Chapitre 5

Un pincement a traversé le cœur de Léa. Bien qu'elle ne se soucie plus de cet homme, la colère restait présente.

Cette fois, Léa n'allait absolument pas laisser sa fille partir à l'étranger avec eux, et encore moins permettre à Isabelle de s'approcher de sa fille.

Le soir, Alex dînait à la maison. Quand leur fille était collée à lui, Léa n'a pas voulu s'approcher. Après le repas, à vingt heures trente, elle a pris sa douche. En sortant et en cherchant Manon, elle a finalement entendu la voix de sa fille dans la chambre d'Alex.

Alors qu'elle allait ouvrir la porte, elle a entendu la voix joyeuse de sa fille.

« Tata Isabelle, tu es déjà partie à l'étranger ? »

« Oui, je viens juste d'arriver aujourd'hui, et tu m'as tellement manqué, j'aurais aimé que tu viennes avec moi ! »

« On se verra très bientôt, papa a dit qu'il m'emmènerait te voir à l'étranger dans deux jours. »

« OK, alors je vais préparer des cadeaux et acheter de jolies petites robes de Noël pour t'attendre ! »

« Je veux plein de robes de princesse et une belle couronne. »

« D'accord, je vais tout préparer à l'avance pour toi, et j'ai aussi commandé ton gâteau à la crème préféré », a dit Isabelle d'une voix affectueuse.

Léa s'est appuyée contre la porte, attendant que leur conversation se termine.

« Je dois raccrocher là », a dit Alex.

« D'accord, alors je vous attends ! »

« Manon, au revoir, je t'aime ! » a dit Isabelle dans la langue de Dorasie.

« Moi aussi je t'aime ! » a répondu Manon avec sa voix enfantine, dans un accent parfait de Dorasie.

En écoutant l'interaction intime entre sa fille et Isabelle, un pincement douloureux a serré la poitrine de Léa. Elle a ouvert la porte, mais son visage affichait déjà un sourire.

« Manon. »

« Maman, papa et moi allons bientôt partir en Dorasie. Tu veux venir avec nous ? » a demandé sérieusement Manon en levant son petit visage.

Dans le cœur de Manon, elle voulait que toutes les personnes qui l'aimaient et prenaient soin d'elle soient, tous et tout le temps, avec elle pour s'amuser.

« Manon, maman doit parler un peu avec papa. Tu peux aller jouer dans la salle de jeux en attendant ? » a demandé Léa en caressant la tête de sa fille.

Manon a hoché la tête, « Oui ! D'accord ! » Elle est sortie en courant, et Sophie a appelé depuis l'extérieur, « Manon, j'ai coupé des fruits pour toi, viens les manger ! »

Léa a refermé la porte et a levé les yeux vers Alex, assis sur le canapé sous le lustre en cristal, sa cravate légèrement desserrée ; sa chemise déboutonnée au troisième bouton encore tachée de confiture de fraises que sa fille avait laissée avant le repas.

« Parlons un peu », a lancé Léa en premier.

Alex semblait justement attendre qu'elle parle, son regard fixé sur elle.

« Cette fois, je ne te conseille pas d'emmener Manon en Dorasie. Si tu veux aller passer Noël avec ta mère et ta grand-mère, vas-y seul. Je veux que Manon reste ici avec moi », a déclaré Léa.

« Ma grand-mère et ma mère n'ont pas vu Manon depuis un moment, et le voyage ne durera pas plus de dix jours », a répliqué Alex calmement.

La poitrine de Léa se soulevait tandis qu'elle le regardait fixement.

Alex a plissé légèrement les yeux, « Tu peux y aller avec nous. »

Léa a serré les poings et a plissé les yeux, « Je peux y aller, mais peux-tu faire en sorte qu'Isabelle reste loin de ma fille ? »

Alex a tiré sur sa cravate déjà lâche, un geste qui montrait son impatience.

« Elle n'a aucune mauvaise intention envers Manon, tu n'as pas besoin de la surveiller autant », a dit Alex en se levant avec un léger froncement de sourcils.

