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PURE
Sofia Célia Donatella. Voilà les trois prénoms que ma génitrice a eut la bonté de me donner avant de m'abandonner sous X à la naissance, il y a bientôt dix-huit ans. Peut-être que je devrais lui être reconnaissante. Qui peut se vanter d'avoir un joli prénom en tant que nom de famille ? Si, je sais... les orphelins. Les enfants dont les parents ne veulent pas, dont ils voudraient se débarasser, dont ils regrettent l'existence sans même envisager les conséquences que cela pourrait entraîner. Je n'ai aucune information sur celle qui m'a mise au monde hormis le fait qu'elle n'ait pas voulu de moi et qu'elle serait décédée quelques jours après m'avoir donné naissance.
Tous les nourrissons nés sous X ont droit à trois prénoms à la naissance, donnés par la mère ou non. Le troisième déterminant le nom de famille que l'on portera à vie. C'est également le cas de mes camarades d'unité, mes frères d'armes, la seule et unique famille que je connaisse depuis mon enfance.
L'unité 5, dont je fais partie, a été créée il y a trois ans et comprends huit membres. Nous avons tous grandit ensemble dans cette base militaire avant d'intégré secrètement cette unité d'élite, afin de pouvoir un jour infiltrer les camps ennemis. Le but étant de rassembler des informations essentielles à leur destruction et de sauver les derniers survivants de notre espèce qui seraient sous le joug ennemi.
Depuis la guerre des espèces qui a eut lieu il y a vingt ans, l'île des hommes est dévastée. Le monde moderne tel qu'on le connaissait n'existe plus. Les télévisions et les téléphones ne font plus partie de ce monde. Les centre commerciaux et les cinémas ont été anéantis aussi. Tout ce qui pouvait rendre une vie divertissante, intéressante a été supprimé. Enfin, ce qu'on m'en a raconté en tous cas, puisque je n'ai pas connu tout ça, étant née deux ans après la guerre. Autant dire que je suis née et ai grandit dans les ruines.
On aurait pu tout reconstruire, refabriquer des antennes, reconstruire des centres, recréer des boutiques, des cinémas... mais le nombre d'humains ayant été divisés par... je ne sais même pas par combien ! Tout ce que je sais c'est qu'il ne reste qu'une poignée d'humains sur cette île et que la majorité fait partie de l'armée. Majorité dont je fais partie d'aussi loin que remontent mes souvenirs.
Nous autre humains occupons l'île d'Alcatar, située au centre des continents. Notre île est située au milieu de l'Océan Céleste qui abrite les sirènes de Tritania et au centre de toutes les espèces. Au nord de notre île se trouve le continent Nord qui abrite les Fae, à droite le continent Est occupé par les Vampires, dans le continent Sud se trouvent les Dragons, et les Loups résident dans le continent Ouest. Je n'ai jamais vu aucun de ces êtres de mes yeux, mais j'ai l'impression d'en avoir déjà croisés grâce aux descriptions faites par COLONEL, notre formateur, et probablement la personne en laquelle j'ai le plus confiance sur cette terre, avec mes frères d'unité.
COLONEL est un homme de trente-neuf ans, beau et charmant, intelligent et perspicace, simple et honnête. Beaucoup de qualités pour un seul être mais il n'est pas parfait. Son principal défaut ? Son entêtement. Mais là encore, il le met au service des autres. Il nous a tout appris pendant ces trois dernières années. Comment combattre, comment réfléchir, comment se sortir d'une situation périlleuse... Toutes les compétences qu'on a pu acquérir à la suite du lancement du "Projet Relief", c'est à COLONEL qu'on le doit.
Est-ce que je suis aveuglée par mon engouement pour cet homme ? Probablement. Mais je ne suis pas la seule à être tombée sous son charme. DEGAT et DESASTRE aussi se sont laissées avoir. Néanmoins, dans un monde dans lequel l'amour n'a pas sa place et dans lequel nous sommes nés pour combattre et survivre, ces amourettes d'adolescent s'éteignent à l'endroit même où elles sont nées, au plus profond de nous. COLONEL lui-même n'a jamais entendu une seule parole pouvant trahir un quelconque attachement à son égard. Enfin, les yeux sont le reflets de l'âme dit-on, alors il est possible qu'il ait pu appercevoir des étoiles dans nos yeux par moment. Mais il n'a jamais rien laissé paraître en tous cas.
