LOGINMaya, stripteaseuse le soir et aventurière imprudente le jour, trouve dans une poubelle un homme tailladé, encore chaud du métal qui l'a transpercé. Au lieu de fuir, elle le traîne dans l'antre de son van et le recoud elle-même, ses doigts agiles habitués aux lacets et aux blessures. L'inconnu, qui se nomme Kai, se réveille avec dans les yeux la froideur d'un tueur et l'étincelle d'une fascination violente pour cette femme qui a pansé ses plaies en l'insultant. Il appartient à un monde où l'on règle ses dettes dans le sang. Elle, avec son humour de brûlée et son mépris du danger, se jette tête baissée dans son sillage sombre. Leur attraction est une lame à double tranchant : coupante, addictive, mortelle. Kai veut la sauver en la chassant ; Maya veut le comprendre en se jetant dans la gueule du loup. Entre trahisons et pulsions, ils découvrent que les cicatrices les plus profondes ne sont pas celles qui saignent, mais celles qui lient deux âmes brisées, condamnées à s'entre-déchirer pour exister.
View MoreMAYA
Les trois coups sont frappés dans le silence feutré. Un frisson parcourt la salle obscure, chargé d’attente et de désir acheté au prix d’un verre trop cher. L’air sent la bière tiède, le parfum bon marché et la sueur malsaine.
Je ferme les yeux un instant, derrière le lourd rideau de velours rouge. J’inspire. Je ne suis plus Maya. Je suis l’Échappée. Le Fantôme. L’illusion qu’ils sont venus acheter.
La musique s’élève, lente, hypnotique, une basse sourde qui semble naître du sol et vibrer dans mes os. Earned It de The Weeknd. Un classique. Prédictif. Parfait.
Les projecteurs crèvent l’obscurité et me cueillent au centre de la piste, enroulée autour de la barre de laiton froid.
Je suis vêtue d’une combinaison noire, simple, qui couvre tout et pourtant ne laisse rien à l’imagination. Elle brille sous les lumières, un second peau de serpente. Mes cheveux, une cascade de boucles blondes miel désordonnées, tombent en vagues sur mes épaules nues et dans mon dos. Ils ont cette couleur de blé brûlé par un soleil d’été, un contraste sauvage avec l’atmosphère de cave du club. Je les ai laissés libres, exprès. Pour qu’ils bougent avec moi, pour qu’ils masquent et dévoilent à chaque rotation.
Je déroule mon corps de la barre, lentement, un mouvement de fauve qui s’étire. Mes yeux, alourdis d’un khôl noir, balayent la foule sans vraiment la voir. Je cherche des points dans le vide, au-delà d’eux. Mon regard est un mystère, une promesse qu’on ne tiendra jamais. C’est ça, la clé. Ne jamais les regarder vraiment. Les laisser se perdre dans la possibilité d’un contact.
La musique enfle. Mes hanches épousent le rythme, un roulis lent, ancestral. Mes mains glissent le long de mes flancs, effleurant la soie noire, traçant un chemin que tous les yeux suivent, avides. Je ne souris pas. Mon expression est lointaine, concentrée, presque douloureuse de sensualité retenue. La sueur perle déjà à la base de mon cou, fait scintiller ma clavicule.
Je me détache de la barre, avance d’un pas chaloupé vers le bord de la scène. Les premiers billets volent, atterrissent à mes pieds. Je les ignore. Leur argent n’achète pas mon attention, seulement mon ombre.
Un type au premier rang, costaud, le visage rouge, hurle quelque chose d’obscène. Ses yeux sont injectés de sang, accrochés à moi comme des ventouses. Je laisse mon regard glisser sur lui, à travers lui, comme s’il n’était qu’un fantôme. Puis, lentement, un coin de mes lèvres se relève. Pas un sourire. Une ombre de mépris, si ténue qu’il pourrait la prendre pour de l’encouragement. C’est mon arme favorite.
Je tourne sur moi-même, les lumières stroboscopiques accrochant l’or de mes cheveux, créant un halo éblouissant. Mes mains remontent dans mes boucles, les rejettent en arrière, exposant la longue ligne de mon cou, la courbe de ma gorge. Un soupir collectif monte de la foule.
La musique atteint son crescendo. C’est le moment. Les attaches de ma combinaison cèdent une à une sous mes doigts experts. Le tissu glisse, mais ne tombe pas. Il obéit à la gravité que je décide, dévoilant une épaule, un morceau de dos, la courbe d’un sein retenu d’un simple effleurement. C’est une danse de l’éphémère, du presque-vu. Le désir naît de l’attente, pas de l’assouvissement.
Je suis une énigme en mouvement. Une promesse de chair et de chaleur qu’ils ne toucheront jamais. Ma beauté n’est pas douce. Elle est coupante. C’est celle des lames et du silex. Mes boucles blondes sont une couronne désordonnée, sauvage, qui dit que je n’appartiens à personne. Mon corps, longiligne et musclé, parle d’heures d’entraînement, de contrôle absolu, pas de simple abandon.
Le final approche. Je me retrouve à genoux au centre de la scène, la lumière ne frappant plus que moi. Un dernier geste. Mes doigts effleurent le fermoir à ma taille. Un silence de plomb. Je relève la tête, et pour la première fois, je plante mon regard dans celui d’un homme, au hasard, au fond de la salle. Je lui offre un sourire froid, éphémère comme un éclair.
Puis la lumière s’éteint. D’un coup.
Dans le noir soudain, le silence est assourdissant, puis explosif. Les applaudissements, les sifflements, les cris déferlent comme une vague.
