L’amour perdu

Mon petit ami était officier de police, ou plus exactement, médecin légiste.

Je me suis retrouvée menacée par des agresseurs et la bombe fixée à mon corps était sur le point d’exploser. Il ne me restait plus que dix minutes à vivre.

L’un des agresseurs, dans son froideur calculée, m’a ordonné d’appeler mon petit ami. Mais lorsqu’il a pris l’appel, c’était un déluge de mots cruels qui m’a frappée de plein fouet : « Romy, tu es folle ou quoi ? Es-tu prête à tout sacrifier pour capter mon attention ? Tu sais, le chat de Sylvie est coincé dans un arbre depuis trois jours, et elle l’aime plus que tout, comme si sa vie en dépendait ! Si tu me fais encore perdre une seconde, sache que tu es une meurtrière ! »

Dans le même instant, une voix claire et douce, celle d’une jeune fille, s’est glissée dans le combiné : « Merci, Liam, tu es vraiment incroyable. »

Et cette femme n’était autre que l'amie de mon petit ami depuis leur enfance...

Alors que la bombe menaçait de tout engloutir, dans un dernier geste désespéré, j’ai envoyé un message à Liam : « Adieu, je crois qu’il vaut mieux que nos chemins ne se croisent plus jamais, même dans une autre vie. »

...

Mon petit ami, Liam, était médecin légiste, et je me suis retrouvée kidnappée par les criminels qui voulaient se venger de lui. Ces hommes sans scrupules m’ont attaché une bombe à retardement.

L’un d’eux, les yeux emplis de haine, m’a lancé d’un ton menaçant : « Tu es la petite amie de Liam ? Dis-lui de ramener son cul ici, et qu’il me rejoigne immédiatement. »

Ils m’ont forcée à appeler Liam, mais dès que j’ai entendu sa voix, il n’y avait aucune trace de préoccupation, seulement une impatience mordante : « Je t’ai dit de ne pas m’appeler pendant mes heures de travail ! T’es-tu enfin rendue compte que tu me déranges ? »

J’ai répondu précipitamment, le cœur battant : « Liam, je suis kidnappée, ils veulent se venger de toi, tu ne dois pas venir ici… »

Mais avant que je ne puisse terminer ma phrase, un homme a arraché le téléphone de mes mains.

À travers le combiné, la voix de Liam s’est fait entendre, tranchante et glacée : « Romy, tu es folle ou quoi ? Je t’ai dit que je travaillais et toi, tu plaisantes avec des histoires comme ça ? Tu savais que le chat de Sylvie est coincé dans l’arbre depuis trois jours ? Si on ne le sauve pas, il risquerait de mourir ! Et toi, tu crois que je peux s’occuper de tes bêtises ? Tu aurais pu dire que tu étais sur le point de mourir, toi ! »

Je suis restée figée. La bombe était à quelques minutes de tout détruire. Le compte à rebours battait son plein, les secondes s’égrenant comme des battements de cœur, inévitables.

« Liam… »

« J’en ai assez ! Je n’ai plus envie d’entendre ces mensonges, Romy. Sylvie aime ce chat plus que tout, c’est sa vie ! Si quelque chose lui arrive et qu’elle en souffre, tu seras responsable. Tu comprends ? Une meurtrière ! Et je ne te laisserai certainement pas t’en sortir ! »

De l’autre côté du téléphone, une voix féminine douce, presque admirative, s’est fait entendre : « Liam, tu es incroyable, tu as vraiment sauvé mon chat. »

Et sans attendre, le téléphone a été raccroché avec un bruit sec.

Un des criminels a juré : « Putain, on dirait qu’on a fait une erreur. Liam n’en a même rien à foutre de cette femme ! »

Après leur départ, le silence est retombé sur moi, lourd et étouffant. Mes yeux se sont posés sur les bombes attachées à mon corps, et des larmes ont commencé à couler sans que je puisse les arrêter. Oui, même ces criminels avaient vu cette vérité en un instant, une vérité que j’avais mise de côté, que je n’avais pas voulu affronter. Et dans ces derniers instants, je ne pouvais pas croire qu’il m’ait fallu toute une vie pour la comprendre.

Sylvie était l'amie de Liam, sa confidente, sa compagne de jeu depuis qu’ils étaient enfants. Je me souvenais de la première fois où Liam et moi avions commencé à sortir ensemble. Il m’avait assuré que Sylvie n’était qu’une amie. Je l’avais cru, naïvement. Mais plus je comprenais la réalité de leur relation, plus mon amour pour lui grandissait. Il était hors de question que je fasse une pause, que je recule.

Liam était celui qui répondait toujours, immédiatement, à chaque appel de Sylvie, peu importe l’heure. Je m’en souviens, lors de la première rencontre avec mes parents, il nous avait laissés là, juste parce que Sylvie avait dit qu’il faisait nuit et qu’elle avait peur du noir. Il n’avait même pas pris la peine de s’expliquer. « J’ai quelque chose à faire », avait-il simplement dit, avant de partir.

Ce jour-là, je l’avais retenu, suppliant, ma voix tremblante : « Liam, respecte mes parents ! » Mais lui, il n’avait fait que rire : « Romy, Sylvie et moi, ça fait plus de vingt ans qu’on se connaît. Si tu n’arrives pas à l’accepter, ne t’inquiète pas, tu n’es pas obligée de m’épouser. »

Et je m’étais consolée. Je m’étais convaincue qu’il ne voyait en Sylvie qu’une vieille amie, et qu’il m’aimait, que j’étais la priorité dans son cœur.

Mais au moment où ma vie se délitait, au seuil de la mort, j’ai compris la vérité, aussi cruelle qu’elle soit. Liam ne m’avait jamais aimée. Jamais. C’était Sylvie qu’il chérissait. Elle était la seule dans son cœur, depuis toujours.

Avant que la bombe n’explose, dans un dernier souffle, j’ai envoyé à Liam un dernier message : « Adieu, je crois qu’il vaut mieux que nos chemins ne se croisent plus jamais, même dans une autre vie. »