LOGINPoint de Vue : Elara Moretti
Après notre confrontation, le silence de Damian était moins intimidant que son aveu. J'ai besoin de toi. Ces mots résonnaient dans ma tête. Je ne savais toujours pas si ce besoin était la stratégie de guerre d'un Capo ou la peur d'un homme brisé. Le lendemain, il a décidé que j'allais l'accompagner. Pas à un gala, mais à une réunion dans un lieu neutre en ville. « Tu viens. Tu restes dans la voiture. Les vitres sont blindées. Ne bouge pas. » Son ordre était brutalement simple. J'ai obéi. Assise sur le siège passager d'un SUV noir, je le regardais s'éloigner, son costume anthracite se fondant dans la foule. Un homme de sa garde est resté à mes côtés, l'air aussi immobile qu'une statue. L'attente a duré quarante minutes. C'est quand j'ai vu Damian revenir, le visage sombre et pressé, que quelque chose a mal tourné. Il n'était qu'à dix mètres quand l'enfer s'est déchaîné. Un van blanc, banalisé, a déboulé de la rue latérale. Au lieu de ralentir, il a accéléré. Le garde près de moi a hurlé une alerte, mais il était déjà trop tard. Des bruits secs et violents ont déchiré l'air. Pas le bruit d'un accident de voiture, mais le son reconnaissable, horrible, d'une rafale automatique. Le van était rempli d'hommes qui tiraient sur Damian et son entourage. Mon corps a été secoué. La voiture blindée a tenu bon, mais le bruit à l'intérieur était assourdissant. Le garde a riposté immédiatement. Damian n'a pas paniqué. Il a plongé au sol, puis, au lieu de chercher un abri, il a couru. Pas vers le bâtiment, mais vers la voiture. Vers moi. Il a ouvert ma portière d'un coup sec, me tirant hors du siège par le bras. Sa force était phénoménale. « On sort d'ici ! » Les balles ricochaient sur le métal. La peur m'a paralysée, mais l'instinct de survie, combiné à la prise de Damian, m'a fait courir. Il me couvrait de son propre corps, me poussant dans une ruelle sombre, loin du chaos. Il a récupéré une voiture banalisée dans un garage souterrain. Il m'a jetée sur le siège, bouclant ma ceinture lui-même. « Mets ta tête en bas ! » Il a démarré en trombe. La poursuite n'a pas duré longtemps. Il a effectué des manœuvres incroyables dans les rues étroites, se débarrassant de toute queue. Nous nous sommes arrêtés devant ce qui ressemblait à un entrepôt abandonné. Il m'a tirée à l'intérieur. C'était une planque de fortune. C'est là que j'ai remarqué. L'odeur de poudre à canon. Et le sang. « Tu es blessé ! » J'ai saisi son bras. Il était pâle, mais sa concentration était totale. « Ce n'est rien. Un ricochet. » Il m'a ignorée et a sécurisé la porte, puis s'est affalé contre un mur, épuisé, mais toujours en alerte. J'ai arraché un morceau du tissu de sa chemise. Une balle l'avait éraflé à l'épaule, et le sang s'écoulait de manière alarmante. Il n'a pas protesté quand j'ai commencé à le soigner. Il me laissait faire, ce qui était une plus grande preuve de confiance que n'importe quel vœu d'amour. J'ai nettoyé la plaie, ma main tremblant légèrement. C'était une profonde éraflure. Mais en palpant pour appliquer la pression, ma main a rencontré quelque chose de dur sous la peau, près de son flanc. Pas l'os, pas le muscle. Une balle. Ce n'était pas la blessure de l'épaule qui était grave. C'était une ancienne blessure. Celle de son dos, celle que j'avais vue dans l'obscurité de notre chambre. Mon regard s'est levé vers le sien. Il ne pouvait pas mentir. « Celle-là est vieille, » a-t-il murmuré, ses yeux s'assombrissant d'un souvenir douloureux. « Un cadeau d'un traître. Je ne l'ai jamais fait enlever. Elle me rappelle le prix à payer pour la faiblesse. » J'ai réalisé qu'il portait son traumatisme, sa peur, incrustés dans sa chair. Cet homme, Capo redouté, était constamment en danger, marqué. Le fait qu'il ait risqué sa vie pour me sauver, sachant qu'il portait déjà cette marque de la mort, a bouleversé mon monde. Je n'étais pas seulement un pion. J'étais une vie qu'il avait instinctivement refusé de laisser mourir. Et pour la première fois, j'ai eu peur pour lui, pas seulement de lui.Point de Vue : Elara Moretti L'odeur des pneus brûlés et le hurlement des sirènes étaient une symphonie de chaos. Ils ont brutalement mis fin à l'incendie de notre désir. J'ai arraché la veste que Damian m'avait jetée. C'était un vêtement lourd, doublé, étonnamment protecteur. Je n'étais pas à moitié nue et terrifiée, j'étais la femme du Capo, obligée de fuir son propre château. Damian était déjà devant la bibliothèque, tirant un vieux livre pour révéler la porte dérobée. Il m'a attrapée par le bras, sa prise de fer, et m'a tirée dans le passage secret. « Ne fais pas de bruit, » a-t-il murmuré. Sa voix était revenue au ton froid et impitoyable du Capo en situation de crise. Il n'y avait plus aucune trace de l'amant désespéré d'il y a quelques secondes. Le passage était étroit, sombre et sentait la terre humide et la moisissure. Les murs pressaient ma robe. Nous avancions à tâtons, la seule lumière provenant du faible éclairage de sa montre. De derrière nous, les bruits de l