Je me relève déjà, ramassant le tissu noir autour de moi d’un geste précis. L’illusion est finie. La sueur est réelle, l’épuisement aussi. Et l’odeur de l’argent, froissé et moite, que je vais ramasser à mes pieds avant de disparaître dans l’ombre.
Je quitte la piste sans un regard en arrière, laissant derrière moi la chaleur étouffante et le désir frustré. Dans les coulisses, le silence est relatif. La musique du prochain numéro commence déjà. Je passe devant le miroir éclairé aux néons. Une femme aux yeux cernés, aux cheveux de lionne échevelée, me regarde. Maya. Pas l’Échappée. Juste Maya.
Je souffle, essuie la sueur de mon front avec l’avant-bras.
— Bonne nuit, les gars, murmure-je à la salle invisible. Vous avez eu votre rêve. Moi, j’ai ma paye.
Je fourre les billets dans mon sac, enfile mon sweat trop grand, et pousse la porte de derrière. L’air froid de la ruelle me frappe en pleine face, lavant d’un coup l’odeur de fantasme et de misère.
La vraie nuit, la mienne, peut enfin commencer.
KAÏLa porte de la salle de bains se referme sur un clic étouffé. Je reste immobile. J’écoute le silence qui se réinstalle, plus lourd maintenant, chargé de l’effroi que je viens de semer. Je l’entends vomir. Un son faible, étouffé. Suivi de sanglots ravalés. La peur a un goût, une odeur. Je les connais. Aujourd’hui, ils portent un nom : Maya.Une anomalie dans le scénario.Mes propres mots résonnent en moi, froids et précis. C’est la vérité. Elle n’aurait jamais dû être là. Dans cette ruelle. Dans ma vie. Elle a traversé le cadre de mon œuvre comme un trait de pinceau maladroit, et maintenant, la toile est compromise.Je tourne les talons. Je quitte le salon, laissant derrière moi l’écho de sa terreur. L’air est plus frais dans le hall. Je monte l’escalier, mes pas sont silencieux sur le bois verni. La maison est vaste, trop vaste pour un seul homme. Elle a été conçue pour autre chose. Pour une vie qui n’a jamais eu lieu. Maintenant, ce n’est qu’un lieu de passage. Un atelier. Une fo
MAYALe « dernier » tombe comme une pierre tombale se scellant. Ce n’est pas une menace directe. C’est pire. C’est une fatalité. Une loi de la nature qu’il a énoncée. Témoin du Boucher, on ne l’est qu’une fois. Car qui a vu le visage du démon ne peut plus jamais regarder la lumière.Je reste là, pétrifiée, non plus par la peur de Chernov, mais par la révélation de ce que je touche vraiment. La main qui a tenu la mienne n’était pas celle d’un sauveteur ou d’un geôlier.C’était la main qui tient le scalpel et le pinceau.Et dans le silence de la maison-tombe, je comprends que mon nouveau puzzle n’est pas de m’échapper.C’est de survivre à l’artiste .Le silence après ses mots est plus assourdissant qu’un coup de canon. Il m’enveloppe, épais, gluant, chargé de l’écho de cette révélation monstrueuse. Le Boucher. Ce n’est plus un mythe, une légende murmurée dans l’obscurité des réseaux cachés. C’est un homme. Il respire à moins d’un mètre de moi. Sa chaleur animale se confond avec le froid
MAYALa main de Kaï englobe la mienne, une étreinte qui est tout sauf rassurante. Ce n’est pas une main, c’est une manille. Le métal froid de ses bagues mord ma peau, promesse d’une captivité bien plus profonde que physique. Il me tire, et mon corps obéit, traître, alors que chaque fibre hurle de fuir. Le gravier crisse sous nos pas, un bruit sec qui se perd dans le silence oppressant de la propriété. La maison de pierre se dresse, non pas comme un refuge, mais comme un mausolée avant l’heure. Ses fenêtres aveugles sont des orbites vides, la lune, une lumière froide et clinique qui semble l’autopsier.Mon esprit est une ruche en folie. Chaque bourdonnement est une question, une terreur, un fragment d’échiquier trop lourd à soulever. Kaï. Chernov. Un duel titanesque. Et moi, insecte écrasé entre deux plaques tectoniques. Comment a-t-il osé ? La question n’est plus une curiosité, c’est un cri primal, une recherche désespérée de logique au bord du précipice.— Pourquoi ?Le mot s’échappe
MAYAJe déglutis, ma bouche sèche. L’échiquier vient de prendre des dimensions monstrueuses. Mon petit studio, mon club, mes énigmes… des poussières sur cet échiquier.— Alors… le plan, c’est de me cacher jusqu’à ce que tu aies… quoi ? Fait tomber Chernov ?— Le plan, c’est de te mettre en sécurité pendant que je règle la situation. Point.— Et si tu ne la règles pas ? Si tu meurs pour de vrai la prochaine fois ? Je reste cachée jusqu’à ma mort naturelle ?Il se tourne entièrement vers moi cette fois. La faible lumière du tableau de bord éclaire son regard. Il n’y a plus d’incrédulité, plus de mépris. Une lueur d’intérêt intense, presque cruelle.— Tu tiens vraiment à la vie, hein ? Pas seulement à l’adrénaline. À la vraie vie. Ton petit confort, ta routine. C’est ça ton trésor.Ses mots me frappent. Il a raison. D’une façon que je ne m’étais jamais avouée. Mes risques, mes défis… c’était un jeu. Un moyen de me sentir vivante sans jamais vraiment tout risquer. Ceci, là, maintenant… c’






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