Home / Loup-garou / L'ÂME SŒUR DU SOUVERAIN / Chapitre 6 : Les Liens Qui Nous Définissent

Share

Chapitre 6 : Les Liens Qui Nous Définissent

Author: Darkness
last update Huling Na-update: 2025-08-02 23:11:52

Kaïla

Je suis perdue.

Avant son arrivée, tout avait une place. Une logique. Une douleur sourde, certes, mais familière. Une invisibilité que j’avais appris à chérir, à porter comme une armure. J’étais personne, et cela m’allait.

Mais depuis qu’il est là, plus rien ne tient. Aric. Ce nom, ce regard. Cette présence. Il est comme une tempête silencieuse, il bouleverse tout sur son passage sans même parler. Et moi, je ne suis plus qu’un fragment d’ombre pris dans sa lumière.

Je suis dans cette grande salle, assise à ma place habituelle, mais je me sens étrangère à tout. La meute s’agite, prépare le festin, célèbre son arrivée. Moi, je ne peux que l’observer du coin de l’œil, lutter contre le fait que ses yeux… sont déjà sur moi.

Toujours.

Je baisse la tête, mal à l’aise. Il ne me quitte pas du regard. Il ne dit rien. Il ne bouge même pas. Mais il me voit. Et je déteste ça. Ou plutôt… je ne sais pas comment vivre avec ça.

Est-ce moi qu’il regarde ? Ou ce lien qu’il prétend sentir ? Ce lien dont tout le monde murmure qu’il est ancien, sacré. Trop grand pour une fille comme moi.

Je n’ai pas demandé ça.

Je ferme les yeux un instant, espérant qu’en les rouvrant, tout cela se dissipera. Mais au contraire… je ressens sa présence encore plus fort. Derrière moi. Immobile. Brûlante.

Aric

Elle me trouble cette femelle .

Je devrais être ailleurs. Je devrais discuter avec mes Bêtas, répondre aux attentes de la meute, jouer mon rôle de souverain. Mais je ne peux pas. Mon regard revient à elle, inlassablement, comme si quelque chose d’ancien me tirait vers elle sans que je puisse lutter.

Ce lien.

Je le sens. Puissant. Irréversible. C’est elle. Mon âme sœur. Mon autre moitié.

Mais je ne suis pas prêt.

Et c’est ça, le problème.

Elle est là, si frêle, si fermée. Et moi… je suis censé être fort, sûr, maître de mes instincts. Mais je vacille. Ce lien me consume. Me fait douter. Parce que je sais ce que ça implique. Parce que je sais ce que cela détruit autour de moi.

Ma meute me remettra en question. Et moi, moi-même, je ne suis pas sûr d’être à la hauteur de ce que ce lien exige de moi.

Je la vois tourner la tête. Nos regards se croisent. Et dans ses yeux… il n’y a pas de reproche. Il n’y a que la peur. La douleur d’être choisie sans avoir été désirée.

Et je ne peux même pas la rassurer.

Je fais un pas vers elle.

Puis un autre.

Le silence se fait.

Kaïla

Il s’approche.

Mon souffle se bloque.

Il ne parle pas. Il ne sourit pas. Mais il me regarde avec cette intensité… comme s’il voyait en moi ce que je refuse d’admettre.

Je suis tétanisée. Je voudrais fuir, mais je reste là, figée.

– Mon roi , murmuré-je sans m’en rendre compte.

Il s’arrête. Tout près. Trop près. Il est grand, imposant. Le genre de force qu’on ne peut pas ignorer.

Il tend la main, comme s’il allait me toucher… mais il hésite. Ses doigts tremblent.

Et il la retire.

Aric

Je n’y arrive pas.

Je voulais poser la main sur son bras. Juste ça. Lui dire que je suis là. Qu’elle n’est pas seule.

Mais je n’arrive pas à franchir cette dernière distance.

Parce que je sais. Si je la touche… tout changera. Ce sera scellé. Définitif.

Et je suis lâche.

Je reste là, figé, entre le besoin de la protéger et la peur de la perdre, déjà.

Je la regarde. Ses lèvres sont entrouvertes. Son regard vacille. Et je sais que si je ne dis rien maintenant, je vais la blesser.

– Je… commence-je.

Je ne termine pas.

Je me détourne.

Kaïla

Il recule.

Pas d’un pas entier. Juste un mouvement du corps. Une distance minuscule. Mais suffisante pour que je sente le froid revenir.

Mon cœur se serre.

