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Chapitre 2 — Le silence qui reste

Penulis: Eternel
last update Terakhir Diperbarui: 2025-07-18 22:58:18

Samuel

Je n’ai pas pris l’ascenseur.

J’ai descendu les huit étages à pied, lentement, comme si chaque marche pouvait effacer ce qu’on venait de m’annoncer. Comme si, en reculant assez loin, je pouvais réécrire le verdict. Revenir au moment où tout était encore possible.

Mais non.

Mon corps, ce foutu corps, tient encore debout. Il tient sans moi. Il avance alors que j’ai cessé d’y croire.

Je pousse la porte de la rue. L’air me mord la peau.

Je n’ai pas mis d’écharpe. Ni gants.

J’ai oublié.

J’oublie tout, ces temps-ci.

Ma liste de courses. Mes rendez-vous. Ma propre voix, parfois. J’oublie d’exister.

Je marche.

Sans but, sans raison. Je suis juste en fuite. Loin du bureau du médecin. Loin de cette phrase qui tourne encore en boucle dans ma tête :

— Votre production est définitivement inactive.

"Définitivement".

Le mot a claqué comme un coup de feu.

Pas d’appel , pas de recours ni de miracle.

Je suis resté là, assis, à fixer ce putain de dossier. Le beige de la pochette. Mon nom inscrit dessus. Comme une condamnation.

 Gabriel De Rohan 37 ans zéro chance de concevoir .

Je n’ai rien dit , pas un mot ni un cri . J’ai juste eu mal , car je ne pourrai jamais avoir d'enfants , jamais !

J’ai pensé à Camille.

À la boîte dans mon tiroir, celle en métal rouillé. Avec nos photos, nos échos d’avant. Camille avec son sourire qui tenait debout même quand tout s’effondrait.

— On y arrivera, Sam. Je le sens. Je le veux avec toi.

On y a cru. Longtemps. Trop longtemps.

Et puis un jour, elle a dit :

— Je ne t’en veux pas. Mais je ne peux pas continuer à m’effondrer à côté de toi.

Et elle est partie.

Je l’ai laissée partir. Parce qu’elle méritait mieux qu’un homme à vide.

Parce qu’elle méritait un futur.

Et moi, j’ai continué sans enfants. Sans projets , sans elle.

Mais ce soir, sur ce toit… Clara.

Cette fille étrange. Belle à sa façon. Silencieuse comme moi.

Ses jambes dans le vide. Son regard ailleurs.

Elle avait l’air paumée, mais… vivante.

Quand je lui ai demandé :

— Je peux m’asseoir ?

Elle n’a pas répondu. Juste hoché la tête.

C’était suffisant.

On était deux, face au même gouffre.

Je lui ai dit, sans vraiment réfléchir :

— Fichu monde. On se donne corps et âme, et à la fin, on se retrouve ici, à vouloir sauter… ou juste respirer.

Et elle a demandé, doucement :

— Vous aussi, vous fuyez quelque chose ?

J’ai ricané. Un son creux. Un râle, presque.

— Mon propre corps. Mon impuissance. Le verdict est tombé cet après-midi. Je ne serai jamais père.

Elle a baissé les yeux. Vers son ventre.

Et puis, à voix basse, presque inaudible :

— Je suis désolée pour vous.

Elle ne m’a pas regardé. Mais je l’ai sentie, sa peur. Son silence lourd.

Je n’ai pas insisté. Ce n’était pas le moment. Ni le lieu.

Mais j’ai perçu… une faille. Une vérité qui s’échappe. Quelque chose d’incompréhensible.

Elle m’a hanté dès que j’ai quitté le toit.

Je tourne en rond dans mon appartement.

Je passe une main dans mes cheveux. J’ouvre la fenêtre. Je referme.

Je tape dans le mur. J’étouffe.

Je suis stérile.

Je suis stérile.

Je suis stérile.

Et pourtant…

Quelque chose en elle vibrait. Une vérité démente. Une peur qu’on devine.

Clara. Elle est plus jeune que moi. Mais dans ses yeux… c’était un naufrage entier.

Je m’effondre contre la porte.

Mes mains tremblent.

Pourquoi est-ce que j’y repense ? Pourquoi est-ce qu’elle, une inconnue, m’a regardé comme si j’étais encore quelqu’un ? Comme si, malgré l’échec inscrit dans mes veines, je valais quelque chose ?

Je murmure dans l’obscurité :

— C’est pas possible…

Mais mon cœur cogne fort.

Et cette pensée revient, lancinante, délirante.

Elle m’a dit qu’elle était désolée.

Mais elle a eu l’air de porter un secret plus grand encore.

Non , c’est absurde .

Moi, qui ne peux plus rien donner ?

Je ris d'un rire amer car je perds pied ! J'ai toujours voulu être père , avoir une version de moi plus jeune courir devant moi et m'appeler PAPA ! 

Et cette jeune fille me fascine , j’ai envie de savoir , de comprendre.

De la revoir , sauf que suis marié et que ma femme m'attend à la maison .

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