VictorioJe suis debout sur le balcon de ma suite, une cigarette entre les doigts, observant les lumières de la ville s’étendre à perte de vue sous mes pieds. L’air est lourd, chargé de cette tension palpable qui précède une tempête.Emily est à l’intérieur, assise sur le canapé, le regard perdu dans le vide. Depuis l’incident avec Massimo, elle est distante. Elle essaie de le cacher, mais je le sens. Quelque chose a changé.Je tire une longue bouffée de ma cigarette avant de l’écraser dans le cendrier en verre posé sur la balustrade.— Tu comptes rester silencieuse toute la nuit ?Emily relève les yeux vers moi. Son visage est parfaitement immobile, mais je vois la lueur d’inquiétude dans son regard.— Je réfléchis, murmure-t-elle.Je m’approche d’elle, m’asseyant sur le canapé en face d’elle.— À quoi ?Elle mordille sa lèvre, le regard fuyant.— À Massimo.Je serre la mâchoire. Rien que le fait qu’elle prononce son nom suffit à faire monter ma colère.— Massimo a eu ce qu’il mérita
EmilyJe reste immobile, le dos collé au mur, les lèvres encore brûlantes du baiser féroce de Victorio. Mon cœur tambourine si fort dans ma poitrine que j’ai l’impression qu’il va éclater. Les mots qu’il a prononcés résonnent encore dans ma tête.Si tu me trahis, je te tuerai.Une part de moi sait qu’il ne bluffe pas. Victorio n’est pas du genre à lancer des menaces en l’air. Ce monde est fait de sang et de loyauté, de secrets et de trahisons. Et je marche dangereusement sur le fil du mensonge.Je ferme les yeux, reprenant difficilement mon souffle. Massimo s’est échappé. Ce n’est pas une coïncidence.— Emily ?Je sursaute quand Lorenzo entre dans la pièce. Il porte toujours cet air sombre, celui d’un homme qui ne connaît que la violence comme réponse.— Qu’est-ce que tu fais là ? demandé-je en croisant les bras.Il me scrute d’un regard perçant, puis s’avance lentement jusqu’à se tenir juste devant moi.— J’aimerais te poser une question.— Laquelle ?Son regard s’assombrit.— Commen
VictorioEmily est en train de me glisser entre les doigts. Je le sens.Assis dans mon bureau, une cigarette coincée entre mes doigts, j’observe la nuit à travers les immenses baies vitrées. La ville en contrebas est un amas de lumières scintillantes et de ténèbres mouvantes. Une illusion de sécurité, un mensonge dissimulé derrière des façades dorées.Mon instinct ne me trompe jamais.Emily change.Elle est devenue plus distante ces derniers jours, plus secrète. Ses absences sont plus longues. Son téléphone est toujours verrouillé. Elle est prudente, mais pas assez pour me tromper. Pas moi.Lorenzo s’est assis en face de moi, silencieux comme une ombre. Il m’observe, attendant que je parle.— Tu l’as suivie ? demandé-je froidement.Lorenzo hoche lentement la tête.— Oui.— Et ?— Elle est allée voir Massimo.Mes doigts se crispent autour de la cigarette.— Massimo ?— Oui. Elle l’a trouvé dans une ruelle, à l’écart de la ville. Ils ont parlé.— De quoi ?— Je n’ai pas entendu. Mais el
EmilyJe me suis réveillée avec une douleur sourde dans la poitrine. Le poids de la nuit passée, des mots échangés, de la tension entre Victorio et moi, m’écrase comme une chape de plomb.Il sait.Il sent que je lui cache quelque chose.Je me lève du lit, le drap glissant le long de ma peau nue. Le soleil du matin filtre à travers les rideaux de soie, projetant une lumière dorée sur le sol en marbre. Mes pieds nus frôlent la froideur du sol tandis que je me dirige vers la salle de bain attenante.Sous le jet d’eau brûlant, je ferme les yeux. L’eau s’écoule sur ma peau, mais elle ne parvient pas à laver le trouble qui me ronge.Victorio est dangereux. Je le savais dès le début. Je l’ai approché en sachant exactement qui il était, ce qu’il représentait. Mais maintenant… maintenant, tout est différent.Je suis tombée amoureuse de lui.Et ça, ce n’était pas prévu dans le plan.Je sors de la douche, enroulant une serviette autour de mon corps. Quand je reviens dans la chambre, Victorio est
