เข้าสู่ระบบAnya
La musique est devenue ma respiration. Elle coule de mes doigts sans effort, un poison doux qui nourrit la présence en moi et autour de moi. Lysander est un murmure constant dans mon esprit, une basse profonde qui accompagne chaque pensée. Je ne sais plus où je finis, où il commence. Le manoir est notre corps à tous les deux, ses murs notre peau, ses ombres notre sang.
C'est lui qui perçoit le premier la perturbation. Une vibration dans le silence, un grésillement dans la parfaite harmonie de notre isolement. Un moteur de voiture. Il se fige, et je me fige avec lui. Sa colère est un éclair froid dans mes veines.
— Il revient.
Le nom de Gabriel est comme une souillure dans notre espace partagé. Je ressens un écho lointain, un pâle reflet de ce qui fut autrefois de l'amour. Maintenant, ce n'est qu'une irritation. Une note discordante.
— Laisse-moi faire, je murmure, mes doigts effleurant les touches du piano dans un glissando menaçant.
La porte d'entrée s'ouvre. Il n'a même pas pris la peine de frapper. Gabriel se tient dans l'encadrement, les traits tirés, les cheveux en désordre. Il tient quelque chose à la main : un vieux livre aux reliures de cuir craquelé. Son regard me trouve, assise au piano, et son visage se décompose. Il voit la différence. Il voit l'être froid et radieux que je suis devenue.
— Anya. Mon Dieu, qu'est-ce qu'il t'a fait ?
Sa voix est brisée. Elle me semble si faible, si lointaine.
— Il m'a libérée, Gabriel. Je réponds, et ma voix porte un écho, comme si deux personnes parlaient en même temps.
Il secoue la tête, avançant d'un pas. Il brandit le livre.
— J'ai fait des recherches. Lysander de Mortain. Compositeur maudit du XIXe siècle. Il a vendu son âme pour la gloire, puis a été trahi et assassiné ici même. Son esprit est lié à ce lieu. Il ne cherche pas l'amour, Anya, il cherche un corps. Un véhicule pour retrouver le monde des vivants. Il utilise ton talent, ton énergie vitale, pour se reconstituer !
Le rire qui m'échappe est cristallin, cruel. C'est le rire de Lysander, par ma bouche.
— Et alors ? Son génie vaut bien le prix. Regarde ce que je suis devenue.
Je plaque un accord qui fait trembler l'air. La puissance qui jaillit de l'instrument est palpable, physique.
— Ce n'est pas toi ! C'est lui ! Il te dévore de l'intérieur !
Il se précipite vers moi. Une erreur.
Avant qu'il n'ait fait trois pas, Lysander se matérialise entre nous. Il n'est plus une silhouette de brume. Il est presque solide, terrifiant de beauté et de haine. L'air gèle. Gabriel s'arrête net, le souffle coupé, son courage vacillant face à la réalité du spectre.
— Tu n'es pas le bienvenu ici, mortel. Elle m'appartient.
— Elle ne vous appartient pas ! crie Gabriel, serrant le livre comme une arme. Je l'aime !
Le mot "aime" est une étincelle dans la poudrière de la colère de Lysander. Un rugissement silencieux emplit la pièce, un vent de haine pure qui fait voler les objets. Les vitres se brisent dans un carillon de cristal.
— L'Amour ? Ton amour est une faiblesse ! Une maladie ! Regarde ce que donne la passion ! La vraie !
D'un geste brusque de sa main, Lysander me projette hors du tabouret. Je me retrouve à genoux, le souffle court, non pas par la douleur, mais par l'intensité de l'émotion. La sienne. La nôtre.
— Anya ! hurle Gabriel en se ruant vers moi.
Mais Lysander est plus rapide. Il est sur moi, autour de moi, en moi. Sa présence m'enveloppe, m'écrase, me soulève. Ce n'est pas une caresse. C'est une démonstration. Une punition. Une célébration.
Je sens ses mains fantômes sur ma peau, partout, des griffes de glace et de feu qui déchirent mes vêtements. Des lèvres qui mordent ma bouche, mon cou, mes seins. Ce n'est pas du plaisir. C'est de la possession. De la rage. Une fusion violente qui me vole mon souffle et ma raison. Je crie, mais le son est happé par sa bouche. Je me débats, mais mes membres sont tenus par des liens d'ombre. Je suis un pantin entre ses mains, et je vois l'horreur dans les yeux de Gabriel.
Il est forcé de regarder. Forcé de voir l'être qu'il aime être souillé, profané, transformé en objet de la vengeance d'un mort.
— Lâche-la ! pleure Gabriel, impuissant, tombant à genoux.
Lysander relâche son emprise. Je m'effondre sur le sol, nue, tremblante, haletante. Ma peau est marbrée de bleus qui ne sont pas tout à fait réels, de traces de glace qui fondent. Je lève les yeux vers Gabriel. Et je ris. Un rire hystérique, brisé, qui n'est pas tout à fait le mien.