Il n’a rien dit. Mais tout était dans ce silence. Dans ce geste interrompu.

– Tu ne me veux pas.

La pensée traverse mon esprit comme un poignard.

Mais ce n’est pas vrai, n’est-ce pas ? Il ne m’a pas rejetée. Pas encore.

Alors pourquoi ce vide entre nous ?

Aric

Je me hais.

Elle me regarde encore. Elle ne bouge pas. Elle attend. Comme si elle espérait une réponse.

Je ne peux pas la lui donner.

– Ce lien… est trop fort pour moi.

Pas pour elle. Pour moi.

Je suis souverain, mais je suis faible. Je me cache derrière mes doutes, mes responsabilités. Alors que je sens, dans chaque fibre de mon être, que je devrais être là pour elle. L’élever. L’aimer.

Je reste là, à quelques centimètres.

Et je ne fais rien.

Kaïla

Je comprends.

Il n’a pas besoin de mots.

Je comprends que, pour l’instant, je suis seule. Qu’il ne peut pas m’aimer. Pas encore. Qu’il lutte contre ce lien autant que moi. Mais pas pour les mêmes raisons.

Et pourtant…

Je ne recule pas.

Je le regarde. Et je lui offre ce que j’ai : mon silence , mon attente.

Je suis peut-être faible. Mais je peux être patiente.

Je peux être là. Même si lui ne l’est pas encore.

Patuloy na basahin ang aklat na ito nang libre
I-scan ang code upang i-download ang App

Pinakabagong kabanata

  • L'ÂME SŒUR DU SOUVERAIN    Épilogue — Sous la Canopée d'Argent

    KaïlaLe soleil filtre à travers les feuilles argentées du Cœur-de-Lumière, dessinant des motifs mouvants sur l’herbe fraîche. Je suis assise, le dos contre son tronc lisse et chaud, une chaleur vivante qui n’appartient qu’à lui. Ce n’est pas un arbre, c’est un membre de la famille. Une partie de nous.Deux boules d’énergie inépuisable tournent en riant autour de moi. Lyra, aux yeux de jade hérités de son père, et Elian, nommé en hommage au premier de nos Écoutants, dont les cheveux argentés sont un reflet des miens. Leurs petits pieds nus foulent la terre avec une familiarité joyeuse.— Maman ! Regarde ! Lyra lève une main, concentrée. Une feuille tombée se soulève en tremblant et danse dans l’air devant son nez avant de retomber. Son pouvoir à elle n’est pas de déchirer ou de lier, mais de jouer. De célébrer.Elian, plus sérieux, s’assoit soudain à côté de moi.—Papa dit que l’arbre pousse avec nos rires. C’est vrai ?Sa question est pleine de la gravité propre aux enfants. Je souri

  • L'ÂME SŒUR DU SOUVERAIN    Chapitre 60 — Le Souffle du Monde Nouveau

    TarekL'arbre argenté, que la meute avait nommé "Cœur-de-Lumière", grandissait à une vitesse visible à l'œil nu. Ses racines semblaient boire non pas l'eau de la terre, mais la quiétude retrouvée de notre peuple. Sous son feuillage, les enfants jouaient sans crainte, et les anciens venaient méditer, trouvant une paix qu'ils croyaient perdue à jamais. Kaïla et moi y passions une partie de chaque jour, non pour gouverner, mais pour être. C'était notre nouveau centre, le point d'ancrage de notre monde rapiécé.Pourtant, la paix n'était pas l'oubli. C'était une conscience aiguë. Nous portions tous les stigmates de la bataille finale. Pour Kaïla et moi, c'était un lien plus profond mais plus délicat, une symphonie jouée sur des cordes sensibles. Pour la meute, c'était un respect mêlé de révérence, et une détermination farouche à protéger cette fragile harmonie.Un matin, un jeune loup, Elian, qui avait à peine survécu à la nuit des Ombres, s'approcha de nous sous l'arbre. Il tremblait, mai