VictorioJe suis resté dans l’ombre de la pièce, le regard fixé sur la porte fermée derrière Emily. Elle pense que je n’ai rien vu, rien compris.Grave erreur.Je sais qu’elle cache quelque chose. Ses absences inexpliquées, ses conversations discrètes avec Massimo, son agitation constante. Son corps est avec moi, mais son esprit est ailleurs.Je bois une gorgée de whisky, le liquide brûlant glissant le long de ma gorge. La colère gronde dans ma poitrine comme une tempête prête à éclater.Emily croit qu’elle peut me tromper. Qu’elle peut me manipuler.Je l’ai laissée faire jusqu’ici, parce que je voulais voir jusqu’où elle irait.Mais maintenant, le jeu est terminé.Un bruit de pas dans le couloir me sort de mes pensées. La porte s’ouvre et Lorenzo entre, une expression neutre sur le visage. Il s’approche lentement, les mains dans les poches de son pantalon sombre.— Elle est sortie ce matin, murmure-t-il.Je lève un sourcil.— Où ?— Rendez-vous avec Massimo.Je serre le verre dans ma
EmilyLe claquement sourd de la porte derrière Victorio résonne encore dans ma tête alors que je reste seule dans la pièce. Mes doigts se resserrent autour du verre de vin posé sur la table basse. La pression dans ma poitrine devient insupportable.Il sait.Je l’ai vu dans son regard ce soir. Ce scintillement glacial, cette tension dans sa mâchoire quand il m’a regardée. Il sait que je lui cache quelque chose.La clé USB que Massimo m’a donnée brûle encore dans ma poche. Ce que j’ai découvert ce soir change tout.— Il ne va pas tarder à comprendre, murmuré-je pour moi-même.Je me lève brusquement, le verre de vin se renversant sur le tapis. Je ne prends même pas la peine de le ramasser. Mon cœur bat à un rythme affolé tandis que je monte à l’étage, mes talons résonnant contre le marbre froid.Je dois agir. Et vite.J’entre dans ma chambre et verrouille la porte derrière moi. J’ouvre la poche intérieure de mon manteau et en sors la clé USB. La glissant dans mon ordinateur portable, je
VictorioJe regarde la porte de la chambre d’Emily se refermer lentement derrière moi, mon cœur battant d’une manière que je ne reconnais pas. Cette femme est en train de me glisser entre les doigts, et je le ressens dans chaque fibre de mon être.Je fais volte-face et descends les escaliers avec une lenteur calculée. Les murs du manoir résonnent du bruit sourd de mes pas sur le marbre. Je serre la mâchoire, le goût amer de la suspicion se diffusant dans ma gorge.Emily me cache quelque chose.Non… Emily me trahit.J’ai vu la tension dans son regard, la crispation dans sa mâchoire lorsqu’elle a refermé son ordinateur. Ce n’est pas la première fois qu’elle m’échappe, qu’elle évite mes questions. Mais ce soir… ce soir, c’était différent. Elle était sur la défensive. Presque… effrayée.Je pousse la porte du bureau et m’assieds lourdement dans le fauteuil en cuir. J’ouvre le tiroir du bureau et en sors une cigarette que j’allume d’un geste précis. La fumée envahit l’air tandis que je fixe
EmilyLe silence dans la pièce est presque suffocant. Le goût des lèvres de Victorio est encore sur les miennes, brûlant comme une marque au fer rouge. Il m’a embrassée avec une intensité qui m’a laissée tremblante, le souffle court, le cœur battant bien trop fort dans ma poitrine. Mais ce n’était pas seulement de la passion dans ce baiser… Il y avait du doute. De la colère. De la méfiance.Je ferme les yeux un instant, essayant de calmer le tourbillon d’émotions qui me traverse. Victorio sait. Il sent que quelque chose cloche. Il est trop intelligent, trop instinctif pour ne pas voir les signes. Et maintenant… il me surveille. Je le sais. Je le sens.Je prends une profonde inspiration, essayant de retrouver une contenance. Si je perds le contrôle maintenant, c’est terminé. Il me détruira. Et pire encore, il détruira l’opération que j’ai mis des années à construire.Je me lève du canapé, mes jambes légèrement tremblantes, et me dirige vers la salle de bain. Une douche froide. C’est ce
EmilyJe fais semblant de dormir.Depuis qu’il s’est levé.Depuis qu’il a quitté le lit avec cette lenteur maîtrisée, presque rituelle.Depuis qu’il est passé sous la douche, habillé, comme un homme qui veut s’oublier, se dissoudre dans l’eau glacée.Je l’ai entendu respirer. Fumer. Craquer.J’ai senti son malaise bien avant ses pas sur le sol.Je l’ai senti dans la tension de ses gestes, dans le poids qui a quitté le matelas, dans l’absence soudaine de sa chaleur contre mon dos.Le froid a pris sa place. Et son vide pèse plus que son corps.Lorenzo.Cet homme que je n’aurais jamais dû approcher.Et que je n’arrive pas à quitter.Peut-être parce qu’il ne m’a jamais vraiment laissé le choix.Ou peut-être parce que, au fond, j’ai toujours su que j’irais jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte.Il y a sur sa peau quelque chose de trop dur pour être touché. Et pourtant je l’ai touché.Il y a dans ses silences une violence sourde. Et pourtant j’y suis entrée.Je ne devrais pas être ici.Je le s
