Chapitre 3

Le lendemain matin, Léa s'est maquillée et a tenu la petite robe préférée de sa fille, attendant qu'elle se réveille.

Manon a ouvert les yeux et a vu tout de suite le visage doux de sa mère. Gênée par tant de douceur, elle s'est retournée, enfouissant sa petite joue contre le drap, et s'est recroquevillée comme un chaton.

« Manon, tu veux mettre ta petite robe ? » a demandé Léa en souriant.

Manon s'est retournée, a regardé la jolie robe rose de princesse et a hoché la tête, « Oui, je veux bien. »

Léa a descendu les escaliers en tenant sa fille joliment habillée. Alex l'attendait déjà sur le canapé du salon, fidèle à son habitude d'emmener leur fille à l'école avant d'aller au bureau.

« Papa, je suis jolie ? » a demandé Manon en faisant un petit tour de bonheur devant lui.

Alex l'a regardée avec tendresse et affection, l'a complimentée sans hésiter : « Oui, tu es très jolie. »

Alex a pris sa fille dans les bras, et Léa a pris le cartable que Sophie lui avait tendu, les suivant pour aller à l'école de sa fille.

L'école était toute proche, juste à la limite du quartier résidentiel, le plus cher établissement privé de Merville.

Manon est descendue de la voiture, et Léa l'a accompagnée jusqu'à la porte, lui a ajusté le cartable en lui demandant : « Cet après-midi, je viendrai te chercher plus tôt. On fera un gâteau ensemble, d'accord ? »

Manon a hoché la tête joyeusement, a salué le directeur et les enseignants, puis est entrée à l'école.

Léa a regardé sa fille s'éloigner avec tendresse, puis s'est tournée vers l'homme dans la voiture. Les ombres et la lumière ont joué sur son visage, toujours aussi calme et séduisant ; mais son regard est resté impassible comme une nuit d'hiver, empreint d'une froideur subtile.

« Je vais rentrer à pied, tu peux aller au bureau ! » a dit Léa en s'approchant du siège conducteur.

Alex a pincé les lèvres à ses mots, a manié élégamment le volant avec ses longues mains, et la Rolls-Royce noire a rejoint la circulation pour partir.

Léa a suivi la voiture d'Alex du regard. Même après tant d'années de mariage, elle ne l'a toujours pas compris.

Même en sachant qu'au fil des années, il ne lui avait rendu que gratitude, qui n'était pas amour, elle avait continué à attendre bêtement.

Elle avait attendu obstinément son amour… et cela avait duré six longues années.

Léa n'a plus reproché quoi que ce soit à personne. Elle ne s'en voulait qu'à elle-même d'avoir choisi le mauvais homme et a assumé les conséquences.

Léa est rentrée à pied, et Sophie est venue lui demander : « Madame, que voulez-vous pour le petit-déjeuner ? »

« Faites-moi simplement une omelette au bacon », a répondu Léa.

Sophie a été surprise et est allée préparer le petit-déjeuner. Elle avait l'impression que le regard de Léa était différent aujourd'hui ; il est devenu encore plus indifférent que d'habitude. Cependant, elle n'avait pas entendu de dispute entre eux la veille.

D'habitude, quand Monsieur ne rentrait pas pendant plusieurs semaines, Madame paraissait toujours contrariée. Et là, sa fille avait été hospitalisée pour une opération des poumons, et pourtant, Madame ne l'avait pas informé.

Assise dans le bureau au troisième étage, Léa s'est plongée dans ses pensées. Il y a un mois, elle avait pris la parole au Forum médical de Montelac en tant que la majeure de la promotion, attirant l'attention de centaines de grandes entreprises pharmaceutiques. Si elle avait accepté, elle aurait pu rejoindre n'importe quel laboratoire et obtenir des investissements de plusieurs milliards d'euros.

Mais elle n'avait jamais parlé de cette réussite au sein du foyer. Dans cette maison et aux yeux des autres, elle était simplement une femme au foyer sans talent, prisonnière de son rôle.

Quant à son mari, Alex, il avait été conseiller vedette, à dix-huit ans, dans une société financière du Boulevard du Capital de Montelac. Il avait repris l'entreprise familiale à vingt-trois ans, devenant une légende de la finance, et en quatre ans seulement, il avait atteint la première place du classement national des fortunes.