Point de Vue : Elara Moretti Le baiser de Damian n'était pas tendre. C'était un acte de possession, une revendication féroce. La frustration accumulée depuis notre mariage, la peur, le désir interdit, tout a explosé entre nous. J'ai répondu à sa ferveur avec une urgence que je ne me connaissais pas. Le sentiment était confus : il était mon geôlier, le responsable de mon malheur, mais il était aussi le seul homme à pouvoir me protéger de la tempête qu'il avait lui-même provoquée. Il m'a soulevée sans effort, mes jambes s'enroulant instinctivement autour de sa taille. Son corps était dur comme de l'acier contre le mien. Il m'a portée jusqu'à notre chambre, nous jetant sur le lit avec une force brute. Le linge de lit a volé. « Je te veux, Elara. Je te veux depuis le premier jour. Et je n'attendrai plus un seul instant, » a-t-il murmuré, sa voix rauque, les yeux noirs brûlants. La règle du "pas de consommation" était brisée. Le contrat formel avait cédé la place à la nécessité
Point de Vue : Elara Moretti Après l'attaque, nous sommes restés confinés dans la planque jusqu'au petit matin. L'instinct de survie de Damian était impressionnant, sa vigilance absolue. Il avait refusé que je le soigne davantage, mais il avait accepté que je reste près de lui. Quand nous sommes retournés à la villa, les mesures de sécurité avaient été triplées, comme il l'avait ordonné la nuit du baiser volé. C'est dans l'agitation du matin que je suis tombée sur un visage familier mais inattendu : Luca, un vieil homme qui avait été le garde du corps personnel de mon père, avant que ce dernier ne s'endette. Luca semblait maintenant faire partie du personnel de sécurité extérieur de Damian, affecté à la nouvelle surveillance. Je l'ai intercepté près de la cuisine. « Luca ! Qu'est-ce que tu fais ici ? » Il m'a regardée avec des yeux lourds, pleins de pitié et de résignation. « La Capo m'a repris, Signora. Quand le vieux Capo a cédé la dette de votre père... il a cédé aussi
Point de Vue : Elara Moretti Après notre confrontation, le silence de Damian était moins intimidant que son aveu. J'ai besoin de toi. Ces mots résonnaient dans ma tête. Je ne savais toujours pas si ce besoin était la stratégie de guerre d'un Capo ou la peur d'un homme brisé. Le lendemain, il a décidé que j'allais l'accompagner. Pas à un gala, mais à une réunion dans un lieu neutre en ville. « Tu viens. Tu restes dans la voiture. Les vitres sont blindées. Ne bouge pas. » Son ordre était brutalement simple. J'ai obéi. Assise sur le siège passager d'un SUV noir, je le regardais s'éloigner, son costume anthracite se fondant dans la foule. Un homme de sa garde est resté à mes côtés, l'air aussi immobile qu'une statue. L'attente a duré quarante minutes. C'est quand j'ai vu Damian revenir, le visage sombre et pressé, que quelque chose a mal tourné. Il n'était qu'à dix mètres quand l'enfer s'est déchaîné. Un van blanc, banalisé, a déboulé de la rue latérale. Au lieu de ralentir
Point de Vue : Elara Moretti Le trajet de retour à la villa s'est fait dans un silence glacé. L’air dans la limousine était si lourd qu'il aurait pu briser les vitres. La main de Damian était un étau sur ma cuisse. Il n'avait pas lâché ma main depuis que la Périza, Isabella, avait planté sa graine empoisonnée. Dès que la porte de la suite s'est refermée derrière nous, je me suis libérée de son contact, ma rage surpassant ma peur. « C'est pour ça ! » ai-je lancé, ma voix tremblant de frustration. J'ai arraché le collier de diamants de mon cou et l'ai jeté sur le lit. « La règle du ‘pas de consommation’ ! C'est parce que tu n’as pas besoin de moi dans ce lit, tu avais déjà Isabella ! » Damian s'est immobilisé. Il était en train de retirer sa veste. Lentement, il l'a laissée tomber au sol. Ses yeux, noirs et sans fond, se sont braqués sur moi. Pour la première fois, j'ai vu au-delà de la colère : il y avait de la douleur et une rage contenue qu’il dirigeait contre lui-même. «
Point de Vue : Elara Moretti J'avais passé les deux jours suivants sous haute surveillance, sans revoir Damian. Le baiser volé dans son bureau était devenu une obsession, une preuve troublante qu'il y avait une fissure dans son armure de glace. Le troisième soir, l’ordre est tombé : « Préparez la Signora Vannucci. » J'ai été habillée, coiffée, et transformée en la femme parfaite du Capo. Ma robe, d'un vert émeraude riche, était somptueuse, mais elle me donnait l'impression d'être une statue de collection, magnifique et inutile. L'événement était un gala caritatif organisé par une famille alliée de la Mafia. Le salon était rempli d'hommes en costume onéreux et de femmes qui arboraient plus de diamants que la richesse de mon père. L'atmosphère était polie, mais l'air vibrait de pouvoir et d'intrigues. Dès que nous sommes entrés, la tension a augmenté. Damian, à mon bras, était une force de la nature. Il était le centre d'attention, et je n'étais que son accessoire, le trophée