Je suis née à l'arrière d'une voiture abandonnée, non loin de la base dans laquelle nous vivons tous. C'est le Général qui m'a trouvée avec un mot sur lequel étaient renseignés mes prénoms. Il m'a amenée au laboratoire de DOC pour y recevoir les premiers soins indispensables à un nourrisson, avant de rejoindre la nursery. Quelques mois après, je fus placée sous la tutelle de Maribelle, la personne qui se rapproche le plus d'une mère pour moi, je suppose. Elle m'a appris à parler, à marcher, à manger, tout ça avec autant de sympathie qu'on puisse espérer recevoir en tant qu'enfant. Elle s'est occupée de moi et de GRABUGE les premières années de notre vie. GRABUGE aka Liam Davis Anthony, est celui dont je me sens le plus proche. Le fait d'avoir grandi ensemble dans le même appartement y a certainement contribué. Le même sang ne coule peut-être pas dans nos veines mais je n'ai pas besoin de partager son sang pour le considérer comme un véritable membre de ma famille. On se comprend sans avoir besoin de s'expliquer. On se complète et se protège.
Le pseudonyme qu'il a choisi en intégrant l'Unité 5 lui correspond bien, lui qui petit, sautait dans tous les sens et remuait tout sens dessus dessous. Mais je ne le changerais pour rien au monde. Il est sincère, honnête et loyal. Il a vingt ans et est plus calme à présent, même s'il reste imposant. Quand quelque-chose ne lui plaît pas, il le fait savoir. Il n' a pas besoin de hausser le ton - il suffit d'un regard et tout le monde le comprend.
Quant à moi, j'ai choisi un nom à double connotation. PURE. Non pas pour la pureté de mon âme ou ma chasteté, mais pure de toute attache ou tout sentiment me faisant perdre de vue les missions qui me sont confiées. Bien sûr, j'éprouve un attachement certain envers mes frères d'unité, COLONEL, Maribelle et même envers notre Général, mais si un jour, l'un d'eux devenait un obstacle à l'acomplissement d'une mission, alors il me faudrait trancher tout lien.
Demain, c'est enfin mon tour. Demain soir, la veille de mes dix-huit ans, je me rendrai au labo de DOC pour y recevoir le sérum.
Après plusieurs années d'essais de transmutation, mon tour est enfin arrivé. Les deux derniers essais de transformation d'humain en loup ont aboutis le mois dernier. Le cobaye mâle et le cobaye femelle ont réussi à se tranformer en loup, mais leur coeur n'a pas tenu. Quelques heures après leur première transformation, leur coeur a cédé. N'étant pas des combattants mais des humains lambda, le résultat ne m'a pas étonné. DOC a tout de même apporté des dernières modifications avant de pouvoir m'injecter la formule contenant le gène. Il aura fallu attendre ma majorité avant de pouvoir m'utiliser et m'envoyer en mission dans la meute de ces sales cabots.
Demain, l'Unité 5 commencera concrêtement la phase 2 du "Projet Relief", à savoir l'injection d'un gène particulier chacun. La phase 1 consistant aux trois années de préparation.
Demain, GRABUGE et moi nous ferons injecter un gène de loup, CHAOS et DEGAT se verront injecter un gène de vampire, ANGE recevra un gène de Fae, RAVAGE et DESASTRE celui d'un dragon et FLEAU recevra un gène de sirène.
PURELe repas se déroule dans une ambiance plutôt calme, et nous en apprenons un peu plus sur chacun de nos nouveaux amis. "Amis"... ce n'est clairement pas le terme que je devrais utiliser pour désigner ces loups, pourtant, dans la peau de Célia Jeffrey, il trouve un sens... Ai-je vraiment le choix, de toute façon ?Soit je m’abandonne entièrement à ce rôle, quitte à brouiller les frontières entre mon personnage et moi… soit je reste fidèle à ma haine, au risque de compromettre la mission avant même de l’avoir accomplie. La réponse est vite trouvée.Mes pensées dérivent aussitôt vers Grabuge, et l’inquiétude qu’il doit ressentir face à mon absence prolongée. Je n’ai aucun moyen de le contacter, et, heureusement, le manoir des Mancini se trouve hors de portée de la maison de la meute. Sans cela, mes hôtes auraient sûrement trouvé étrange que je sois incapable d’échanger par télépathie avec les membres de « ma » meute.À mon grand soulagement, Livio se redresse enfin, annonçant d’un ton
