Chapitre 4

Durant tout le trajet, elle ne put s'empêcher de penser à ce qu'elle avait vécu en une seule journée dans ce lycée. Elle n'arrivait pas comprendre la vitesse à laquelle sa vie basculait en une histoire incroyable. Et tout tournait autour de ce garçon. Aaron. Le simple fait de penser à ce prénom lui faisait se sentir bizarre. Elle ferme les yeux en essayant de penser à autre chose mais tout ce qu'elle avait réussi à voir était les yeux noirs de Aaron qui le regardait sans détour. Qui était-il ? Pourquoi avait-il un si grand pouvoir sur elle ? ne cessait-elle de se demander. Elle se précipite dans la cuisine dès qu'elle descend de la voiture et prit une pomme et un verre de lait. Elle part ensuite s'enfermer dans sa chambre et se déshabille d'une manière très lente. Le temps qu'elle avait passé sous l'eau n'avait pas réussi non plus à la calmer. Habillée d'une robe blanche en soie avec de fines dentelles, elle s'assit sur le bord de son lit avec son iPad, une feuille et un crayon en main.

Elle n'était pas douée à faire le portrait de quelqu'un mais cette fois c'était différent. Avec son crayon en main, elle avait réussi à dessiner Aaron, avec tous les détails possible. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle avait réussi à faire une telle chose. Les yeux de son dessin avait l'air si vivant et si réel. À chaque fois qu'elle y posait les yeux, elle avait l'impression qu'il la regardait vraiment. Un énorme vent souffla. Elle aurait juré voir une ombre passée devant sa fenêtre mais personne n'était là. Elle se précipite pour tirer sur les rideaux et se poser dans son lit couvert de son drap épais. Elle voulait jeter un autre coup d'œil à son dessin mais remarque par surprise que la feuille avait disparu. Elle voulait le chercher mais une force la retenait au lit l'épuisant de toute son énergie et l'enveloppant dans un long et doux sommeil. 

Sa nuit ce soir là était très agitée. Elle se voyait dans un sombre couloir avec trois autres personnes et ils courraient à tout enjambées. Elle se sentait essouffler et commençait à avoir de plus en plus mal à avancer au rythme des autres. Mais son corps lui refusait de s'arrêter. Elle devait fuir. Mais elle ignorait ce qu'elle fuyait. Elle n'avait pas conscience du genre de situation qui les faisait courir à perdre le souffle. Elle était essoufflée et ne pouvait plus continuer. Ses pieds l'avaient trahi et elle se retrouve au sol. Le dos coller contre le sol, elle vit de grands yeux noirs la fixé droit dans les yeux et une main froide lui toucha les bras. Elle se réveille en sursaut et vit sa mère la regarder avec un air interrogateur. 

__Qu'est-ce qui ne va pas, Elana ? demanda sa mère perplexe.

Sans répondre à sa mère, elle regarda autour d'elle pour s'assurer qu'elle ne se trouvait pas dans cet endroit froid. 

__Elana ? l'appela encore une fois sa mère interloquée. 

__Comment es-tu entrée dans ma chambre, maman. Je croyais l'avoir fermer, demande t'elle un regard interrogateur fixé sur le pas de sa porte.

__Qu'est-ce que tu racontes ? Je l'ai trouvé ouvert avec ta chambre plongée dans l'obscurité. 

Elle a toujours détesté l'obscurité, alors elle n'arrivait pas à croire qu'elle ait pu éteindre sa lampe. Quelque chose n'allait pas avec cette chambre. Mais elle ignorait de quoi il s'agissait. 

__Tu dois t'apprêter pour l'école. 

__Quoi ? C'est déjà le matin ? 

__N'as-tu pas entendu l'alarme sonner ?

__Quelle alarme ? 

__N'est-ce pas toi même qui a mis ton alarme là ?

Elle suivie l'index de sa mère pour voir l'alarme qui était posée à sa table de chevet. Elle était sûre qu'elle ne l'avait pas posé là. Il se passait des choses qui dépassaient son entendement mais il était hors de question qu'elle embête sa mère avec tout cela. Elle se sentait toujours fatiguée comme si elle n'avait pas dormis. Une fois à l'école, ses amis l'entendaient déjà à l'entrée du lycée. Elle les salua toujours avec ce sourire rayonnant.

__Tu as l'air fatigué ? remarqua Soraya. N'as-tu pas dormis ? 

__Je fais une succession de rêve depuis que j'ai mis les pieds dans cette ville. Et c'est loin d'être un rêve. Je le sens et je le vis. C'est comme si c'était réel et à chaque réveil je me retrouve toujours dans cet état. 

__Tu as seulement fait une semaine ici à Mistral et tu vois déjà les ombres rodés dans tes rêves ? 

Elle s'arrêta, figer sur place. Une semaine ? 

__Qu'est-ce que vous racontez ? Je suis dans cette ville il y a juste deux jours.

__Tes rêves te font perdre aussi la notion du temps ? demanda Soraya. 

__Non mais....

__Hier tu as pleuré presque toute la journée parce que Aaron n'était pas venu à l'école. Il nous a fallu assez de temps pour arriver à te calmer, clama Aurlux d'une voix monotone.

__J'ai pleurer pour Aaron ?

__Écoute, ce n'est pas de ta faute si ce garçon te plaît. Et tu n'as pas besoin de te sentir gêner avec nous. Nous sommes des amis et jamais nous n'allons te juger pour quoi que ce soit, acheva Aurlux.

Elle les regardait éberlué sans savoir ce qui se passait vraiment. Elle ne chercha plus à convaincre ses amis qu'ils vivent dans une illusion du temps. Ou peut-être était-ce elle qui vivait dans une illusion du temps ? Rien n'avait pourtant changé dans le lycée, pensa t'elle. Dès qu'elle pénètre le pas de la classe, elle sentit un calme glacial. Ils avaient l'air surhumain. Personne ne semblait s'occuper de qui entre ou qui sort. Elle se dirige vers sa place habituelle et s'assit après avoir remarqué l'absence de Aaron. Elle sent ses pieds sur un papier par terre et s'abaisse pour la ramasser. Elle déplia la feuille et fut surprise de voir ce même dessin qu'elle avait fait la veille. 

“Comment est-ce arrivée là ?” se demande t'elle en ressentant une malaise au fond d'elle. 

Quelque chose clochait. Quelque chose n'était pas normal ou du moins, n'était plus normal depuis ce moment où elle a fait ce dessin et qu'elle a vu cette pandule d'alarme sur sa table de chevet. Il faut trouver ce qui ne va pas avant qu'il ne soit pas trop tard, pensa t'elle.