois la frustration dans son ton.Je me retourne vers elle, mon regard brûlant d’un mélange de colère et de désir inassouvi.— Tu crois que je fuis ?Je me rapproche, si près qu’elle doit lever le menton pour me fixer.— Je choisis mes batailles, Léna.Elle se tait, mais son souffle est erratique.Le silence s’épaissit entre nous.Puis, sans prévenir, elle se hisse sur la pointe des pieds et frôle mes lèvres des siennes.Un simple effleurement.Un défi silencieux.Et je cède.Je l’écrase contre moi, mes mains enserrant sa taille avec une possessivité brutale. Mon baiser est féroce, désespéré.Elle gémit contre ma bouche.Et cette fois, je ne me retiens pas.Je l’entraîne dans un renfoncement sombre, la presse contre un mur de briques froides.Mes doigts glissent sous son pull, caressant la peau brûlante de son ventre.Elle frissonne.— Dis-moi d’arrêter., je grogne contre sa gorge.Elle agrippe mes épaules.— Non.Alors je continue.Je mords légère
AlexioLéna est là, devant moi. Son cœur bat sous mes doigts, et je l’entends comme un appel. Comme une incantation ensorcelante.— Je suis à toi, Alexio. Depuis le début.Ces mots me hantent.Je devrais la repousser. Lui dire qu’elle se trompe, qu’elle court à sa perte. Mais je suis un menteur. Je suis un vampire. Et je suis égoïste.Je la veux.Là, maintenant, tout de suite.Ma main glisse sur sa nuque, remonte jusqu’à sa mâchoire. Je sens son frisson, cette hésitation infime avant qu’elle se laisse aller contre moi.Ma bouche capture la sienne, et cette fois, il n’y a plus de contrôle.Plus de retenue.Ses doigts agrippent mes cheveux, son corps se tend contre le mien. Et moi, je la plaque contre le mur, ma soif se mêlant au désir qui me consume.Mon autre main descend sur sa taille, la serre avec une possessivité animale. Je la veux contre moi, sous moi, mienne d’une façon qui dépasse la raison.Son souffle est court.Son odeur est enivrante.Et son cou… son cou m’appelle.Je recu
AlexioLa nuit s’estompe, la lumière pâle de l’aube effleurant les rideaux tirés. Léna dort toujours, son corps enveloppé dans les draps, sa respiration douce et régulière. Pourtant, en moi, tout est chaos.Je me lève lentement, en silence. Mon corps réclame encore le sien, mais mon esprit est déjà ailleurs. Le monde que j’ai voulu lui cacher nous rattrape, plus vite que je ne l’aurais cru.Une présence.Je me fige.Quelqu’un est là.Je traverse la pièce sans un bruit, déverrouille la porte, et l’ombre m’attend de l’autre côté.— Tu pensais pouvoir la garder pour toi sans conséquences ?La voix de Rafael est basse, tranchante. Son regard glisse vers l’intérieur de la chambre, là où Léna dort toujours, inconsciente de ce qui se joue autour d’elle.Je referme la porte derrière moi, lui barrant l’entrée.— Tu n’as rien à faire ici.Rafael sourit. Un sourire sans chaleur.— Elle porte ton empreinte. Ça fait d’elle une cible.La rage pulse dans mes veines.— Elle ne fait pas partie de notr
AlexioJe la sens vaciller.Son monde s’effondre, mais elle ne fuit pas. Elle se tient là, face à moi, et je sais qu’une part d’elle a déjà compris.Léna n’est pas une proie.Elle ne l’a jamais été.Elle inspire profondément, son regard brûlant de mille questions.— Si j’accepte ce lien… qu’est-ce que ça change ?Un sourire glisse sur mes lèvres.— Tout.Je la prends par la main et l’entraîne vers la fenêtre. La ville s’étend sous nous, endormie sous le voile de l’aube.— Tu deviendras l’une des nôtres.Elle tressaille.— Tu veux dire… une vampire ?— Non.Je me tourne vers elle, mes doigts frôlant son poignet.— Tu resteras humaine. Mais tu seras mienne. Une immortelle parmi les mortels. Une élue.Elle avale difficilement sa salive.— Et si je refuse ?Je passe une main dans ses cheveux, caressant sa nuque lentement, savourant l’instant.— Alors tu resteras une cible. Pour toujours.Son souffle s’accélère.— C’est un piège.— Non. Je la pousse doucement contre la vitre, mon corps pre