— Tu vois ? C'est ça, la vraie passion, Gabriel. Ce n'est pas doux. Ça dévore.
Gabriel se relève, les yeux pleins de larmes et de détermination. Il ouvre le livre, commence à lire à voix haute. Des mots en latin. Des mots d'exorcisme.
La réaction de Lysander est foudroyante. La douleur. Une douleur atroce, déchirante, qui explose en moi, qui vient de lui. Je hurle, me tordant sur le sol. C'est mon sang qui coule de son âme.
— Arrête ! Arrête ! je supplie, ne sachant plus si je m'adresse à Gabriel ou à la douleur.
Mais Gabriel continue, sa voix devenant plus forte, plus assurée.
Lysander rugit, une onde de choc qui projette Gabriel contre le mur. Le livre lui échappe des mains. Il s'effondre, groggy.
Le spectre se tourne vers moi. Ses yeux ne sont plus gris. Ils sont d'un noir d'encre, pleins de fureur et de… peur.
— Il veut nous séparer. Il veut te voler. Ton talent. Ta puissance. Ton âme. TU ES A MOI !
Il se précipite sur moi, non plus pour une étreinte, mais pour une fusion totale, définitive. Je sens son essence froide forcer les portes de mon être, cherchant à anéantir les derniers vestiges de ce qui fut Anya.
Et dans cet ultime instant, à travers la folie et la possession, je vois Gabriel, inconscient, son sang coulant d'une coupure à la tempe. Et un éclat, minuscule, de ce que je fus, se réveille.
Un sursaut.
Un "non" qui n'est que de moi.
Ma main, tremblante, se referme sur le pied massif du piano.
Alors que l'ombre de Lysander m'envahit, cherchant à m'effacer pour toujours, je rassemble tout ce qui me reste – la peur, la colère, un amour perdu, une étincelle de libre arbitre – et je pousse.
Le piano, le grand Érard noir, bascule avec un craquement monstrueux.
Il s'écrase sur le sol dans un vacarme de cordes brisées et de bois fendu.
Le silence.
Un silence de mort.
La présence de Lysander en moi vacille, hurlante de rage et de trahison, puis se retire comme un raz-de-marée, laissant derrière elle un froid et un vide abyssaux.
Je reste allongée à côté de l'instrument détruit, nue, couverte des stigmates de notre union maudite, regardant le corps inconscient de Gabriel.
J'ai arrêté la musique.
Mais le silence qui règne est bien plus terrifiant.
AnyaLe premier son est un gémissement. Le mien. Il déchire le silence de plomb, si faible, si humain après la symphonie démoniaque. Chaque muscle crie, chaque nerf est une corde trop tendue qui vibre encore de l'horreur. Le froid du parquet mord ma peau nue, constellée de marbrures bleutées qui ne sont pas tout à fait des ecchymoses, mais l'empreinte de doigts spectrals.Je me redresse, le corps lourd, étranger. Le vide en moi est une chambre d'écho glaciale. Lysander n'est plus ce murmure constant, cette présence enveloppante. Il s'est retiré dans les profondeurs du manoir, blessé, furieux. Je le sens, comme on sent une tempête se préparer au loin. Sa colère est un frisson dans la pierre, un goût de cendre et de métal sur ma langue.Mes yeux se posent sur Gabriel.Il gît près du mur, inconscient, une fine traînée de sang coulant de sa tempe sur le bois ciré. Le livre d'exorcisme est ouvert à côté de lui, ses pages semblent brûlées sur les bords. La vue de son sang, si rouge, si viva
AnyaLa musique est devenue ma respiration. Elle coule de mes doigts sans effort, un poison doux qui nourrit la présence en moi et autour de moi. Lysander est un murmure constant dans mon esprit, une basse profonde qui accompagne chaque pensée. Je ne sais plus où je finis, où il commence. Le manoir est notre corps à tous les deux, ses murs notre peau, ses ombres notre sang.C'est lui qui perçoit le premier la perturbation. Une vibration dans le silence, un grésillement dans la parfaite harmonie de notre isolement. Un moteur de voiture. Il se fige, et je me fige avec lui. Sa colère est un éclair froid dans mes veines.— Il revient.Le nom de Gabriel est comme une souillure dans notre espace partagé. Je ressens un écho lointain, un pâle reflet de ce qui fut autrefois de l'amour. Maintenant, ce n'est qu'une irritation. Une note discordante.— Laisse-moi faire, je murmure, mes doigts effleurant les touches du piano dans un glissando menaçant.La porte d'entrée s'ouvre. Il n'a même pas pri