PUREQuand je lui répète encore une fois que les mecs plus âgés, très peu pour moi, le visage de COLONEL s’impose soudain dans ma tête. Comme un flash. Comme si mon cerveau voulait me hurler que je me voile la face. Bon, ok… COLONEL est une exception. D'ailleurs, il est exceptionel ! Il a cette présence rare, à la fois protectrice et tranquille, cette intelligence qui rassure, et ce charme indéniable qui défie le temps; il faut dire qu'il fait bien plus jeune que son âge... Alors, disons plutôt que je ne suis pas attirée par les grands-pères !Je poursuis cette conversation muette avec moi-même, sous le regard de Livio. Mais son regard me trahit. Il m’observe, attentif, et je sais qu’il a perçu le changement d'expression dans mes yeux. Et c’est à ce moment précis que cet idiot en profite pour tester mes limites. Pourquoi doit-il être si direct ? Je ne suis pas l’une de ses admiratrices, prête à le hisser sur un piédestal, ni à me battre pour une place dans son lit ! Pourquoi ne peut-
PURELe lendemain matin, la lumière pâle de l’aube filtre à travers les rideaux. Je m’étire lentement, savourant quelques secondes de répit avant que les pensées ne reviennent en rafale : la mission, Toren, Livio… et cette étrange sensation d’être à la fois protégée et piégée dans ce manoir.Je me lève et me rends dans la salle de bain pour me rafraîchir le visage. Mes yeux, encore gonflés par les larmes de la veille, ont bien besoin de ça pour se décongestionner. Cela ne fait que quelques jours que j’ai quitté mon île, pourtant la fatigue et le brusque changement d’environnement ont eu raison de moi hier. Je ne suis pourtant pas du genre à craquer si facilement mais il faut croire que prétendre être quelqu'un d'autre n'est pas aussi simple que je l'avais imaginé.L’eau froide me ramène à la réalité, tout comme les trois coups frappés à la porte un instant plus tard."Giulia, c’est toi ?"Je me fige. Une voix de femme. Douce, mais assurée.Je baisse les yeux sur ma tenue : le t-shirt
PUREJe ne saurais dire pourquoi, mais savoir que Livio a accepté de venir en aide à Toren m’apporte une étrange satisfaction. Peut-être parce que, d’une certaine manière, j’associe nos deux situations. Malgré sa nature animale, Toren est un orphelin — tout comme moi — et, tout comme mon peuple a été victime de monstres sans pitié qui ont injustement ravagé notre île, lui a subit l’injustice d’un oncle cruel. Différentes en apparence, ces blessures portent pourtant la même empreinte : celle de la perte et du désespoir.Toren a eu la chance de connaître ses parents, mais je me demande s’il n’est pas le plus à plaindre; Est-il préférable d’aimer et endurer la douleur de perdre un être cher, ou ne jamais connaître ce que l’on aurait pu perdre ? Il y a matière à débat...Quoi qu’il en soit, je ne regrette pas ma présence ce soir. Un sourire effleure mes lèvres à l’idée de la tête que fera Giacomo Mancini lorsqu’il apprendra que je ne m’étais pas trompée."Qu'est-ce qui te fait sourire, Pr
LivioAprès avoir distribué les bouteilles d’eau, les fruits et les vêtements mis à disposition pour nos hôtes, les autres loups se transforment à leur tour. Je reste surpris de voir une personne âgée parmi eux : une femme dont les traits sévères témoignent d’une force intacte malgré son âge. Elle a sans doute été une louve puissante, et le simple fait qu’elle se tienne ce soir aux côtés de son Alpha en est la preuve.Je surprends Célia qui tend une bouteille d’eau à ce Toren et l’intercepte aussitôt, mon regard accroché au sien : "D’abord, des réponses !"Il arque un sourcil. "Qu’est-ce que vous voulez savoir ?""Tout ! À commencer par ton nom, ta meute, qui sont ces loups avec toi, et pourquoi vous errez entre mon territoire et celui de Dayne… ?"Il soutient mon regard mais finit par glisser le sien vers Célia, un sourire au coin des lèvres. "Techniquement, j’ai déjà donné mon prénom."Je serre la mâchoire. "T'es décidément très « technique » comme mec. Et tu ne nous as donné qu
LivioCette femme joue avec mes nerfs ! J’ai failli perdre le contrôle lors de notre bref mais intense tête-à-tête. Si elle ne s’était pas ravisée, je l’aurais emmenée à l’écart pour lui faire payer son impertinence. Je l’aurais mordue au cou pour y laisser ma marque et rappeler à n'importe quel mâle en rut que cette femelle est à moi.Comme si Andrea ne suffisait pas, voilà qu’un foutu rogue s’invite dans le jeu. Nu, sans la moindre pudeur, planté devant elle. Et cette insolente… incapable de s’empêcher de le mater et de bafouiller comme une gamine ! Avant de céder à la rage et de me transformer pour lui arracher le cou, je me dirige vers l'un des sacs que l'on a apporté pour en sortir un pantalon à balancer à ce clown ! J'ai bien fait de céder à l'idée de Célia, finalement.(Flashback)"Allons-y sous forme de loup, on arrivera plus vite. Suivez-moi et restez alertes !" j’ordonne au groupe."Euh… mais… pourquoi ?" Sa voix me vrille déjà les nerfs. J’aurais parié qu’elle allait m’éner