Un silence ancien hante le manoir.Pas celui du repos.Pas celui de la paix.Un silence qui écoute. Qui observe. Qui attend.Je me tiens debout dans la salle principale. Les murs de pierre suintent une humidité presque vivante. Chaque torche vacille, comme si elle hésitait à défier les ténèbres qui s’amassent, à répandre sa lueur sur ce qui ne devrait plus exister. L’air est plus froid qu’il ne devrait. Dense. Comme si chaque respiration avalait un peu de cendre.Je sens les regards.Léna. Son cœur bat trop vite.Ezra. Silencieux, tendu comme un arc.Elara. Prête à fuir ou à tuer, elle-même ne sait pas encore.Et au fond, un autre.Marcus.Le messager du passé.Marcus— Le Cercle Noir ne se réveille pas seul. Ils ont été appelés.Alexio— Par qui ?Il ne répond pas tout de suite. Il s’avance, ses bottes résonnant sur les dalles anciennes comme une sentence. Son manteau effleure les colonnes sculptées de glyphes oubliés. Il marche comme un homme qui connaît les ruines du monde.Marcus
Un battement.Profond.Puissant.Ancien.Ce n’est pas mon cœur.C’est le sang.Un appel viscéral, une soif que je croyais maîtriser mais qui, en cet instant, est plus forte que jamais.La TentationLéna fronce les sourcils. Elle sent le changement en moi.Elle recule légèrement, pas par peur, mais par instinct.Léna— Tu as besoin de te nourrir.Je secoue la tête.Alexio— Non. Pas maintenant.Elle pose une main sur ma joue, forçant mon regard à croiser le sien.Léna— Si tu ne le fais pas, ce sera pire.Elle a raison.Je le sais.Mais quelque chose en moi résiste.Parce que je sais que cette fois, ce ne sera pas comme d’habitude.Ce n’est pas une simple faim.C’est un gouffre.Une nécessité.Lorian a réveillé en moi ce que j’ai passé des siècles à enterrer.Je ferme les yeux, luttant contre l’appel du sang.Mais Léna ne me laisse pas fuir.Elle prend ma main, l’attire contre elle.Son pouls bat sous ma paume.Régulier.Vivant.Léna— Prends ce dont tu as besoin.Je recule brusquement
Lorian se redresse lentement. Des débris tombent autour de lui, mais il n’a pas une égratignure.Lorian— Intéressant.Il époussette nonchalamment son manteau, comme si rien ne s’était passé.Puis il me fixe.Lorian— Tu es toujours aussi impulsif.Je serre les dents. Mes muscles tremblent sous l’effort. Son pouvoir m’écrase, m’enveloppe, me traîne vers l’abîme d’où je suis censé venir.Mais je refuse.Je me redresse.Les ténèbres palpitent autour de nous, comme une bête affamée attendant son heure.Léna— Alexio, on doit partir.Sa main attrape mon poignet, essayant de m’attirer vers la sortie.Mais Lorian s’interpose en un battement de cils.Son ombre s’étire, se mêle aux pierres brisées.Lorian— Partir ?Son rire est une lame.Lorian— Tu crois qu’il peut fuir ce qu’il est ?Il tourne son regard vers Léna, et cette fois, il n’y a plus d’amusement.Seulement du jugement.Lorian— Tu n’as pas idée de ce qu’il représente.Léna ne bronche pas.Léna— Je sais qui il est.Un éclat trave
Léna Un frisson glacé parcourt mon échine.Nous avons brisé le cycle.Mais certaines forces ne supportent pas qu’on défie leur volonté.Un rire s’élève, venu de l’ombre. Profond. Ancien.Froid comme la mort.La vraie menace ne faisait que commencer.Un souffle glacé traverse le temple. Le sol vibre sous nous, comme si la terre elle-même retenait son souffle. L’Ancienne reste impassible, mais je devine une lueur d’alerte dans son regard.Puis, une voix s’élève.Un murmure, d’abord indistinct, puis plus clair. Un rire, grave, résonne dans l’immensité de la salle.???— Tu crois avoir brisé tes chaînes, Alexio ?Je me fige. Ce ton… Ce timbre de voix.Il vient de l’ombre même, d’un endroit où la lumière n’a jamais existé.Léna se rapproche instinctivement, sa main serrée autour de mon bras.Léna— Qui… qui est là ?Une silhouette se détache de l’obscurité. Lentement. Sûrement.Son pas est léger, mais chaque mouvement fait trembler les fondations du temple. Il n’est pas simplement là. Il
Alexio— Nous n’avons plus le choix.L’Ancienne incline la tête, puis tend une main vers nous. Une brume sombre s’élève du sol, s’enroule autour de nos corps, et en un instant, le monde bascule.Le Jugement du SangNous ne sommes plus dans le temple. Autour de nous, une mer de ténèbres s’étend à l’infini. Seule une plateforme de pierre nous soutient, suspendue dans le néant.Des ombres surgissent. Des silhouettes déformées, des fragments de souvenirs, des éclats de douleur.Puis, une scène prend forme devant nous.Léna— C’est…Son souffle se coupe. Nous voyons un homme et une femme. Un amour interdit. Un serment brisé.Et une trahison.Les images défilent comme une tempête, trop rapides, trop violentes. L’homme—un vampire—et la femme—humaine—avaient défié les lois de leur monde. Mais leur amour avait été leur perte.Elle avait été sacrifiée. Lui, condamné à l’errance éternelle.Leur malédiction n’avait pas pris fin avec eux. Elle s’était transmise, génération après génération… jusqu’
