EmilySes mots sont encore suspendus dans l’air.Je t’aime.Et moi, je l’ai dit aussi. Deux fois. Trois. Trop pour reculer.Mais c’est maintenant que tout vacille.Il me regarde comme un homme qui vient de franchir une frontière intérieure. Comme s’il avait touché l’interdit avec les mains tremblantes… et qu’il savait déjà qu’il n’aurait plus jamais la force de revenir en arrière. Il me regarde comme on regarde un secret qui pourrait tout détruire, mais qu’on ne veut surtout plus oublier.Et pourtant, il me touche. Doucement d’abord. Avec une tendresse qui fait plus peur que ses colères. Ses doigts glissent sur ma hanche, remontent lentement le long de ma taille, comme s’il me découvrait pour la première fois. Comme s’il voulait me sculpter de mémoire. Il explore, avec retenue, avec tension, avec une urgence voilée.Mais sa paume tremble.Pas d’excitation. Pas encore. C’est autre chose. Plus fragile. Plus humain.Il effleure ma joue du dos de la main. Sa bouche frôle la mienne, sans m
EmilyIl ne dort pas.Je le sens à la tension de ses muscles. À la façon dont son souffle effleure ma nuque, mes omoplates. Trop maîtrisé. Trop vigilant. Comme si chaque inspiration était mesurée, contenue. Son torse nu épouse mon dos, sa main posée sur mon ventre, ouverte, solide, presque possessive. Mais sous cette apparente immobilité, il est en feu. Je le sens. Et moi… moi aussi, je brûle.Je ne dors pas.Je ne peux pas.Il a laissé en moi une trace invisible, une empreinte intérieure, brûlante, irrévocable. Quelque chose de plus profond que le sexe. De plus irréversible que le plaisir. Il m’a franchie. Et moi, je l’ai laissé entrer. Pas seulement dans mon corps. Dans ce que j’ai toujours protégé. Ce que je croyais incassable.Mon cœur.Je garde les yeux ouverts dans le noir, à guetter le moment où il parlera. Où il dira quelque chose. Mais il ne dit rien. Pas encore. Il attend. Il m’écoute respirer. Il sait que je suis éveillée. Il sait que je lutte. Pas contre lui. Contre moi. C
EmilyLa porte claque doucement derrière nous.Pas un mot. Pas une hésitation.Le silence est dense, charnel. Il pèse dans l’air, saturé de tout ce qu’on n’a pas encore touché. Black se tient là, face à moi, les traits tendus. Pas de colère. Pas de douceur non plus. Quelque chose d’autre. De plus brut. Plus essentiel. Une tempête contenue dans un costume noir.Je ne détourne pas les yeux. Il avance d’un pas. Puis un autre. Et quand il est assez proche, je sens déjà sa main dans mon dos avant même qu’il bouge. Il m’attire contre lui sans effort, comme si mon corps lui appartenait, comme s’il n’avait jamais cessé de le réclamer. Comme s’il n’avait plus l’intention de me rendre.— Tu es à moi, souffle-t-il contre ma tempe.Je ferme les yeux. Le frisson est immédiat. Il ne me laisse pas le temps de répondre. Sa bouche écrase la mienne, affamée. Rien de tendre. Ce n’est pas une caresse, c’est une prise. Une prise de guerre. Il m’engloutit, me goûte, me réclame. Et j’ouvre tout.Il me dévor
EmilyIl hoche la tête. Lentement.Et dans ce geste, il y a plus de promesses que dans mille discours.On ne s’embrasse pas.On ne se touche même pas.Pas ce soir.Ce soir, on regarde les étoiles.Ce soir, on laisse le vent nous parler.Ce soir, on construit.Un territoire fragile.Un monde sans chaînes.Même si Lorenzo revient avec le feu.Même si tout s’effondre.Ce qu’on est en train de bâtir…Il ne pourra pas l’éteindre.Parce qu’il n’est pas fait de peur.Mais de choix.Et d’un amour qu’on refuse de trahir.Le lendemain, tout s’embrase.Je le sens dès l’instant où je remets les pieds au QG. Quelque chose a changé. Les regards ne glissent plus, ils s’accrochent. Les chuchotements ne sont plus des murmures, mais des avertissements. On ne m’évalue plus comme une pièce sur l’échiquier. On me guette comme une anomalie. Un grain de sable dans une mécanique bien huilée.Mais je ne suis pas venue pour demander ma place. Je suis venue pour la prendre.Mon équipe m’attend dans la salle de
EmilyJe suis retournée au QG avant l’aube.Les premières lueurs du matin trahissaient à peine les angles tranchants des toits, et l’air mordait ma peau comme pour me réveiller d’un rêve trop dense, trop fiévreux. J’avais besoin de l’odeur du béton, du métal, des couloirs vides, de l’ombre qui suinte des murs.Besoin de confronter ma décision à la lumière crue du réel.Ce que j’avais fait la veille… ce n’était pas un caprice. Ni un aveu.C’était un saut.Mais le QG n’oublie pas.Ici, même le silence est une arme. Il se glisse dans les interstices, recueille les murmures, devine les gestes, compile les soupçons. Les murs n’ont pas seulement des oreilles. Ils ont une mémoire. Et un instinct de survie. Je ne peux plus me cacher. Et je ne veux plus.Je marche dans l’allée centrale comme sur une scène de guerre.Droite. Dure. Incassable.Certains regards s’échappent à mon passage. D’autres s’attardent. Pesants. Chargés d’un mélange trouble d’interrogations et de peur.Ils savent.Ou ils cr
EmilyIl est encore là quand je sors de la douche. Toujours là. Comme une évidence qui défie toutes les logiques.Assis sur le bord du lit, les coudes sur les genoux, penché légèrement en avant comme s’il portait un poids invisible sur les épaules.Quand il lève les yeux vers moi, il n’y a pas de surprise. Juste cette intensité calme que je commence à reconnaître. Pas un regard de conquête. Pas celui d’un homme qui veut posséder.Celui d’un homme qui voit.Qui accepte.Qui doute aussi, mais ne recule pas.Je noue la serviette autour de moi, plus comme une protection que par pudeur. Et je reste là, debout, à le fixer.Je sens encore la chaleur de l’eau couler sur mes cuisses, mais c’est un autre feu qui grandit en moi.Pas le feu du désir brut. Pas celui du combat. Celui de la décision. De la clarté.Il ne parle pas.Il attend.Et moi, je sens monter cette chose étrange, cette urgence douce qui n’est pas de l’angoisse.Plutôt une vérité qui pousse depuis le fond de mes silences.Un cri