VictorioJe me tiens dans le grand bureau sombre, éclairé seulement par la lumière froide qui filtre à travers les stores partiellement fermés. Le verre de whisky dans ma main est presque vide, mais je n’ai pas vraiment le goût de le terminer.Je suis tendu. Irrité.Et tout ça, c’est à cause d’elle.Emily.Elle me trouble. Me déstabilise d’une manière que je déteste. La voir là, à côté de moi, dans cet entrepôt, alors que le sang coulait encore sur le sol… Elle n’a pas tremblé. Pas une seule fois.Elle a eu peur, bien sûr. J’ai senti la tension dans son corps, le frémissement de ses lèvres. Mais elle est restée droite. Elle n’a pas fui.Elle n’aurait pas dû réagir comme ça.Une femme normale aurait hurlé. Serait partie en courant. Mais Emily n'est pas normale. Elle cache quelque chose. Quelque chose d’obscur.J’en suis sûr maintenant.— Boss.La voix de Lorenzo me tire de mes pensées. Il est appuyé contre le mur, les bras croisés sur sa poitrine, le visage impassible.— Oui ?— Javier
EmilyJe sens encore la tension vibrer dans l’air alors que nous roulons dans la nuit sombre. Le bruit du moteur emplit l’habitacle, mais le silence entre Victorio et moi est plus assourdissant que tout. Il est assis à côté de moi, le regard fixé droit devant lui, le profil coupé par l’ombre des lumières de la ville qui défilent à travers les vitres teintées.Ses doigts sont crispés sur son genou. Je peux sentir la noirceur qui émane de lui, une aura presque palpable de danger et de contrôle. Pourtant, il n’a pas tiré. Il a épargné Javier.Parce que je lui ai demandé.— Pourquoi ?Sa voix brise le silence, grave, tranchante.Je tourne lentement la tête vers lui.— Pourquoi quoi ?Son regard se pose sur moi, perçant, glacial.— Pourquoi tu m’as arrêtée ?Je le dévisage un moment, cherchant les bons mots.— Parce que tuer Javier n’aurait rien changé. Tu aurais juste déclenché une autre guerre.Il ricane, un son rauque et sans joie.— Ce monde est une guerre constante, Emily. On ne fait
VictorioLa nuit est lourde. Chargée de tension.Je suis dans mon bureau, un verre de whisky à la main, le regard fixé sur la lueur vacillante de la cheminée. Lorenzo est assis dans le fauteuil face à moi, impassible comme toujours. Pourtant, je sens son malaise sous la surface.— Javier ne mentirait pas à ce sujet, dis-je d’un ton glacial.Lorenzo hoche la tête lentement.— Mais il pourrait avoir été manipulé.Je serre la mâchoire.— Ou alors… il dit la vérité.Lorenzo relève les yeux vers moi, son regard sombre.— Tu crois qu’il s’agit d’Emily ?Ma main se crispe autour du verre.— Je n’en sais rien.— Tu t’es attaché à elle, fait-il remarquer.Je lance le verre dans la cheminée. Le bruit du verre qui explose dans les flammes résonne dans la pièce.— Ne mélange pas tout.Lorenzo se penche légèrement en avant.— Tu le ressens, non ? Quelque chose cloche chez elle. Elle est trop… parfaite. Trop préparée.Je ferme les yeux un instant. Je le sais. J’ai toujours su qu’Emily cachait quelq
VictorioLa vérité a un goût de cendre. Une morsure brûlante qui s’infiltre dans mes veines et dévore tout sur son passage.Je suis assis dans mon bureau, le regard rivé sur le dossier posé devant moi. Chaque mot, chaque image, chaque preuve semble me hurler la même chose : Emily est une agente du FBI.Javier avait raison. Lorenzo aussi.Et moi ? Moi, j’ai été assez stupide pour tomber amoureux de cette femme.Lorenzo est appuyé contre le mur, les bras croisés, le visage impassible.— Qu’est-ce que tu comptes faire ? demande-t-il d’un ton froid.Je relève lentement le regard.— La confronter.— Tu es sûr que c’est une bonne idée ? Si elle est du FBI, elle a peut-être prévu une porte de sortie.Je souris sombrement.— Alors je vais lui couper toutes les échappatoires.Lorenzo hoche la tête.— Si elle essaie de fuir ?— Elle ne fuira pas.Mon ton est glacial. Sans appel.Je me lève, mon regard noir fixé sur le dossier. Puis je sors du bureau d’un pas décidé, le cœur battant avec une rag