  • L'ÂME SŒUR DU SOUVERAIN    Chapitre 59 — Les Cicatrices de la Lumière

    KaïlaLe retour à la vie fut une naissance douloureuse. Chaque souffle était un effort, chaque bruit une agression. Mon corps, autrefois un conduit de pouvoir, se souvenait seulement de l'épuisement, du vide. Le lien qui m'unissait à Tarek et à la meute n'était plus un fleuve puissant, mais un ruisseau timide, sensible au moindre frisson.Ils me regardaient comme on regarde un miracle. Avec une crainte révérencielle qui me mettait mal à l'aise. J'étais leur reine ressuscitée, le Rempart qui s'était sacrifié. Mais en moi, je ne me sentais ni royale, ni forte. Je me sentais fragile. Comme du verre qui aurait été brisé puis recollé, portant la mémoire de chaque fissure.Tarek était mon pilier. Sa présence était constante, solide, mais je sentais sa propre peur. La peur de me perdre à nouveau. Il me touchait avec une délicatesse qui en disait long sur les blessures que nous portions tous les deux.— Tu n'as pas besoin d'être forte, me chuchotait-il les nuits où les cauchemars me réveillai

  • L'ÂME SŒUR DU SOUVERAIN    Chapitre 58 — L'Aube du Silence

    TarekLe monde était en suspens. Le silence après la tempête était plus lourd, plus profond que tous ceux que j'avais connus. Je portai le corps inerte de Kaïla à travers la clairière, ses longs cheveux argentés balayant la terre. La meute s'écartait sur notre passage, certains baissant la tête, d'autres tendant une main tremblante comme pour toucher la dernière étincelle de sa lumière. Leurs visages étaient marqués par l'horreur et un chagrin muet.Il n'y avait pas de victoire dans leurs yeux. Seulement le coût.Je la déposai sur notre lit, dans la chambre que nous partagions. Ses traits étaient paisibles, comme sculptés dans le marbre. Seule la faible pulsation à sa tempe trahissait la vie qui s'accrochait, ténue, au bord du gouffre. Notre lien, autrefois un océan rugissant de sensations et d'émotions partagées, n'était plus qu'un fil de soie, si fin que je craignais qu'il ne se brise si je respirais trop fort.Lyra entra, son pas feutré. Elle ne dit rien. Elle posa une main sur le

  • L'ÂME SŒUR DU SOUVERAIN    Chapitre 57 — Le Crépuscule des Ombres

    TarekLe retour fut une marche funèbre vers un champ de bataille que nous étions les seuls à voir. L'air même de notre territoire semblait plus lourd, chargé du présage que nous portions en nous. Nous n'avions pas rapporté d'arme légendaire ou d'artéfact de pouvoir, mais une certitude terrible et un choix à faire.Le conseil se réunit à notre arrivée. Les visages étaient tendus par les rumeurs de notre quête et par les signes que même les moins sensibles pouvaient percevoir : un silence anormal dans la forêt, un froid qui persistait en plein jour, des cauchemars partagés.— Les Chiens de l'Ombre, annonçai-je sans préambule. Ils viennent. Pas dans des lunes. Pas dans des semaines. Dans des jours.Le silence qui suivit fut plus éloquent que tous les cris.Kaïla prit la parole, sa voix étrangement calme, comme polie par l'horreur qu'elle avait vue.—Ce ne sont pas des ennemis que l'on combat avec des griffes. Ils se nourrissent de la peur, de la division, des regrets. Ils sont la matéria

  • L'ÂME SŒUR DU SOUVERAIN    Chapitre 56 — L'Étreinte du Fleuve du Temps

    TarekLe Labyrinthe nous a dépouillés du regret et du "et si ?". Ce qui reste est une détermination d'une pureté presque effrayante. Nous sommes ce que nos choix ont fait de nous. Point final. Cette acceptation nous suit alors que nous marchons vers le prochain appel, une sensation nouvelle, à la fois fluide et implacable : le flux constant, la pression douce et terrible du temps.Lyra écoute notre description, ses yeux se voilant d'une crainte révérencielle qu'elle n'avait même pas eue pour le Pic Hurlant.—Le Fleuve du Temps, murmure-t-elle. Aucun souverain n'a osé s'en approcher depuis des générations. Ce n'est pas un lieu de pouvoir comme les autres. C'est une force fondamentale. S'y confronter, c'est risquer d'être emporté, ou pire, de se dissoudre dans le courant.Kaïla ne semble pas effrayée. Son regard est lointain, comme si elle écoutait une mélodie que seul elle pouvait entendre.—Il ne s'agit pas de le confronter. Il s'agit de l'écouter. De comprendre notre place dans son f

Higit pang Kabanata
Galugarin at basahin ang magagandang nobela
Libreng basahin ang magagandang nobela sa GoodNovel app. I-download ang mga librong gusto mo at basahin kahit saan at anumang oras.
Libreng basahin ang mga aklat sa app
I-scan ang code para mabasa sa App
DMCA.com Protection Status