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Chapitre 5 : Le Poids du Destin

Author: Darkness
last update Last Updated: 2025-07-30 06:21:18

Kaïla

J’ai l’impression de ne pas être moi-même. Tout est flou, comme si l’air autour de moi était trop lourd pour que je puisse respirer correctement. L’incertitude me serre la poitrine. Le regard d’Aric sur moi me déstabilise, m’effraie presque. Je sais que mes pensées se bousculent dans ma tête, mais une part de moi refuse de les écouter. Ce qu’il a dit, ce qu’il a fait, ce n’est pas normal. Il m’a vue, vraiment vue.

Je ne sais pas pourquoi cela m'affecte autant. D’habitude, je fuis ces regards, ces attentions. Mais celui d'Aric… il est différent. Il m’enveloppe. Il y a cette chaleur indéfinissable qui émane de lui, une force tranquille, mais pleine de promesses. Je déglutis difficilement et détourne les yeux, incapable de soutenir son regard trop longtemps.

Mais au fond de moi, une question persiste : pourquoi est-ce qu’il me regarde ainsi ? Pourquoi moi ? Il est un souverain. Il est puissant, au-delà de ce que je peux comprendre, et moi… je suis juste Kaïla, l’ombre parmi les ombres, celle qui se cache, qui reste invisible. Qui pourrait l’intéresser ?

Les bruits autour de moi semblent se dissiper, comme si tout s’était figé dans l’espace. Je sens la présence d’Aisha derrière moi, la tension palpable. Elle, elle le veut. C’est évident. Mais lui, il ne la regarde même pas. Ses yeux sont ancrés dans les miens. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Je n’ai rien d’exceptionnel. Je ne suis qu’une erreur de la nature, une meute qui ne m’accepte pas.

Mon cœur bat plus vite, trop vite.

Je sens sa présence près de moi, mais il ne parle pas. Il ne bouge pas. Il reste là, comme un spectre imposant, sans rien dire. Son silence m’étouffe. Mais une étrange tranquillité s’installe en moi. Je me sens plus… calme. Comme si, dans son regard, il y avait une promesse, une vérité que je n’avais pas encore saisie.

Aric

Je l’ai vue, et tout a changé. Une force brute, un lien invisible s’est tissé instantanément entre nous. Je suis un souverain, un alpha parmi les alphas, mais rien de ce que j’ai connu ne m’a préparé à ça. À elle.

Elle est là, devant moi. Kaïla. Son regard, sa posture, tout chez elle m’aspire. C’est étrange, incompréhensible, mais je sais. Je le sais, avec une certitude absolue. Elle est mon âme sœur. La mienne. Ce lien… ce lien qui m’a frappé comme un éclair. Il est là, profond, gravé en moi. Elle est mienne, et tout ce que j’ai vécu avant d’arriver ici semble insignifiant à côté de ce que je ressens pour elle.

Mais je dois être prudent. Très prudent. Je dois m’assurer que ce lien, cette connexion, est la vraie. Je suis un souverain, mais j’ai aussi des responsabilités. Et les meutes, mes meutes, sont un enjeu plus grand que ce que l’on pourrait croire. La position que je tiens n’est pas un privilège ; c’est un fardeau. Un fardeau que je ne peux partager qu’avec quelqu’un digne de ce pouvoir, de cette responsabilité.

J’observe Kaïla. Son regard fuit le mien, mais je peux voir l’incertitude qui traverse ses traits. Elle ne me connaît pas, elle ne sait pas ce que ce lien représente. Je dois la comprendre, la connaître avant qu’elle ne fasse une erreur. Elle a été rejetée par les siens, marginalisée. Elle porte sur ses épaules le poids de la solitude. Mais je ressens cette douleur, ce fardeau qu’elle porte avec une telle grâce, même si elle ne le sait pas encore.

Aisha la scrute, je le sens. Elle s’inquiète, elle est jalouse. Et je la comprends. Elle est belle, elle est forte, mais il y a quelque chose en elle qui me repousse. Ce n’est pas de la haine. C’est… une forme de possession. Elle veut ce que je suis, elle veut ce pouvoir. Mais elle ne me voit pas comme Kaïla me voit. Aisha ne me voit pas. Elle veut ce que j’ai, mais elle ne sait pas ce que c’est.

Je me tourne lentement vers Kaïla, m’approchant d’elle d’un pas mesuré. J’entends son souffle se couper, et je sais qu’elle ressent la même chose. Elle a peur, peut-être. Peur de ce qui se passe. Peur de ce que cela signifie. Et elle a raison d’avoir peur. Ce lien que je ressens, c’est une malédiction et une bénédiction. Il est puissant, mais il n’est pas sans danger.

Kaïla

Il se rapproche. Mon cœur s’emballe, mon corps se fige. Je sens son souffle effleurer ma peau, et tout ce qui m’entoure disparaît. Ses yeux plongent dans les miens, et je vois l’étendue de ses intentions. Il ne me parle pas, mais il n’a pas besoin de le faire. Je sens cette énergie entre nous, cette connexion qui me terrifie et me fascine à la fois.

Je suis paralysée par son regard. Comme si tout en moi se mettait à vibrer au même rythme que le sien. Je suis son âme sœur, il l’a dit. Il l’a dit, mais je ne sais pas comment le croire. Comment quelqu’un comme moi, quelqu’un d’aussi insignifiant, pourrait-il être la sienne ?

Je me sens si… petite. Mais aussi… importante, d’une manière que je ne comprends pas.

Aric

Elle ne sait pas. Elle ne sait pas encore ce que cela signifie. Mais je vais lui montrer. Pas avec des mots. Pas encore. Je vais lui donner le temps de comprendre. Le temps d’accepter. Elle m’appartient, et j’accepte ce lien avec une telle certitude qu’il n’y a plus de place pour le doute. Ce n’est pas un hasard. Ce n’est pas une illusion. C’est une vérité, une réalité que je vais défendre à tout prix.

Je tends la main vers elle, lentement, doucement. Elle hésite, mais je vois la lueur dans ses yeux. Cette lueur qui me dit qu’elle commence à comprendre. Ce n’est pas une simple attraction. Ce n’est pas un caprice. C’est le destin.

Je l’effleure, et je ressens une décharge, comme si l’univers tout entier s’accordait avec ce contact. Elle frissonne sous ma main, et je souris intérieurement. Ce n’est que le début, Kaïla. Le début de quelque chose de bien plus grand que ce que tu peux imaginer.

Je ne la forcerai pas. Mais elle va comprendre. Elle va accepter. Parce que nous sommes faits pour être

ensemble, et rien ni personne ne pourra nous séparer.

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