EmilyLe froid s'infiltre dans mes os comme une lame glacée.Je suis assise contre le mur de pierre humide, mes poignets endoloris par la corde qui les serre. L'obscurité de la cellule est presque totale, à peine percée par la faible lumière du couloir. Mon cœur bat à un rythme désordonné, entre peur et désespoir.Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici. Une heure ? Deux ? Peut-être une journée entière. Mon corps est engourdi, ma gorge sèche, mes muscles tendus par la position inconfortable.Victorio…Le souvenir de son regard me hante encore. Ce froid dans ses yeux. Cette douleur cachée sous la colère. Il me déteste. Et je ne peux pas lui en vouloir.J’ai menti. Je lui ai caché la vérité. Et maintenant, il pense que tout entre nous n’était qu’une mascarade.Mais il se trompe.Ce que je ressens pour lui est réel. Plus réel que tout ce que j’ai connu.La porte du cachot grince soudainement. Mon cœur rate un battement. Des pas lourds résonnent dans le couloir. La lumière vaci
EmilyLa pièce est sombre, à peine éclairée par la faible lumière qui filtre à travers les lourds rideaux de velours. Le parfum du whisky flotte dans l’air, mêlé à celui du cuir et de la fumée de cigare.Assise dans un coin de la pièce, mes poignets encore marqués par la corde qui les avait liés, je fixe Victorio du regard. Il est debout, près du bar, un verre de whisky à la main. Son regard est sombre, perdu dans une réflexion silencieuse.Je devrais partir. M’enfuir avant qu’il ne soit trop tard. Mais je suis incapable de bouger. Quelque chose en lui me retient, une force magnétique qui m’enchaîne autant que le lien invisible de la confiance brisée.Il ne m’a pas crue. Il m’a libérée, oui. Mais je sais qu’il doute encore. Il me teste. Il joue avec mes nerfs, attendant le moment où je trahirai ma propre parole.Un bruit dans le couloir attire mon attention. Des talons hauts résonnent contre le parquet. Une démarche assurée, élégante. Je sens immédiatement que quelque chose a changé d
VictorioJe suis allongé sur le canapé de mon bureau, un verre de whisky à la main, la tête appuyée contre le dossier. La pièce est faiblement éclairée par la lueur des flammes qui dansent dans la cheminée. Mes pensées sont un chaos silencieux, un tourbillon de colère, de déception… et d’attachement.Emily.Ce sui me tourmente, c’est qu’elle n’a jamais tout avoué. Elle a toujours gardé une partie de la vérité, me laissant dans l’ombre alors que je la laissais entrer dans mon cœur.Je ferme les yeux et porte le verre à mes lèvres. L’alcool brûle ma gorge, mais ça ne m’apporte aucun réconfort.La porte du bureau s’ouvre doucement, et le bruit des talons fins claquant contre le parquet attire mon attention.— Tu comptes te noyer dans ce whisky ou tu vas enfin faire face à la réalité ?Je soupire profondément sans ouvrir les yeux.— Si tu es venue pour me donner une leçon, Melaine, tu peux repartir.— Qui a parlé de leçon ?Je sens le canapé s’enfoncer légèrement lorsqu’elle s’installe pr
VictorioLa nuit est lourde, presque suffocante. La chaleur qui règne dans le manoir est étouffante, mais je sais que ce n'est pas la température ambiante qui me pèse sur la poitrine. C’est Emily.Je suis assis dans le grand fauteuil de mon bureau, les coudes appuyés sur mes genoux, les mains croisées devant ma bouche. Emily est toujours enfermée dans le cachot, et je n’arrive pas à me sortir son regard de l’esprit. Ce regard de défi, mêlé à une douleur sourde. Elle savait que j’étais au courant de sa trahison. Elle n’a même pas tenté de se défendre.Je devrais la détester. Mais ce n’est pas ce que je ressens. Ce que je ressens est bien plus complexe.— Tu comptes rester là toute la nuit à broyer du noir ?Je lève les yeux et aperçois Melaine appuyée contre l'encadrement de la porte. Sa robe en soie noire épouse parfaitement ses courbes, et son sourire en coin est teinté d'une lueur de malice.— Tu cherches à me séduire à nouveau ? lancé-je d'une voix lasse.— Est-ce que ça a déjà éch
LorenzoJe ne l’ai pas quittée du regard depuis qu’elle s’est réveillée. Pas une fois.Je suis là, dans ce lit, observant Emily, cherchant à capter chaque infime mouvement.Ses respirations régulières. Le frémissement de ses lèvres. Les paupières mi-closes, comme si elle tentait encore de se défendre contre la vérité qui s’infiltre peu à peu dans son esprit.Je connais ce regard.Je l’ai vu dans les yeux de tellement de gens.Ce mélange de peur et de désir, comme si le gouffre dans lequel on plonge se rapprochait de plus en plus.Mais elle, elle ne recule pas.Elle ne se cache pas derrière un masque.Elle me regarde.Vraiment.Et ça, c’est le pire.Je n'ai jamais demandé à ce que l’on me voit ainsi.Je n'ai jamais voulu qu’on m’atteigne, qu'on m’interroge, qu’on essaie de comprendre ce que je suis devenu.Et pourtant, la voilà.Emily Reyes.Agent du FBI.Une professionnelle de la douleur et de l’analyse, mais là, dans mon monde, elle est perdue.Elle ne sait pas à quel point elle est