LorenzoJe n’aurais pas dû rester.Pas cette nuit.Pas après ce que j’ai fait.Pas après ce que j’ai vu dans ses yeux.Mais je suis là.Allongé à côté d’elle, dans ce lit qui pue la sueur, le sexe et la peur.Et je la regarde dormir.Elle, la fille que j’aurais dû fuir dès qu’elle a franchi ma porte.Emily.Avec ses silences qui blessent plus que des cris. Avec ses yeux qui fouillent, qui cherchent, qui osent.Elle ne sait pas ce que je suis.Pas vraiment.Pas encore.Et pourtant, elle est là.À moitié nue, marquée par mes mains, par ma bouche, par ma foutue colère.Par cette chose en moi que je ne contrôle plus.Je pourrais la tuer.Là. Maintenant.Ce serait plus simple.Couper court à cette faille que je sens s’ouvrir sous mes pieds.Mais je ne bouge pas.Je l’écoute respirer.Je me surprends à suivre le rythme de son souffle, comme un homme accroché au bord d’un gouffre qui compte les secondes avant la chute.Je n’ai jamais eu de faiblesse.Pas depuis que j’ai quitté l’enfance à co
EmilyJe n’ai pas dormi. Pas fermé l’œil.Même quand mes paupières se fermaient de fatigue, les images me griffaient de l’intérieur. Le bruit du moteur s’est tu depuis longtemps, mais dans ma tête, tout continue de tourner. Les cris. Le sang. L’odeur du cuir mouillé. Le froid métallique du couteau dans mes mains.Et ce regard.Celui de Lorenzo, quand il m’a dit que je n’étais plus innocente.Il avait raison.Je ne le suis plus.Pas depuis que j’ai regardé un homme supplier. Pas depuis que je n’ai pas détourné les yeux quand le sang a jailli. Pas depuis que j’ai senti cette étrange exaltation me monter dans la gorge, me glisser entre les jambes.Je suis restée là, dans la chambre du motel. Trempée, grelottante, brûlante. Une fièvre malsaine. Une chaleur tordue qui n’a rien à voir avec le confort.Je pensais que je serais écœurée. Que j’aurais envie de vomir, de courir sous une douche froide, de hurler à la lune que je ne suis pas comme lui.Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti.Ce qu
LorenzoJe n’ai même pas pris le temps d’essuyer mes mains. Le sang sèche déjà sous mes ongles, dans les lignes de ma paume, comme une mémoire que je ne peux pas effacer. Emily ne dit rien. Elle ne me regarde plus de la même manière. Mais elle reste. Et c’est bien ça le plus dangereux.Le corps gît encore au sol. Une traînée écarlate s’étend jusqu’à la flaque de pluie entrée par le toit éventré de l’usine. Le sang et l’eau forment une mare trouble, comme un cauchemar dissous dans le réel. Dante s’est écarté, son visage fermé comme à son habitude, mais je vois son cou raidi, ses mâchoires crispées. Même lui sent que cette nuit, quelque chose a changé.Emily m’a suivi. Elle a vu. Elle n’a pas détourné les yeux.Et ça… Ça me retourne plus que je ne veux l’admettre.— Il avait des infos sur les cargaisons ? demandé-je d’une voix sèche.Dante hoche la tête.— Ils comptent frapper sur deux fronts. L’un par la route. L’autre par quelqu’un de l’intérieur.Je plisse les yeux. Ce mot. Intérieur
LorenzoElle me regarde, un mélange de détermination et d’incertitude dans son regard. Mais elle acquiesce, lentement, prenant une profonde inspiration avant de s’installer à mes côtés.— Je suis prête, murmure-t-elle.Les phares de la voiture s’allument, et le moteur rugit dans la nuit. La pluie continue de tomber, mais je n’y prête plus attention. La route est devant nous, et tout ce qui compte maintenant, c’est ce qui va suivre. Nous allons frapper fort. Et personne ne pourra nous arrêter.EmilyLa pluie tambourine encore sur le toit de la voiture, amplifiée par le silence tendu qui règne à l’intérieur. J’ai les yeux fixés sur la route détrempée, les mains posées sur mes cuisses, immobiles, comme si le moindre mouvement risquait de faire éclater l’équilibre précaire qui m’habite. Tout va trop vite. Les mots de Melaine tournent encore dans ma tête comme des crochets venimeux. Sa voix douce, ironique, cette façon de m’observer comme si elle savait déjà ce que je ne voulais pas admett