Le corps de Léa a tremblé subitement.

« OK, j'accompagnerai ma fille en Dorasie. Peu importe ta relation avec Isabelle, fais en sorte qu'elle reste loin de ma fille. »

La mère et la grand-mère d'Alex vivaient en Dorasie depuis longtemps. La dernière fois qu'Alex était allé les voir remontait au mois d'août. Elle ne pouvait donc pas l'empêcher d'aller voir ses aînées et devait simplement l'accompagner.

Léa est retournée dans sa chambre en retenant sa colère, et à ce moment-là, son téléphone a sonné.

Elle a regardé le numéro international entrant, a hésité un instant, puis a décroché : « Allô ! »

Une voix masculine agréable s'est fait entendre : « Léa, as-tu réfléchi ? As-tu décidé de rejoindre le projet ? »

Léa a deviné qui appelait et a dit avec regret : « Désolée, Léo, j'ai des choses plus importantes à gérer. »

« J'ai enquêté sur ton mariage. Ton mari t'a déjà trompée, et ta fille n'est pas très proche de toi. En fait, tu pourrais tout simplement abandonner ta famille et te consacrer à la science. Avec ton talent, tu réussirais à coup sûr. »

Léa a répondu avec gratitude : « Merci pour tes conseils, mais j'ai mes propres projets. »

« Tu veux reconquérir ton mari ? » a soufflé la voix à l'autre bout du fil.

« Non, je veux juste m'occuper de ma fille. »

« OK, je suis sûr que nous nous reverrons. »

« Certainement ! » a répondu Léa en souriant.

Léo Legrand avait également collaboré avec son père sur un projet dans le passé et, au fil des années, il avait pris soin d'elle comme un frère aîné.

À présent, elle avait décidé de tout faire pour restaurer sa relation avec sa fille. Elle ne laisserait jamais sa fille vivre avec Isabelle, cette prétendue belle-mère.

Le soir, Léa a dit à sa fille qu'elle l'accompagnerait en Dorasie. Manon l'a enlacée avec joie et lui a raconté toutes les choses amusantes qu'elle avait découvertes. Dans le passé, Léa avait ravalé sa fierté pour tenter de sauver son mariage, mais elle avait négligé sa fille. Son mariage raté l'avait transformée en une femme aigrie.

Elle s'était rendu compte qu'elle avait aussi ignoré sa fille !

« Chérie, je t'aime. »

« Je t'aime aussi, maman. » À son oreille, la voix douce et adorable de sa fille la chatouillait, accompagnée d'un baiser attendrissant posé par ses petites lèvres.

« Maman, tu seras toujours ma meilleure maman. Je ne veux pas te quitter, jamais », a déclaré Manon en tenant son visage faiblement éclairé par la lumière tamisée.

Léa a serré fort sa fille dans ses bras et lui a embrassé sa petite tête, « Je t'aime aussi, pour toujours. »

Lundi, ils sont allés à l'aéroport en famille.

Après dix-huit heures, ils sont arrivés en Dorasie. L'assistant d'Alex, Paul Petit, poussait les bagages, Léa portait son sac, et Manon, qui avait somnolé dans l'avion, dormait maintenant dans les bras chaleureux de son père, enveloppée fermement dans son manteau.

En sortant de l'aéroport, ils sont montés dans une voiture de fonction chauffée. Alex a doucement ajusté la position de sa fille, son regard profond et tendre s'est posé sur son visage, et ses doigts longs ont écarté une mèche de cheveux de son front.

Le cortège de trois voitures a roulé dans la nuit pluvieuse de Dorasie. Léa regardait le paysage par la fenêtre et pensait qu'elle allait bientôt rencontrer sa belle-mère et sa belle-sœur Juliette, une pierre invisible pesant sur son cœur.

Huit ans auparavant, Alex, âgé de vingt ans, avait eu un grave accident et avait été transporté à l'hôpital où travaillait le père de Léa. Dès qu'elle avait appris la nouvelle, Léa avait interrompu ses études pour venir s'occuper de lui. Sa belle-mère, trop attristée, n'avait pas refusé sa demande.