À ce moment-là, son amie avocate Claire Lefèvre lui a envoyé un message : « Léa, ce midi, j'ai déjeuné avec un client, devine ce que j'ai vu ? »

Puis elle a envoyé trois photos.

Sur les photos, Alex était assis dans une loge, en train de discuter avec plusieurs clients étrangers, et Isabelle, pleine de charme, était assise à ses côtés.

Isabelle portait une robe de soirée luxueuse, élégante et séduisante. Sur la troisième photo, elle riait avec malice, ses yeux pétillant de coquetterie, tandis qu'Alex baissait les yeux pour la regarder. Ils semblaient un couple parfait.

« Léa, prends ça avec légèreté, ne te laisse pas démonter ! » a rassuré Claire.

« Je ne vais pas me laisser démonter ! » a répondu Léa.

Pour Alex, sa femme pouvait le faire passer pour un ridicule, mais Isabelle, sa maîtresse, lui apportait toujours de la fierté.

Isabelle était une pianiste de renommée internationale, chérie dans le monde de la mode, ambassadrice de grandes marques de bijoux. Son visage captivant aurait rendu Alex fier en toute circonstance.

À quinze heures trente, Léa a pris la voiture pour se rendre à l'école de sa fille, décidée à la récupérer dès que possible.

Vers seize heures, une Ferrari rouge est arrivée et s'est arrêtée en face d'elle. Léa a serré le volant. C'était Isabelle, elle était là aussi.

Isabelle se maquillait dans la voiture. Il était clair qu'elle était venue exprès pour attendre qu'Alex récupère Manon.

Une maîtresse capable de tenir le cœur d'Alex devait être une femme très intelligente et habile.

Pendant ces deux années, Léa ne l'avait jamais confrontée directement. Même lorsqu'elle se disputait avec Alex, elle restait toujours mesurée, pensant qu'Alex reviendrait vers la famille. Mais en réalité, la situation ne faisait qu'empirer.

Cette fois, Léa n'a plus reculé.

Elle a ouvert sa portière, est descendue la première et a lancé un regard glacial vers la voiture d'Isabelle.

Isabelle a regardé Léa de l'autre côté et a été surprise : c'était pas Alex qui venait chercher sa fille aujourd'hui ?

En voyant Léa la fixer, Isabelle a esquissé un sourire confiant, a ouvert la portière avec élégance et s'est avancée vers elle.

Léa a serré les poings, et son regard rivé sur la garce était rempli de dégoût.

Isabelle a souri et a dit : « Bonjour, Mlle Bernard. Je suppose que vous savez déjà qui je suis, mais je me présente officiellement : je m'appelle Isabelle, et je suis… une bonne amie d'Alex. »

« Peu importe qui tu es, éloigne-toi de ma fille », a lancé Léa, le regard avertisseur braqué sur elle.

Isabelle l'a regardée et a soudain souri, « Léa, tu penses que, puisque j'aime ton mari, du coup je suis une méchante, hein ? »

Léa a détourné le regard, ne voulant pas lui répondre.

Isabelle a ri d'une manière hautaine, « Et si je dis que l'homme que j'aime est volé par une autre femme, en devenant même son mari… tu ne trouves pas ça un peu énervant pour moi aussi ? »

« Pour oser décrire une relation adultère avec un tel aplomb, il faut vraiment ne pas avoir de scrupules. Et toi, tu es la seule personne qui fasse ça », a commenté Léa sans ménagement.

Isabelle a caressé son collier du bout des doigts. Léa a remarqué qu'une somptueuse chaîne en saphir ornait son cou délicat.

Sans qu'elle ait besoin de le dire clairement, Léa savait que c'était un cadeau d'Alex. Après tout, Alex avait passé ces deux dernières semaines avec elle.

Léa a vu que les portes de l'école étaient ouvertes et a marché d'un pas rapide vers l'entrée.

Derrière elle, Isabelle a observé la silhouette de Léa, a esquissé un sourire ; ses yeux en revanche, ont bel et bien trahi une légère condescendance.