Chapitre 2 : Une Harmonie Fragile

Les jours suivants furent un prolongement de cette sérénité. Aïcha continuait son rituel quotidien : les matinées au marché ou à la librairie, les après-midis à lire dans un petit café du quartier, et les soirées souvent passées à discuter avec Samira ou à écrire dans son carnet.

Elle était connue et appréciée par tous les habitants. Le boulanger du coin lui réservait toujours une brioche chaude. Le marchand de journaux lui offrait parfois des magazines littéraires en guise de reconnaissance pour sa curiosité. Et même les enfants du quartier l’appelaient affectueusement Tata Aïcha, réclamant parfois qu’elle leur lise des histoires.

Un jour, alors qu’elle lisait tranquillement sur un banc du parc central, un jeune garçon s’approcha.

— Tata Aïcha, tu lis quoi aujourd’hui ? demanda-t-il en tirant sur son foulard.

Elle leva les yeux et sourit.

— C’est une histoire sur une jeune femme courageuse qui apprend à se reconstruire malgré les épreuves.

— Elle se bat contre des monstres ? demanda l’enfant, les yeux brillants.

Aïcha rit doucement.

— Pas exactement. Les monstres, parfois, ils sont dans notre tête, tu sais. Mais oui, elle se bat et elle gagne.

Le garçon sembla réfléchir, puis hocha la tête avant de s’éloigner en courant.

Ces échanges simples étaient tout ce qui rendait la vie d’Aïcha si belle, si pleine de sens. Chaque détail du quartier vibrait en harmonie avec sa joie de vivre : les cloches du marchand de glace, le bruit des balais sur les trottoirs au petit matin, et même les klaxons parfois agaçants de la circulation.

Mais cette harmonie, bien que réelle, était fragile.

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Une nuit, alors qu’elle préparait un article pour un concours littéraire, Samira frappa à sa porte, visiblement excitée.

— Aïcha, tu n’as pas oublié l’invitation de demain, hein ?

— Quelle invitation ? demanda-t-elle, levant les yeux de son carnet.

— La soirée au centre culturel ! Ils organisent une lecture en hommage à notre écrivain préféré.

Le visage d’Aïcha s’illumina.

— Tu plaisantes ? Je croyais que c’était annulé.

— Eh bien, non. Alors, prépare-toi, ma belle. On y va ensemble !

La perspective de l’événement la remplit d’une excitation enfantine. Elle passa la nuit à choisir un extrait à lire si l’occasion se présentait et à préparer sa tenue.

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Le lendemain, Aïcha et Samira arrivèrent tôt au centre culturel, un bâtiment ancien mais bien entretenu, dont les grandes fenêtres laissaient passer une lumière douce. La salle était déjà remplie de passionnés, certains feuilletant des recueils de poésie, d’autres discutant avec animation.

Quand vint le tour d’Aïcha, elle monta sur la petite scène, le cœur battant. Elle lut un extrait d’un de ses auteurs favoris, sa voix claire portant chaque mot avec émotion. L’audience resta suspendue à ses lèvres, et un tonnerre d’applaudissements suivit.

Après la lecture, plusieurs personnes vinrent la féliciter, dont un éditeur intéressé par ses écrits. Samira, elle, était aux anges.

— Tu es incroyable, ma chère ! s’exclama-t-elle. Un jour, on verra ton nom dans toutes les librairies, j’en suis sûre.

Aïcha rit, mais une étincelle d’espoir naquit en elle. Peut-être que Samira avait raison.

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Cette journée fut l’une des plus belles de sa vie. Aïcha se sentait portée par une énergie nouvelle, une gratitude infinie pour tout ce qu’elle avait. Mais dans l’ombre, un changement se préparait, une nuit fatale qui viendrait tout bouleverser.