VictorioLa pluie n’a pas cessé. Elle martèle le toit du motel avec une intensité qui me fait presque oublier la tension palpable qui envahit l’air autour de moi. Le bruit de l’eau tombant sur le métal est monotone, presque apaisant, mais il ne parvient pas à étouffer le tumulte dans mon esprit. Les mots de Melaine résonnent encore dans mes oreilles, des échos désagréables qui s’infiltrent dans chaque recoin de mes pensées.Je jette un regard furtif vers Emily, toujours là, silencieuse à mes côtés. Elle semble être dans son propre monde, perdu dans la pénombre de la pièce. Sa respiration est calme, mais je peux voir les signes de l’agitation sous-jacente qui la traverse. Son regard est distant, presque absent, et malgré sa tentative de rester forte, je sais qu’elle lutte contre quelque chose de plus grand qu’elle. Quelque chose qu’elle ne me dit pas. Mais je peux lire entre les lignes.Je brise le silence, ma voix douce mais ferme.— Tu ne veux pas me dire ce qui te tracasse ?Elle se
VictorioLa pluie s’est intensifiée. De grosses gouttes s’écrasent contre le pare-brise de la voiture alors que je fixe la route devant moi, le regard noir. Emily est à mes côtés, son visage éclairé par la faible lumière des lampadaires qui défilent. Elle ne dit rien, mais je sens sa tension. Ses doigts crispés sur le tissu de son pantalon, sa respiration mesurée, presque forcée.— On devrait s’arrêter pour la nuit, propose Dante depuis le siège passager.— Non, on continue, répliqué-je froidement.Dante me jette un regard en coin.— On ne peut pas rouler éternellement, capo. On a besoin de repos, et elle aussi.Il désigne Emily d’un signe de tête. Je me tourne vers elle. Ses yeux brillent faiblement dans l’obscurité, mais elle ne dit rien.— Je vais bien, murmure-t-elle.Je serre la mâchoire.— On va s’arrêter une heure, dis-je à contre-cœur. Pas plus.Dante sourit légèrement.— Comme tu voudras, capo.Il s’engage sur une petite route secondaire, et quelques minutes plus tard, nous a
EmilyLa nuit est tombée depuis longtemps, et pourtant je suis incapable de dormir. Allongée dans le lit de Victorio, le regard fixé sur le plafond sombre, je sens mon cœur battre trop fort dans ma poitrine. Le silence du manoir est presque oppressant, seulement troublé par le bruit lointain de la pluie qui s’écrase contre les vitres.Victorio dort paisiblement à mes côtés, son bras passé autour de ma taille. Sa respiration régulière et profonde devrait m’apaiser, mais ça ne fonctionne pas. Les mots de Melaine résonnent encore dans mon esprit."Bonne chance. Tu vas en avoir besoin."Ce n’est pas seulement une provocation. C’était un avertissement.Je me tourne légèrement pour observer Victorio. Même dans son sommeil, il dégage cette aura de danger et de contrôle. Ses traits sont détendus, mais son corps reste tendu, comme prêt à réagir au moindre bruit suspect.Je glisse une main sur son torse nu, sentant la chaleur de sa peau sous mes doigts. Il bouge légèrement, son bras se resserra
VictorioLe soleil filtre à travers les épais rideaux du manoir, mais je ne bouge pas. Emily est encore endormie contre moi, sa respiration légère effleurant ma peau. Une mèche de ses cheveux sombres tombe sur son front, et je l’écarte doucement du bout des doigts.La nuit dernière hante encore mes pensées. La menace plane au-dessus de nous, invisible mais bien réelle. Je sens dans mes tripes que la Bratva prépare quelque chose. Ils ne se contenteront pas d’un simple avertissement. Ils vont frapper, et fort.Emily frissonne dans son sommeil, et je resserre mon étreinte autour de sa taille. Elle est si petite contre moi, fragile en apparence… mais je sais qu’elle est plus forte que beaucoup d’hommes que j’ai connus. Sa détermination m’impressionne autant qu’elle m’inquiète.Elle a accepté de rester à mes côtés, de se battre avec moi. Mais cela signifie qu’elle sera aussi une cible.Je l’observe un moment avant de déposer un baiser sur son front. Elle gémit doucement et se blottit davan