Le silence après le départ de cette mystérieuse femme est assourdissant. Léna et moi restons figés, son dernier avertissement résonnant encore en nous.Léna— La clé est en nous… Qu’est-ce que ça veut dire ?Je passe une main dans mes cheveux, cherchant à organiser mes pensées, mais rien ne fait sens.Alexio— Si cette clé est en nous, cela signifie que nous avons déjà une partie de la réponse. Mais nous devons comprendre comment l’utiliser.Léna croise les bras, son regard noir de frustration.Léna— Et comment on fait ça, Alexio ? On fouille dans nos souvenirs ? On cherche une cicatrice mystique sur nos corps ?Son sarcasme est une carapace. Je le sais. Je le ressens.Je m’approche d’elle et attrape doucement son poignet.Alexio— On réfléchit. Toi et moi, nous sommes liés. Depuis le début, nos vies ont été entremêlées. Cette prophétie parle d’amour, de sacrifice… et d’un choix qui n’est pas le nôtre.Léna frissonne sous ma prise, mais elle ne se recule pas.Léna— Tu penses qu’on a
Le silence qui suit les paroles de Damon est plus pesant qu’un millénaire de secrets enfouis. Léna se fige, et je vois l’ombre d’une tension traverser ses traits.AlexioJe fixe Damon, le regard acéré. Il est le messager de l’Ancienne, la plus vieille et la plus puissante de notre espèce. Chaque mot qu’il prononce a le poids d’une sentence.— Explique-toi, je lâche d’un ton tranchant.Damon ne cille pas. Son regard se pose sur moi avec la gravité de celui qui sait déjà l’issue.Damon— L’Ancienne a eu une vision. L’équilibre est en train de se rompre, Alexio. Toi et Léna… vous êtes au centre de cette chute.Je sens Léna se tendre à mes côtés. Je tourne légèrement la tête vers elle. Son souffle est court, ses yeux brûlent d’une lueur incandescente.— Et qu’est-ce que cela signifie ? demande-t-elle d’une voix dure.Damon se rapproche lentement. Il est toujours aussi calme, aussi implacable.Damon— Que l’un de vous devra faire un choix. Un sacrifice.Mon corps se tend malgré moi. Ce mot
AlexioL’odeur du sang est partout.Elle imprègne l’air, s’accroche à notre peau, glisse entre nos lèvres.Mais ce n’est pas ce qui me trouble.C’est Léna.Elle se tient immobile, le corps raide, les yeux rivés sur le vide.Ses doigts, encore souillés du cœur qu’elle vient d’écraser, tremblent imperceptiblement.Je connais ce regard.Je sais ce qui l’envahit.Le pacte.Il gronde en elle, réclame plus.C’est une faim qui ne se contente jamais, qui consume tout sur son passage.Et je sens que ce soir, elle a franchi un seuil.Je m’approche lentement, mes mouvements mesurés.— Léna…Elle ne réagit pas immédiatement.Puis, d’un battement de cils, elle revient à moi.Son regard s’ancre au mien, vacillant entre lucidité et ténèbres.— On doit partir, murmure-t-elle finalement.Elle a raison.Nous sommes trop exposés ici.Mais avant que nous puissions bouger, une autre présence surgit.---LénaUne silhouette se détache de l’ombre.Grande. Élégante.Ses pas sont lents, presque paresseux, com
AlexioLa nuit est lourde. Chargée d’électricité.Chaque ombre semble nous observer, chaque souffle du vent murmure un avertissement.Léna marche à mes côtés, mais je ressens sa fébrilité. Elle lutte contre le pacte. Contre ce feu dévorant qui pulse entre nous.Et moi aussi.Nous avons quitté Joran sans un mot de plus. Son sourire narquois nous hante encore, ses paroles résonnant dans mon esprit."Un pacte de sang doit être nourri, sinon il vous dévorera."Je n’arrive pas à m’en défaire.Parce que je ressens déjà cette faim.Un besoin primitif, viscéral.Pas seulement de sang.Pas seulement de pouvoir.Mais d’elle.Et c’est ce qui me terrifie le plus.— On doit trouver un endroit sûr, murmure Léna.Je hoche la tête, les mâchoires serrées.Nous avançons dans les ruelles sombres, nos pas silencieux sur les pavés humides. La ville dort, inconsciente de la tempête qui gronde dans nos veines.Léna vacille légèrement.Je la rattrape avant qu’elle ne tombe.Son corps est brûlant sous mes doi