EmilyIl dort. Enfin. Je le regarde, allongé sur le flanc, les traits détendus pour une fois, comme si la violence s’était éloignée, juste un instant. Comme si l’homme qu’il aurait pu être reprenait possession de son corps. Mais ce n’est qu’un leurre. Une illusion fragile. Je suis éveillée. Et je pense. Trop. L’air est lourd. L’obscurité complice. Et dans le silence, les questions remontent, une à une, comme des aiguilles sous la peau. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je suis Emily Reyes. Agent fédérale. Spécialisée en criminologie comportementale. Formée pour traquer, manipuler, démasquer. Pas pour… aimer. Encore moins un homme comme lui. Et pourtant, je suis là. Nue dans son lit. Désarmée. Troublée par le moindre de ses gestes. Enchaînée à quelque chose que je ne peux ni nommer, ni fuir. Est-ce que je regretterai ? C’est la question qui tourne sans fin. Celle qui m’empêche de respirer. Est-ce que je regretterai d’avoir tout quit
EmilyJe fais semblant de dormir.Depuis qu’il s’est levé.Depuis qu’il a quitté le lit avec cette lenteur maîtrisée, presque rituelle.Depuis qu’il est passé sous la douche, habillé, comme un homme qui veut s’oublier, se dissoudre dans l’eau glacée.Je l’ai entendu respirer. Fumer. Craquer.J’ai senti son malaise bien avant ses pas sur le sol.Je l’ai senti dans la tension de ses gestes, dans le poids qui a quitté le matelas, dans l’absence soudaine de sa chaleur contre mon dos.Le froid a pris sa place. Et son vide pèse plus que son corps.Lorenzo.Cet homme que je n’aurais jamais dû approcher.Et que je n’arrive pas à quitter.Peut-être parce qu’il ne m’a jamais vraiment laissé le choix.Ou peut-être parce que, au fond, j’ai toujours su que j’irais jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte.Il y a sur sa peau quelque chose de trop dur pour être touché. Et pourtant je l’ai touché.Il y a dans ses silences une violence sourde. Et pourtant j’y suis entrée.Je ne devrais pas être ici.Je le s
LorenzoJe n’aurais pas dû rester.Pas cette nuit.Pas après ce que j’ai fait.Pas après ce que j’ai vu dans ses yeux.Mais je suis là.Allongé à côté d’elle, dans ce lit qui pue la sueur, le sexe et la peur.Et je la regarde dormir.Elle, la fille que j’aurais dû fuir dès qu’elle a franchi ma porte.Emily.Avec ses silences qui blessent plus que des cris. Avec ses yeux qui fouillent, qui cherchent, qui osent.Elle ne sait pas ce que je suis.Pas vraiment.Pas encore.Et pourtant, elle est là.À moitié nue, marquée par mes mains, par ma bouche, par ma foutue colère.Par cette chose en moi que je ne contrôle plus.Je pourrais la tuer.Là. Maintenant.Ce serait plus simple.Couper court à cette faille que je sens s’ouvrir sous mes pieds.Mais je ne bouge pas.Je l’écoute respirer.Je me surprends à suivre le rythme de son souffle, comme un homme accroché au bord d’un gouffre qui compte les secondes avant la chute.Je n’ai jamais eu de faiblesse.Pas depuis que j’ai quitté l’enfance à co
EmilyJe n’ai pas dormi. Pas fermé l’œil.Même quand mes paupières se fermaient de fatigue, les images me griffaient de l’intérieur. Le bruit du moteur s’est tu depuis longtemps, mais dans ma tête, tout continue de tourner. Les cris. Le sang. L’odeur du cuir mouillé. Le froid métallique du couteau dans mes mains.Et ce regard.Celui de Lorenzo, quand il m’a dit que je n’étais plus innocente.Il avait raison.Je ne le suis plus.Pas depuis que j’ai regardé un homme supplier. Pas depuis que je n’ai pas détourné les yeux quand le sang a jailli. Pas depuis que j’ai senti cette étrange exaltation me monter dans la gorge, me glisser entre les jambes.Je suis restée là, dans la chambre du motel. Trempée, grelottante, brûlante. Une fièvre malsaine. Une chaleur tordue qui n’a rien à voir avec le confort.Je pensais que je serais écœurée. Que j’aurais envie de vomir, de courir sous une douche froide, de hurler à la lune que je ne suis pas comme lui.Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti.Ce qu