Léa avait pris soin de lui avec une attention sans faille, jour et nuit, accomplissant tout le travail des infirmières et des aides-soignants jusqu'à ce qu'Alex se réveille un an plus tard. Elle ne pouvait plus contenir son amour et lui avait avoué son cœur et son désir de devenir son épouse.

Mais lorsqu'elle avait fait sa déclaration d'amour, sa belle-mère Maëlle l'avait entendue. Elle l'avait immédiatement retrouvée après, et lui avait proposé une compensation d'un milliard d'euros pour la faire quitter Alex.

Léa avait souffert et lutté. Alors qu'elle rangeait ses affaires pour retourner à l'école, Alex était apparu à la porte, disant qu'il voulait l'épouser.

Même à ce moment-là, Léa se souvenait encore de ce jour : sa silhouette légèrement amaigrie, son expression calme, mais ses yeux brillants et déterminés, avait dit : « Marions-nous ! »

Le jour de son mariage, l'assistant de son père lui avait révélé que c'était son père qui avait remis à Alex toutes les vidéos de sa présence à l'hôpital pendant une année entière. Après le mariage, Léa avait compris qu'Alex ne l'aimait pas, qu'il l'avait épousée uniquement par reconnaissance.

À l'époque, elle avait pensé que tant qu'elle l'aimait, elle finirait par conquérir son cœur. Cela avait montré que, à dix-neuf ans, elle avait été trop naïve et trop jeune.

Après presque une heure de route, le cortège avait pénétré dans le quartier huppé de Dorasie et s'est finalement arrêté devant un manoir somptueusement éclairé.

Les domestiques attendaient déjà à la porte pour porter les bagages. Léa est descendue en tenant son sac, et a regardé Alex descendre avec assurance, sa fille dans ses bras, au moment où Manon s'est enfin réveillée.

Elle a agrippé les larges épaules de son père de ses petites mains. Ses cheveux en bataille, son visage rosé et chaud, bâillant dans les bras de son père, elle dégageait une adorable aura.

« Papa, sommes-nous arrivés chez grand-mère ? » a demandé Manon.

À ce moment-là, une silhouette élégante a descendu les escaliers du deuxième étage. Une voix joyeuse a retenti : « Manon, je suis là. »

Le regard ému de Maëlle a croisé celui de Léa, tenant son sac dans le hall, et une légère contrariété a traversé les yeux de la vieille dame. Léa l'a salué poliment : « Maman ! Ça fait longtemps. »

« Oh ! Manon ! Tu as encore grandi, laisse-moi te prendre dans mes bras », après avoir dit cela, Maëlle a enlacé sa petite-fille et touché joyeusement ses rondeurs, « Ton père t'a bien élevée, tu as un peu grossi. »

Alex a tendu la main pour reprendre sa fille, et Maëlle, comprenant que son fils s'inquiétait pour sa santé, a dit aux domestiques : « Préparez une chambre pour la jeune madame. »

« D'accord, Madame », ont répondu les domestiques.

Le cœur de Léa s'est serré, ces paroles étaient destinées à elle, pour lui faire comprendre que Maëlle n'avait jamais prévu qu'elle vienne, et ne voulait pas qu'elle vienne, sinon la chambre aurait été prête plus tôt.

« Mamie, j'ai faim, je veux manger. Eh ! Et ma tata ? » Manon se montrait très à l'aise ici, sans aucune gêne.

« OK, je vais demander à la domestique de vous préparer quelque chose à manger. Ta tata est partie skier dans un autre pays avec ses amies, tu la verras seulement pour le Nouvel An. »

Léa a poussé un soupir de soulagement, sa petite belle-sœur, tout comme sa belle-mère, ne l'appréciait pas. Autant ne pas la voir.

À ce moment-là, le téléphone d'Alex a sonné. Léa a détourné les yeux pour l'observer, et l'a vu jeter un coup d'œil furtif à l'écran avant de sortir pour répondre.