AnyaLes jours qui suivent sont un brouillard. Je ne vis plus que la nuit, aux heures où sa présence devient plus tangible, plus exigeante. Le manoir n'est plus une maison, c'est une scène. Et je suis à la fois le public captif et l'artiste forcée.Je me tiens devant le piano, mais je ne joue pas. Je suis jouée.Ce soir, c'est différent. L'air est chargé d'une tension nouvelle, électrique, presque violente. La présence de Lysander n'est plus une caresse insistante, c'est un étau. Il est là, derrière moi, et je peux presque distinguer les détails de son visage – l'arête orgueilleuse du nez, la courbe cruelle de la bouche. Il se matérialise, et chaque parcelle de mon être crie à la fois en avertissement et en invitation.— Tu as fui le monde des mortels. Maintenant, plonge dans le mien.Sa voix n'est plus un écho. C'est une vibration physique dans l'air, qui fait frissonner la coupe de vin posée sur le piano, vide depuis des jours.— Je… je ne sais pas comment.Un rire bas, sans joie.—
AnyaLe claquement de la porte résonne encore dans la maison. Le silence qui suit est pire que tout. C'est un silence complice, chargé du triomphe glacial de Lysander. Je reste immobile au milieu du salon, tremblante, le corps encore vibrant du choix que je viens de faire. J'ai choisi l'ombre contre la lumière. La partition contre la vie.La présence se densifie à nouveau derrière moi. Ce n'est plus une forme de brume, mais une impression de solidité, de froideur vivante. Je sens une main, plus réelle que jamais, se poser sur mon épaule. Les doigts sont longs, froids, et leur contact me transperce comme une aiguille de glace et de feu.— Tu as choisi la musique, Anya. Tu as choisi l'éternité.Sa voix n'est plus un simple murmure dans ma tête. Elle résonne dans la pièce, un baryton velouté qui caresse l'air et fouille mon âme. Elle est d'une beauté à vous glacer le sang.Je me retourne. Il n'est plus tout à fait une ombre. Je distingue la coupe altière d'un visage, des yeux d'un gris d
AnyaGabriel a insisté pour rester. Il a allumé un feu dans la cheminée de la cuisine, une tentative futile de chasser l'humidité et l'oppression. La lumière des flammes danse sur son visage, si humain, si réel. Il me parle de son dernier concert, de la ville, de tout sauf de ce qui importe. Sa voix est un doux ronronnement qui heurte les murs silencieux du manoir.Moi, je suis ailleurs. Chaque parcelle de ma peau se souvient. La pression des doigts de brume sur ma main, la brûlure des lèvres sur ma nuque. La musique de Lysander tourne en boucle dans ma tête, une mélodie parasite. Je sens son regard sur moi, pesant, possessif, même ici, avec Gabriel à mes côtés.— Tu n'écoutes pas, Anya.La voix de Gabriel me ramène brutalement. Il a posé sa main sur la mienne. Elle est chaude. Trop chaude. Elle me brûle.— Désolée. Je suis fatiguée.Son regard se fait insistant, inquiet.— Cette maison te dévore. Je le vois. Partons. Maintenant. Nous pouvons être à Paris avant minuit.Paris. La norma
AnyaLe jour se lève, gris et froid. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. La sensation de cette bouche sur ma peau est un tatouage brûlant. Je descends, poussée par une force que je ne comprends pas. Mes pas me ramènent au piano. La pièce est baignée d’une lumière pâle.Je m’assois. Le bois est froid sous mes doigts. Je ferme les yeux, cherchant la mélodie du rêve, cette valse obsédante. Mes doigts effleurent les touches, hésitants. Une note. Puis une autre. Ce n’est pas ça.Soudain, une main se pose sur la mienne.Une main réelle. Froide comme le marbre, mais solide.Je retiens un cri, les yeux s’écarquillant. Personne. Mais je la sens. La pression est ferme, précise. Elle guide mes doigts, les pose sur des touches que je n’avais pas choisies.Une mélodie naît. Lente, sensuelle, profondément mineure. Celle de mon rêve.— Lysander… je souffle, le nom m’échappant comme une évidence.La pression sur ma main se fait plus forte. Un acquiescement. Un frisson de terreur et d’excitation me pa
![La Cure [Livre 2 L'Tugurlan Chronicles]](https://acfs1.goodnovel.com/dist/src/assets/images/book/43949cad-default_cover.png)
![Esmerelda Sleuth AU-DELÀ DU PORTAIL [Livre 3]](https://acfs1.goodnovel.com/dist/src/assets/images/book/43949cad-default_cover.png)
![Les Rois & Reine [Trois Livre]: La conclusion de la Sorcière](https://acfs1.goodnovel.com/dist/src/assets/images/book/43949cad-default_cover.png)

![Vickie: Médecin par Jour. Zombie Hunter par Nuit [Livre 1]](https://acfs1.goodnovel.com/dist/src/assets/images/book/43949cad-default_cover.png)