LorenzoJe n’ai même pas pris le temps d’essuyer mes mains. Le sang sèche déjà sous mes ongles, dans les lignes de ma paume, comme une mémoire que je ne peux pas effacer. Emily ne dit rien. Elle ne me regarde plus de la même manière. Mais elle reste. Et c’est bien ça le plus dangereux.Le corps gît encore au sol. Une traînée écarlate s’étend jusqu’à la flaque de pluie entrée par le toit éventré de l’usine. Le sang et l’eau forment une mare trouble, comme un cauchemar dissous dans le réel. Dante s’est écarté, son visage fermé comme à son habitude, mais je vois son cou raidi, ses mâchoires crispées. Même lui sent que cette nuit, quelque chose a changé.Emily m’a suivi. Elle a vu. Elle n’a pas détourné les yeux.Et ça… Ça me retourne plus que je ne veux l’admettre.— Il avait des infos sur les cargaisons ? demandé-je d’une voix sèche.Dante hoche la tête.— Ils comptent frapper sur deux fronts. L’un par la route. L’autre par quelqu’un de l’intérieur.Je plisse les yeux. Ce mot. Intérieur
LorenzoElle me regarde, un mélange de détermination et d’incertitude dans son regard. Mais elle acquiesce, lentement, prenant une profonde inspiration avant de s’installer à mes côtés.— Je suis prête, murmure-t-elle.Les phares de la voiture s’allument, et le moteur rugit dans la nuit. La pluie continue de tomber, mais je n’y prête plus attention. La route est devant nous, et tout ce qui compte maintenant, c’est ce qui va suivre. Nous allons frapper fort. Et personne ne pourra nous arrêter.EmilyLa pluie tambourine encore sur le toit de la voiture, amplifiée par le silence tendu qui règne à l’intérieur. J’ai les yeux fixés sur la route détrempée, les mains posées sur mes cuisses, immobiles, comme si le moindre mouvement risquait de faire éclater l’équilibre précaire qui m’habite. Tout va trop vite. Les mots de Melaine tournent encore dans ma tête comme des crochets venimeux. Sa voix douce, ironique, cette façon de m’observer comme si elle savait déjà ce que je ne voulais pas admett
VictorioLa pluie n’a pas cessé. Elle martèle le toit du motel avec une intensité qui me fait presque oublier la tension palpable qui envahit l’air autour de moi. Le bruit de l’eau tombant sur le métal est monotone, presque apaisant, mais il ne parvient pas à étouffer le tumulte dans mon esprit. Les mots de Melaine résonnent encore dans mes oreilles, des échos désagréables qui s’infiltrent dans chaque recoin de mes pensées.Je jette un regard furtif vers Emily, toujours là, silencieuse à mes côtés. Elle semble être dans son propre monde, perdu dans la pénombre de la pièce. Sa respiration est calme, mais je peux voir les signes de l’agitation sous-jacente qui la traverse. Son regard est distant, presque absent, et malgré sa tentative de rester forte, je sais qu’elle lutte contre quelque chose de plus grand qu’elle. Quelque chose qu’elle ne me dit pas. Mais je peux lire entre les lignes.Je brise le silence, ma voix douce mais ferme.— Tu ne veux pas me dire ce qui te tracasse ?Elle se
VictorioLa pluie s’est intensifiée. De grosses gouttes s’écrasent contre le pare-brise de la voiture alors que je fixe la route devant moi, le regard noir. Emily est à mes côtés, son visage éclairé par la faible lumière des lampadaires qui défilent. Elle ne dit rien, mais je sens sa tension. Ses doigts crispés sur le tissu de son pantalon, sa respiration mesurée, presque forcée.— On devrait s’arrêter pour la nuit, propose Dante depuis le siège passager.— Non, on continue, répliqué-je froidement.Dante me jette un regard en coin.— On ne peut pas rouler éternellement, capo. On a besoin de repos, et elle aussi.Il désigne Emily d’un signe de tête. Je me tourne vers elle. Ses yeux brillent faiblement dans l’obscurité, mais elle ne dit rien.— Je vais bien, murmure-t-elle.Je serre la mâchoire.— On va s’arrêter une heure, dis-je à contre-cœur. Pas plus.Dante sourit légèrement.— Comme tu voudras, capo.Il s’engage sur une petite route secondaire, et quelques minutes plus tard, nous a