Le temps semble se suspendre un court instant, quelques minutes plus tard, le marin revient, et l’instant d’après, le bateau s’éloigne du ponton. À ce moment précis, un frisson glacial me transperce. Je m’en vais… Je l’ai décidé sur un coup de tête, sur une dispute de trop, mais je pars quand même. À mesure que le bateau s’éloigne, j’ai l’impression que ma flamme s’affaiblit, mais aussi, que ma louve s’agite. Puis soudain… un vertige violent me plaque contre le mur de la cabine. Mon souffle s’accélère, mes muscles se contractent, et la panique s’infiltre dans chacune de mes veines, comme un violent venin. Je comprends… je le sens : La déchirure. Le lien… qui se fissure ou se brise, c’est douloureux, brutal même comme sensation. Atroce, comme un coup de poignard en pleine poitrine. Je suffoque, mes mains tremblent, et puis, ma gorge se serre, j’ai même l’impression qu’on m’arrache les entrailles, qu’on m’évide vivante. Je crie, mais aucun son ne sort. Ma louve
Face à ce qu’il vient de me cracher, je sens immédiatement le poids de sa menace s’accrocher à moi, un peu comme un poison lent qui rongerait lentement mes entrailles.J’ai l’impression que le sort s’acharne sur moi, il sait que je ne peux pas choisir, il en a conscience, mais pourtant, il persiste à m’imposer de faire un choix.Et à ce moment-là, c’est le dégoût et la rancœur qui prennent toute la place en moi.J’en ai marre, je ne supporte plus cette situation.Je ligote mes émotions, enferme ma louve et étouffe ma flamme, car la pensée qui s’impose dans mon esprit est nette et glaciale.Et j’ai besoin d’être pleinement consciente en l’imposant à mon tour aux autres.— Si tu me demandes de choisir Kalyus…Le silence s’étend dans la pièce.Ils me fixent tous en attendant que je continue, mais moi, je tremble des lèvres, j’ai mal, et j’ai vraiment du mal à ce que les mots sortent de ma gorge.Mais je le crache quand même !— Je choisirais de changer mon billet, pour pouvoir rentrer ch
Kalyus reste scotché sur place, un peu comme si le temps s’était arrêté autour de lui. Et puis, son regard passe de Mado à moi, puis revient sur elle. — Tu te trompes, ça ne peut pas être ça. Mado s’avance près de lui, et malgré la tension qu’il dégage maintenant, elle dépose sa main sur lui tout en lui disant : — Kalyus, Mira a rencontré Abygaël aujourd’hui. Ce qu’elle vient de lui dire n’a pas l’air de lui plaire non plus, car il se met carrément à hurler. — Mais qu’est-ce que cette folle vient faire dans toute cette histoire ? Je me crispe, ma bouche s’entrouvre. Mado secoue brièvement la tête, visiblement agacée par sa réaction, puis elle reprend : — Elle a senti quelque chose en Mira. — Quelque chose de très fort, de beaucoup trop puissant pour que ce soit une simple erreur… Elle a ressenti la vie, Kalyus. Il tourne brusquement la tête vers moi, baisse les yeux sur mon ventre et le fixe avec insistance. — Ce n’est pas possible… Un chuchotement s’échappe de ses lèvres
Nous sommes coupés dans ce moment de réflexion profonde, par la porte qui s’ouvre brusquement. Mado pénètre enfin dans la maison, mais à son regard, quelque chose ne va pas. Elle s’approche de nous sans dire un mot, jusqu’à s’arrêter face à moi, puis elle inspire longuement : — Cela a été compliqué, mais voilà ce qu’elle m’a raconté avant qu’elle ne me chasse de chez elle. Elle marque un silence, puis poursuit d’une voix tremblante. — Elle a ressenti un flux magique bien distinct, très puissant, plus puissant que ce que tu contiens, Mira. — Mais aussi le sang du lycan, la froideur de l’hybride et la petite braise de la sorcière, l’enfant unique, né pur, et de plusieurs races différentes. Son visage change, il se fait plus sérieux, mais aussi inquiet. — Abygaël a aussi ressenti… Elle serre les lèvres, hésite, et moi je tremble de l’intérieur, je suis à deux doigts de l’infarctus. — Beaucoup de douleur, le mal, et le chaos. — Générés par deux flux d’énergies contraires, qui s
— Loan… J’ai peur. Je sens ma voix trembler, et lui, il me serre immédiatement un peu plus contre lui. — Je sais, Mira… Mais tu ne dois pas avoir peur, parce que je suis là, et on va traverser ça ensemble, ne t’inquiète pas. — Je serai toujours là pour toi, quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne de notre lien. — Je te le promets, tout va s’arranger, tu vas voir. Il glisse ses doigts sous mon menton, relève ma tête et m’oblige à le regarder. — Regarde-moi encore, Mira, je suis là. — Reste avec moi, ne te perds pas dans ce que tu ressens. Et par ce regard, ses mots, son toucher et ce lien qui est le nôtre, je sens son calme m’envahir, sa douceur m’enlacer, comme d’une onde glacée qui recouvre les flammes qu’il y a en moi. Peu à peu, son contact retient le chaos qui déborde de mon corps, et même si c’est plus difficile que d’habitude, il réussit quand même à m’apaiser et à me contenir. Quand mon souffle ralentit enfin, je m’écarte juste assez pour pouvoir lui faire face, et je
Avec Loan, on court sur une assez longue distance, et enfin, la cabane de Mado apparaît devant nous. Je reprends forme humaine avant même d’avoir atteint les premières marches, et Loan fait de même. Clairement, je ne prends même pas le temps de frapper, je pousse tout de suite la porte, et pénètre dans la maison tout en hurlant : — Mado ! C’est moi ! — Où es-tu ? Je traverse son salon, le cœur encore secoué par ce qu’il vient de se passer. Et puis, elle surgit de sa petite pièce, les mains pleines de bouquins et parchemins. — Mira ? Qu’est-ce qui se passe ? Je n’ai pas le temps de lui répondre, que Loan le fait à ma place : — C’est Abygaël… Elle… Elle est devenue complètement folle en voyant Mira. — Elle s’est mise à l’agripper et à lui hurler dessus… Mado se fige, net. Son regard change, il se fait inquiet. — Qu’est-ce qu’elle lui a dit ? Mot pour mot, Loan, il est très important que je sache. Sa réaction arrive quand même à me faire peur. — Elle lui a e